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Chine : la chute de Tang Yijun ou la purge parmi les alliés de Xi Jinping

L'ancien ministre chinois de la Justice Tang Yijun, limogé en 2023. (Source : SCMP)
L'ancien ministre chinois de la Justice Tang Yijun, limogé en 2023. (Source : SCMP)
L’ancien ministre de la Justice faisait partie de la « bande du Zhejiang » de Xi Jinping. Pourquoi le président chinois a-t-il permis son arrestation ? Est-il en train de se débarrasser sciemment d’un de ses réseaux parmi les hauts cadres du Parti ?
Après avoir été rétrogradé en janvier 2023 au poste de président de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC) pour la province du Jiangxi, Tang Yijun (唐一军), l’ancien ministre de la Justice, a été placé sous enquête par la commission disciplinaire le 1er avril. S’il est désormais courant que Xi Jinping approuve « l’exécution » d’un des ses alliés, la chute de Tang reste curieuse. L’ancien ministre fait partie de la « clique du Zhejiang » (浙江帮) de Xi et il avait servi son patron en qualité de gouverneur du Liaoning où il avait pour mission de déloger les restes de la « bande du Liaoning » (辽宁帮). Par la suite, quelques jours après l’arrestation de Sun Lijun, Tang a remplacé Fu Zhenghua au poste de ministre de la Justice. Il faut rappeler que ce ministère, tout comme le poste de secrétaire du Parti de Chongqing depuis la chute de Bo Xilai et de Sun Zhengcai, était devenu, dans la foulée du limogeage de la ministre Wu Aiying (吴爱英), quasiment indésirable. En fait, reprendre ce poste de ministre, c’est risquer d’être souillé par les mauvais agissements de ses prédécesseurs.
Tang reprend le poste de Fu en avril 2020 et en août 2021, il devient secrétaire du Parti du ministère. Cette fin du système de double direction (双首长制) qui existait depuis le remaniement ministériel de 2018 – Fu Zhenghua ministre et Yuan Shuhong secrétaire du Parti – ainsi que l’ascension de Tang semblait démontrer que ce dernier avait la confiance de Xi et qu’il était enfin récompensé de ses efforts au Liaoning.
Avec cette promotion, plusieurs voient déjà Tang remplacer Zhou Qiang (周强) à la Cour Suprême du Peuple durant le XXème Congrès du Parti. Mais il n’en est rien. Durant le Congrès, Tang, qui est membre suppléant du Comité central depuis 2017 ne parvient pas à en devenir membre titulaire. Pire encore : il se retrouve à la tête de la CCPPC de la province du Jiangxi début janvier 2023, soit deux mois avant le premier remaniement ministériel du premier gouvernement de Li Qiang.
*Ainsi Chen Qiufa fut président de la CCPPC du Hunan avant de devenir gouverneur du Liaoning, et He Lifeng fut président de la CCPPC de Tianjin avant d’être nommé à la Commission nationale pour le développement et la réforme (NDRC).
Malgré tout, Tang aurait pu aussi bien revenir dans les hautes instances du Parti. Les CCPPC provinciales sous Xi Jinping ont un rôle variable : elles sont utilisées parfois comme « zone tampon » à cause de la saturation des postes provinciaux*. Exemple avec Ying Yong (应勇), revenu sur le devant de la scène en tant que procureur général du Parquet populaire suprême en septembre 2022, après six mois d’attente à la tête de l’assemblée populaire provinciale du Hubei.
*Wang, un vétéran du Zhejiang, a été placardisé à l’assemblée populaire provinciale du Heilongjiang en avril 2022. **Xu, l’un des chefs de file de Hangzhou, fut démis de ses fonctions en janvier 2022 à la suite de la mauvaise gestion des inondations de Zhengzhou en juillet 2021.
Le 29 mars dernier, plus d’un an après sa rétrogradation initiale, et seulement sept jours après sa dernière apparition en public, des rumeurs commençaient à circuler sur Tang et sa potentielle mise en examen par la commission disciplinaire. Ces rumeurs, confirmées le 1er avril, en disent peu sur les potentielles fautes commises par Tang Yijun. Mais s’il on considère la « rectification » de certains cadres se réclamant de la « bande du Zhejiang » (dont Wang Yongkang (王永康)* et Xu Liyi (徐立毅)**) depuis 2022, ainsi que la perte de vitesse de Chen Min’er depuis le XXème Congrès, il est légitime de penser que Tang ait pu lui aussi faire les frais de ce nettoyage. N’oublions pas que Tang, en poste au Zhejiang bien avant l’arrivée de Xi Jinping, est affilié à des personnes jugées à présent problématiques par le pouvoir en place.

