Cette semaine en Asie - 9 avril 2016

L'Asie offshore selon les "Panama Papers"

Détail de l'extérieur du bâtiment du cabinet de conseil panaméen Mossack Fonseca.
Détail de l'extérieur du bâtiment du cabinet de conseil panaméen Mossack Fonseca. (Crédit : RODRIGO ARANGUA / AFP ).
Ce lundi 4 avril, l’onde de choc des « Panama Papers » a bien évidemment touché l’Asie au même titre que tous les autres continents. On l’évoque comme la plus grande fuite de données de l’histoire du journalisme. L’affaire des « Panama papers » a éclaté dans la nuit du 3 au 4 avril. Pas moins de 107 rédactions de 76 pays ont eu accès aux archives du cabinet de conseil panaméen Mossack Fonseca, spécialisé dans les sociétés offshore. Au total, 11,5 millions de fichiers ont été épluchés – et parmi eux ont émergé des noms asiatiques de chefs d’Etat, de célébrités et d’anonymes.
Que dire de la couverture en Asie des conséquences de ce vaste mouvement de fraude fiscale ? Plusieurs choses.
D’abord on notera qu’au sein de l’International Consortium of Investigative Journalists (ICIJ), pas moins de 24 journalistes issus du monde asiatique figurent parmi le « pool » d’enquêteurs choisis, soit tout de même le quart du total des contributeurs. Ils couvrent les principaux pays de la zone – soit la Corée, le Pakistan, la Chine, les Philippines, le Sri Lanka, la Malaisie, la Thaïlande, l’Indonésie, Hong Kong, Taïwan et le Japon. A l’évidence, les « accusations » d’une fuite organisée par l’Occident ne tiennent guère la route.
Egalement, les pays asiatiques et certains de leurs dirigeants ne sont pas les seuls visés dans cette large enquête. Néanmoins, les documents rassemblés par l’ICIJ permettent de mettre à jour un vaste système qui touche particulièrement l’Asie, puisque la Chine – par exemple – est le pays qui abrite le plus de filiales du cabinet de conseil panaméen Mossack Fonseca, soit le tiers de sa clientèle. Grâce à ces révélations, on comprend ainsi mieux comment l’argent sort de certains pays dits « autoritaires » et surtout comment il arrive à être entièrement recyclé, lavé pour ensuite réapparaitre dans le circuit international. C’est là l’une des clés des « Panama Papers ». En effet, les dessous de table, la corruption ou autre malversation ne sont pas nouvelles, ni en Asie ni ailleurs ; mais la question de la réapparition de l’argent à l’autre bout du monde – ou au bout de la rue – est quant à elle bien plus cruciale. Comprendre les sentiers financiers – même opaques -, c’est déja compendre – un peu – ce qui se trame dans le monde asiatique.
Il demeure une question gênante pour l’Asie : que vont changer les « Panama Papers » ? Personne ne songe un instant que Xi Jinping, dont le beau-frère est cité, soit déstabilisé, ni que Nawaz Sharif, dont toute la famille est « offshore », pour ainsi dire, ne démissionne sous la pression de la rue comme le Premier ministre islandais. Des enquêtes du fisc ont certes été lancées dans certains pays comme la Thaïlande, l’Indonésie et même le Népal. Et après ? Pour l’instant, rien ne permet encore de saisir les conséquences de l’onde de choc. Il reste que les « Panama Papers » continue de faire la Une de vos quotidiens favoris.
Retour sur une semaine en Asie, dans la presse asiatique et internationale.

