Vie et mort de la République des États-Unis d'Indonésie (1949-1950)
Contexte
Tout l’été – élargi maintenant à l’été indien -, Asialyst se penche sur l’histoire de quelques États d’Asie éphémères ou disparus. L’occasion de revenir sur les événements qui ont façonné les frontières du continent que l’on connaît aujourd’hui.
Si les juristes s’écharpent encore sur les contours de ce qu’est un État, ses trois critères constitutifs ont été consacrés par la Convention de Montevideo (1933) : un territoire déterminé, une population permanente, et un gouvernement exerçant une autorité effective (en fait, sa souveraineté) sur ce territoire et cette population. Si la reconnaissance diplomatique est majoritairement rejetée comme condition nécessaire à l’existence d’un État, ce dernier doit néanmoins être apte à « entrer en relation avec d’autres États », d’après cette même convention.
Les États sélectionnés pour ce dossier répondent donc à ces quatre critères – quand bien même la capacité à « entrer en relation avec d’autres États » s’avère difficilement appréciable pour les plus éphémères d’entre eux.
Une décolonisation heurtée
Un projet nourri par l’ancien colonisateur
D’août à novembre une « Conférence de la Table Ronde » se tient à La Haye. Les Indonésiens et les Néerlandais y conviennent d’une « union » entre les Pays-Bas et la République des États-Unis d’Indonésie avec à sa tête la reine des Pays-Bas. Soekarno sera le président de la République fédérale et Hatta le vice-président et Premier ministre. Les Indonésiens acceptent de donner des garanties pour les avoirs des entreprises néerlandaises en Indonésie. Mais surtout, ils acceptent de remettre à plus tard les discussions sur le statut de la Nouvelle-Guinée occidentale, et d’endosser une dette néerlandaise dont l’essentiel est en fait constitué par les dépenses de l’intervention militaire contre l’Indonésie. Le 27 décembre 1949, le royaume des Pays-Bas transfère formellement à la République des États-Unis d’Indonésie la souveraineté sur le territoire des anciennes Indes néerlandaises à l’exclusion de la Nouvelle-Guinée occidentale.
Une République éphémère
Le rêve solennellement exprimé en 1928 par les associations de jeunesse de différentes régions des Indes néerlandaises réunies en congrès à Batavia, d’avoir « pour unique terre de naissance la terre indonésienne, pour unique nation la nation indonésienne et comme langue de l’unité, la langue indonésienne », était pratiquement réalisé.
Pour aller plus loin
Jean-Claude Rolinat, Dictionnaire des États éphémères ou disparus de 1900 à nos jours, Paris : Dualpha, 2005, 506 p.
M. C. Ricklefs, A History of Modern Indonesia since c. 1200, Stanford : Stanford University Press, 2008, 492 p.
- #1
Vie et mort de la République de Formose (1895)
- #2
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Vie et mort du Mandchoukouo (1932-1945)
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Vie et mort des Républiques du Turkestan oriental (1933-1934 et 1944-1949)
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- #9
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