L’ascension de Tang

Avant l’arrivée de Xi Jinping, la classe politique du Zhejiang était constituée de plusieurs bandes locales qui profitaient de la corruption liée au développement économique tolérée par « l’ancien régime ». Parmi les figures de l’époque, Zhang Dejiang, secrétaire provincial de 1998 à 2002, Chai Songyue (柴松岳), gouverneur de 1998 à 2002, Wang Guoping (王国平), secrétaire de Hangzhou de 2000 à 2010, ou Huang Xingguo (黄兴国), secrétaire de Ningbo de 1999 à 2003. Mais revenons encore plus loin dans le passé du ministre déchu.
*Li, qui a connu Li Changchun à Shenyang dans les années 1980, était surtout le fils de Li Baohua (李葆华) (1909-2005), lui-même fils de Li Dazhao (李大钊) (1889-1927), l’un des co-fondateurs du Parti communiste chinois en 1921 avec Chen Duxiu. Li Dazhao, le grand-père de Li Zemin, avait aussi été le secrétaire particulier (« mishu ») du général He Long (贺龙) (1896-1969), lui-même une connaissance du père de Xi Jinping et lui aussi emporté par l’affaire Gao Gang, au début des années 1950. **Liu Feng, ami de Zhao Ximin, soutiendra aussi Zhao Leji au début de sa carrière dans les années 1980.
Tang est un ancien « jeune instruit » envoyé à la campagne dans les années 1970. La décennie suivante, il passe par l’école du Parti et entre dans le système de la propagande du Zhejiang en 1986. Le département provincial est alors sous la direction de Luo Dong (罗东). Tang demeurera cinq ans en poste avant de devenir secrétaire particulier « mishu » au bureau des affaires générales du Zhejiang. Il sert alors de « mishu » à Li Zemin (李泽民)* entre 1991 et 1997, mais aussi à Liu Feng (刘枫), secrétaire provincial adjoint entre 1989-1998, à peu près à la même époque. À ce titre, Liu, vétéran du Qinghai et ami du père de Zhao Leji**, sera l’un des principaux responsables de l’ascension de Tang.
En juillet 1997, Tang est transféré à Zhoushan sous la supervision de Wang Huizhong (王辉忠). Ce dernier, nommé aux instances provinciales ainsi qu’au comité permanent du Zhejiang plus tard sous Xi Jinping, poussera Tang vers la commission disciplinaire provinciale alors dirigée par Li Jinming (李金明). Tang recevra aussi le soutien de Shen Yueyue (沈跃跃), ancienne adjointe de Li Jinming à Hangzhou et cadre supérieur de Wang Huizhong dans les instances provinciales de la Ligue des Jeunesses communistes au début des années 1990. C’est aussi durant cette période (2002-2005) que Tang travaillera au service de Ying Yong (应勇), l’actuel procureur général du Parquet populaire suprême.
En juillet 2003, après moins d’un an sous les ordres de Li Jinming, devenu entretemps le successeur de Liu Feng à la tête de la CCPPC provinciale du Zhejiang, Tang passe sous la supervision de Zhou Guofu (周国富), le prédécesseur de Shen Yueyue à la tête du département provincial de l’organisation.
*Wang a dirigé entre 2007 et 2011 la commission provinciale des affaires politiques et légales.
En mai 2005, Tang, grâce à l’aide de Liu Feng, est transféré dans la ville de Ningbo en tant que secrétaire adjoint sous Bayanqolu (巴音朝鲁), l’un des membres de la clique de Xi Jinping. Ceci dit, Tang, qui se retrouve également chef de la commission disciplinaire de Ningbo (2005-2010), ne parvient pas à tirer son épingle du jeu et est transféré malgré tout – avec l’aide de Wang Huizhong* – vers la commission des affaires politiques et légales de Ningbo en avril 2010. Tang Yijun se fait par la suite doubler par Liu Qi (刘奇). Cet autre membre de la clique de Xi Jinping, placardisé temporairement à l’assemblée populaire provinciale depuis 2008, devient maire de Ningbo en janvier 2011. Tang n’arrive pas non plus à décrocher le poste de secrétaire municipal, celui-ci étant occupé par Wang Huizhong.
