Histoire
Analyse

Hong Kong dans les années 1990 : "le Flambeur", l'AK-47 et le Parti communiste

Le gangster hongkongais Cheung Tze-keung, dit "le Flambeur", en prison en 1995. (Source : Apple Daily)
Le gangster hongkongais Cheung Tze-keung, dit "le Flambeur", en prison en 1995. (Source : Apple Daily)
Le 5 décembre 1998, un voyou surnommé « le Flambeur » est exécuté d’une balle dans la nuque en Chine. Un an et demi après la rétrocession de Hong Kong à la Chine en juillet 1997, le Parti communiste montre pour la première fois que la garantie de l’autonomie promise à l’ancienne colonie britannique dans le cadre du principe « un pays, deux systèmes » n’a de réalité que si elle colle aux intérêts politiques de Pékin. Dans le cas contraire, il passe outre.
Au milieu des années 1980, le modus vivendi entre triades et la police royale de Hong Kong est rompu. Jusqu’alors, les autorités britanniques se servaient de la hiérarchie des triades pour maintenir l’ordre dans les rues, même si l’appartenance à une société secrète était un délit puni d’emprisonnement. Le mot d’ordre était : « Tout est toléré, à condition que rien ne se voit. »
Sous la pression des États-Unis, Hong Kong cesse d’être la plaque tournante du financement du trafic mondial d’héroïne. L’invasion soviétique de l’Afghanistan déplace le centre de production d’opiacés du Triangle d’or à la frontière laotienne vers l’Afghanistan. L’ouverture de la Chine dégage des perceptives au milieu.
De nouvelles formes de criminalités apparaissent. Plus violentes. Les attaques à main armée alors inconnues se multiplient.

Braquages à Hong Kong

Le 25 octobre 1985, un petit braqueur nommé Yip Kai Foon, aidé de cinq complices, inaugure cette nouvelle ère. Le groupe attaque deux bijouteries. L’une est située à Central, le quartier des affaires de Hong Kong. Yip signe sa méthode : le vol a lieu en plein jour, à une heure où les trottoirs sont bondés à la fois pour s’enfuir en se fondant dans la foule et se servir des passants comme bouclier au cas où la police interviendrait.
Peu après, les policiers le capturent en se faisant passer pour des receleurs. Il est condamné à 18 ans de prison.
Les inspecteurs britanniques découvrent avec cette affaire la mutation de la pègre à Hong Kong. Les armes utilisées sont des Black Star, l’arme de service dans l’Armée de libération populaire chinoise. Jusqu’alors, les voyous se servaient d’automatiques volés dans les arsenaux américains pendant la guerre du Vietnam. Les Black Star sont fourgués par des militaires chinois en quête de profits.
D’autre part, Yip fraie avec un nouveau gang, le Grand cercle. En marge des triades traditionnelles, le Grand cercle est plus une galaxie qu’une hiérarchie. Son noyau est composé de militaires et de policiers en rupture de ban à l’instar du plus sanguinaire des rassemblements de sicaires mexicains Los Zeitas que sont en train de former des déserteurs des forces armées.

Les débuts du flambeur

Cheung Tze-Keung n’a pas encore acquis le surnom de « Big Spender », « le Flambeur ». Mais déjà, il se fait remarquer dans le monde des courses automobiles illégales et dans les casinos de Macao et les cercles de jeu clandestins à Hong Kong.
Selon Lau Kok-Hon, alias « l’Emmerdeur », condamné à 25 ans de prison pour trafic de stupéfiant, Cheung était alors affilé à la 14K – une des triades traditionnelles. « On le surnommait « le fonceur » parce qu’il prenait tous les risques, raconte-t-il. Il écrasait toujours le champignon et n’avait pas peur de rouler à contresens sur les voies express de Hong Kong au risque de provoquer un accident pour gagner une course. »