Lundi 4 avril

Quartz – La presse chinoise est restée volontairement muette ce lundi 4 avril. Et pour cause, les « Panama papers » n’ont pas épargné la classe dirigeante du pays. Au moins 8 hauts fonctionnaires seraient concernés, mais les noms de seulement 4 d’entre eux ont été révélés : Deng Jiagui, beau-frère de Xi Jinping à la tête de deux sociétés dormantes domiciliées aux Îles Vierges britanniques (BVI) ; Li Xiaolin, fille de l’ancien Premier ministre Li Peng (1987-1998), propriétaire avec son mari d’une fondation au Liechtenstein elle-même seule actionnaire d’une entreprise offshore aux BVI ; Jasmine Li, petite-fille de Jia Qinglin (membre du Comité permanent du Bureau politique du PC de 2002 à 2012), unique actionnaire de l’entreprise Harvest Sun Trading Ltd. domiciliée aux BVI depuis 2009 ; la fameuse Gu Kailai, épouse de Bo Xilai (aujourd’hui en prison), qu’un architecte français a aidé à implanter une société immobilière aux BVI en 2000. Force est de constater que la campagne anti-corruption de Xi Jinping n’empêche donc pas l’évasion fiscale, conclut Quartz. En 2014 déjà, une enquête du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ, à l’origine des « Panama papers ») pointait du doigt les proches de certains dirigeants pour leurs placements financiers dans des entreprises offshore.
Malaysiakini – La corruption et les montages fiscaux seraient-ils une affaire de famille en Malaisie ? Pas forcément – toujours est-il que le nom du fils de Najib Razak, Premier ministre malaisien, est sorti dans l’affaire des « Panama Papers ». Mohd Nazifuddin Mohd Najib a en effet dirigé deux sociétés offshore domiciliées aux Îles Vierges britanniques : Jay Marriot International et PCJ International Venture Limited. L’intéressé a exercé son droit de réponse auprès du Consortium international des journalistes d’investigation, expliquant qu’aucune des deux entreprises n’avait enregistré d’activité commerciale, ce pourquoi il s’est retiré de leur direction.
The Indian Express – Plus transparente, la presse indienne ne se retient pas de relayer les dernières informations des « Panama papers » concernant ses ressortissants. Au total, ce sont plus de 500 Indiens qui seraient liés à des entreprises offshore ayant traité avec le cabinet Mossack Fonseca. Parmi les noms les plus célèbres, The Indian Express cite les stars de Bollywood Amitabh Bachchan et Aishwarya Rai, les hommes d’affaires K P Singh (Delhi Land & Finance) et Sameer Gehlaut (Indiabulls), les politiciens Shishir Bajoria (West Bengal) et Anurag Kejriwal (Delhi). La plupart de leurs montages fiscaux auraient été opérés en toute illégalité, selon le quotidien indien, qui reprend les informations diffusées en infographies.
The Straits Times – Certes, Nawaz Sharif ne dirige pas de société offshore d’après le cabinet Mossack Fonseca. Mais le fait que quatre de ses enfants soient nommés dans l’affaire des « Panama papers » soulève des questions, relève le président du Centre indépendant du Journalisme d’Investigation au Pakistan cité par le Straits Times. Hussain Sharif s’est défendu de ses opérations, déclarant qu’elles étaient « légales du point de vue du droit britannique », et qu’elles visaient à « éviter des taxes superflues via des sociétés offshore ». Il a en effet quitté le Pakistan en 1992, ce qui lui permet de ne plus déclarer ses avoirs, et réside désormais au Royaume-Uni. Les autres enfants ne se sont pas encore exprimés. Au total, note le quotidien singapourien, ce sont plus de 200 Pakistanais dont les noms ont été diffusés, dont certains avocats, parlementaires et membres de la magistrature.

Mardi 5 avril

Channel News Asia – Le scandale des Panama papers n’en finit pas de provoquer des répliques. La Chine, où le beau-frère de Xi Jinping est cité dans la fuite, limite fortement la couverture médiatique de l’événement. Le parti communiste a décidé de réagir via l’un de ses organes de presse, le Global Times. Le quotidien à tendance nationaliste reproche aux « médias occidentaux » d’avoir volontairement mis en avant les cas de blanchiment d’argent des pays émergents, et d’avoir fait des amalgames « douteux » en impliquant Vladimir Poutine dans l’affaire, alors que les « Panama papers » ne font mention que d’amis du président russe. L’éditorial chinois rappelle que cette fuite a beau avoir des similitudes avec l’affaire Wikileaks, elle n’a cette fois « aucun objectif politique » ni aucun lanceur d’alerte revendiqué – le quotidien se garde bien de mentionner les informateurs du journal Süddeutsche Zeitung qui a révélé l’affaire et l’a confiée au Consortium international des journalistes d’investigation.

Pour le quotidien chinois, les médias occidentaux gardent le monopole de l’interprétation des documents, ce qui atténue largement les scandales qui pourraient toucher l’élite américaine, alors que les non-occidentaux sont toujours violemment fustigés. « La désinformation ne constitue pas un risque pour les élites occidentales, écrit le Global Times. Elle deviendra sur le long terme une arme des occidentaux alliés sur le plan idéologique contre les élites et autres organisations non-occidentales. » Par ailleurs, la révélation d’informations dites confidentielles est une « vieille rengaine, et l’opinion publique occidentale est finalement « très uniforme », d’après le quotidien. Celui-ci se garde de parler de conspiration menée par les Etats-Unis, mais finit par dire que si les pays occidentaux étaient menacés, ces documents finiraient par disparaître.

