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Le succès ou l'échec de la politique "Zéro Covid" à Shanghai n'est pas le seul paramètre dans l'équation de Xi Jinping. Pour se maintenir au pouvoir cinq voire dix années de plus lors du XXème Congrès cet automne, le numéro un chinois doit aussi protéger ses troupes. Dans la "Perle de l'Orient", son homme lige s'appelle Li Qiang, chef du Parti de la municipalité shanghaïenne. Or Li, en butte à une élite locale peu encline à appliquer le doigt sur la couture du pantalon des restrictions sanitaires mortifères pour l'économie, n'a pas su imposer seul les directives de Pékin. Au point que Xi a dû envoyer des soldats d'une autre province. Or la "faiblesse" de Li Qiang parait donner un levier aux "mécontents" de la politique de Xi Jinping. Il devient ainsi un fusible qui pourrait affaiblir le président chinois dans son vaste jeu de go pour la domination du Parti communiste.
Que se passe-t-il au sein du Parti communiste chinois à six mois du XXème Congrès ? Les chants louangeurs à l'encontre de Xi Jinping s"accompagnent d'appels insistants à l'unité du PCC. Cela rappelle inévitablement cette période où Mao doutait de son dauphin, Lin Biao, après l'écrasement des gardes rouges. Le "Grand Timonier" voulait alors se maintenir pour de bon au pouvoir, sans plus aucun rival potentiel. Le Parti tremblait. N'est-ce pas le même refrain qui résonne aujourd'hui dans la Chine de Xi Jinping ?
Pourquoi le gouvernement chinois a-t-il privilégié des mesures draconiennes pour combattre le variant Omicron à Shanghai ? Derrière la mobilisation des forces armées ou des infirmières se cache une lutte politique qui pourrait être déterminante pour le XXe Congrès du Parti cet automne, lors duquel Xi Jinping espère maintenir son emprise sur le pays.
Que va devenir le chef du Parti au Xinjiang tout juste remplacé ? Pourquoi le maire de Chongqing a-t-il été rétrogradé ? Les questions du moment agite le Parti communiste chinois. À lire entre les lignes de son discours de Nouvel An ou de son allocution à la dernière conférence de travail du Parti en 2021, Xi Jinping peine plus que jamais à imposer ses choix, à l'approche du XXe Congrès prévu cet automne.
Les dés son jetés : Xi Jinping sera le Vladimir Poutine de la Chine, son "président à vie". C'est l'analyse la plus répandue à l'étranger, en particulier en Occident, depuis la fin du 6ème plenum du Comité central du Parti, le 11 novembre dernier à Pékin. Voilà un leader "tout-puissant" dans le Parti qui emmène son pays dans une "nouvelle ère", selon l'expression de la "pensée Xi Jinping". La réalité est pourtant plus complexe. Chroniqueur régulier dans Asialyst, le sinologue Alex Payette explique pourquoi cette analyse ne tient pas debout.
À la veille du 6ème plénum du Comité Central du Parti communiste chinois du lundi 8 au jeudi 11 novembre, l'atmosphère au sein du PCC est des plus tendues. Xi Jinping affronte toujours des résistances notables pour faire accepter sa feuille route après le XXe Congrès à l'automne 2022 : le reconduire pour cinq, voire dix ans de plus à la tête de la Chine, avec une emprise encore plus décisive sur le PCC et le pays.
Evergrande s'effondre et rien n'indique que le géant chinois de l'immobilier sera sauvé. comment le Parti-État va-t-il gérer les conséquences de cet effondrement ? En Occident, les médias grand public, les analystes financiers et les "experts politiques" fantasment rien qu’à penser aux dommages que cette faillite du groupe pourrait causer au Parti, dénonce Alex Payette dans cette analyse. Certains vont jusqu’à parler d'un "moment Lehman Brothers en Chine". C'est méconnaître la crise financière de 2008. En réalité, la chute d'Evergrande aura plutôt un impact limité et assez contenu par le Parti. Quant à "l'effet de contagion" qui menacerait tout le secteur de l'immobilier, il est surtout politique. Car il y a toutes les raisons de penser que cette crise immobilière s'explique en grande partie par les luttes de pouvoir au sommet du Parti en vue du Congrès de 2022.
