Obama au Laos, localistes hongkongais et coopération russo-indienne
Asie du Sud-Est
Sur fond de gigantesque drapeau laotien, bleu-blanc-rouge, Barack Obama, premier chef d’État américain à se rendre au Laos depuis la double défaite américaine au Laos et au Vietnam en 1975, a aussi déclaré qu’il était temps de reconnaître « les souffrances et les sacrifices endurés par le peuple laotien durant la guerre. » Un conflit « oublié » dans les années 1960 et 1970, durant lequel des pluies de bombes américaines ravagèrent le pays.
Ce voyage, le onzième et dernier de Barack Obama dans la région, marque le point d’orgue de sa politique du pivot vers l’Asie. Dans son discours, il a rappelé que les nations d’Asie pourraient toujours « compter sur les États-Unis », et souligné le dialogue constructif entre Washington et Pékin. Il a toutefois effectué une mise en garde claire, précisant que s’il se réjouissait de la montée en puissance d’une Chine « pacifique, stable, prospère et responsable », il n’en accordait pas moins une grande importance à la liberté de circulation en mer de Chine. « Les États-Unis continueront de voler, de naviguer et d’opérer à travers cette région, y compris en mers de Chine orientale et méridionale et ce, dans les limites de la loi internationale. Et ils soutiendront les pays qui veulent agir de la même façon. » Un avertissement sans ambiguïté à l’intention de Pékin déjà contrarié par la confirmation le même jour par Barack Obama et son homologue sud-coréenne Park Geun-hye du déploiement en Corée du Sud du bouclier anti-missiles THAAD. Cet armement de défense destiné théoriquement à contrer une potentielle attaque nord-coréenne est perçu par Pékin comme une menace de ses propres intérêts.
Deux jours auparavant, les Philippines avaient exprimé leur inquiétude devant « la hausse du nombre de bateaux chinois autour du récif de Scarborough ». Leur crainte : que Pékin n’entame la poldérisation du récif, le transformant, à terme, en base militaire rappelle la revue en ligne Asia Times. Pour les Philippines, ce récif est d’une importance capitale. Si de prime abord, il ne ressemble qu’à un amas de rochers au dessus de la mer, il cache en réalité de vastes ressources halieutiques. En outre, il se trouve à 230 kilomètres à peine de la base américaine de Subic Bay.
Le 12 juillet dernier, la Cour permanente d’arbitrage de La Haye a conclu qu’aucun pays n’a de droit souverain sur cette zone où pêchent Chinois, Philippins et Vietnamiens. Une décision qui a ravivé les tensions, la Chine refusant de reconnaître la décision. Depuis 2010, la Chine a été impliquée dans la majeure partie des tensions en mer de Chine du Sud selon une étude publiée dans un second article du South China Morning Post. Les gardes-côtes chinois ont été à l’origine de 30 conflits sur les 45 répertoriés. « Nous avons gagné à la Cour de La Haye mais nous ne pouvons pas faire respecter cette décision. Comment pouvons-nous expliquer cela à nos pêcheurs ? », a déploré un membre du gouvernement philippin souhaitant garder l’anonymat.
Originellement, la plainte avait été déposée en 2014 après que dix Cambodgiens ont été privés de leurs terres par le gouvernement. La thèse avancée : la confiscation des terres au Cambodge est l’affaire des « classes dirigeantes ». L’affaire s’est produite à une telle échelle qu’elle peut donc être considérée comme un crime contre l’Humanité.
Mais le dossier vise aussi à mettre en avant des cas de persécutions politiques. « Nous avons de nombreux exemples de persécutions et le meurtre de Kem Ley rentre dans cette catégorie », explique, confiant, Richard Roger, avocat au cabinet londonien Global Diligence. « L’affaire sera plus facilement ouverte si la procureure voit que ces crimes persistent. » L’avocat espère que l’affaire sera prise en charge par le tribunal international de La Haye avant fin 2016. Une enquête préliminaire serait alors lancée. « Cela voudrait dire que l’affaire est bel et bien aux mains du tribunal international et qu’elle y restera jusqu’à ce qu’une enquête complète ait été menée avec toutes les ressources que possède La Haye. »
Au Cambodge, l’enquête sur la mort de Kem Ley semble au point mort alors que la cérémonie funéraire des cent jours, un important rituel bouddhiste au cours duquel les proches du défunt prient cent jours après la date de la crémation, se prépare et que sa femme et ses enfants ont trouvé refuge en Thaïlande.
Asie du Nord-Est
Avec une participation historique de 58% aux élections législatives, et en élisant cinq localistes anti-Pékin, la population a en effet envoyé un message clair à la Chine. Cette dernière, qui n’a cessé de manœuvrer pour museler l’opposition, a aussitôt brandi la menace de sanctions si les nouveaux élus militaient pour l’indépendance. Il est vrai qu’avec 40 sièges seulement sur 70, soit trois sièges de moins qu’en 2012, les pro-Pékin perdent du terrain à Hong Kong. Ce qui rendra difficile la mise en application de la politique du gouvernement.
Pour le professeur Lau Siu Kai, à la tête d’un think tank soutenu par la Chine, les nouveaux députés seront intraitables et il sera difficile de négocier avec eux, il faudra donc que la majorité trouve un moyen de s’allier l’opposition traditionnelle démocrate qui, de son côté, a préservé son pouvoir de blocage, soit un tiers des sièges.
