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Analyse

100 ans du Parti communiste chinois : Xi Jinping ou la lutte sans fin

Le président chinois Xi Jinping à Pékin, le 30 septembre 2020. (Source : Asia Nikkei)
Le président chinois Xi Jinping à Pékin, le 30 septembre 2020. (Source : Asia Nikkei)
Le 1er juillet prochain, la Chine célèbrera le centenaire du Parti communiste. Le rendez-vous est d’une haute sensibilité politique car il marque une étape dans le chemin qui mène Xi Jinping au XXème Congrès du parti à l’automne 2022. Le numéro un chinois est en pleine lutte des factions pour assurer son maintien au pouvoir pour un troisième quinquennant inédit depuis le début des Réformes de Deng Xiaoping. Cette lutte est la continuation d’une lutte anti-corruption lancée en 2013 et qui s’est transformée en purge sans fin contre le réseau de pouvoir de l’ancien président Jiang Zemin. Où en est le jeu de chaises musicales au sommet du pouvoir chinois en vue de 2022 ?
*Nous faisons surtout référence ici aux fuites d’information concernant la fille de Xi Jinping – en février dernier, ainsi qu’à sa situation maritale (présumée) – au début du mois de mai.
À moins d’un an et demi de l’ouverture du XXe Congrès du Parti communiste chinois, ses luttes internes s’intensifient et débordent de plus en plus dans la sphère publique*. L’ensemble des groupes factionnels se bousculent et s’entrechoquent afin de maximiser leurs gains d’ici octobre 2022. L’incertitude monte à mesure que le congrès approche. Bien entendu, il faut se rappeler que cette atmosphère tendue est en grande partie le résultat des multiples séries de purges – plus communément appelées « lutte anti-corruption » – qui sont venues brouiller les cartes dès 2013. Depuis, les mécontents cherchent sans cesse à nuire à Xi Jinping – que ce soit par le biais du secteur financier, des affaires de Hong Kong, ou encore des fuites inopportunes d’information concernant des proches du président. En réponse, Xi contre-attaque à travers la campagne de rectification dans le secteur des affaires politiques et légales et via un retour sur les 20 dernières années de la gestion locale en Mongolie-Intérieure. Ce qui a pour effet de déstabiliser le système dans son entier.
*高处不胜寒, gaochu bushenghan.
Ces luttes incessantes n’aident en rien à sécuriser le pouvoir de Xi au sein du Parti. Un pouvoir qui en outre, faute d’un prestige à la hauteur de Mao ou Deng, ne repose pour le moment que sur des ajustements structurels de l’appareil du Parti-État, allant de la révision des règles d’âge de la retraite à la nomination des alliés en province ou au sein des ministères, en passant bien sûr par la « lutte anti-corruption » et la récente campagne de « rectification ». Cela dit, ces ajustements, en plus d’avoir créé des ennemis souvent invisibles – parfois nommés « neigui » (内鬼), « traître » ou « taupe » – forcent ces derniers à devenir imprévisibles. Ce qui pousse Xi Jinping à franchir certaines lignes jaunes afin de conserver sa mainmise sur le Parti. Le résultat demeure cependant le même : Xi Jinping s’est isolé – ou s’est fait isoler – au sommet du Parti-État. Or comme l’en avait prévenu sa mère : « On ne peut qu’être seul au sommet »*.

Marginaliser les « rouges »