En pleine campagne de rectification politique voulue par Xi Jinping, le Parti a encouragé les régulateurs chinois à ouvrir une enquête titanesque contre les champions nationaux des technologies. Que tente d'accomplir Pékin ? Ce secteur représente-t-il le plus de risques pour le Parti-État ? Il est permis d’en douter. L'endettement des banques et des entreprises de la finance est bien plus dangereux pour l'économie de la Chine.
Deux affaires édifiantes permettent de mieux comprendre l'un des nouveaux mots d'ordre à Pékin : la "prospérité commune". D'un côté, le chef du Parti à Hangzhou a été arrêté en raison de ses liens avec Jack Ma. De l'autre, la célèbre actrice-chanteuse Zhao Wei a littéralement disparu des tablettes en quelques heures, plus une trace d'elle sur Internet. Elle est accusée avec son mari d'opérations financières liées au fondateur d'Alibaba. La nasse semble se refermer petit à petit sur le "Jeff Bezos chinois". Mais l’encerclement de Jack Ma doit être vu comme une étape importante menant à la "prospérité commune". Soit le début de la séparation entre le Parti et les "éléments capitalistes". Une sorte de "New deal rouge" pour maintenir le PCC au pouvoir. Et Xi Jinping avec.
Xi Jinping n'a pas inventé le concept. La "prospérité commune" date de Mao et des "réformes agraires" des années 1950, période meurtrière dans les campagnes. Aujourd'hui, le numéro un chinois veut faire croire à une politique de redistribution par le biais des attaques récentes contre les grands patrons. Mais il s'agit en fait de renflouer les caisses du Parti-État. Une campagne idéologique qui doit aussi servir les plans de Xi pour rester au pouvoir après le Congrès de 2022. Mai elle témoigne de la fragilité de sa position au sortir de la traditionnelle retraite estivale de Beidaihe, pleine de tensions entre le président et ses opposants au sein du Parti.
Bis repetita ! Après Ant Financial, le bras droit d'Alibaba, c'est au tour de Didi Chuxing, le géant chinois du VTC, d'être victime de la colère du Parti communiste. Seulement un jour après son entrée à la bourse de New York, les autorités financières de Pékin ont annoncé l'ouverture d'une enquête pour violation des règles du cyberespace. Faut-il y voir un épisode de plus dans la lutte de l'État contre les firmes monopolistique de l'économie numérique ? Ou bien une nouvelle offensive de Xi Jinping contre le réseau de son ennemi absolu, l'ancien président Jiang Zemin ?
La Chine danse en ce moment une valse des contradictions. Xi Jinping appelle à redorer l'image du pays, sans écarter les "loups combattants" de sa diplomatie. Pékin a entériné des "lois anti-sanctions" pour contrer la stratégie de Biden avec le G7, mais ce n'est qu'ajouter à la chaîne des représailles qui dure depuis l'ère Obama. À quelques jours des célébrations du centenaire du Parti, le secrétaire général appelle à "créer une bonne ambiance" même à la suite d'accidents industriels. Chut ! Le PCC a 100 ans !
La Révolution culturelle ? Une "expérience précieuse". La période maoïste de 1949 à 1976 ? "27 années de grandes réalisations, aux résultats impressionnants". Tels sont les nouveaux éléments de langage de Xi Jinping et ses proches pour réécrire l'histoire du Parti. Pour le centenaire du PCC, il faut revenir aux sources, quitte à tourner le dos à la vision de Deng Xiaoping. Et à faire comme si la Chine vivait isolée du monde.
Le 1er juillet prochain, la Chine célèbrera le centenaire du Parti communiste. Le rendez-vous est d'une haute sensibilité politique car il marque une étape dans le chemin qui mène Xi Jinping au XXème Congrès du parti à l'automne 2022. Le numéro un chinois est en pleine lutte des factions pour assurer son maintien au pouvoir pour un troisième quinquennat inédit depuis le début des Réformes de Deng Xiaoping. Cette lutte est la continuation d'une lutte anti-corruption lancée en 2013 et qui s'est transformée en purge sans fin contre le réseau de pouvoir de l'ancien président Jiang Zemin. Où en est le jeu de chaises musicales au sommet du pouvoir chinois en vue de 2022 ?