*La ville de Ningbo, représentée au comité permanent de la province, était connue, depuis le début des années 1980, pour être un tremplin vers les postes provinciaux.
Grâce aux anciennes connexions avec Liu Feng et Li Jinming, Tang réussit tout de même à devenir un cadre de rang vice-provincial en février 2011 : il prend alors la présidence de la CCPPC de Ningbo. En mai 2016, Liu Feng recommande Tang auprès de Zhao Leji – alors directeur du département central de l’organisation – pour une promotion vers un poste de premier plan. C’est ainsi que Tang devient maire de la ville Ningbo*.
*Dans l’ordre, Li Qiang part pour le Jiangsu en juin 2016, Chen part au Guizhou en 2012, Chen Yixin quitte en novembre 2015, Cai quitte le Zhejiang en 2014. **À l’époque connu pour avoir géré la crise du lait contaminé de la compagnie Sanlu (三鹿集团) dans la ville de Shijiazhuang en 2008. ***Bien que souvent associé à la clique de Xi, Xia avait avant tout été envoyé dans le Zhejiang par Jiang Zemin afin de « surveiller » Xi Jinping.
Tang Yijun devra attendre encore trois mois et les départs de Li Qiang (李强), Chen Min’er (陈敏尔), Chen Yixin (陈一新) et Cai Qi (蔡奇)* avant de pouvoir prendre place au comité permanent provincial en août 2016. le Zhejiang est alors dirigé par le gouverneur Che Jun (车俊)** et Xia Baolong (夏宝龙), le secrétaire du Parti***.
Tang ne sera pas en mesure de conserver son poste dans le Zhejiang plus de 14 mois et sera transféré dans le Liaoning en tant que gouverneur en octobre 2017. Il vient alors rejoindre Chen Qiufa (陈求发), le secrétaire du Parti, afin de soutenir la « campagne anti-corruption » visant à défaire les réseaux locaux. Ce transfert, daté du 30 octobre, est opéré par Chen Xi (陈希), le nouveau directeur du département de l’organisation, mais orchestré par son prédécesseur, Zhao Leji.
La dernière promotion de Tang, qui viendra en avril 2020, fut aussi organisée par Zhao Leji. On se souviendra qu’en 2020, Zhao était le secrétaire du Parti pour la commission disciplinaire centrale. C’est lui qui insista pour que Tang, qui avait déjà de l’expérience dans le domaine disciplinaire, soit nommé remplaçant de Fu Zhenghua. Et comme Tang avait déjà connu Ying Yong, ainsi que d’autres membres de la clique du Zhejiang de Xi, le choix semblait tout indiqué.
Durant son bref mandat, Tang fit exactement ce que Xi lui demandait : s’assurer d’élargir l’enquête sur l’influence de Fu Zhenghua, Sun Lijun, Zhou Yongkang et plusieurs autres, dans le secteur des affaires politiques et légales afin de pouvoir l’éradiquer. Même plus tard, en 2022, Tang continuait d’utiliser les slogans et le vocabulaire de Xi Jinping pour lui démontrer sa loyauté. Mais alors, pourquoi démettre Tang Yijun en janvier 2023 ?

Un avertissement

*Le 15 juin 2019, la municipalité de Shenyang et Evergrande signent un accord de coopération stratégique. Lors de cette réunion, Tang Yijun rencontre Xu Jiayin. Tous deux se seraient « liés d’amitié » et Tang aurait décidé d’aider à l’expansion d’Evergrande dans la province du Liaoning. Il serait même intervenu auprès de la Shengjing Bank, la plus grande banque commerciale régionale du Nord-Est, afin qu’Evergrande puisse prendre le contrôle de la banque. Quelques jours après l’accord, Evergrande augmente sa participation dans la banque à 36 % et en devient l’actionnaire majoritaire. **Outre la perte de centaines de millions de yuans, cela paraît ressembler aux cas du Tomorrow Group (明天集团) et de la Baoshang Bank (包商银行) : le « contrôle de l’accès au capital » pour le Parti. L’objectif principal de l’acquisition de la Baoshang était de pouvoir s’auto-émettre des prêts, et donc de contourner le secteur bancaire étatique (avare de fonds pour le secteur privé), afin de financer des projets.