*dont les enfants de Hu Yaobang, de Geng Biao (耿飙), de Hu Qiaomu (胡乔木) ou de Chen Yi (陈毅).
Au début du premier mandat de Xi Jinping, les princes et princesses du Parti, la « deuxième génération rouge » (hongerdai, 红二代)*, avaient soutenu les efforts de consolidation du président Xi. Mais après 2017, ils commencent à déchanter lorsque Xi décide d’emboîter le pas de Donald Trump dans ses surenchères, poussant les relations sino-américaines au bord du gouffre. Or les « rouges » ont besoin que cette relation se stabilise de manière positive, car ils souffrent financièrement de cette confrontation.
Par la suite, les rouges seront mis à l’écart des hautes sphères politiques, surtout à partir de 2018. Ce qui en poussera certains, comme Ren Zhiqiang (任志强) et même Chen Xiaolu (陈小鲁), le fils de Chen Yi, à critiquer Xi. Ces nouvelles attaques ont alors poussé le président chinois à s’intéresser aux liens entre les rouges et Hong Kong, en particulier via les fonds d’investissement, ainsi qu’entre les rouges et le secteur financier. Et on connaît la suite : plusieurs mises en examen dans les secteurs financier ou bancaire – pensons au « nettoyage » de la Banque du Développement de Chine dirigée par Chen Yuan, le fils de Chen Yun. Ainsi, depuis 2017-2018, et après la commémoration du centenaire de la naissance de Hua Guofeng en février dernier, les rouges se tiennent à carreau. Passifs, ils attendent de pouvoir « servir le Parti » afin que leurs rentes soient préservées.
Si les rouges se trouvent dans une situation difficile, c’est parce qu’ils existent dans une relation avec le Parti qui confine à la codépendance. Ils ne peuvent pas se rebeller contre lui, sous peine de tout perdre, ni faire de virage à gauche complet, sous peine de devoir tout lui rendre. Malgré tout, il n’est pas dit que les rouges, avec leur accès privilégié aux élites occidentales et aux capitaux hongkongais, en resteront là. Car c’est aussi un fait : ils contrôlent de nombreux leviers économiques. Certains pourraient d’ailleurs les actionner, surtout les cadres ambitieux qui se sont faits prendre leur place ou retirer leur promotion parce qu’ils ont joué selon les règles de « l’Ancien régime », le réseau de pouvoir de l’ex-président Jiang Zemin.
Prenons l’exemple de Lai Xiaomin, qui dirigeait du fonds d’investissement Huarong depuis 2009. Alors qu’il servait en grande partie les intérêts des rouges, son exécution expéditive pour corruption le 29 janvier dernier était une manière préventive encore plus directe et publique de les avertir.

La problématique de la succession

Outre les tensions entre Xi et les rouges, entre lui et les associés de « l’Ancien régime », l’épineuse question de la succession ne cesse de faire surface et ennuie énormément au sein du Parti. Même les alliés de Xi, ceux qui ont cru faire partie de l’équipe de transition comme Chen Min’er et Li Qiang, ont eu des relations importantes avec bon nombre d’associés de « l’Ancien régime », à la fin des années 1990 et début 2000. Bien entendu, la lutte des factions il y a 20 ans était bien différente. À l’époque, Xi Jinping – comme deux de ses alliés, Zhao Leji et Yu Zhengsheng – était considéré comme membre de l’entourage de Jiang Zemin, ou du moins, soutenu par l’ancien président – même si Jiang favorisera d’autres proches avant Xi pour des postes clés.
*N’oublions pas les performances décevantes de Chen en matière de gestion de la dette locale au Guizhou. **Sans parler des efforts minimaux de Li Qiang dans le « nettoyage » Shanghai, surtout opéré par Liao Guoxun, Hou Kai et Yang Xiaodu.
À l’époque, les liens qui existaient entre Chen Min’er, Li Qiang et d’autres de la « bande du Zhejiang » de Xi Jinping et Jack Ma par exemple, ne devaient donc pas poser problème. Là où le bât blesse, c’est que Chen et Li ont continué de soutenir Alibaba et son bras financier Ant Financial après le début de la campagne anti-corruption de 2013. Lorsque Chen était gouverneur puis secrétaire du Parti dans le Guizhou de 2012 à 2017, il avait piloté en partenariat avec Alibaba le projet « Guizhou sur le nuage » (云上贵州) destiné à faire décoller l’économie provinciale grâce au cloud et au big data. Devenu par la suite secrétaire du Parti à Chongqing, Chen Min’er a poursuivi les politiques préférentielles pour Ant Financial*. Quant à Li Qiang, lorsqu’il était secrétaire du Parti pour Shanghai en 2018**, le gouvernement de la municipalité a signé un accord de coopération stratégique avec la même branche financière d’Alibaba. Ainsi, ni Chen Min’er, ni Li Qiang ne peuvent montrer patte blanche pour succéder à Xi Jinping en 2022.
C’est ce genre de problème qui pousse Xi à ne pas nommer de successeur pour 2022. Cependant, le fait de ne pas avoir nommé de dauphin joue sur le moral de ses troupes, surtout sur les plus ambitieux, parmi lesquels Chen Min’er. En décidant éventuellement de rester au pouvoir ou encore de promouvoir des cadres plus âgés, Xi crée de l’incertitude chez ses alliés plus jeunes, en matière de promotions comme d’accès aux espaces de rente – campagne anti-corruption oblige. Résultat : certains d’entre eux ont peut-être essayer d’aller voir ailleurs ou encore de soutenir ceux qui ont contrôlé les vastes réseaux rentiers du Parti au cours des dernières décennies – à savoir, les rouges et les membres de la clique de Jiang Zemin.
*La promotion récente de Wang Fu, secrétaire général du comité permanent de Chongqing, et l’arrivée de Cai Yunge comme maire adjoint à la fin mars sont autant de signes que la municipalité organise l’après-Chen Min’er. Le signe le plus important demeure cependant les changements dans le système des affaires politiques et légales, dont le limogeage de Tan Xiaorong le 24 mai. Chen semble pressé de partir.
Il est donc possible que Xi décide de continuer à évaluer la performance de Chen et de Li en nommant l’un d’entre eux au Conseil d’État au poste de vice-premier ministre, et cela même avant 2022. Chen Min’er pourrait donc bien devenir le premier cadre à bénéficier des nouveaux pouvoirs de promotion de l’Assemblée nationale populaire dirigée par Li Zhanshu. Chen semble déjà prêt à cette promotion*.

