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Quel bilan tirer pour la Chine des douze mois tumultueux de 2020 ? Pour Pékin, il n'est pas nécessairement positif. Ceux qui, à la fin de l'année, ou encore au tout début de 2021, s'empressaient de dire que la Chine s'en était bien sortie - ou du moins mieux que les autres -, que Xi Jinping avait réussi à renforcer sa position au sein du Parti, ou même que les Chinois avait "gagné" le jeu de go contre les Américains, sont, pour reprendre les mots de Jiang Zemin, "sometimes naive".
Face aux effets néfastes de la guerre commerciale avec les États-Unis, du ralentissement économique et des sanctions liées à la situation à Hong Kong, qu'a décidé le Parti de Xi Jinping ? De mettre en place un appareil institutionnel de contrôle et de surveillance encore plus centralisé pour une gestion plus étroite des tensions sociales et des doléances qui émergent un peu partout en Chine, alors que la situation post-covid se stabilise.
Reportée pour cause d'épidémie de coronavirus, la double session parlementaire a été fixée aux 21 et 22 mai prochains. Les milliers de délégués de l'Assemblée nationale populaire seront convoqués en même temps que les membres de la Conférence consultative du peuple chinois. Une façon d'afficher le succès du gouvernement chinois dans sa guerre au Covid-19. Xi Jinping en a profité pour continuer de purger le système politico-légal longtemps cornaqué par son ennemi Zhou Yongkang, le tsar déchu de la Sécurité, et l'ex-président Jiang Zemin, incarnation de "l'Ancien régime" dont le président veut se débarrasser. La principale victime s'appelle Sun Lijun, qui est mêlé les deux grandes crises gênantes pour Pékin : les manifestations à Hong Kong et l'épidémie à Wuhan.
Ils s'étaient ligués pour empêcher Xi Jinping de diriger la Chine. Son grand rival Bo Xilai, étoile déchue du Parti, s'était allié avec Zhou Yongkang, tsar de la sécurité, Ling Jihua, ex-bras droit de Hu Jintao, et le général Xu Caihou. Cette "Nouvelle bande des quatre" est aujourd'hui en prison : ses membres ont été jugés et enfermés. Mais leurs réseaux ne sont pas encore totalement éliminés.
La lutte anti-corruption en Chine offre des "tigres" hauts en couleur. Exemple avec Qin Guangrong, ex-patron du Parti du Yunnan et soldat de Ling Jihua, lui-même membre de la "Nouvelle bande des quatre" avec Bo Xilai, rival déchu de Xi Jinping.
Les têtes continuent de tomber dans la "faction du pétrole", malgré la chute de son patron, Zhou Yongkang. Un vaste coup de filet régional en février-mars dernier montre que Xi Jinping est loin d'en avoir fini avec l'un des réseaux politiques majeurs de la Chine des Réformes.
Ce dimanche 3 mars, la Chine a ouvert sa double session parlementaire. Au programme, les investissements étrangers, la protection de la propriété intellectuelle et la planification familiale. En pleine guerre commerciale et sur fond de "lutte anti-corruption" sans fin, Xi Jinping tente un rééquilibrage des factions.
Le 5 mars prochain débute à Pékin le grand théâtre annuel de la vie politique en Chine : la double session parlementaire. La chasse aux "tigres" est toujours ouverte : Xi Jinping n'a pas peur de remuer de vieux dossiers pour mieux "nettoyer" le Parti des factions rivales.
Dans le Shaanxi au nord-est de la Chine, la "lutte anti-corruption" implique des personnages-clés du régime actuel, liés à Xi lui-même. La gigantesque purge lancée contre les réseaux de Jiang Zemin se retournera-t-elle contre son initiateur ?
C'était l'un des acteurs les plus importants de la vie politique en Chine dans les années 1990 et 2000. La "faction du pétrole" subit toujours les foudres de Xi Jinping, qui la considère comme un résidu de "l'Ancien Régime" à éradiquer pour assurer son pouvoir absolu.
Depuis mars dernier, Xi Jinping s'est donné un "mandat à vie" à la tête de la Chine. Malgré tout, il devra préparer la relève. Pour savoir comment, il faut partir dans les provinces chinoises où progresse la septième génération de dirigeants.
A trop vouloir façonner la Chine à son image, Xi Jinping n'est-il pas en train de se perdre ? La question se pose à Pékin. Fin 2016, Cai Qi est envoyé "nettoyer" la capitale de l'influence de l'ancien président Jiang Zemin. Mais le nouveau pouvoir a du mal à s'enraciner.
Une décennie après le scandale du lait contaminé à la mélamine en Chine, l'une des marques incriminée, le groupe Yili, est en proie à une guerre des chefs, qui en dit long sur le système protégeant les élites locales contre les accusations de corruption.
Le 24 octobre dernier, la Chine a inauguré le pont le plus long du monde, reliant Hong Kong, Zhuahai et Macao. Quatre jours avant, Zheng Xiaosong, directeur du bureau de liaison avec Macao, se jetait par la fenêtre. Un suicide qui intervient 3 semaines après la "démission" du chef d'Interpol.
Comment expliquer la "disparition" de Meng Hongwei le 29 septembre puis sa "démission" le 7 ? Le président d'Interpol était un ancien lieutenant de Zhou Yongkang, l'ex-patron de la Sûreté en Chine et homme-clé de Jiang Zemin, dont le réseau est la cible de la "lutte anti-corruption" lancée par Xi Jinping en 2013.
C'est une secousse dangereuse pour les "Nouvelles Routes de la Soie". Nur Bekri, directeur du bureau national de l'Énergie, a été mis en examen le 21 septembre dernier pour violations disciplinaires graves. Ce secteur stratégique ne connaît pas de répit depuis l'arrivée au pouvoir de Xi Jinping.
La chose est vieille comme la Chine. Le pouvoir absolu de l'empereur passe nécessairement par la maîtrise totale de la police d'État. Xi Jinping en a confié le "nettoyage" à Zhao Kezhi, qui doit se débarrasser totalement du système créé par Jiang Zemin et Zhou Yongkang.
En Chine, la Sécurité publique n'est plus la chasse gardée des hommes de Jiang Zemin. Depuis octobre, elle balance désormais en faveur de Xi Jinping, dont le réseau va pouvoir s'étendre à tout le système étatique de surveillance, politique comme judiciaire.