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Le déclenchement de la guerre en Ukraine fait mécaniquement converger les projecteurs de l'actualité aux antipodes de la Birmanie. Le chef de la junte putschiste Minh Aung Hlaing en profite pour rééditer la politique de terreur et de terre brulée expérimentée en 2017 en Arakan par ce même général, alors commandant en chef de l'armée birmane et ministre de la Défense, contre la minorité musulmane rohingya.
Humoristique, artistique, pacifique, massive. Il ne faut pas oublier la façon dont les Birmans ont manifesté il y a un an, en réaction au coup d'État militaire du 1er février 2021. Ni un mouvement étudiant comme en 1988, ni un mouvement emmené par des moines comme en 2007, la désobéissance civile de 2021 a montré une population unie contre ce qu'elle n'accepte plus : l'emprise de l'armée sur le pays. C'est ce que Frédéric Debomy souligne dans son dernier livre paru en novembre 2021 : "Birmanie, une révolution de printemps". Asialyst vous en livre un extrait, introduit par l'auteur.
Le mercredi 16 février à 18h30, Asialyst et l'Inalco ont coorganisé une conférence pour mieux comprendre la situation de la Birmanie un an après le coup d’État militaire du 1er février 2021. Retrouvez ici en vidéo l'intégralité de cet événement.
À ne pas manquer ! Asialyst et l'Inalco coorganisent le mercredi 16 février à 18h30 une conférence pour mieux comprendre la situation de la Birmanie un an après le coup d’État militaire du 1er février 2021. Le débat sera aussi diffusé en direct sur YouTube Live. Inscription gratuite mais obligatoire.
Le 1er février 2021, le putsch des militaires renversait le gouvernement civil d'Aung San Suu Kyi trois mois après un nouveau raz-de-marée électoral. Un an plus tard, le pays s'enfonce dans la violence doublée d'un naufrage économique sans fin. Les géants pétroliers Total et Chevron, actionnaires majoritaires et opérateur du principal champ gazier birman de Yadana, ont méticuleusement coordonné l'annonce simultanée de leur départ irrévocable le 21 janvier. Le signal d'un sauve-qui-peut général, tant parmi les rares expatriés occidentaux encore présents, qu'au sein des milieux économiques birmans.
Vendredi 21 janvier, les géants pétroliers Total, devenu TotalEnergies en 2021, et Chevron ont annoncé simultanément leur décision irrévocable de quitter la Birmanie. Ils abandonnent "sans contrepartie financière", selon les termes de leurs communiqués, le champ gazier offshore de Yadana ainsi que le gazoduc de 370 km exportant sa production en Thaïlande, déjà amortis. Sans qu'on connaisse encore les raisons de ce revirement, Jusqu'au 21 janvier, le bilan des sanctions imposées par les occidentaux à la junte birmane était quasiment nul. Le départ de Total et Chevron ouvre la porte à des sanctions contre leur ex-partenaire, la MOGE (Myanma Oil & Gas Enterprise), la perfusion financière des putschistes.
La visite à Naypidaw, les 7 et 8 janvier derniers, du chef de gouvernement cambodgien Hun Sen, nouveau président de l’ASEAN, n’a fait apparaitre aucune évolution dans le tout répressif, l’unique "politique" des généraux putschistes birmans.
La déclaration de "guerre défensive" lancée contre la junte par le président du Gouvernement d'Union nationale (NUG) s'est traduite par un net accroissement du nombre établi d'attentats et escarmouches contre l'armée birmane, ses informateurs et ses installations de télécommunications. Parallèlement, ont augmenté les exactions répertoriées des militaires, les meurtres de civils, les villages brûlés.
Le président du Gouvernement d’unité nationale, formé par des parlementaires ayant échappé aux arrestations, a diffusé à la radio le 7 septembre au petit matin un discours déclarant le début de la "guerre de résistance". Dans cette tribune, Salai Ming, qui vit la répression birmane de l'intérieur depuis Rangoun, s’interroge sur l’utilité de continuer de publier sur la Birmanie en France, au vu de l’indifférence des responsables français et européens à la crise démocratique dans le pays.
Traditionnellement rabaissées par la société birmane, les femmes sont pourtant en première ligne de la fronde contre le putsch du 1er février dernier. Le récent Gouvernement d’unité nationale (NUG) formé à l’initiative de parlementaires ayant échappé aux arrestations accorde plus de place aux femmes que les gouvernements antérieurs. Durant ce mois de septembre, l'Assemblée générale de l'ONU doit voter la reconnaissance ou non du NUG comme institution légitime pour représenter la Birmanie. Dans cette tribune, Frédéric Debomy appelle à le reconnaître pour espérer un avenir meilleur pour les Birmanes.
