

Votre média sur l'Asie
Le ministre chinois des Affaires étrangères a terminé le 4 juin une visite de dix jours dans huit nations du Pacifique. Une tournée destinée à imprimer le sceau de la Chine sur la région alors que la fracture entre les démocraties libérales et l’axe Pékin-Moscou se précise en Europe comme en Asie. Si la région reste dubitative face à l’offre chinoise, Pékin reste un maître au jeu de la patience.
La possibilité d’un affrontement dont l’Ukraine est le prétexte plutôt que l’enjeu peut surprendre une Europe justement allergique à la guerre et qui oublie comment on en est arrivé là. Reculer du précipice ne sera pas aisé, d’autant plus que la diplomatie s’est altérée.
Les dessous de la formation de l'alliance Aukus entre les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie posent de très embarrassantes questions sur la diplomatie française, le futur de la France en Indo-Pacifique et l’autonomie de ses pouvoirs régaliens. Des questions qui s’inviteront dans la campagne présidentielle.
L’impeccable organisation juridique et logistique de la troisième consultation référendaire en Nouvelle-Calédonie n’occulte pas la profonde division des parties en présence, l’impasse financière dans laquelle se trouve le pays et le brouillard qui s’est installé. De fait, un "dialogue" vieux de quarante ans n’a toujours rien produit de tangible.
Le référendum d'autodétermination en Nouvelle-Calédonie aura lieu comme prévu le 12 décembre prochain. Un maintien annoncé ce vendredi 12 novembre par le haut-commissaire de la République dans le Caillou. On votera donc une troisième fois pour ou contre l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Ou plutôt : certains voteront, car la non-participation indépendantiste posera à nouveau des problèmes irrésolus après quatre décennies de négociations.
En une dizaine de jours, depuis l’annonce le 15 septembre de l’annulation du contrat des sous-marins, la forme de l’Indo-Pacifique et la position de la France dans cet espace ont déjà changé. La formation d’Aukus, nouveau traité de défense entre l'Australie, le Royaume-Uni et l'Australie, pose des questions que la France ne peut éluder. La crise serait-elle une opportunité ?
Sans en avertir la France, l'Australie a décidé de rompre unilatéralement un contrat de quelque 56 milliards d'euros pour la fourniture de sous-marins conventionnels. Le gouvernement de Scott Morrison lui a préféré les sous-marins à propulsion nucléaire proposés par les États-Unis dans le cadre d'une nouvelle alliance tripartite avec le Royaume-Uni. En une décision, la diplomatie française a essuyé un revers qui forcera un réexamen de ses alliances et de ses objectifs. Elle pose de douloureuses questions sur sa place dans un espace, l’Indo-Pacifique, où elle a de vieilles attaches et qui figure déjà comme le cœur du XXIème siècle.
De retour de huit jours de réunions ministérielles à Paris, les élus calédoniens ont envisagé les conséquences d’une indépendance sous tous ses angles. Contre toute attente, la date de la dernière consultation référendaire a été arrêtée au 12 décembre prochain.
Événements climatiques à répétition, Covid-19, crise économique et budgétaire, impasse et entêtement politiques, régression sociétale, troisième consultation référendaire possible : la Nouvelle-Calédonie deviendrait-elle l'incarnation des "tristes tropiques" ? C'est la question que pose Sandrine Teyssoneyre dans cette tribune.
Dans les deux dernières décennies, la Nouvelle-Calédonie a opté pour des projets économiques qui répondaient à la volonté politique de préparer le pays à une éventuelle indépendance, quels que soient ses contours. Mais alors qu'en 2021 le pays se prononcera sans doute une troisième fois sur son auto-détermination, le nickel n'assurera pas la manne tant attendue, et menace la paix civile.
En 2021, la Nouvelle-Calédonie entamera la phase finale de l'Accord de Nouméa de 1998 avec une dernière consultation d'auto-détermination. Cette échéance, inséparable de l'avenir de la France en Indo-Pacifique, se déroulera dans un contexte très différent de celui des accords précédents. Alors que la cession d'une usine de nickel vient d'aboutir dans la violence, le gouvernement français, souilgne Sandrine Teyssonneyre dans cette tribune, affrontera le dossier calédonien au milieu d'une crise sociétale et économique dans l'hexagone, sans précédent sous la Vème République.