L’Assemblée et les irrégularités

*Cela dit, pour une majorité de postes, dont les présidents de l’Assemblée nationale, de la Conférence consultative, de la Cour populaire suprême, et le procureur général, les règles demeurent inchangées : la retraite après deux mandats.
Depuis le nouvel amendement à la loi organisationnelle (articles 31 et 32), l’Assemblée nationale populaire peut à présent, « suite aux recommandations du Premier ministre », nommer ou encore démettre des membres du Conseil d’État, dont les vice-premiers ministres, sans attendre une rencontre formelle*. Cela pourrait permettre à Xi d’écarter les cadres plus âgés comme Sun Chunlan, Liu He ou Yang Jiechi pour promouvoir Chen Min’er, Li Qiang et potentiellement He Lifeng avant 2022, afin de faire entrer Chen Min’er au comité permanent en tant que vice-premier ministre – le même chemin suivi d’ailleurs par Zhu Rongji et Jiang Chunyun. Il y a fort à parier que He Lifeng devienne lui aussi vice-premier ministre en 2022 car le Parti a grandement besoin d’un « grand administrateur » tel que Ma Kai, vice-premier ministre de 2013 à 2018.
*La visite de Xi au barrage de Danjiangkou à la mi-mai avec Hu Chunhua en dit long sur le futur du grand projet de dérivation sud-nord. Xi semble vouloir rendre Hu comptable de la finalisation de ce projet, ce qui n’est pas une mince affaire et pourrait s’avérer fatal pour le vice-premier ministre. **Hu a plusieurs fois rencontré les délégations étrangères pour parler commerce depuis 2017 – plus de 12 fois des délégations (surtout d’Europe) depuis juin 2020 (et plus de 6 fois en 2019). ***Sachant que son père est mort en 1967, Liu He penche plus du côté de Wen Jiabao lorsqu’il s’agit de parler de la Révolution culturelle. Aussi, les récentes rumeurs concernant les agissements de son fils ont sûrement contribué à ce questionnement.
Cela ne règle pas la question de Hu Chunhua par contre. Que faire de lui ? Depuis 2017, Xi lui impose de plus en plus de responsabilités. Hu, responsable des questions agraires, se retrouve à présent responsable de la lutte contre la pauvreté, mais aussi de la « conservation des eaux »*. Cela dit, Xi, surtout depuis 2017, se retrouve également à faire une partie du travail de Liu He, vice-premier ministre en charge des finances, de l’économie et du commerce international**. Si bien que certains ont même suggéré que Hu viendrait remplacer Liu sous peu. Mais rien n’est moins sûr – malgré les différences idéologiques qui semblent avoir creusé un fossé en Liu et Xi depuis 2016***. En fait, cette nouvelle accumulation de responsabilités pour Hu Chunhua peut se comprendre comme une période de préparation avant de devenir Premier ministre. Dans le même temps, son secrétaire particulier (mishu), Gao Yu (高雨), a été promu le 13 mai au bureau des Conseillers du Conseil d’État (国务院参事室), qui offre un soutien direct aux processus décisionnels du gouvernement central. D’ordinaire, la coutume veut que le mishu donne le ton : s’il est mis en examen, son patron est en danger ; s’il est promu, son patron peut l’être à son tour.
*D’autres noms circulent aussi comme Wang Yang et Han Zheng. Cependant, un retour de Wang au Conseil d’État après cinq ans à la tête de la Conférence consultative serait curieux. Ainsi, ce dernier ne pourrait achever qu’un seul mandat. Quant à Han Zheng, outre son âge avancé, il est peu probable que Xi le laisse occuper le poste de Premier ministre.
Cependant, Hu Chunhua pourrait être encore plus isolé que Li Keqiang. Il faudrait donc plutôt se demander si Hu a vraiment envie de devenir Premier ministre en 2022. Vu sa marge de manœuvre et ce qui est attendu de lui – pratiquement des miracles -, on peut en douter*.