Depuis plusieurs semaines circulent à bas bruit des "informations" sur les effets politiques de la troisième vague de la pandémie de Covid-19 en Birmanie, qui se manifeste de plus en plus cruellement depuis la fin juin. Ces effets politiques seraient, selon les auteurs et les propagateurs de ces rumeurs, un renforcement quasi automatique de l’influence de la junte au pouvoir depuis le coup d’État du 1er février.
Enfermée, isolée du monde, Aung San Suu Kyi a perdu, pour l'instant, son influence sur le cours de la politique en Birmanie. C'est désormais le gouvernement d'unité nationale (NUG) qui représente la menace principale pour la junte au pouvoir depuis le coup d'État du 1er février. Pas reconnus par la communauté internationale, les putschistes n'ont pas encore acquis de légitimité à représenter le pays.
Unités de l'armée thaïlandaise déployées à la frontière birmane, coup de mains entre putschistes contre les mouvements pro-démocratie, arrestation d'opposants réfugiés... Le soutien politique des généraux thaïlandais à leurs homologues en Birmanie est multiforme. Cette solidarité est aussi financière : les deux juntes sont partenaires d'un consortium aux Bermudes mis en place par le groupe pétrolier français Total en partenariat avec les Américains Unocal puis Chevron.
Les Occidentaux le savent. Le talon d'Achille des généraux putschistes en Birmanie est énergétique. Ils sont sous perfusion financière d'un montage complexe autour de l'exploitation d'un immense champ gazier. Le tout conçu et mis en œuvre par Total en partenariat avec Chevron. La France et les États-Unis ont donc une arme décisive entre leurs mains. Si Paris ne semble toujours pas vouloir actionner ce levier, un groupe bipartisan au Sénat à Washington a demandé à Joe Biden des sanctions là où ça fait mal pour la junte birmane.
L'ASEAN a appelé à la retenue et à la fin des violences en Birmanie, à l'issue d'un sommet consacré à la situation critique de ce pays depuis le coup d'État du 1er février. Un "communiqué final de consensus" sans calendrier ni sanction, qui semble placer les militaires putschistes au même plan que les manifestants victimes de la répression sanglante. Min Aung Hlaing, le chef de la junte, était présent à Jakarta, mais aucun représentant de l'opposition invité. Autre absence gênante : celle du Premier ministre thaïlandais Prayuth Chan-o-cha, lui-même auteur d'un coup d'État en 2014 et proche du généralissime birman. La Thaïlande et la Birmanie ont des intérêts énergétiques via Total qui ignorent depuis longtemps la démocratie et les droits de l'homme.
Depuis le coup d'État militaire du 1er février en Birmanie, la situation est pour le moins confuse en Arakan. Dans cette zone où l'armée a expulsé en masse la grande majorité des Rohingyas après d'innombrables incendies, meurtres et viols, l'Arakan Army, l'une des plus puissantes milices armées à base ethnique minoritaire, a d'abord été tentée de soutenir les putschistes. Mais sous la pression de la population indignée par la répression militaire en cours, elle envisage de reprendre la lutte contre l'armée régulière. L'histoire de l'Arakan est indissociable de la tragédie que vit la Birmanie depuis la colonisation britannique.
Au grand dam de l'opposition au coup d'État du 1er février, le général Min Aung Hlaing, chef de la junte putschiste, a été invité au sommet spécial Birmanie de l'ASEAN le 24 avril prochain. Mais le refus d'une nouvelle dictature militaire dans le pays commence à produire de nouveaux effets : les ralliements et des désertions de jeunes officiers de la Tatmadaw, nom officiel de l'armée, ne sont plus des cas isolés. Ces fêlures encore très minoritaires peuvent-elles un jour disloquer le pouvoir des militaires ?
Faut-il se résigner à une nouvelle période de dictature militaire ? L'armée birmane n'est-elle pas numériquement et matériellement en position de force face au mouvement de désobéissance civile ? Si d'aucuns appellent à une solution négociée entre la junte et le pouvoir civil, le spécialiste de la Birmanie Frédéric Debomy rappelle qu'il ne faut pas négliger la volonté affirmée des manifestants, qui préfèreraient mourir que d'accepter de vivre sous le joug des militaires : plus qu'une protestation, c'est une révolution dont il s'agit, qui tend à renverser l'armée. Dans cette tribune, le chercheur souligne l'impérieuse nécessité d'une pression multiforme de la communauté internationale pour mettre l'armée au pied du mur.
Depuis le putsch des généraux birmans le 1er février dernier, aucun responsable politique français, aucun élu n'a prononcé le mot tabou : Total. Pourtant, le groupe pétrolier est la perfusion indispensable à la survie financière de la junte birmane. L'omerta française a été rompue ce dimanche 4 avril par Patrick Pouyanné, le PDG de Total.