Massacre de la place Tiananmen

En juin 1989, le massacre de la place Tiananmen rebat les cartes radicalement. Pékin ne s’était pas vraiment soucié du départ des Britanniques planifié pour 1997. La direction du parti communiste tablait sur une jubilation des Hongkongais de se retrouver sous souveraineté chinoise. Les cadres communistes en charge du dossier avaient fait remonter à Pékin des rapports lénifiants sur la foi de leurs contacts à Hong Kong, qui se limitaient aux inconditionnels du régime dans le territoire.
Cette distorsion de la réalité est la plaie de tous les régimes verticaux. Les cadres subalternes embellissent leurs rapports. Ils minorent les difficultés afin de se couvrir et ne pas nuire à leur avancement. Cette incapacité à prendre en compte des perceptives divergentes pour saisir la réalité dans sa complexité induit une vision réductrice. En n’entendant que ce qui sied à leurs oreilles, les cadres communistes se déconnectent de la réalité. C’est l’origine des erreurs commises par la Chine à Hong Kong, dont l’apogée a été la crise dévastatrice de l’été 2019 marquée par des manifestations de centaines de milliers de personnes et d’émeutes. Ce qui a conduit au limogeage de l’équipe en place fin 2019, remplacée par des agents des services de sécurité à la vision exclusivement policière. La répression est l’unique solution qu’ils connaissent.
En juin 1989, entre un et deux millions de personnes manifestent contre la répression sanglante du mouvement des étudiants à Pékin. C’est la première de ces manifestations de masse qui vont émailler l’actualité jusqu’à 2019.
Pékin découvre un fait essentiel et largement sous-estimé : l’immense masse des Hongkongais est constituée de réfugiés qui ont fui le maoïsme. L’imminence de se retrouver sous le pouvoir du parti communiste nourrit une inquiétude que la brutalité de la répression de la place Tiananmen renforce.
Pékin change de politique. Et d’alliés. D’abord dans les milieux d’affaires. Le Parti communiste courtise les tycoons (milliardaires) en faisant miroiter des possibilités d’enrichissement grâce à l’ouverture de la Chine. Ensuite, Pékin réactualise le modus vivendi noué entre Britanniques et triades désormais qualifiées « d’organisations patriotiques ». Le Parti escompte utiliser la pègre. Y compris pour terroriser l’opposition. Attaques à coup de hachoirs, jets de cocktails Molotov, enlèvements de libraires qui se retrouvent dans les prisons de la République populaire… la liste des dérapages est longue jusqu’au tabassage de passagers du métro soupçonnés d’avoir participé à une manifestation pro-démocratie à la station Yue Long en juillet 2019.

Le casse de l’aéroport

En aout 1989, feignant une crise d’appendice, Yip est transféré dans un hôpital d’où il s’évade en prenant deux otages. Il se réfugie en Chine.
Le 7 juin 1991, Cheung « le Flambeur » commet ce qui reste le hold-up record de l’Histoire, dépassant en valeur le fameux vol de la Lufthansa commis en 1978 à New York (6 millions de dollars). Cheung « le Flambeur » rafle 17 millions de dollars à l’intérieur d’un fourgon blindé à l’entrée de l’aéroport de Kai Tak. Dix sacs de coupures et de montres de luxe. Mais « le Flambeur » commet un impair : son masque se défait. Un des convoyeurs voit son visage.
Soupçonnant que les voleurs ont bénéficié de complicités, les enquêteurs surveillent le personnel de la société de convoyage. Ils découvrent qu’une employée entretient une liaison avec Cheung. Lequel est confronté au convoyeur et identifié.
Deux jours plus tard, Yip réapparait à Hong Kong armé d’un AK-47. Son commando dévalise six bijouteries à la file. La police intervient. Yip vide son chargeur. Faiblement armés, les policiers reculent. La série des « attaques au AK-47 » vient de débuter.
Une semaine plus tard, Yip réitère. Il balance une grenade sur les forces de l’ordre, prend deux otages et s’enfuit dans un taxi qu’il détourne. Sa tactique est simple : lui et sa bande viennent tranquillement par le métro et fuient en sautant dans le premier taxi qui passe. Pendant toute l’après-midi, la police traque les fuyards qui lui glissent entre les doigts.
En détention préventive, « le Flambeur » s’acoquine avec une connaissance de Yip.
La délinquance empire. Pékin ne fait rien pour aider la police de Hong Kong encore sous le commandement des Britanniques en train de boucler leurs valises.

