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Le combat des démocraties contre les régimes autoritaires enflamme l’opinion publique occidentale. En Asie, ce combat mobilise très peu. La guerre en Ukraine y paraît lointaine et ne suscite aucun consensus diplomatique. Les réactions des gouvernements sont pour la plupart prudentes. Elles sont déterminées à la fois par l’historique des liens avec la Russie, l’obsession de la relation avec la Chine et parfois un opportunisme économique visant à prendre les places laissées par les entreprises occidentales ou par le recul des échanges commerciaux Europe-Russie.
Le déclenchement de la guerre en Ukraine fait mécaniquement converger les projecteurs de l'actualité aux antipodes de la Birmanie. Le chef de la junte putschiste Minh Aung Hlaing en profite pour rééditer la politique de terreur et de terre brulée expérimentée en 2017 en Arakan par ce même général, alors commandant en chef de l'armée birmane et ministre de la Défense, contre la minorité musulmane rohingya.
Humoristique, artistique, pacifique, massive. Il ne faut pas oublier la façon dont les Birmans ont manifesté il y a un an, en réaction au coup d'État militaire du 1er février 2021. Ni un mouvement étudiant comme en 1988, ni un mouvement emmené par des moines comme en 2007, la désobéissance civile de 2021 a montré une population unie contre ce qu'elle n'accepte plus : l'emprise de l'armée sur le pays. C'est ce que Frédéric Debomy souligne dans son dernier livre paru en novembre 2021 : "Birmanie, une révolution de printemps". Asialyst vous en livre un extrait, introduit par l'auteur.
Le mercredi 16 février à 18h30, Asialyst et l'Inalco ont coorganisé une conférence pour mieux comprendre la situation de la Birmanie un an après le coup d’État militaire du 1er février 2021. Retrouvez ici en vidéo l'intégralité de cet événement.
À ne pas manquer ! Asialyst et l'Inalco coorganisent le mercredi 16 février à 18h30 une conférence pour mieux comprendre la situation de la Birmanie un an après le coup d’État militaire du 1er février 2021. Le débat sera aussi diffusé en direct sur YouTube Live. Inscription gratuite mais obligatoire.
Le 1er février 2021, le putsch des militaires renversait le gouvernement civil d'Aung San Suu Kyi trois mois après un nouveau raz-de-marée électoral. Un an plus tard, le pays s'enfonce dans la violence doublée d'un naufrage économique sans fin. Les géants pétroliers Total et Chevron, actionnaires majoritaires et opérateur du principal champ gazier birman de Yadana, ont méticuleusement coordonné l'annonce simultanée de leur départ irrévocable le 21 janvier. Le signal d'un sauve-qui-peut général, tant parmi les rares expatriés occidentaux encore présents, qu'au sein des milieux économiques birmans.
Vendredi 21 janvier, les géants pétroliers Total, devenu TotalEnergies en 2021, et Chevron ont annoncé simultanément leur décision irrévocable de quitter la Birmanie. Ils abandonnent "sans contrepartie financière", selon les termes de leurs communiqués, le champ gazier offshore de Yadana ainsi que le gazoduc de 370 km exportant sa production en Thaïlande, déjà amortis. Sans qu'on connaisse encore les raisons de ce revirement, Jusqu'au 21 janvier, le bilan des sanctions imposées par les occidentaux à la junte birmane était quasiment nul. Le départ de Total et Chevron ouvre la porte à des sanctions contre leur ex-partenaire, la MOGE (Myanma Oil & Gas Enterprise), la perfusion financière des putschistes.
La visite à Naypidaw, les 7 et 8 janvier derniers, du chef de gouvernement cambodgien Hun Sen, nouveau président de l’ASEAN, n’a fait apparaitre aucune évolution dans le tout répressif, l’unique "politique" des généraux putschistes birmans.
Ils sont interdits par un embargo international strict depuis quarante ans, imposé par les Européens et les Américains, entre autres. Qu'allaient-ils donc faire dans cette galère ? La présence avérée de Panthers d'Airbus Helicopters dans une parade de la marine birmane le 9 octobre dernier est un soufflet à la France et à l'Union européenne. À l'évidence, elles prennent des sanctions qu'elles n'ont pas les moyens de faire appliquer.
La déclaration de "guerre défensive" lancée contre la junte par le président du Gouvernement d'Union nationale (NUG) s'est traduite par un net accroissement du nombre établi d'attentats et escarmouches contre l'armée birmane, ses informateurs et ses installations de télécommunications. Parallèlement, ont augmenté les exactions répertoriées des militaires, les meurtres de civils, les villages brûlés.
La pandémie de Covid-19 a eu un impact à la fois violent et de courte durée sur le sort des migrants asiatiques. Non seulement leurs transferts financiers vers les pays d’origine n’ont pas diminué, mais ils ont même légèrement progressé en 2020. Pour autant, les mouvements de main-d’œuvre intra-asiatiques restent limités et ne jouent pas du tout le même rôle qu’en Europe pour accompagner l’intégration régionale. Ce sont principalement les besoins des pays du Moyen-Orient et des Occidentaux qui déterminent la dynamique des migrations asiatiques.
