

Votre média sur l'Asie
Qui peut dire combien de temps Kiev résistera ? Depuis le déclenchement de son offensive jeudi 24 février juste avant l'aube, l'armée russe parait lancée dans une inexorable invasion de l'Ukraine, tant le rapport de force lui est favorable. D'autant que les États-Unis n'enverront pas un seul GI's pour défendre le pays de Volodymyr Zelensky. Par contre, il serait infiniment plus compliqué pour l’Armée populaire de libération chinoise de prendre le contrôle de Taïwan. Ce qui conduit à penser que Xi Jinping pourrait éviter de s’engager trop loin aux côtés de son homologue russe Vladimir Poutine.
Du 21 au 28 février 1972, le président américain Richard Nixon effectuait une visite mémorable à Pékin, dans le sillage d’une visite secrète de Henry Kissinger qui avait préparé la reconnaissance par les États-Unis de la Chine communiste. Cinquante années plus tard, que de désillusions !
La possibilité d’un affrontement dont l’Ukraine est le prétexte plutôt que l’enjeu peut surprendre une Europe justement allergique à la guerre et qui oublie comment on en est arrivé là. Reculer du précipice ne sera pas aisé, d’autant plus que la diplomatie s’est altérée.
Les tensions croissantes de la Russie avec les États-Unis et leurs alliés autour de la possibilité d’une invasion russe en Ukraine ont pour effet de dynamiser les liens entre Moscou et Pékin. Les autorités chinoises montrent clairement leur soutien à Vladimir Poutine contre les États-Unis.
Sans en avertir la France, l'Australie a décidé de rompre unilatéralement un contrat de quelque 56 milliards d'euros pour la fourniture de sous-marins conventionnels. Le gouvernement de Scott Morrison lui a préféré les sous-marins à propulsion nucléaire proposés par les États-Unis dans le cadre d'une nouvelle alliance tripartite avec le Royaume-Uni. En une décision, la diplomatie française a essuyé un revers qui forcera un réexamen de ses alliances et de ses objectifs. Elle pose de douloureuses questions sur sa place dans un espace, l’Indo-Pacifique, où elle a de vieilles attaches et qui figure déjà comme le cœur du XXIème siècle.
Le France a-t-elle parlé trop vite ? Paris serait en train de négocier la vente prochaine de 36, voire même 48 Rafale à Jakarta, affirme le gouvernement français. Ce serait une première pour l'archipel qui n'a jamais acheté d'avions de combat français. Un contrat qui pourrait n'être qu'un leurre pour appâter les Américains.
Depuis début septembre, la Chine a envoyé ses plus hauts diplomates dans neuf des dix pays membres de l'ASEAN, à l'exception notable du Vietnam. Une offensive de charme destinée à contrer l'influence des États-Unis dans cette région cruciale pour Pékin.
Dans les prochaines décennies, l'Asie pourrait bien devenir un champ de bataille interne entre croissance imaginée et développement durable. Pour des raisons historiques et géographiques, l'eau y jouera un rôle primordial, comme en témoignent les récentes crues vietnamiennes. En se manifestant à travers les infrastructures et les liens de communication, la concurrence géostratégique entre le bloc occidental, d'un côté, et la Chine et ses quelques clients, de l'autre, ne fait qu'envenimer la question environnementale. L'issue de l'élection américaine ne sera pas sans conséquences sur son évolution.
L'assassinat en Irak le 3 janvier dernier du général Qasem Soleimani, numéro 2 du régime de Téhéran, a eu des répercussions profondes, matinées d'angoisse et d'humiliation, de Pékin à Tokyo.
Pour les conseillers du président américains, la Chine est devenue pour l'Amérique le même danger technologique que l'URSS de Youri Gagarine et du satellite Spoutnik. A leurs yeux, sa montée en puissance repose sur le dumping, l'espionnage industriel ou les transferts forcés de technologie.