Les médias tenus par les militaires birmans l'ont répété toute la journée du vendredi 26 mars : "Les soldats ont l'ordre de tirer dans la tête et dans le dos de tout manifestant le samedi 27 mars, Jour de Tatmadaw, l'armée birmane." Pendant que défilaient les militaires en grand uniforme, d'autres soldats, policiers, ex-prisonniers de droit commun ont tué plus d'une centaine de civils désarmés.
À quoi joue la Chine en Birmanie ? Alors qu'au moins 32 usines possédées par des capitaux chinois ont été incendiées dans plusieurs quartiers de Rangoun dimanche 14 mars, les opposants au putsch du 1er février supectent Pékin d'apporter une aide matérielle à la junte via des avions non déclarés. La presse nationaliste chinoise appelle à punir les "délinquants".
Comment résoudre la crise politique en Birmanie ? Depuis 1988, d'un soulèvement à l'autre, d'une répression à l'autre, l'armée n'accepte pas de quitter le pouvoir. Ce serait, entre autres, abandonner sa prédation sur les ressources économiques du pays. Or la Tatmadaw fait aujourd'hui l'objet d'un rejet absolu au sein de la population. Pour l'opposition civile, la solution est d'isoler l'armée, de lui retirer la direction de l'État. Est-ce une utopie ? Oui si l'on tire les leçons de ces trente dernières années de luttes entre la junte et la population. Mais peut-on réduire le mouvement actuel de désobéissance civile à une simple répétition de l'Histoire ?
En opérant leur coup d'État le 1er février dernier, les chefs militaires birmans n'avaient pas prévu la détermination de leurs opposants. L'emploi de la force létale et la hausse du nombre des tués lors des manifestations n'a, pour l'instant, pas entamé le mouvement de désobéissance civile. Une opposition pro-démocratie qui se structure avec l'engagement retentissants d'une partie du corps diplomatique contre la junte.
Pendant les quatre premières semaines de leur pouvoir absolu sur la Birmanie après le coup d'État, le général Min Aung Hlaing et son Conseil d'Administration de l'Etat (SAC) affrontent à la plus grande campagne de désobéissance civile qu'ait connu l'Asie du Sud-Est. Un pays paralysé, où les banques sont à court d'espèces depuis trois semaines, où les trains roulent rarement. Mais l'étau se resserre sur la résistance au putsch. Ce dimanche 28 février, le nombre des manifestants tués répertoriés a brutalement été multiplié par 10, comparé au total des victimes jusqu'à présent. La plupart ont été tués par balles réelles à Rangoun, Mandalay et d'autres villes de province.
Les chefs de l'armée birmane se considèrent comme l'épine dorsale du pays. La mentalité de la haute hiérarchie militaire modèle 2021 n'a pas rompu avec les usages en vigueur depuis le bain de sang de l'été 1988. En revanche, la société civile, en particulier la jeunesse urbaine très connectée, n'existait pas. Aujourd'hui, elle refuse très énergiquement le retour vers un passé honni que prétend imposer au pays le nouvel avatar de la junte au lendemain du coup d'État du 1er février.
À Rangoun, les manifestations ne faiblissent pas après le coup d'État du général Min Aung Hlaing. La jeunesse qui défile dans les cortèges a connu la démocratisation partielle initiée en 2010 et qui a mené Aung San Suu Kyi à gouverner le pays de 2016 à 2021. Connectée, fière, elle se retrouve chaque jour dans la rue depuis le 6 février, défiant les fantômes des générations passées à force de slogans provocateurs, d'appels à la grève générale et de mobilisation sur les réseaux sociaux.
Depuis la prise du pouvoir par l'armée birmane le 1er février, la mobilisation de la société civile s'amplifie dans la plupart des villes du pays, malgré les arrestations de supposés activistes et de leaders potentiels de la résistance au coup d'État. Chaque jour plus nombreux, des dizaines de milliers de manifestants crient des slogans hostiles aux militaires, et réclamant la libération d'Aung San Suu Kyi, arrêtée dans la nuit du putsch. Beaucoup dénoncent aussi une aide de la Chine à la Tatmadaw.
Ce lundi 8 février, l'armée a instauré la loi martiale dans plusieurs quartiers de Mandalay, deuxième ville de Birmanie. En sera-t-il de même à Rangoun, Naypyidaw et dans le reste du pays ? Depuis samedi, la population birmane est unie dans la rue dans un face-à-face avec la police et les généraux qui ont pris le pouvoir. Les manifestations et les mouvements de désobéissance civile forment la plus grande vague de protestation depuis la révolution de safran en 2007 et la révolution de 1988, toutes deux réprimées dans le sang.
Les militaires avaient tout pour préserver leur emprise sur le système politique de la Birmanie. Suffisamment de sièges réservés au Parlement pour empêcher l'amendement d'une Constitution protégeant leurs intérêts, et la mainmise sur trois ministères clés : l'Intérieur, la Défense et les Frontières. Pourquoi l'armée a-t-elle voulu s'arroger les pleins pouvoirs ?