Revue de presse Asie - 22 avril 2016

Obama à Hiroshima, libération thaïlandaise et eau potable en Inde

Les rumeurs ont été confirmées : Barack Obama sera bien le premier président américain en exercice à se rendre à Hiroshima depuis 1945. Copie d'écran de “Nikkei”, le 22 avril 2016.
Les rumeurs ont été confirmées : Barack Obama sera bien le premier président américain en exercice à se rendre à Hiroshima depuis 1945. Copie d'écran de “Nikkei”, le 22 avril 2016.

Asie du Nord-Est

Nikkei – Il sera bien le premier président américain en exercice à se rendre à Hiroshima depuis le bombardement de 1945. Le quotidien nippon Nikkei Asian Review a mis fin au suspens en confirmant la visite historique de Barack Obama fin mai sur le site de la première attaque nucléaire, citant des « sources américaines ». L’accueil favorable réservé au récent déplacement de son Secrétaire d’Etat, John Kerry, aurait achevé de le convaincre, alors qu’il avait déjà émis le souhait de se rendre à Hiroshima dès sa première visite au Japon en 2009. Mais si la visite constitue en elle-même un symbole fort, qu’en sera-t-il du discours ? Barack Obama, qui appellera certainement à « un monde sans armes nucléaires » – l’une des constantes de sa politique étrangère – va-t-il s’excuser auprès du Japon pour l’attaque de 1945 ? Si les attentes sont fortes de la part de la population nipponne, qui assimile le bombardement à une « injustice atroce faite aux civils », l’opinion publique américaine refuse un discours présidentiel qui se confondrait en excuses. Depuis les Etats-Unis, le largage de « Little Boy » est considéré comme « une étape nécessaire ayant permis la fin de la Seconde Guerre mondiale ».
The Korea Herald – Séoul les appelle des réfugiées. Mais pour Pyongyang, les 13 transfuges nord-coréennes ex-employées d’un restaurant de Ningbo dans le sud de la Chine ont été « victimes d’un enlèvement » orchestré par le Sud – ce que tendrait à confirmer le témoignage de la chef de rang du restaurant, Che Hye-yong dans une interview à la chaîne américaine CNN, ainsi que le rapporte le Korea Times. Pour cette dernière, ses collègues ont été victimes de leur patron et manager peu scrupuleux. Mais cette fois-ci, l’affaire prend un nouveau tournant. En attestent les propos du président de la Croix Rouge nord-coréenne, Ri Chung-bok, d’après lequel les familles des prétendues « kidnappées » seront envoyées à Séoul. Elles demanderaient en effet « à s’entretenir en face à face avec leurs filles qui leur ont été arrachées ». Et le Korea Herald de conclure qu’un millier de Nord-Coréens trouveraient chaque année refuge au Sud de la péninsule.
The Verge – C’est un coup dur pour la firme à la pomme. Le média The Verge relaye aujourd’hui vendredi 22 avril un article du New York Times relatant la fermeture la semaine dernière par les autorités de Pékin des services iBookstore et iTunes Movies, en service depuis six mois en Chine. Un tournant pour Apple qui, jusqu’ici, s’était accordé les bonnes grâces du gouvernement central – là où de nombreuses sociétés américaines s’étaient déjà vu imposer des freins à leur développement. Désormais privée de vendre des livres électroniques et des films aux consommateurs chinois, l’entreprise fait les frais des politiques de plus en plus sévères de Pékin visant à « contrôler le contenu auquel ont accès [ses citoyens], maintenir la sécurité nationale et favoriser les géants nationaux comme Huawei, Alibaba et Tecent », estime l’expert américain Daniel H. Rosen. Depuis l’affaire Snowden, Apple a été identifiée par le gouvernement chinois comme l’une des 8 sociétés « trop implantées dans les secteurs-clé de l’économie chinoise », rappelle le New York Times.
The Japan Times – Fumio Kishida le ministre japonais des Affaires étrangères sera en visite à Pékin à la fin du mois : il souhaite s’entretenir avec le Premier ministre chinois Li Keqiang, dans le but de faire évoluer les relations entre les deux pays.

Selon le Japan Times, Pékin n’a pas encore répondu à la demande japonaise, et devrait prendre sa décision seulement après la rencontre entre Kishida et son homologue Wang Yi. Pour cause, le 30 avril prochain, un débat animé entre les deux ministres devrait avoir lieu à propos du conflit en mer de Chine du Sud. Cet échange fera suite au meeting du 12 avril dernier, durant lequel les ministres des Affaires étrangères du G7 se sont opposés à « toute action unilatérale intimidante, coercitive ou provocante visant à modifier le statu quo et augmenter les tensions » dans les eaux régionales.
La Chine n’a pas été mentionnée expressement mais a exprimé son mécontentement face ces déclarations.