Dans un article publié à Macao le 25 mars et censuré à Pékin, Wen Jiabao, l'ex-Premier ministre sous Hu Jintao, s'en prend au pouvoir central et à toute l'œuvre politique de Xi Jinping. Pour lui, "la Chine devrait être un pays rempli d'équité et de justice, où l'on respecterait la volonté du peuple". Même si ces propos sont ceux d'un retraité de la politique chinoise qui a perdu toute influence, ils révèlent, parmi d'autres, une tendance gênante pour Xi : l'actuel numéro un chinois, qui prépare son maintien au pouvoir après le Congrès du Parti en 2022, est l'objet de critiques qui se retrouvent de plus en plus dans la sphère publique.
Dans sa stratégie pour maintenir son emprise sur toute la Chine au-delà du XXème Congrès du Parti en 2022, Xi Jinping a-t-il les moyens de placer tous ses hommes aux postes-clés dans les provinces ? La réponse est non. Les alliés du président capables d'assumer ces responsabilités commencent à se faire rares. Xi est donc obligé de faire des compromis avec les autres factions à l'intérieur du Parti. À regarder les nominations, une sorte de "partage" de la Chine se dessine. Dernier exemple symbolique, la nomination de Wang Kai comme gouverneur du Henan.
Le mot est faible. La Chine ne se sent pas à l'aise avec le "Quoi qu'il en coûte" en Occident pour juguler la crise économique issue de la pandémie. Échaudée par une dette locale titanesque générée par des crédits souvent transformés en créances douteuses, elle n'a pas voulu s'endetter encore. En outre, la crise donne une ampleur nouvelle à Pékin à des envies de rompre définitivement avec le dollar. Un accélérateur du découplage avec les États-Unis ? Pas si simple.
Alors que les tensions avec les États-Unis ont monté d'un cran après le fiasco de la rencontre d'Anchorage, alors que les "loups guerriers" ternissent chaque jour l'image de la Chine, que fait Xi Jinping ? Il s'affiche dans l'un de ses fiefs, le Fujian, préférant se promener dans son jardin pour afficher le calme dans la tempête. Ce qui ne règle pas les problèmes au ministère des Affaires étrangères.
Que retenir de la double session parlementaire cette année ? Trois points ressortent : le flou sur les nouvelles prérogatives de l'Assemblée nationale, la réforme "patriotique" du système électoral à Hong Kong et les tensions sous-jacentes à la conférence de presse finale du Premier ministre Li Keqiang. Xi Jingping n'a toujours pas donné d'indice sur l'après-2022.
À l'heure où Xi Jinping prépare son maintien au pouvoir après 2022, la nomination des dirigeants en province est cruciale. Mais le profil type du gouverneur, du président de région autonome et du secrétaire du Parti pour la province reste l'homme Han de plus de 50 ans. À quelques exceptions près, les femmes ne sont pas placées sur orbite pour faire carrière dans les hautes instances du Parti-État. Trop souvent, leur présence se réduit à témoigner des efforts de féminisation et de diversité ethnique dans les exécutifs provinciaux.
Le "nettoyage" politique par Xi Jinping des géants du numérique en Chine ne fait que commencer. Après "l'affaire Jack Ma" qui oblige Alibaba à un démantèlement qui ne dit pas encore son nom, c'est maintenant Tencent qui est inquiété. Le Parti a mis en examen le vice-président du groupe propriétaire de WeChat. En cause, une affaire de pots-de-vins liés à un partage de données numériques d'utilisateurs, mais surtout, des liaisons dangereuses avec le clan de l'ancien président Jiang Zemin, que Xi Jinping cherche inlassablement à anéantir.
Si le fondateur d'Alibaba a fini pas reparaître en public le 20 janvier, ses ennuis ne font que commencer. Car le même jour, la Banque centrale de Chine rendait public les bases de sa lutte contre les monopoles dans le paiement en ligne à des tiers, qui devraient s'appliquer à l'avenir à tous les secteurs de l'économie. En attendant, les deux cibles actuelles de cette campagne s'appellent Alibaba et Tencent.