Le président du Gouvernement d’unité nationale, formé par des parlementaires ayant échappé aux arrestations, a diffusé à la radio le 7 septembre au petit matin un discours déclarant le début de la "guerre de résistance". Dans cette tribune, Salai Ming, qui vit la répression birmane de l'intérieur depuis Rangoun, s’interroge sur l’utilité de continuer de publier sur la Birmanie en France, au vu de l’indifférence des responsables français et européens à la crise démocratique dans le pays.
Traditionnellement rabaissées par la société birmane, les femmes sont pourtant en première ligne de la fronde contre le putsch du 1er février dernier. Le récent Gouvernement d’unité nationale (NUG) formé à l’initiative de parlementaires ayant échappé aux arrestations accorde plus de place aux femmes que les gouvernements antérieurs. Durant ce mois de septembre, l'Assemblée générale de l'ONU doit voter la reconnaissance ou non du NUG comme institution légitime pour représenter la Birmanie. Dans cette tribune, Frédéric Debomy appelle à le reconnaître pour espérer un avenir meilleur pour les Birmanes.
Malgré ses démentis, le géant pétrolier français continue de financer la junte en Birmanie revenue au pouvoir par le putsch du 1er février. Ce financement se perpétue via un montage complexe autour du gisement de gaz de Yadana. L'Union européenne a imposé des sanctions aux militaires qui ne cessent de réprimer brutalement l'opposition et les manifestants anti-coup d'État. Mais ces sanctions ne concernent pas le gaz. Pourtant, il est urgent de priver l'armée birmane de ses revenus parmi les plus conséquents, rappelle Frédéric Debomy dans cette tribune.
Depuis plusieurs semaines circulent à bas bruit des "informations" sur les effets politiques de la troisième vague de la pandémie de Covid-19 en Birmanie, qui se manifeste de plus en plus cruellement depuis la fin juin. Ces effets politiques seraient, selon les auteurs et les propagateurs de ces rumeurs, un renforcement quasi automatique de l’influence de la junte au pouvoir depuis le coup d’État du 1er février.
Enfermée, isolée du monde, Aung San Suu Kyi a perdu, pour l'instant, son influence sur le cours de la politique en Birmanie. C'est désormais le gouvernement d'unité nationale (NUG) qui représente la menace principale pour la junte au pouvoir depuis le coup d'État du 1er février. Pas reconnus par la communauté internationale, les putschistes n'ont pas encore acquis de légitimité à représenter le pays.
La présence de Total en Birmanie est menacée. Son partenaire, la compagnie pétrolière américaine Chevron, a fait savoir au Gouvernement d'Union Nationale (GUN), qui regroupe des élus et des personnalités unies contre le putsch du 1er février, qu'elle ne s'opposait pas à des sanctions américaines visant la MOGE (Myanmar Oil and Gas Entreprise), principale perfusion financière des généraux birmans.
Les Rohingyas, population musulmane de l'Arakan birman, en ont été expulsés en masse dans une orgie de violence, il y a peu d'années. La junte de Naypyidaw, qui tente depuis février de consolider son pouvoir, est présidée par le principal responsable de ces exactions, le général Min Aung Hlaing, et essaye de jouer sur l'antagonisme entre bouddhistes et musulmans. En Inde, les récentes élections locales manifestent une polarisation ethnoreligieuse du vote. Ces événements disparates sont pourtant étroitement liés les uns aux autres. Une histoire commune, des frontières militarisées mais poreuses, des antagonismes renforcés par des migrations aussi massives qu'incontrôlées. C'est la problématique complexe de la périphérie du Bengale, qui n'entend pas devenir un Bengale périphérique.
Unités de l'armée thaïlandaise déployées à la frontière birmane, coup de mains entre putschistes contre les mouvements pro-démocratie, arrestation d'opposants réfugiés... Le soutien politique des généraux thaïlandais à leurs homologues en Birmanie est multiforme. Cette solidarité est aussi financière : les deux juntes sont partenaires d'un consortium aux Bermudes mis en place par le groupe pétrolier français Total en partenariat avec les Américains Unocal puis Chevron.
Les Occidentaux le savent. Le talon d'Achille des généraux putschistes en Birmanie est énergétique. Ils sont sous perfusion financière d'un montage complexe autour de l'exploitation d'un immense champ gazier. Le tout conçu et mis en œuvre par Total en partenariat avec Chevron. La France et les États-Unis ont donc une arme décisive entre leurs mains. Si Paris ne semble toujours pas vouloir actionner ce levier, un groupe bipartisan au Sénat à Washington a demandé à Joe Biden des sanctions là où ça fait mal pour la junte birmane.