Outre le conflit en mer de Chine du Sud, Kishida devrait inciter Wang à coopérer pour entretenir le dialogue économique et organiser une rencontre présidé par Tokyo avec la Chine et la Corée du sud.
Lors de sa dernière visite en Chine en novembre 2014, Kishida n’est pas parvenu à rencontrer de fonctionnaires de haut-rang : si les deux pays se sont mis d’accord pour reprendre des négociations économiques de haut niveau (les dernières datent de 2010), la différence de point de vue sur le conflit en mer de Chine du Sud demeure, selon le quotidien japonais, le principal frein au dialogue.
Il convient de préciser que cette visite en Chine précédera le voyage du ministre dans quatre pays de l’ASEAN : le Laos, le Vietnam, la Birmanie et la Thaïlande où il souhaite, entre autres, aborder la question de la mer de Chine du Sud.

China Post – À l’issue des négociations entamées par le ministère taïwanais de la justice, dont une délégation s’est déplacée jusqu’à Pékin, une issue au dossier des 45 Taïwanais suspectés de fraude téléphonique internationale a été trouvée. Taipei et Pékin travailleront ensemble pour mener l’enquête sur ces fraudes, a annoncé le gouvernement taïwanais. En l’absence de relations diplomatiques entre Nairobi et Taipei, les 45 Taïwanais arrêtés par la justice du Kenya ont été expulsés le 8 et 12 avril vers la Chine plutôt que vers Taïwan – et le tout sans consulter Taipei. Dans un cas similaire en Malaisie, 18 autres Taïwanais ont connu le même sort. L’affaire a provoqué un tollé à Taïwan, notamment du fait de l’absence de transparence avec laquelle Pékin avait géré ce dossier.

Selon le président sortant Ma Ying-jeou, « cet incident n’est techniquement pas une affaire de souveraineté mais plutôt une affaire de division du travail » relaye de son côté le Taipei Times qui note néanmoins que ce dernier est mécontent du manque de transparence dont fait preuve Pékin sur cette affaire. Et pour cause, un accord signé entre Pékin et Taipei en 2009 (Cross-Strait Joint Crime-Fighting and Judicial Mutual Assistance Agreement) exigerait que chaque délit de ce type donne lieu à des négociations entre les deux gouvernements afin de déterminer quelle partie doit se charger du cas.

« Si la Chine voyait l’affaire comme un problème de souveraineté, elle n’aurait jamais signé cet accord, ou accepté de négocier avec nous » a ajouté Ma, insistant sur l’importance de gérer l’affaire avec sagesse et patience.

Pour Ma Ying-jeou, les peines de la justice taïwanaise considérées « trop légères » par Pékin expliquent l’attitude du gouvernement chinois. Il ne le voit pas comme un moyen de pression face à l’entrée en fonction de la future présidente Tsai Ying-wen le mois prochain.

Asie du Sud-Est

Bangkok Post – Watana Muangsook, ancien député du Pheu Thai, a finalement été libéré sous caution par la Cour militaire thaïlandaise jeudi 21 avril, mais le vice-Premier ministre l’avertit : s’il continue ses activités politiques, il risque la prison. Watana Muangsook était retenu depuis lundi dernier pour avoir enfreint l’ordre n°39 du Conseil national pour la paix et l’ordre qui bannit les mouvements politiques. Il aurait enfreint un accord passé en mai dernier avec le Conseil à la suite d’une « session d’ajustement du comportement ».

Le politicien avait critiqué à plusieurs reprises le Conseil et le gouvernement, sur Facebook notamment. Le vice-Premier ministre a également indiqué que le Premier ministre Prayuth Chan-ocha avait chargé le ministère des Affaires étrangères d’expliquer la détention de Watana à la communauté internationale ainsi qu’aux associations de défense des Droits de l’homme. Concernant les mouvements en cours de critique du régime, le général Prayuth a déclaré que leurs membres risquaient la prison, ajoutant qu’ils seraient jugés par la Cour militaire, où les droits des prévenus sont généralement réduits.

Reste que, aux yeux du Premier Ministre, Prayuth Chan-ocha, l’homme à l’origine des quelques mouvements de protestation à l’encontre de la junte militaire et du référendum sur le projet de Constitution, n’est autre que l’ancien Premier ministre évincé en 2006, Thaksin Shinawatra. Une accusation que dément d’ores et déjà Yingluck Shinawatra, sa sœur, elle aussi évincée de son poste de Premier ministre lors du coup d’Etat de 2014.