La promotion des cadres à la tête des provinces chinoises est un jeu de go très complexe, mais nécessaire à celui qui veut dominer la scène politique nationale en Chine. Parfois, il vaut mieux ne pas perdre du terrain, plutôt que de chercher vainement à en gagner. Xi Jinping n'ignore pas cette règle tacite. Exemple avec la nomination du nouveau gouverneur du Heilongjiang.
Le centenaire du Parti communiste chinois sera l'un des rendez-vous politiques majeurs de 2021 pour Pékin en juillet prochain. Pour le blason du PCC et pour son pouvoir personnel, Xi Jinping a besoin de marquer le coup. Le mois dernier, le numéro un chinois proclamait ainsi la "victoire sur la pauvreté absolue", un des engagements fondamentaux du Parti fondé à Shanghai dans le plus grand secret au plus fort de l'été 1921. Or cette "éradication de la pauvreté" ne semble pas résister aux données officielles du gouvernement lui-même.
Cela ne fait pas débat parmi les experts : l'économie chinoise a terminé l'année 2020 sur une note positive. Mais que lui réserve 2021 ? De nombreuses opportunités, assurément. Seulement, le Parti saura-t-il en tirer profit ? Saura-t-il éviter de se saborder ?
Quel bilan tirer pour la Chine des douze mois tumultueux de 2020 ? Pour Pékin, il n'est pas nécessairement positif. Ceux qui, à la fin de l'année, ou encore au tout début de 2021, s'empressaient de dire que la Chine s'en était bien sortie - ou du moins mieux que les autres -, que Xi Jinping avait réussi à renforcer sa position au sein du Parti, ou même que les Chinois avait "gagné" le jeu de go contre les Américains, sont, pour reprendre les mots de Jiang Zemin, "sometimes naive".
La sonde spatiale chinoise Chang'e-5 a rapporté ce jeudi 17 décembre des échantillons de Lune. Xi Jinping a adressé ses "chaleureuses félicitations" aux équipes chargées de la mission. L'aérospatiale est un secteur clé pour le "Grand Bond en avant technologique" qui constitue le "rêve chinois". Mais voilà un secteur que le président est très loin de maîtriser politiquement. Les cliques affiliés à "l'Ancien régime", le réseau de l'ancien président Jiang Zemin, y sont toujours dominantes. En témoigne la récente nomination du patron de l'Académie des Sciences de Chine.
Xi Jinping poursuit inlassablement la préparation du XXème congrès du Parti en 2022. Un rendez-vous politique encore plus sensible que d'habitude dans la mesure où le secrétaire général du Parti ne s'est pas choisi de successeur, qu'il se ménage la possibilité inédite depuis les réformes de Deng Xiaoping de faire un troisième mandat et qu'il doit donc se débarrasser de tous les obstacles - et des hommes - qui pourraient contrarier ses projets. C'est loin d'être un long fleuve tranquille pour Xi. Dans la dernière valse des nominations à la tête des provinces ou des ministères, le numéro un chinois n'a pas pu imposer uniquement les membres de sa garde rapprochée. Les nouvelles têtes sont tantôt des alliés de ses lieutenants, tantôt d'anciens proches de son archi-rival, l'ex-président Jiang Zemin, tantôt des inconnus soupçonnés de corruption.
Celui qui a inventé le "Rêve chinois" est sur la sellette. Wang Huning, chef idéologue du Parti communiste chinois, éminence grise du pouvoir central depuis la fin des années 1990, vient de céder sa place à la tête de la structure qui conçoit l'idéologie du PCC. Le début des grandes manœuvres dans la perspective du XXème congrès de 2022, pour lequel Xi Jinping n'a pas choisi de successeur.
Pour continuer de consolider son emprise sur la Chine, Xi Jinping s'engage sans le dire dans une opération de "nettoyage politique" du secteur des nouvelles technologies. C'est ainsi que se comprend le surprenant coup de frein à l'entrée en bourse d'Ant Group, le bras financier d'Alibaba, géant du numérique fondé par Jack Ma. Pourquoi Xi s'attaque-t-il à l'empire du "Steve Jobs chinois" ? À cause de ses liaisons dangereuses avec "l'Ancien régime", le tentaculaire réseau de pouvoir de l'ex-président Jiang Zemin, que l'actuel numéro un chinois cherche à éradiquer depuis son arrivée au pouvoir.