Contrebande et vols à mains armées

C’est l’heure de gloire des « taifei », littéralement : « les grosses mouches », à cause du vrombissement de leurs moteurs audibles des miles à la ronde. Ce sont de puissants hors-bords propulsés par des moteurs de 700 chevaux, parfois quatre mis côte à côte. Ces bateaux s’adonnent à une contrebande intense entre Hong Kong et le continent, couverte par des cadres communistes ou des chefs militaires du sud de la Chine qui recyclent les Mercedes volées à Hong Kong ou s’en servent pour leurs usages personnels.
C’est par les « taifei » qui, certains soirs, se comptent par dizaines que Yip entre et sort de Hong Kong. Le temps de monter ses coups, il se terre chez des truands locaux en contrepartie d’une part de butin. Il ne reste que quelques jours.
Un "taifei". (Source : Apple Daily)
Un "taifei". (Source : Apple Daily)
D’où la litanie des attaques à l’AK-47 tout au long de l’année 1992. 10 mars 1992, la police ramasse 60 douilles de cartouches tirées contre elle ; 12 mars, une seconde bijouterie à Central : 1 million d’euros de bijoux dérobés ; 13 mars, la police marque un premier point : deux braqueurs sont appréhendés ; 24 avril, quatre grenades explosent à la fin d’un braquage ; 5 mai, fusillade à Mongkok qui fait 2 morts dans les rangs des pistoleros et 19 blessés parmi les passagers d’un autobus criblé de balles perdues ; 30 mai, un bandit est abattu…
Yip a remplacé les AK-47, trop encombrants, par la copie chinoise de pistolet mitrailleurs polonais PM-63, faciles à dissimuler sous un vêtement. Tout autant meurtriers. La police militaire chinoise s’en sert, indiquant combien les casernes continuent d’achalander en armes à feu le marché noir.
La régularité de ces vols est telle est que les stations de télé postent des équipes dans les quartiers des bijouteries et diffusent en direct échanges de coups de feu et chasses à l’homme. Les Hongkongais restent rivés devant leur poste par ces faits divers pleins d’un suspense autrement plus intense qu’au cinéma.
Au terme d’un intermède de sept mois, Yip reprend sa campagne. Le 3 janvier 1993, une infirmière est tuée par un éclat de grenade en plein Nathan Road. En avril, il étend ses actions à Macao où il pille le coffre d’un casino : 4 millions d’euros en jetons envolés.
Yip filmé par une camera de surveillance pendant un braquage à la AK 47. (Source : Apple Daily)
Yip filmé par une camera de surveillance pendant un braquage à la AK 47. (Source : Apple Daily)

« Le Flambeur » gagne face à la justice

Rebondissement en juin 1995 : Cheung « le Flambeur » est relaxé en appel. Il avait été condamné à 18 années de prison. Mais le jugement est cassé pour vice de procédure. Sortant libre, « le Flambeur » est immortalisé par les photographes de presse dans l’attitude d’un boxeur vainqueur sur le ring : bras levés et poings fermés. Cette image fait la Une. « Le Flambeur » est devenu une star.
Cheung triomphant à la sortie du tribunal qui l’a relaxé pour le vol de l’aéroport Tai Kak. (Source : Apple Daily)
Cheung triomphant à la sortie du tribunal qui l’a relaxé pour le vol de l’aéroport Tai Kak. (Source : Apple Daily)
Il flambe de plus belle. Il collectionne les Ferrari et les Lamborghini. Il s’achète une résidence de 1 000 mètres carrés. Il pose pour les paparazzi. Sa devise est un vieux dicton cantonnais qu’il répète : « Seuls les bons meurent jeunes! »
"Le flambeur" et l'une de ses Lamborghini. (Source : Apple Daily)
"Le flambeur" et l'une de ses Lamborghini. (Source : Apple Daily)
La chance tourne pour Yip. Sa carrière se termine sur un quai du Western District une nuit de mai 1996. En débarquant d’un bateau de pêche qui l’amène nuitamment à Hong Kong, il tombe sur une ronde de police. Il dégaine. Son pistolet s’enraye. Les ilotiers tirent. Une balle lui casse la colonne vertébrale. Il est paralysé à vie. Un tribunal condamne l’ancienne terreur devenu un infirme en chaise roulante à 41 années de détention.
Yip blessé et arrêté. (Source : Apple Daily)
Yip blessé et arrêté. (Source : Apple Daily)
Cheung a autant le sens de la fidélité que le goût des exploits. Il mijote des plans d’évasion au profit de Yip : utiliser un hélicoptère, l’échanger contre la libération d’une figure du gouvernement de Hong Kong qu’il enlèverait… Il se rend chaque semaine à la prison de Stanley où est détenu Yip. Entendant que les surveillants maltraiteraient son ami, il ordonne à un de ses hommes de voler un engin de chantier et de le précipiter contre la porte du pénitencier.
C’est pendant ses séjours à Macao que les croupiers lui accolent le surnom de « flambeur » à cause des copieux pourboires qu’il laisse. Il joue jour et nuit et se ruine. Pour se refaire, il compte sur des coups qui vont le rendre célèbre et causer sa perte : le kidnapping de milliardaires.