Channel News Asia – La Chine aurait-elle trouvé un nouveau moyen d’affirmer unilatéralement sa souveraineté en mer de Chine du Sud ? C’est ce que laisse entrevoir un article du quotidien d’Etat Global Times repris par Channel News Asia, selon lequel Pékin envisagerait la création de « centrales nucléaires flottantes » permettant de fournir de l’électricité dans les zones reculées des Spratleys et des Paracels, le tout au service des travaux de construction entrepris dans les archipels. Le premier test devrait avoir lieu en 2018 pour une mise en service l’année suivante.
Bangkok Post – Durant des décennies, la Birmanie a été le mouton noir en Asie du Sud-Est, obligeant des pays comme la Thaïlande à intervenir auprès de l’Union européenne pour que les représentants de ce que l’on nommait le « régime de Rangoon » puissent être acceptés aux sommets Asie-Europe des chefs d’Etat et de gouvernement. Il est fascinant d’observer, écrit le politologue Thitinan Pongsudhirak dans le Bangkok Post, comme le jeu s’est inversé. Alors que les généraux birmans ont compris que leur survie passait par une adaptation à un contexte évolutif, les militaires thaïlandais restent tournés résolument vers le passé, pensant pouvoir contraindre une population de 65 millions d’habitants en imposant leur conception d’une « démocratie ordonnée ». Un cas typique d’un vieux monde qui agonise, tout en parvenant à empêcher une nouvelle forme de société de naître.
The Jakarta Post – Concilier Islam et démocratie. Voilà un discours que l’Europe aimerait bien entendre et que l’Indonésie peut justement porter, affirme la ministre indonésienne des Affaires étrangères Retno Marsudi. « L’Indonésie a réussi à maintenir la démocratie, la paix et le pluralisme dans une société majoritairement musulmane », affirme-t-elle ainsi. Des propos qui font écho à ceux, plus enthousiastes encore, du président Jokowi, qu’elle accompagne dans sa tournée européenne. Il a notamment déclaré devant le Parlement britannique être à la tête d’un pays « où l’Islam a eu un rôle fondamental dans la consolidation de la démocratie », sans nier les « défis » auxquels l’archipel doit faire face. Jokowi a ainsi réitéré son soutien à la lutte internationale contre le terrorisme, auquel il est confronté à l’intérieur de ses frontières.

Asie du Sud

Times of India – L’Inde devra-t-elle importer de l’eau potable d’ici 2050 ? C’est ce que semblent indiquer les chiffres de la diminution des réserves d’eau souterraine du pays selon le Times of India, alors que certaines régions du pays font déjà face à une pénurie d’eau – comme à Latur dans le Maharashta ou 500 000 litres d’eau ont été livrés par train mi-avril – ainsi qu’à une vague de chaleur inhabituelle et meurtrière. Le journal révèle ainsi que les ressources disponibles en eau souterraine en Inde sont aujourd’hui équivalentes à 5120 litres par jour et par personne. Ce qui représente tout juste 35% des 14 180 litres disponibles en 1951. L’appauvrissement des ressources en eau est une conséquence de la diminution des précipitations, de l’utilisation de l’eau des étangs, des lacs ou des puits, de l’absence de prise de conscience ou encore de la diminution de la couverture végétale des sols. Pour le Conseil central des Eaux souterraines, le développement économique accéléré de l’Inde est sans doute à l’origine de la diminution drastique des réserves en eau. L’organisation travaille à un plan pour renouveler artificiellement les ressources en eaux souterraines car entre l’augmentation de la population et de la demande, les chiffres de la disponibilité en eau et ceux de l’utilisation réelle pourraient se rejoindre un jour prochain.
Dawn – C’est une réunion exceptionnelle qu’a tenue Nawaz Sharif. En présence de membres du gouvernement, de conseillers et de chefs de parti, le Premier ministre pakistanais s’est exprimé sur les mesures à prendre afin de régler au plus vite le scandale des « Panama Papers », dans lequel trois de ses fils seraient impliqués. Le but : inquiéter l’ensemble des citoyens pakistanais dont les noms ont été divulgués « dans le parfait respect des dispositions légales et constitutionnelles ». Tout cela afin d’éteindre le feu que l’opposition ne cesse d’alimenter – et « le plus tôt sera le mieux ». D’après les personnes présentes lors de la réunion, citées par le quotidien Dawn, Nawaz Sharif pourrait ainsi écrire « sous un jour ou deux » une lettre au président de la Cour suprême pakistanaise, demandant l’établissement d’une commission d’enquête – ce que réclament d’ailleurs les partis d’opposition.
India Today
“Je ne suis pas au courant de la situation” affirme le représentant du ministère chinois des Affaires étrangères au journal indien Mail Today. « Ce que je veux faire remarquer c’est que Dolkun Isa est un terroriste sur la liste rouge d’Interpol et de la police chinoise : le poursuivre en justice est une obligation des pays concernés.”

L’accusation fait suite à l’invitation de certains Chinois en exil, à participer à une conférence pro-démocratie à Dharamsala, le 28 avril. Parmi eux figure Dolkun Isa, président du Congrès mondial des Ouïghours (WUC). Pour Pékin, ce dernier est un terroriste et les autres Etats sont priés de coopérer avec la Chine pour que justice soit faite.

L’homme a trouvé asile en Allemagne, où il réside depuis 1997. Il est accusé d’avoir alimenté des violences dans la province chinoise du Xinjiang, notamment en 2009, lorsque des émeutes ont coûté la vie à 197 personnes. Le WUC rejette toute accusation, et affirme que leur mission est d’attirer l’attention sur les répressions dont sont victimes la minorité ouïghoure.

Par Alexandre Gandil, Juliette Buchez, Alice Hérait, Juliette Morillot et Antoine Richard, avec Hubert Kilian à Taipei, Arnaud Dubus à Bangkok, Anda Djoehana Wiradikarta et Mathilde Loire à Paris.

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