Que penser des rumeurs sur les possibles « graves violations disciplinaires » de Tang – de l’abus de pouvoir à l’utilisation de son poste à Ningbo pour enrichir sa famille, en passant pour son aide à Evergrande pour prendre le contrôle de la Shengjing Bank (盛京银行)* ? Il aurait ainsi failli à son devoir de supervision**. Or ce ne sont là que des considérations secondaires dans la mesure où d’autres comme Li Qiang, Chen Min’er et même Cai Qi sont incapables de prouver leur intégrité en la matière.
Et de dire, si ces allégations de corruption devenaient des faits documentés officiellement par la commission disciplinaire, il serait alors impossible de prétendre que la situation était ignorée de tous. Ainsi Chen Qiufa, le secrétaire provincial de l’époque, Yi Lianhong (易炼红), alors secrétaire de Shenyang et actuel secrétaire du Parti pour le Zhejiang, Jiang Youwei (姜有为), maire de Shenyang de 2016 à 2021, et d’autres encore. Par ailleurs, Tang Yijun n’avait pas les réseaux ni l’influence nécessaire pour aider à ce point Evergrande entre 2017 et 2020. Avant ce transfert, il avait travaillé toute sa vie dans le Zhejiang.
Il est plus probable que Zhang Dejiang, cadre de premier plan qui a soutenu l’expansion d’Evergrande dans le Guangdong durant son mandat de 2002 à 2007 et qui a aussi connu Tang Yijun dans le Zhejiang d’avant l’arrivée de Xi Jinping, ait pu aider ce dernier durant son service au Liaoning. Par ailleurs, Zhao Leji, secrétaire du Parti pour la commission disciplinaire entre 2017 et 2022, était le plus à même de pouvoir dissimuler ce genre de situation.
*Depuis 2018, Xi a plusieurs fois fait tomber des associés de Wang Qishan afin de l’isoler des luttes politiques et de réduire son influence au sein du Parti-État.
Ce n’est pas une coïncidence si la placardisation de Tang au Jiangxi s’est déroulé quelques mois avant la fin de la première salve d’inspection du XXème Comité Central, soit après le départ de Zhao Leji de la commission disciplinaire. Ce moment fut sûrement jugé opportun pour retirer Tang du milieu judiciaire afin qu’il ne puisse pas interférer avec le travail de Li Xi. En outre, en envoyant Tang dans le Jiangxi, Xi Jinping faisait d’une pierres deux coups : il pouvait donner le poste de ministre de la Justice à un cadre prêt à faire ce qu’on lui dit et écarter Yao Zengke (姚增科), un associé de Wang Qishan*.
Ce qui est moins clair par contre c’est pourquoi Li Xi s’est permis d’attraper Tang Yijun ? Normalement, un associé de premier plan de la bande du Zhejiang – même avec des antécédents douteux – aurait pu être épargné. Après tout, les liens entre Alibaba, le secteur de l’architecture et Li Qiang, ou encore le puits sans fond de dettes laissé dans le Guizhou après le passage de Chen Min’er, n’a pas nécessité l’intervention de la commission disciplinaire.
En ce sens, il est permis de douter que le cœur du problème entourant Tang soit vraiment celui de la corruption. Il pourrait s’agir plutôt de la problématique de la « sécurité politique » d’une part et d’autre part du besoin pour Li Xi de faire ses preuves. Dans le premier cas, l’anxiété générale autour des individus à deux faces cible de plus en plus des cadres qui ont travaillé pour Xi Jinping par le passé et qui ont rempli leurs fonctions. Leur passé problématique pousse à présent Xi à vouloir se défaire de ces individus, et surtout de ceux qui tirent leurs racines de « l’ancien régime », qui ont causé des pertes significatives pour l’État ou qui ont participé à la création de risques importants dans les secteurs financiers et bancaires.