Channel News Asia – De financer l’achat d’un yacht à financer un programme nucléaire, dans l’affaire des Panama Papers, il n’y a qu’un pas… Il a été franchi par une société écran nord-coréeenne, DCB Finance Ltd. qui figure parmi les clients du cabinet de conseil Mossack Fonseca donné comme le véhicule financier du scandale international. La société basée à Pyongyang est enregistrée aux Îles Vierges britanniques depuis 2006. La même année, la Corée du Nord conduit ses premiers essais nucléaires et s’attire les premières sanctions internationales. Ce n’est qu’en 2010, à la réception d’une lettre de l’Agence d’Investigation Financière, que le cabinet fait le lien avec la Corée du Nord et rompt avec la société. En 2013, les Etats-Unis imposent des sanctions à la banque et à DCB Finance pour avoir fourni des services financiers à deux groupes nord-coréens ayant joué un « rôle central » dans le développement du programme nucléaire et de missiles ballistiques. Un manque de diligence de Mossack Fonseca ? C’est du moins ce que laisse penser un mail fuité datant de 2013 « Nous aurions du identifier dès le départ que c’était une société à hauts risques », disait-il. L’arroseur arrosé ?
The Times of India – Ce sont plus de 500 ressortissants indiens qui sont concernés par les révélations massives des « Panama papers ». Le Premier ministre Narendra Modi a donc décidé de s’approprier le scandale. Un bureau d’enquête a été mis en place ce mardi 5 avril par le gouvernement pour vérifier les informations diffusées par le Consortium international des journalistes d’investigation. Il aura notamment à disposition les moyens de la puissante cellule de renseignement financier. Le ministre des Finances Arun Jaitley promet des mesures sévères contre ces comptes illégaux. Le quotidien Indian Express avait révélé au grand jour le nom de personnalités influentes impliquées dans le scandale. Le gouvernement va établir des catégories systématiques de personnes à poursuivre, mais indique que les Indiens résidents à l’étranger ne seront pas ciblés, à condition que tous leurs revenus soient bien déclarés. Le ministère des Finances pourrait se joindre, ce n’est pas encore décidé officiellement, au concert international des enquêtes (dont l’Australie, l’Autriche, la France, la Suède, et les Pays-Bas) pour rassembler les sources nécessaires.
Dawn – La Ligue musulmane du Pakistan se félicite de « l’absence de fraude » rapportée par les « Panama papers » la concernant. La famille de l’actuel Premier ministre Nawaz Sharif n’a pas jugée être « compromise », même si elle est citée. Si plus de 200 Pakistanais ont été identifiés, ils se limitent à affirmer l’existence de droits d’autorisation de transactions, selon les experts pakistanais cités par Dawn. L’ancien président Asif Ali Zardari possède des entreprises à l’étranger, mais il reste à vérifier si elles ont servi à des transactions frauduleuses. La famille Sharif affirme avoir envoyé de l’argent à l’étranger uniquement après le coup d’Etat militaire de Musharraf 1999, alors qu’elle était en exil.

Les juristes cités s’accordent pour dire que toutes les pratiques rapportées dans les « Panama papers » ne sont « pas toutes illégales ». Hasnain Ibrahim Kazim, juriste à la Cour suprême pakistanaise avance ainsi que la création d’un paradis fiscal est parfois une initiative du gouvernement des pays, comme pour les Îles Vierges Britanniques. « La loi intervient quand ces opérations sont menées de manière criminelle », conclut-il. Un ancien membre de l’Organisme fédéral des enquêtes révèle aussi sous couvert d’anonymat que les hommes politiques pakistanais ont par le passé ouvert des sociétés écrans à l’étranger pour ensuite investir dans les « produits du crime », à savoir l’immobilier au Royaume-Uni. Pour lui, le crime réside dans la pratique du blanchiment d’argent.