Le chef de l’exécutif, Leung Chun Ying, a quant à lui choisi d’apaiser les tensions en déclarant avec un optimisme déconcertant que ceux qui voulaient son départ n’avaient pas été élus et qu’il accueillait donc sans problème les nouveaux députés. Il a aussi précisé que le résultat de ces élections législatives n’avaient « strictement rien à voir avec le fait de se présenter ou non au poste de chef de l’exécutif de Hong Kong. » Pour le démocrate James To-kun cité par le South China Morning Post, « Mr Leung doit penser que les Hongkongais sont stupides. Le scrutin montre clairement qu’ils ne veulent pas de lui pour un second mandat. »
L’accélérateur de particules chinois serait le plus grand du monde, soit quatre fois plus puissant que le Grand collisionneur de hadrons (LHC) du Centre européen de recherche nucléaire (CERN), près de Genève. Mais il a un coût exorbitant : la première étape de la construction jusqu’en 2030 s’élève à elle seule à plus de 40 milliards de yuans (soit environ 5,3 milliards d’euros), tandis que l’ensemble du projet, qui devrait être achevé en 2050, engloutirait au bas mot 140 milliards de yuans (16 milliards d’euros).
Des dépenses colossales auxquelles même les États-Unis ont fini par renoncer. En effet en 2012, le projet du Tevatron américain, a dû être interrompu en raison des contraintes financières, le budget initial de construction ayant été largement dépassé. « Il n’y a aucune raison pour que la Chine réussisse là où les États-Unis ont échoué », a déclaré le prix Nobel.
Ses propos ont déclenché un véritable tollé. Wang Yifang, en charge du projet au sein de l’institut de Physique des particules de l’académie chinoise des Sciences a répondu hier mardi 6 septembre sur WeChat, que la situation en Chine n’était pas comparable à celle de États-Unis et que les savants chinois respectaient toujours budgets et délais. En outre, la Chine, a-t-il rétorqué, a besoin de hautes technologies en matière de communication (téléphones portables) ou dans le domaine de la santé (imagerie par résonnance magnétique). L’impact sur la vie quotidienne de ces recherches est donc indéniable. Pour lui, Yang Cheng-ning n’est tout simplement plus au point en matière de recherche scientifique.
« Trop tard se confiait dépité, au South China Morning Post un autre savant, car avec les commentaires délétères de Yang, le mal est fait et il n’y a plus guère moyen d’y remédier ».
À ce stade, note NK News, on ne sait pas comment l’agence France-Presse s’accommodera des limitations imposées à son travail dans le pays, ou quelles concessions ont pu être faites pour parvenir à cet accord. En 2012, l’agence de presse américaine Associated Press (AP) avait été la cible de virulentes critiques pour avoir accepté de diffuser sous son nom des vidéos de propagande du régime.
Autant de potentielles critiques d’emblée balayées par Emmanuel Hoog qui, après s’être réjoui dans une interview au Bangkok Post de l’ouverture de ce bureau à Pyongyang qui « comble une lacune importante parmi les 200 antennes de l’AFP réparties dans 150 pays de la planète »a rappelé les valeurs fondamentales de l’AFP : « liberté d’expression et d’information ».
Asie du Sud
Ce n’est pas pour autant que l’Inde s’éloigne de son partenaire américain, manifestement privilégié depuis plusieurs décennies dans le domaine de la Défense. Dernièrement, les deux États ont signé conjointement un pacte bilatéral logistique. Le mois prochain sera, par ailleurs, marqué par des exercices militaires de l’Inde à la fois avec la Russie et avec les États-Unis. Pour New Delhi, il s’agit de garder un équilibre entre les deux ex-ennemis de la Guerre froide. Mais aussi peut-être de jouer des anciennes rivalités entre les deux pays puisque, Washington ayant refusé d’aider l’Inde à développer les systèmes de propulsion nucléaire de son porte avion militaire INS Vishnal, New Delhi pourrait bien se tourner vers Moscou…
Pourtant, cette dernière rencontre était apparue comme un véritable succès. Le Népal, dépendant fortement de l’Inde sur le plan commercial, était parvenu à se tourner vers Pékin. L’ancien premier ministre népalais KP Oli avait ainsi fait basculer les rapports de force régionaux, mettant fin à la dépendance du Népal au port Indien de Halgia, à Calcutta, pour son commerce avec des États tiers.
L’annulation de la visite de Xi Jinping, pouvant être perçue comme un recul de Pékin vis à vis de Katmandou, tombe donc mal : le 15 septembre, le nouveau Premier ministre Prachanda doit se rendre en Inde, pays avec lequel les relations bilatérales sont tendues depuis l’adoption d’une nouvelle Constitution par Katmandou en septembre 2015.
Il a appelé à ce que des réformes se fassent dans le respect des membres des tribus et appelé à la révocation de l’article 247 de la Constitution qui empêche les habitants des zones tribales d’avoir recours aux juridictions pakistanaises en cas de violation de leurs droits. Selon lui, ce dernier devrait être aboli car « il donne le pouvoir aux individus plutôt qu’à un Parlement élu », rapporte le quotidien Dawn. Il souhaite aussi assurer une représentation égale de ces dernières et des personnes issues de la province de Kyber-Pakhtunkhwa lors d’élections. La seule façon, selon lui, de permettre le développement économique de la région touchée par un fort taux de pauvreté et de chômage.
Selon le Comité de décision du sort des zones tribales, cette fusion était la seule solution viable pour les intégrer (voir notre revue de presse du 18 août 2016). Au total, six zones sont concernées par ce projet et ces réfomes socio-économiques, politiques, juridiques ou encore policières.
Soutenez-nous !
Asialyst est conçu par une équipe composée à 100 % de bénévoles et grâce à un réseau de contributeurs en Asie ou ailleurs, journalistes, experts, universitaires, consultants ou anciens diplomates... Notre seul but : partager la connaissance de l'Asie au plus large public.
Faire un don