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Dans son dernier livre intitulé "1000 ans de joies et de peines", l’intellectuel et artiste chinois Ai Weiwei dresse un constat sans appel : son pays a sombré dans la dictature depuis l’arrivée au pouvoir des communistes en 1949. Depuis le début du règne de Xi Jinping en 2012, la situation ne fait qu’empirer au point de s’interroger si la Chine ne sombre pas dans le fascisme.
Le récit est bien réel, mais il commence comme un polar. Desmond Shum a écrit "La roulette chinoise" tandis que Whitney Weihong, son ex-épouse, a "disparu" depuis quatre ans. Elle n'a "réapparu" que pour appeler son ex-mari à l'été 2021 et le supplier de ne pas publier son livre. Il a refusé, et elle a de nouveau "disparu". Desmond Shum n'est pas un personnage de fiction. Il a été un acteur-clé de la corruption et de la folie spéculative qui s'est emparée de la Chine dans les années 1990 et 2000. Son livre est un témoignage fascinant sur le capitalisme chinois au début du XXIe siècle.
À Taipei, le discours officiel se veut rassurant pour la population : les différences entre l’Ukraine et Taïwan sont nombreuses. Pour autant, les similarités ne manquent pas non plus, tandis que les deux crises, si elles ne procèdent pas l’une de l’autre, entretiennent des liens directs qui conditionnent l’attitude des États-Unis sur les deux dossiers. Une attitude qui n’a pas attendu le déclenchement de l’offensive russe pour se préciser. Stéphane Corcuff dresse ici un inventaire historique, politique et géopolitique des similitudes entre trois crises : celle de l’Ukraine, de Hong Kong et du détroit de Taïwan. Toutes nous ramènent à la géopolitique de l’Empire, qui n’a jamais disparu sous le communisme.
Ce jeudi 20 janvier, l’Assemblée nationale a adopté une résolution dénonçant un "génocide" perpétré par les autorités chinoises contre les minorités ethniques au Xinjiang, en particulier les Ouïghours.
En regardant sa bibliothèque, Linda Jaivin a un jour constaté qu'aucun sinologue n'avait, selon ses mots, "raconté toute l'histoire de la Chine d'une façon super agréable à lire pour des gens normaux". Alors elle l'a fait : le résultat s'appelle The Shortest History of China, publié en septembre dernier chez The Experiment. Sinologue, l'éclectique auteure australienne a voulu aussi écrire l'histoire chinoise en accordant davantage de place aux individus, et en particulier les femmes. Tout en reconnaissant une "profonde conscience historique" chez Xi Jinping, elle souligne la façon dont le Parti, sous la domination du "Président de tout", manipule l'Histoire de la Chine, pour s'en présenter comme l'accomplissement final.
Ils avaient émis l’idée d’introduire une dose de démocratie dans le Parti. Hu Yaobang puis Zhao Ziyang, tous deux secrétaires du Parti communiste chinois, furent des pionniers dans la hiérarchie politique en République populaire de Chine.
Il se dit "ouïghour, chinois de naissance et taïwanais par choix". Wu'er Kaixi, l'un des principaux leaders étudiants des manifestations de la place Tiananmen en 1989, continue son combat contre le Parti communiste chinois. Mais faute de pouvoir revenir à Pékin, il a choisi de s'installer à Taïwan plutôt qu'en Occident. Élu au Yuan législatif, le parlement taïwanais, il en a été nommé secrétaire général adjoint de la commission des droits humains en novembre 2020. Pour lui, le régime de Xi Jinping est une "organisation criminelle". L'Union européenne doit donc emboîter le pas des États-Unis et choisir "le chemin de la confrontation" avec Pékin. Wu'er Kaixi s'en explique à Asialyst.
Le 5 décembre 1998, un voyou surnommé "le Flambeur" est exécuté d’une balle dans la nuque en Chine. Un an et demi après la rétrocession de Hong Kong à la Chine en juillet 1997, le Parti communiste montre pour la première fois que la garantie de l’autonomie promise à l'ancienne colonie britannique dans le cadre du principe "un pays, deux systèmes" n’a de réalité que si elle colle aux intérêts politiques de Pékin. Dans le cas contraire, il passe outre.
Deux ouvrages très différents présentent le travail d’un journaliste en Chine lors du printemps de Pékin et des fictions fantasmagoriques tournant autour du monde des livres. Point commun : le premier traite de la répression de la place Tiananmen et le second – implicitement – de celle qui s’abat sur Hong Kong.