La diplomatie américaine est dominée par une réalité que les Républicains déplorent comme une entrave et que les Démocrates perçoivent comme une opportunité : lorsque les États-Unis n'agissent que pour eux-mêmes, leur puissance s'effondre. L'administration Biden tentera de renouer avec la tradition d'une hégémonie pour le bien commun, mais elle sera confrontée à un affaiblissement inédit du pouvoir des États-Unis et à l'autonomie croissante d'une région indo-pacifique qui croit en son futur.
Le ministre français des Outre-mer Sébastien Lecornu vient de terminer une mission de 22 jours en Nouvelle-Calédonie. Le "Caillou" décidera à partir du 4 avril prochain de convoquer ou non une troisième consultation d'auto-détermination. Pour éviter cette impasse, et le risque qu'elle ferait courir à la paix civile, le ministre a organisé un dialogue de cinq mois entre les parties alors que la question du nickel s'invite une fois de plus dans la transition politique.
Dans les trois années précédant la crise sanitaire actuelle, les pays d'Asie s'étaient embarqués dans une course à la construction aéroportuaire, motivée par une explosion de la croissance, des échanges et des niveaux de vie. En les clouant au sol, la crise du Covid-19 a brûlé les ailes des compagnies aériennes, menaçant leur survie et défiant le génie créatif de leurs dirigeants. Pourtant, l'espace même qui tirait le secteur aérien mondial en 2018 est aussi confronté à un redécollage obligatoire. Petit à petit, le reste du monde suivra.
Dans les prochaines décennies, l'Asie pourrait bien devenir un champ de bataille interne entre croissance imaginée et développement durable. Pour des raisons historiques et géographiques, l'eau y jouera un rôle primordial, comme en témoignent les récentes crues vietnamiennes. En se manifestant à travers les infrastructures et les liens de communication, la concurrence géostratégique entre le bloc occidental, d'un côté, et la Chine et ses quelques clients, de l'autre, ne fait qu'envenimer la question environnementale. L'issue de l'élection américaine ne sera pas sans conséquences sur son évolution.
Dans l'histoire des matières premières, l'impératif cultuel est aussi puissant que celui de l'industrie ou de la technologie. Bois associé aux rites indiens et chinois anciens, le santal est commercé depuis des millénaires, de l'Inde à Hawaï, en passant par toutes les îles du Pacifique et l'Australie. Menacé d'extinction malgré des campagnes de reboisement qui occultent le temps nécessaire à sa maturation, le santal reste un des Graals de la parfumerie contemporaine, et donc un enjeu économique dans sa région d'origine. Son histoire, parsemée d'aventures aux contours hollywoodiens, est celle de la mondialisation d'un double océan, Indien et Pacifique.
Ce dimanche 4 octobre, le "non" l'a emporté une deuxième fois au référendum d'auto-détermination de la Nouvelle-Calédonie. Cette victoire plus étriquée (53,6 % contre 56,6 % en 2018) incitera les partisans de la souveraineté à réclamer une troisième consultation dans six mois. D'autres continuent à proposer une négociation pour en finir avec à un processus de vingt-deux ans, nourri d'incertitudes qui ont ralenti une émancipation réelle. Une telle négociation devra prendre en compte l'épopée multiculturelle du pays liée la région indo-pacifique, le rôle central que le nickel a joué dans son développement et la nécessité de réduire cette dépendance.
Le siècle de l'Eurasie est aussi celui des mers. La plus grande masse de terre de la planète est entourée par les eaux, glacées au Nord, chaudes au Sud. Dans cet Indo-Pacifique, la Nouvelle-Calédonie se trouve si ce n'est au cœur du monde, en tout cas dans sa périphérie proche, et connectée à lui par la mixité de sa population et des liaisons indispensables. C'est en élargissant le cercle autour du Caillou que le scrutin d'auto-détermination du 4 octobre prend tout son sens.
Le 4 octobre prochain, une liste longuement et difficilement établie de Calédoniens votera pour ou contre la pleine souveraineté de la Nouvelle-Calédonie au cours d'un second referendum, comme le mandate l'Accord de Nouméa du 5 mai 1998. Sur fond de tensions sino-américaines et alors que la Chine consolide ses pions dans le Pacifique, sous quelles influences l'archipel forgera-t-il son destin d'ici 2050 ?
Dans une Asie à la pensée souvent conformiste, un souffle d’air innovateur sera nécessaire pour éviter les risques transnationaux.
Du Laos à la Birmanie, la Chine forge son destin de puissance dominante en Asie dans l’espace qui la sépare de son concurrent indien : l'ASEAN.