Mercredi 6 avril

The Jakarta Post – Les « Panama Papers » sont-ils une aubaine pour le fisc en Indonésie ? Les données concernant les clients indonésiens de la société de conseil Mossack Fonseca, à l’origine du scandale seront utilisées pour identifier les contribuables ayant des actifs non déclarés dans des sociétés offshore. Le ministre des Finances, Bambang Brodjonegoro, a rappelé que de nombreux Indonésiens ont des sociétés-écran dans divers paradis fiscaux, en tête desquels les Îles Vierges britanniques, les Îles Cook et Singapour. « Selon nos estimations, l’argent potentiellement placé dans des sociétés offshore, dépasserait notre PIB, soit plus de 11,4 quadrillions de roupies indonésiennes (861,1 milliards de dollars) » a-t-il indiqué. Le gouvernement souhaite donc s’appuyer sur les « Panama Papers » pour mettre en place un plan d’amnistie fiscale au moment ou celui-ci cherche à booster la recette fiscale du pays. Il permettrait aux contribuables et entreprises déclarant leur avoirs non déclarés de se voir offrir une remise sur leurs impôts. Le ministre des Finances n’a cependant pas manqué de préciser que « s’ils ne se conforment pas au système fiscal, la loi s’appliquera de manière décisive ».
The Straits Times – Tel père, tel beau-fils, tel fils ? Après que le Premier ministre malaisien Najib Razak a été accusé d’avoir détourné des fonds de 1MDB, après que son beau-fils a aussi été impliqué dans les affaires frauduleuses du fonds souverain… c’est au tour du fils du chef du gouvernement de se défendre face aux médias dans l’affaire retentissante des « Panama Papers ». Datuk Mohd Nazifuddin Najib a confirmé avoir dirigé deux sociétés basées aux Îles Vierges britanniques et enregistrées auprès de Mossack Fonseca. Il s’en serait en revanche détaché en 2011 et 2013. « Aucune transaction commerciale n’a été réalisée lorsque j’étais impliqué dans ces sociétés », s’est-il défendu en ajoutant que le Consortium international des journalistes d’investigation n’avait mentionné aucun acte répréhensible à ce sujet. D’autres membres du gouvernement malaisien sont concernés par le scandale. Certains ministres semblent pourtant prendre l’affaire à la légère. Ainisi, pour le ministre des Sports et de la Jeunesse, il semble important de rappeler qu’un certain nombre de personnes mentionnées dans les « Panama Papers » étaient dans les affaires… avant d’entrer en politique…
South China Morning Post – Les « Panama Papers » n’en finissent pas de révéler des financements improbables via les sociétés offshore créées dans le pays d’Amérique centrale. Cette fois-ci, direction Hong Kong, où les richissimes frères Kwok, de nouveaux épinglés pour leurs manoeuvres frauduleuses, entraînent l’Australie dans leur sillage. Accusés de corruption en 2012, les deux frères milliardaires de Honk Kong avaient démissionné de leur poste de directeurs des sociétés Sun Hung Kai et Wilson Security. Mais les « Panama Papers » nous apprennent qu’ils ont en réalité conservé le contrôle de ces dernières grâce à une société basée aux Îles Vierges britanniques. Six mois avant que Thomas Kwok soit inculpé et son frère Raymond relaxé en décembre 2014, Wilson Security était engagée dans un processus d’appel d’offre pour un contrat de défense. Plus grave, la société a été pointée du doigt pour des abus et son manque d’expérience dans la gestion des centres de détention accueillant en Papouasie Nouvelle-Guinée et sur l’île de Nauru les migrants refoulés en Australie. Ce qui a fait l’objet d’un débat public à Canberra, culminant en novembre dernier lors de manifestation dans tout le pays. Le consulat général australien à Hong Kong refuse pour le moment de commenter ces nouvelles informations apportées par les « Panama Papers ».
South China Morning Post – La proportion est sans équivoque. Les sociétés-écran enregistrées par des firmes de Hong Kong et de Chine continentale représentent 29% de l’activité du cabinet Mossack Fonseca au Panama. C’est le fruit de l’analyse du Consortium international des journalistes d’investigation au vu des 11,5 millions de documents fuités dans les « Panama Papers ». Plus précis encore, il ressort que les parents d’au moins huit membres actuels ou anciens du comité permanent du Politburo du PC chinois, l’organe suprême du pouvoir à Pékin, sont impliqués dans l’utilisation de sociétés offshore. De telles compagnies ne sont pas illégales en soi et peuvent être utilisées pour des besoins légitimes dans les affaires. Mais elles se retrouvent très communément dans les affaires de corruption lorsqu’elles servent de réceptacle secret pour des sommes d’argent mal acquises. La « lutte anti-corruption » lancée par Xi Jinping depuis son arrivée au pouvoir n’a jamais abordé de réformes systémiques comme la déclaration publique du patrimoine des dirigeants. Bien au contraire, les militants des droits de l’homme qui ont réclamé un peu trop fort cette mesure ont été mis au silence.