Fin de partie pour Wang Huning ?

*Sans oublier qu’il avait dans les années 1990 publié deux ouvrages sur la lutte anti-corruption dans le contexte chinois. Certains lui attribuent même d’avoir poussé Xi vers ce projet en fin 2012.
En plus de trouver un nouveau Premier ministre, et au moins trois nouveaux vice-premiers ministres, Xi doit remplacer Zhou Qiang, le président de la Cour populaire suprême, ainsi que Wang Huning – qui ne sera pas remplacé par l’actuel directeur du Centre de recherche politique, Jiang Jinquan. Même si Wang est à l’origine de la grande majorité des slogans et idées du Parti depuis les années 1990, sans parler de la « pensée de Xi Jinping » et du « rêve chinois », il est aussi à l’origine de la diplomatie des « loups combattants » et du grand « virage à gauche »*.
*Depuis 2016, Wang a fait mettre l’accent plusieurs fois sur le marxisme-léninisme dans le discours de propagande nationale, un discours influentsur le virage à gauche de Xi comme sur sa politique étrangère.
Ainsi, Wang Huning, à l’origine un membre éminent de la « bande de Shanghai » de Jiang Zemin, est aussi l’artisan de la célébration de la lutte contre le Covid-19 – par le biais de son livre, Grandes puissances combattant l’épidémie (大国抗疫), et de séries télé sur le même sujet. Une célébration qui a vite tourné au vinaigre aux yeux de la population. C’est aussi en grande partie grâce à Wang qu’en 2018 a été célébré le bicentenaire de la naissance de Marx*? Par ailleurs, ses idées et sa conduite de l’appareil médiatique ont, dans une large mesure, consolidé le clivage entre Li Keqiang et Xi Jinping. Par conséquent, la situation dans laquelle se trouve Xi doit beaucoup à Wang Huning.
Il faut alors se demander si le président chinois voudra conserver cette manifestation de l’État profond après le XXe Congrès du Parti. C’est que Wang est particulièrement critiqué par les apparatchiks en province ou dans l’appareil d’État depuis le début de la confrontation avec les États-Unis.
*Sachant les nouveaux pouvoirs de l’Assemblée, y promouvoir Wang Huning pourrait s’avérer problématique s’il venait à se sentir à danger, car il conserverait alors une capacité de nuisance importante. **Nous ne mentionnons pas Chen Xi simplement en raison de son âge en 2022 : 69 ans.
Malgré son âge, le même que Li Keqiang, il est possible que Wang remplace Li Zhanshu à la tête de l’Assemblée nationale populaire*, ou à l’instar de Li Yuanchao en 2017, qu’il doive quitter le Politburo à 67 ans. Mais alors qui pourra le remplacer ? Parmi les membres actuels du Bureau politique, deux candidats se dégagent : Chen Min’er et Huang Kunming**. Huang a été responsable de la propagande au Zhejiang entre 2007 et 2010, et fait partie du système central de la propagande depuis 2013 et du secrétariat central depuis 2017. Chen a travaillé dans le domaine de la propagande dans la ville de Shaoxing entre 1987 et 1990, a été directeur du Zhejiang Daily de 1991 à 2001 puis directeur du département provincial de la propagande du Zhejiang de 2001 à 2007. Vu son poste actuel, le choix logique serait Huang. Cependant, le favori demeure Chen Min’er car il a participé à créer l’image de Xi Jinping au Zhejiang. En outre, Chen a été félicité pour ses efforts à Chongqing par l’un des proches de Wang Huning, soit le directeur du 12e groupe central d’inspection, Wu Zaiping, en février dernier. Ainsi, les nouvelles nominations à Chongqing peuvent laisser penser que Chen sera promu d’ici peu, mais reste à savoir où exactement.
Pour ce qui est Zhou Qiang, il est probable que le président de la Cour suprême soit remplacé en 2023 par Ying Yong, le secrétaire du Parti du Hubei depuis février 2020. Ying a de l’expérience dans la sécurité publique (1986-2003), dans le secteur disciplinaire (2003-2006), ainsi qu’à la justice (2005-2013). Il pourrait faire un mandat, sans pour autant avoir besoin d’un siège au Politburo. Cela dit, Zhou, qui fut propulsé sur le devant de la scène par les réseaux de « l’Ancien régime », n’aura que 62 ans lors du XXème Congrès. Il faudra donc lui trouver une place. Si l’on se fie au parcours de ses prédécesseurs, 25 % d’entre eux sont devenus vice-présidents de la Conférence consultative. Cette option, comme celle de devenir vice-président de l’Assemblée nationale, paraît légitime.