L'ASEAN a appelé à la retenue et à la fin des violences en Birmanie, à l'issue d'un sommet consacré à la situation critique de ce pays depuis le coup d'État du 1er février. Un "communiqué final de consensus" sans calendrier ni sanction, qui semble placer les militaires putschistes au même plan que les manifestants victimes de la répression sanglante. Min Aung Hlaing, le chef de la junte, était présent à Jakarta, mais aucun représentant de l'opposition invité. Autre absence gênante : celle du Premier ministre thaïlandais Prayuth Chan-o-cha, lui-même auteur d'un coup d'État en 2014 et proche du généralissime birman. La Thaïlande et la Birmanie ont des intérêts énergétiques via Total qui ignorent depuis longtemps la démocratie et les droits de l'homme.
Depuis le coup d'État militaire du 1er février en Birmanie, la situation est pour le moins confuse en Arakan. Dans cette zone où l'armée a expulsé en masse la grande majorité des Rohingyas après d'innombrables incendies, meurtres et viols, l'Arakan Army, l'une des plus puissantes milices armées à base ethnique minoritaire, a d'abord été tentée de soutenir les putschistes. Mais sous la pression de la population indignée par la répression militaire en cours, elle envisage de reprendre la lutte contre l'armée régulière. L'histoire de l'Arakan est indissociable de la tragédie que vit la Birmanie depuis la colonisation britannique.
Au grand dam de l'opposition au coup d'État du 1er février, le général Min Aung Hlaing, chef de la junte putschiste, a été invité au sommet spécial Birmanie de l'ASEAN le 24 avril prochain. Mais le refus d'une nouvelle dictature militaire dans le pays commence à produire de nouveaux effets : les ralliements et des désertions de jeunes officiers de la Tatmadaw, nom officiel de l'armée, ne sont plus des cas isolés. Ces fêlures encore très minoritaires peuvent-elles un jour disloquer le pouvoir des militaires ?
Faut-il se résigner à une nouvelle période de dictature militaire ? L'armée birmane n'est-elle pas numériquement et matériellement en position de force face au mouvement de désobéissance civile ? Si d'aucuns appellent à une solution négociée entre la junte et le pouvoir civil, le spécialiste de la Birmanie Frédéric Debomy rappelle qu'il ne faut pas négliger la volonté affirmée des manifestants, qui préfèreraient mourir que d'accepter de vivre sous le joug des militaires : plus qu'une protestation, c'est une révolution dont il s'agit, qui tend à renverser l'armée. Dans cette tribune, le chercheur souligne l'impérieuse nécessité d'une pression multiforme de la communauté internationale pour mettre l'armée au pied du mur.
Depuis le putsch des généraux birmans le 1er février dernier, aucun responsable politique français, aucun élu n'a prononcé le mot tabou : Total. Pourtant, le groupe pétrolier est la perfusion indispensable à la survie financière de la junte birmane. L'omerta française a été rompue ce dimanche 4 avril par Patrick Pouyanné, le PDG de Total.
Taïwanais et Birmans de Taïwan ensemble sur la place de la liberté à Taipei dimanche 28 mars. Un rassemblement au lendemain de la mort d'au moins 90 manifestants pro-démocratie, tués en Birmanie par la junte qui a repris le pouvoir le 1er février. C'est le second rassemblement en soutien à la démocratie birmane à Taïwan et contre la répression sanglante des manifestants anti-putsch. Le 21 mars, environ 400 manifestants s'étaient retrouvés. Cette fois, ils étaient de 1 000 à 3 000, selon les organisateurs.
Les médias tenus par les militaires birmans l'ont répété toute la journée du vendredi 26 mars : "Les soldats ont l'ordre de tirer dans la tête et dans le dos de tout manifestant le samedi 27 mars, Jour de Tatmadaw, l'armée birmane." Pendant que défilaient les militaires en grand uniforme, d'autres soldats, policiers, ex-prisonniers de droit commun ont tué plus d'une centaine de civils désarmés.
Le 26 mars, le Bangladesh célèbrera le cinquantenaire de son indépendance. Quel bilan tirer depuis la sanglante sécession du Pakistan en 1971 ? Ce qui était alors le Pakistan oriental garde les cicatrices d'une tuerie qui fit entre 500 000 et 3 millions de victimes bangladaises. Aujourd'hui, le pays est sorti de son extrême pauvreté initiale. Dacca se classe devant Islamabad en matière de développement et malgré une montée de l'islamisme inquiétante et des libertés trop restreintes, affiche la stabilité d'un gouvernement civil qui a peu souffert des coups d'État militaires récurrents au Pakistan. Sans compter les bénéfices des relations avec l'Inde, grand voisin à l'attitude conciliante.
À quoi joue la Chine en Birmanie ? Alors qu'au moins 32 usines possédées par des capitaux chinois ont été incendiées dans plusieurs quartiers de Rangoun dimanche 14 mars, les opposants au putsch du 1er février supectent Pékin d'apporter une aide matérielle à la junte via des avions non déclarés. La presse nationaliste chinoise appelle à punir les "délinquants".