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Pendant les quatre premières semaines de leur pouvoir absolu sur la Birmanie après le coup d'État, le général Min Aung Hlaing et son Conseil d'Administration de l'Etat (SAC) affrontent à la plus grande campagne de désobéissance civile qu'ait connu l'Asie du Sud-Est. Un pays paralysé, où les banques sont à court d'espèces depuis trois semaines, où les trains roulent rarement. Mais l'étau se resserre sur la résistance au putsch. Ce dimanche 28 février, le nombre des manifestants tués répertoriés a brutalement été multiplié par 10, comparé au total des victimes jusqu'à présent. La plupart ont été tués par balles réelles à Rangoun, Mandalay et d'autres villes de province.
Les chefs de l'armée birmane se considèrent comme l'épine dorsale du pays. La mentalité de la haute hiérarchie militaire modèle 2021 n'a pas rompu avec les usages en vigueur depuis le bain de sang de l'été 1988. En revanche, la société civile, en particulier la jeunesse urbaine très connectée, n'existait pas. Aujourd'hui, elle refuse très énergiquement le retour vers un passé honni que prétend imposer au pays le nouvel avatar de la junte au lendemain du coup d'État du 1er février.
À Rangoun, les manifestations ne faiblissent pas après le coup d'État du général Min Aung Hlaing. La jeunesse qui défile dans les cortèges a connu la démocratisation partielle initiée en 2010 et qui a mené Aung San Suu Kyi à gouverner le pays de 2016 à 2021. Connectée, fière, elle se retrouve chaque jour dans la rue depuis le 6 février, défiant les fantômes des générations passées à force de slogans provocateurs, d'appels à la grève générale et de mobilisation sur les réseaux sociaux.
Depuis la prise du pouvoir par l'armée birmane le 1er février, la mobilisation de la société civile s'amplifie dans la plupart des villes du pays, malgré les arrestations de supposés activistes et de leaders potentiels de la résistance au coup d'État. Chaque jour plus nombreux, des dizaines de milliers de manifestants crient des slogans hostiles aux militaires, et réclamant la libération d'Aung San Suu Kyi, arrêtée dans la nuit du putsch. Beaucoup dénoncent aussi une aide de la Chine à la Tatmadaw.
Ce lundi 8 février, l'armée a instauré la loi martiale dans plusieurs quartiers de Mandalay, deuxième ville de Birmanie. En sera-t-il de même à Rangoun, Naypyidaw et dans le reste du pays ? Depuis samedi, la population birmane est unie dans la rue dans un face-à-face avec la police et les généraux qui ont pris le pouvoir. Les manifestations et les mouvements de désobéissance civile forment la plus grande vague de protestation depuis la révolution de safran en 2007 et la révolution de 1988, toutes deux réprimées dans le sang.
Les militaires avaient tout pour préserver leur emprise sur le système politique de la Birmanie. Suffisamment de sièges réservés au Parlement pour empêcher l'amendement d'une Constitution protégeant leurs intérêts, et la mainmise sur trois ministères clés : l'Intérieur, la Défense et les Frontières. Pourquoi l'armée a-t-elle voulu s'arroger les pleins pouvoirs ?
Après leur coup d'État et l'arrestation d'Aung San Suu Kyi, les généraux birmans ont ordonné ce jeudi 4 février aux fournisseurs internet de bloquer l'accès à Facebook, le réseau social central pour la société civile. Un mouvement de désobéissance se forme peu à peu contre la dictature militaire. Mais la puissance répressive de la Tatmadaw oblige à l'extrême prudence.
Le 8 novembre, cinq jours après le scrutin présidentiel outre-Atlantique et cinq ans jour pour jour après les dernières élections générales, 38 millions de Birmans se rendront aux urnes pour élire un nouveau nouveau parlement national et remodeler le gouvernement. Le suspense est faible : Aung San Suu Kyi et sa Ligue Nationale pour la Démocratie (LND) devraient l'emporter à nouveau. Mais le panache de 2015 a disparu derrière des entraves multiples au processus électoral.
Le 8 novembre prochain, les Birmans se rendront aux urnes pour les élections générales. Mais cinq ans après la victoire historique de la Ligue nationale de la Démocratie d'Aung San Suu Kyi, et après cinq années de désillusions sur la transition démocratique et la gestion sordide de la crise des Rohingyas, l'omniprésence des généraux ne risque pas de s'effacer.