Le Parti sens dessus dessous

*« Qishang baxia » (七上八下).
Le Parti entre en ce moment dans une période tumultueuse. Interpréter ce qui se passe à l’intérieur demeure une tâche compliquée. On ne voit pas bien qui pourra remplacer Wang Huning dans le rôle du prochain vizir du Parti, ni ce que fera Li Keqiang l’an prochain. Ce que l’on sait par contre, c’est que si Xi Jinping décide de respecter la règle du « 7 qui monte, 8 qui descend » (promouvoir les cadres de 67 ans et mettre à la retraite ceux de 68 ans)*, alors 11 des 25 membres du Politburo devront être remplacés en 2022. Xi pourrait être tenté de sauver Chen Xi (69 ans l’an prochain) ou encore Yang Xiaodu (72 ans l’an prochain). Cela ouvrirait la porte aux négociations sur les cas de Guo Shengkun (68 ans en 2022) et même de Han Zheng (68 ans en 2022). Si Xi Jinping veut les écarter, il devra sûrement laisser partir Chen Xi, Yang Xiaodu et Chen Xi, secrétaire du Parti du Guangdong. Techniquement, le numéro un chinois pourtant pas tenu de respecter les « règles » de promotion dans la mesure ou même sous Deng et durant les premières années de Jiang Zemin, le « rajeunissement » n’était pas respecté. Et puisque Xi parle en ce moment de Hua Guofeng et de la période Mao, durant laquelle les règles étaient dictées par le Grand Timonier, le potentiel de « dérapage » s’en trouve d’un coup plus élevé.
Dernière question : qu’adviendra-t-il du Comité permanent du Politburo ? Xi pourrait décider d’en réduire le nombre de membres à 5 au lieu de 7 ou 9. L’expansion du Comité permanent a souvent servi Jiang Zemin dans ses luttes contre les alliés de Deng, puis pour placer ses alliés autour de Hu Jintao et en 2012, pour continuer à être présent durant la passation de pouvoir à Xi Jinping. La question est donc moins de savoir « qui », mais « combien » de membres comptera le Comité permanent en 2022.
Par Alex Payette

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A propos de l'auteur
Alex Payette (Phd) est co-fondateur et Pdg du Groupe Cercius, une société de conseil en intelligence stratégique et géopolitique. Ancien stagiaire post-doctoral pour le Conseil Canadien de recherches en Sciences humaines (CRSH). Il est titulaire d’un doctorat en politique comparée de l’université d’Ottawa (2015). Ses recherches se concentrent sur les stratégies de résilience du Parti-État chinois. Plus particulièrement, ses plus récents travaux portent sur l’évolution des processus institutionnels ainsi que sur la sélection et la formation des élites en Chine contemporaine. Ces derniers sont notamment parus dans le Journal Canadien de Science Politique (2013), l’International Journal of Chinese Studies (2015/2016), le Journal of Contemporary Eastern Asia (2016), East Asia : An International Quarterly (2017), Issues and Studies (2011) ainsi que Monde Chinois/Nouvelle Asie (2013/2015). Il a également publié une note de recherche faisant le point sur le « who’s who » des candidats potentiels pour le Politburo en 2017 pour l’IRIS – rubrique Asia Focus #3.