Jeudi 7 avril

South China Morning Post – La proportion est sans équivoque. Les sociétés-écran enregistrées par des firmes de Hong Kong et de Chine continentale représentent 29% de l’activité du cabinet Mossack Fonseca au Panama. C’est le fruit de l’analyse du Consortium international des journalistes d’investigation au vu des 11,5 millions de documents fuités dans les « Panama Papers ». Plus précis encore, il ressort que les parents d’au moins huit membres actuels ou anciens du comité permanent du Politburo du PC chinois, l’organe suprême du pouvoir à Pékin, sont impliqués dans l’utilisation de sociétés offshore. De telles compagnies ne sont pas illégales en soi et peuvent être utilisées pour des besoins légitimes dans les affaires. Mais elles se retrouvent très communément dans les affaires de corruption lorsqu’elles servent de réceptacle secret pour des sommes d’argent mal acquises. La « lutte anti-corruption » lancée par Xi Jinping depuis son arrivée au pouvoir n’a jamais abordé de réformes systémiques comme la déclaration publique du patrimoine des dirigeants. Bien au contraire, les militants des droits de l’homme qui ont réclamé un peu trop fort cette mesure ont été mis au silence.

Vendredi 8 avril

Straits Times – Ah si les Chinois savaient… Alors que Pékin continue de censurer le scandale international des « Panama Papers » dans les médias chinois, c’est au tour de l’un des symboles de la Chine d’être touché par l’onde de choc globale. Des membres de la famille de Mao Zedong et de l’ancien chef du Parti communiste chinois, Hu Yaobang, sont liés à des sociétés-écrans par les « Panama Papers ». Le directeur de Keen Best International, l’une des firmes offshore mentionnées dans les documents, ne serait autre que le mari d’une des petites-filles de l’ancien président du PC chinois. Les « Panama Papers » ont déjà révélé que le président actuel Xi Jinping arrive en tête d’une liste de huit membres du politburo chinois, anciens ou actuels, impliqués indirectement dans le scandale.
Matichon online (en thaï) – Les autorités thaïlandaises se sont montrées au départ très prudentes après la publication par plus d’une centaine de journaux à travers le monde des « Panama Papers ». Mais, selon le Matichon, l’onde de choc qui secoue la planète ces derniers jours – emportant dans son mouvement le Premier ministre islandais Sigmundur David Gunnlaugsson et déstabilisant son homologue britannique David Cameron -, a fini par atteindre les rivages thaïlandais. L’agence officielle anti-blanchiment a annoncé ce vendredi 8 avril une enquête concernant 16 politiciens et hommes ou femmes d’affaires thaïlandais, dont les noms sont listés de manière répétée dans les documents des « Panama Papers ».
Times of India – L’industriel indien Vijay Mallya a « délibérément enfreint la loi » pour les banques indiennes. L’homme d’affaires qui figure dans les « Panama Papers » est directement lié à une société installée dans les Îles Vierges britanniques et opérationnelle depuis 2006. Les avoirs de Mallya dans des paradis fiscaux avaient déjà attiré l’attention du journal après la comparution de ce dernier devant la Court suprême du Karnataka à Bangalore en 2014. Il avait été fait allusion à un possible détournement de 40 milliards de roupies (527 millions d’euros) vers une filiale aux Îles Vierges britanniques. Pour l’homme d’affaires non domicilié en Inde, les « Panama Papers » ne font que s’ajouter à la liste de ses infractions fiscales et financières. Il doit en effet encore rembourser un emprunt de 90 milliards de roupies contracté auprès de banques publiques indiennes et qui avait gonflé la dette publique du pays. La société écran de Mallya est directement connectée à une entreprise, Porticullus Trust Net, gérant des comptes offshore depuis les Îles Cook et qui fournissait un prête-nom à l’industriel ainsi qu’à d’autres sociétés exploitées par des ressortissants indiens. À New Delhi, la Commission des titres et des changes enquête sur d’autres sociétés offshore que pourrait diriger Mallya.
La rédaction d’Asialyst

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