Les kidnappings

Aidé d’anciens de la bande de Yip, le 23 mai 1996, il enlève Victor Li, l’héritier de Li Ka-shing – un des hommes les plus riches de Hong Kong – sur la route entre Central et la résidence des Li à Deep Water Bay. La Mercedes est retrouvée vide, le pare-brise fracassé d’un impact de balle.
La presse hongkongaise se fait largement l’écho de la disparition de Victor Li. Mais la famille refuse de porter plainte sans d’ailleurs démentir les informations publiées. La police, qui sait, a donc les mains liées. Cheung se rend chez Li Ka-shing et négocie face à face avec le promoteur. Une rançon équivalente à 200 millions d’euros est arrangée. La remise est filmée par la police qui, en l’absence de plainte, ne peut intervenir. Les policiers voient les ravisseurs aidés par des agents de sécurité d’une banque de Central bourrer une camionnette de sacs.
Victor Li et son père Li Ka-shing. (Source : Apple Daily)
Victor Li et son père Li Ka-shing. (Source : Apple Daily)
Le 1er juillet 1997, Hong Kong revient à la Chine. Le changement de souveraineté affecte nullement « le Flambeur ». Le 29 septembre, il enlève Kwok Ping-sheung, une grande fortune de l’immobilier. La famille Kwok marchande, a du mal à réunir la somme exigée. L’otage est battu pour faire pression. La transaction est conclue à 70 millions d’euros.
Sauf que l’ambiance a changé. Il ne s’agit plus pour la Chine de rester les bras croisés afin de tourner en ridicule les autorités comme du temps où flottait l’Union Jack. Les Li et les Kwok sont de valables « capitalistes patriotes ». Li Ka-shing, en particulier, est hautement apprécié du président de la République populaire, Jiang Zeming.
Se méfiant des fonctionnaires du sud de la Chine réputés couvrir le crime organisé, une unité spéciale est envoyée de Pékin par le ministère de la Sécurité d’État. Sa mission est d’éliminer Cheung et les survivants de la bande de Yip qui ont pris leurs quartiers dans la province de Canton.

Fin de parcours

Le problème est de pousser « le Flambeur » à traverser la frontière. Suit un évènement qui prête à des interprétations divergentes. En janvier 1998, la police de Hong Kong fait une descente dans une planque de Cheung et saisit un stock de 700 kilogrammes d’explosifs, supposément destinés à organiser une campagne d’attentats et obtenir la libération de Yip. Mais au lieu de tendre une souricière, la police rend publique l’information, soi-disant pour éviter une fusillade. Cette fuite aux médias est-elle le résultat d’un excès de précaution ou bien est-ce une ruse pour que « le Flambeur » se jette dans la gueule du tigre ?
Une fois Cheung de l’autre côté de la frontière, l’unité spéciale de Pékin organise son coup de filet. Trente et un gangsters sont menottés, Cheung est serré dans un taxi bloqué par un embouteillage devant un barrage de police. Il se rend sans résistance.
La Chine donne une large publicité à sa capture, histoire de démontrer que le Parti communiste se soucie de la sécurité publique à Hong Kong. Les interrogatoires sont filmés et retransmis en partie à la télé. « Le Flambeur » se prête de bonne grâce à son dernier rôle : il avoue ses crimes, confie sa philosophie de voyou prêt à prendre tous les risques y compris à mourir pour devenir très riche très jeune.
Le procès est expéditif comme toujours dans les tribunaux chinois où la peine est décidée d’avance en fonction des desiderata du pouvoir. Cheung et cinq de ses complices sont condamnés à mort. Après une ultime nuit enchaîné sur une chaise, ayant reçu une injection d’anti-coagulant pour pouvoir récupérer ses organes, il monte dans un fourgon sous l’objectif d’une caméra. Ce sont ses dernières images. Conduit sur un champ de tir, il est exécuté d’une balle dans la nuque.
Procès de Cheung et de ses trente-un accusés à Canton. (Source : Apple Daily)
Procès de Cheung et de ses trente-un accusés à Canton. (Source : Apple Daily)