L'avenir du processus de paix est une incertitude partagée aux quatre coins de l'Asie : de la péninsule coréenne à l'Afghanistan, en passant par la Birmanie. En 2020, les espoirs d'apaisement se heurtent chaque fois à une réalité têtue.
Une BD reportage tente de comprendre l'évolution politique de la Birmanie, entre massacres des Rohingya et ambivalences d'Aung San Suu Kyi vis-à-vis de la démocratie. Deux séries, "China Li" et "Intraitable", voient la parution de nouveaux volumes.
En novembre 2020, la Birmanie connaîtra sa deuxième élection générale démocratique. Mais la démocratie reste une demi-réalité dans ce pays où les militaires gardent encore les postes stratégiques du pouvoir central. Si la Ligue nationale pour la démocratie (LND) d'Aung San Suu Kyi devrait gagner à nouveau la majorité des suffrages, elle ne paraît pas en mesure de rééditer le triomphe de 2015. Le souffle est tombé.
L'événement a quelque chose d'absurde dans la Birmanie actuelle. Dans un pays où la crise des Rohingyas a symbolisé les espoirs déçus d'une transition rapide vers la démocratie, voici un festival de cinéma qui parle de liberté et de démocratie sans aucune censure. Organisé par deux Français, Memory! a projeté des films de patrimoine à Rangoun, en plein air, du 9 au 18 novembre derniers.
En Birmanie, deux journalistes de Reuters viennent d'être condamnés à sept ans de prison, pour divulgation de secrets officiels sur les exactions de l'armée contre les Rohingyas. Mais la stratégie de dénonciation rageuse des manquements de la jeune démocratie birmane est-elle vraiment efficace ?
En Birmanie, l’aide humanitaire doit faire face à de nouvelles menaces. Si dans les années 2000, l'expansion était de mise, l'espace humanitaire a successivement été soumis à la pression des militaires puis, plus récemment, du gouvernement civil d'Aung San Suu Kyi.
Depuis 2011 et la rupture du cessez-le-feu dans l'État Kachin, au nord-est de la Birmanie, la situation est de plus en plus préoccupante. Quant aux espoirs placés dans le gouvernement d’Aung San Suu Kyi pour rétablir la paix, ils se sont évanouis.
La Birmanie change de président après la démission d'U Htin Kyaw. Son successeur pourrait moins soumis à Aung san Suu Kyi, déjà éreintée par le pouvoir.
"Son indifférence au sort des Rohingyas a entraîné la chute d'une idole", explique Bruno Philip, auteur de "Aung San Suu Kyi, l'îcone fracassée".
Face à la tragédie des Rohingyas, est-ce vraiment l'heure de renvoyer la Birmanie au ban des nations ?
En Birmanie, face à la crise des Rohingyas, des responsables religieux entre prudence et indulgence.
L'emploi du terme "génocide" par les présidents turc et français pour qualifier la situation et le sort des Rohingyas est profondément inexact et léger.
Fragiliser la position intérieure d'Aung San Suu Kyi arrangera les militaires au détriment de la transition démocratique et de la réconciliation nationale.
En Birmanie, l’intervention d’Aung San Suu Kyi sur les Rohingyas était très attendue. Mais cela ne doit pas faire oublier que la junte reste en embuscade.
La crise des Rohingyas fait couler beaucoup d'encre et apporte son lot de "faits alternatifs". Asialyst prend du recul et fait le point en 10 questions.
Dans son discours télévisé, Aung San Suu Kyi a enfin brisé le silence sur la crise des Rohingyas, mais sans évoquer le fond du problème.
Qui est Aung San Suu Kyi, icône de la démocratie en Birmanie et leader de facto du pays depuis 2015 ? Réponse en 10 points.
La pratique du népotisme qui voit le pouvoir se transmettre en famille concerne un très grand nombre de pays d'Asie.
Depuis de la mi-novembre, des affrontements d'une intensité rare ont repris en Birmanie entre l'armée et les rebelles à la frontière chinoise.
La violence ne cesse de s'amplifier dans le nord de la Birmanie où l’armée mène des opérations meurtrières contre la minorité musulmane Rohingyas.
Longtemps attendue, cette conférence réunit ce 31 août l'armée, les groupes ethniques et le gouvernement. Avec l'unité nationale en ligne de mire.