Dans le second cas, directement lié aux besoins de Xi Jinping, Li Xi, qui de par son expérience au Liaoning et au Guangdong, est très au fait de l’affaire Evergrande, auraot décidé de ramener un trophée à Xi. Li Xi disposerait alors d’informations sur les défauts de paiement de la Jinzhou Bank (锦州银行) (2018), sur les liens entre Tang Yijun et la Shengjing Bank, et aussi sur le rachat de la Shengjing par le Liaoning Asset Management (辽宁资产管理有限公司).
*Par exemple, celles de Sun Lijun et de Fu Zhenghua.
Et comme Tang est membre secondaire de la bande du Zhejiang, Li Qiang, Chen Min’er, Huang Kunming (黄坤明) ou encore Ying Yong ne voleront pas à son secours. Zhao Leji, déjà dans de beaux draps pour « l’affaire des villas de Qinling », la corruption dans le secteur du pétrole au Qinghai, sans parler de ses nominations douteuses lors de son mandat à la tête du département de l’organisation (2012-2017)*, ne peut non plus pas se permettre d’intervenir. En ce sens, si on demeure dans l’optique « Evergrande » et que Li Xi décide de tout lui coller dessus, Tang ne pourra pas faire grand-chose.
En fait, Li Xi semble, depuis sa nomination à la tête de la commission disciplinaire, être sur le cas de Zhao Leji. Il travaille depuis 2023 à faire tomber ses anciens alliés dans le Qinghai, mais aussi ceux qu’il a placés lorsqu’il présidait la commission disciplinaire. On peut penser par exemple à Li Pengxin (李鹏新) en décembre 2023, Luo Yulin (骆玉林) en mai 2023, Hao Zongqiang (郝宗强) en juin 2023, Liu Ran (刘燃) en juin 2023, Yao Xike (姚西科) en juin 2023 et Cui Yunan (崔玉男) en mai 2023.
*Ce tour d’horizon sur la chute programmée de Tang rappelle Tang Liangzhi (唐良智), qui fut maire de Chongqing entre 2018 et 2021, puis placardisé à la tête de la CCPPC de l’Anhui en décembre 2021 sans explication. Un sort similaire à celui de Tang Yijun pourrait lui être réservé.
Somme toute, le cas de Tang Yijun, potentiellement lié à la chute d’Evergrande ainsi qu’aux passe-droits offerts à la compagnie au Liaoning, ressemble à une croisade menée par Li Xi pour consolider son importance auprès de Xi jinping. Pour ce dernier, c’est au plus une perte mineure. Pour Li Xi, ce pourrait devenir une « grande victoire » contre les cadres qui exposent le système financier chinois à des risques importants. Parmi le reste de l’équipe du Zhejiang encore en place, certains pourraient voir d’un mauvais œil la chute de Tang Yijun*. Ils ont raison de s’inquiéter. Après tout, depuis un moment déjà, Xi Jinping a démontré que cette clique – favorisée entre 2013 et 2017 – lui est de moins en moins utile et qu’il préfère s’en remettre à ses réseaux du Fujian pour la suite des événements.
Par Alex Payette

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A propos de l'auteur
Alex Payette (Phd) est co-fondateur et Pdg du Groupe Cercius, une société de conseil en intelligence stratégique et géopolitique. Ancien stagiaire post-doctoral pour le Conseil Canadien de recherches en Sciences humaines (CRSH). Il est titulaire d’un doctorat en politique comparée de l’université d’Ottawa (2015). Ses recherches se concentrent sur les stratégies de résilience du Parti-État chinois. Plus particulièrement, ses plus récents travaux portent sur l’évolution des processus institutionnels ainsi que sur la sélection et la formation des élites en Chine contemporaine. Ces derniers sont notamment parus dans le Journal Canadien de Science Politique (2013), l’International Journal of Chinese Studies (2015/2016), le Journal of Contemporary Eastern Asia (2016), East Asia : An International Quarterly (2017), Issues and Studies (2011) ainsi que Monde Chinois/Nouvelle Asie (2013/2015). Il a également publié une note de recherche faisant le point sur le « who’s who » des candidats potentiels pour le Politburo en 2017 pour l’IRIS – rubrique Asia Focus #3.