Lors d’un discours prononcé jeudi 1er juillet depuis la place Tiananmen au cœur de Pékin pour célébrer le centenaire du Parti, le président chinois Xi Jinping a soulevé des applaudissements frénétiques de quelques dizaines de milliers de membres du Parti lorsqu’il a déclaré l’essor "irréversible" de la Chine dans un discours d’une heure retransmis à la télévision. "Le temps est révolu où le peuple chinois pouvait être foulé aux pieds, où il souffrait et était opprimé."
Au sommet du G7 à Londres, le président américain a entrepris de convaincre ses alliés occidentaux de faire cause commune pour contrer la Chine, non sans un certain succès. Un plan d'investissement massif dans les infrastructures a été annoncé pour contrecarrer les "Nouvelles routes de la soie" lancées par Xi Jinping en 2013. Pékin se retrouve plus isolé que jamais sur la scène internationale.
Le 4 juin 1989, l’Armée populaire de libération ouvrait le feu sur des milliers d’étudiants qui demandaient sur la place Tiananmen, au cœur de Pékin, la démocratie et la liberté. Le bilan des morts diffère : 300 (tous des soldats) selon le gouvernement chinois, plusieurs milliers selon les organisations étudiantes. 32 ans plus tard, cette page sombre de l’histoire de la Chine est pratiquement oubliée dans ce pays. Le Parti communiste chinois s’efforce de cacher sous le tapis ces événements sanglants et tragiques.
Le 1er juillet prochain, le Parti communiste chinois célèbrera son centenaire. Il a mis vingt-huit ans à prendre le pouvoir et soixante-douze ans plus tard, il y est toujours. Si le PCC n'a pas encore dépassé les 74 ans de règne de son homologue soviétique, il a su tirer les leçons de la chute de l'URSS. Comment expliquer sa résilience ? Comment gouverne-t-il la Chine ? Quelle est l'ampleur du pouvoir de Xi Jinping sur le Parti et la société aujourd'hui ? L'Institut français de recherche sur l'Asie de l'Est (IFRAE) en a débattu à l'occasion de la journée internationale des femmes lors d'une conférence à distance le 8 mars, dans le cadre de ses "Rencontres du lundi", avec trois de ses membres : Catherine Capdeville-Zeng, Xiaohong Xiao-Planes et Guibourg Delamotte.
Rien ne sera plus comme avant. L'application de la loi sur la sécurité nationale à Hong Kong le 1er juillet 2020 par Pékin a marqué une double rupture : la fin de toutes les revendications politiques depuis 2014 et le début de l'emprisonnement massif des figures du camp pro-démocratie. Les affrontements violents entre les forces de l'ordre et les manifestants en 2019 ont laissé une trace indélébile dans la mémoire collective. L'avenir se dessine désormais sur deux tableaux : rester et partir. Comme l'écrit Baudelaire, "si tu peux rester, reste ! Pars, s'il le faut."
Quatre décennies ont passé depuis que les soldats sud-croéens ont tiré sur les manifestants à Gwangju. Comme chaque année, cette mégapole du sud-ouest de la péninsule coréenne célèbre le souvenir des victimes. La répression du soulèvement de la jeunesse contre la dictature a fait l'objet de nombreuses enquêtes. Mais depuis 40 ans, des questions restent en suspens. Qui a donné l'ordre d'ouvrir le feu sur les manifestants ? Où sont les restes des disparus ? Entretien Avec Lee Jae-eui, ancien manifestant à Gwangju, et conseiller à la Fondation du Mémorial du 18 mai.
Que reste-t-il de la politique asiatique de Jacques Chirac ? Une stratégie de VRP au détriment d'un discours sur les droits de l'homme, diront les uns. Pour l'ancien ambassadeur Yves Carmona, l'ancien président de la République a imprimé des changements profonds dans les relations de la France avec l'Asie et dans la promotion de ses intérêts économiques.
70 ans après la fondation de la Chine populaire, le choix d'une économie hybride et la volonté d'un leadership technologique créent des tensions structurelles avec le reste du monde, dont la guerre commerciale avec les États-Unis n'est qu'une illustration. Elle devra un jour résoudre la contradiction fondamentale entre son ouverture économique et culturelle au monde et sa volonté accrue de contrôle des individus, des organisations et des idées.
Au Printemps 1989, Lun Zhang fut l'un des cadres du mouvement de la place Tiananmen. Chargé du maintien de l'ordre, il devait veiller à ce que les manifestations restent pacifiques, tout en contenant l'avancée de l'armée chinoise. Aujourd'hui professeur de civilisation chinoise en France, il a choisi de faire revivre les événements dans une bande dessinée, "Tiananmen 1989, nos espoirs brisés". Entretien.