« Un pays, deux systèmes » mis à mal

Le procès et l’exécution provoquent les premières interrogations sur la bonne foi de Pékin à préserver l’autonomie judiciaire de Hong Kong promise dans le cadre du principe « un pays, deux systèmes ». Ce modèle précise que Hongkong reste une entité distincte de la Chine dans la plupart des domaines y compris judiciaire. Or Cheung a été jugé pour des crimes commis à Hong Kong et non en Chine populaire, des crimes en outre qui n’ont pas donné lieu à un dépôt de plainte par les victimes. Par conséquent, du point de vue strictement légal, Cheung était innocent puisqu’il ne pouvait être inculpé de quoi se soit en l’absence de plainte.
Pékin démontre pour la première fois avec cette exécution que l’autonomie de Hong Kong fluctue au gré de la politique du Parti. Jusqu’à 2012 et l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, le gouvernement central de Pékin avance sur la pointe des pieds et masqué, reculant lorsque la résistance est trop forte.
Pékin poursuit la politique maoïste réaffirmée par le ministre des Affaires étrangères Zhou Enlai pendant la Révolution culturelle quand des éléments radicaux ont provoqué une campagne d’émeutes et d’attentats à la bombe (51 morts) à Hong Kong en 1967 : « Garder Hong Kong séparé et s’en servir ! » La priorité était d’utiliser Hong Kong comme sas pour lever des capitaux sur le marché international. Il fallait donc donner des gages que la Chine respecte le statut de Hong Kong.
Ce chapitre est clos par Xi Jinping. Après le ratage de la loi d’extradition en 2019 qui a fait descendre dans la rue des centaines de milliers de Hongkongais, toute sa politique se réduit à uniformiser Hong Kong avec le reste de la Chine, à briser l’opposition, à aligner l’ancienne colonie britannique sur le reste du pays.
La balle qui a tué « le Flambeur » a été le premier coup porté au principe « un pays, deux systèmes » édicté par Deng Xiaoping. Xi Jinping a donné le coup de grâce vingt et un an plus tard.
Par Bruno Birolli

Apple Daily

Les photos proviennent des archives du quotidien Apple Daily. Fondé par l’homme d’affaires Jimmy Lai, ce journal mélangeait les genres et associait les faits divers, les ragots concernant les vedettes à un engagement résolu pour l’élection au suffrage universel et la démocratie à Hongkong. Il a imprimé sa dernière édition le 23 juin 2020. Apple Daily était le canari dans la mine de charbon. Ce journal prouvait par son existence que l’essentiel des grandes libertés (libertés d’expression, de presse…) étaient préservées plus ou moins. Le pouvoir a décidé de le faire taire. Ses comptes ont été gelés par le gouvernement de Hong Kong. Cinq membres de la direction ont rejoint en prison Jimmy Lai. Leurs demandes de libération sous caution ont été toutes rejetées. Ils sont inculpés de « sédition et de collusion avec des forces étrangères », en clair de délit d’opinion.

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A propos de l'auteur
Longtemps journaliste en Asie pour le Nouvel Observateur, Bruno Birolli a vécu à Tokyo (en 1982 puis de 1987 à 1992), à Hong Kong (1992-2000), à Bangkok (2000-2004) et à Pékin (2004-2009). Peu après son retour à Paris, il a troqué ses habits de journaliste pour celui d’auteur. Il a publié des livres historiques ("Ishiwara : l’homme qui déclencha la guerre", Armand Colin, 2012 ; "Port Arthur 8 février 1904 – 5 janvier 1905", Economica, 2015) avant de se lancer dans le roman. "Le Music-Hall des espions", publié en 2017 chez Tohu Bohu, est le premier d’une série sur Shanghai, suivi des "Terres du Mal" (Tohu Bohu, 2019). La seconde édition de son livre "Ishiwara, l’homme qui déclencha la guerre" est disponible en impression à la commande sur tous les sites Amazon dans le monde.