

Votre média sur l'Asie
Que penser de l'action de la Chine sur le climat et l'environnement ? La réponse est forcément schizophrène tant la Chine du charbon coexiste avec celle de l'innovation durable. Auteure du livre "Quand la Chine s'éveille verte" (L'Aube, 2021), Nathalie Bastianelli veut introduire le lecteur au "virage vert du grand paquebot chinois". Surtout, elle souligne une distinction entre la Chine et le régime chinois. "Car lorsque l’on parle de la Chine, il y a des gens derrière, des gens très divers (citoyens, entrepreneurs, membres d’ONG ou artistes), dont beaucoup sont sincèrement engagés dans la lutte pour l’environnement et le climat. Et ce sont surtout ces gens-là que j’ai voulu décrire dans mon livre." Entretien.
La COP26 a été foisonnante et riche d’initiatives nouvelles, même si son bilan global reste en deçà de ce qu’on pouvait espérer sur bon nombre de sujets. Pour l’Asie, elle marque un tournant majeur dans les intentions, qui doivent se traduire désormais dans les faits. Les contributions nationales à l’horizon 2030 restent très insuffisantes, mais les principaux pays asiatiques ont pris des engagements de neutralité carbone sur le long terme, et ils ont activement contribué à une série de déclarations conjointes, sur le charbon et le méthane en particulier. La COP26 a été aussi l’occasion pour la Chine et les États-Unis de souligner une volonté de coopération sur le changement climatique qui tranche avec les vives tensions bilatérales des deux dernières années.
L'accord sur le climat adopté à Glasgow ce samedi 13 novembre a suscité de nombreuses déceptions. Pas d'engagement sur la sortie des énergies fossiles ni sur le financement des "pertes et préjudices" subis par les pays en développement, victimes de catastrophes climatiques inévitables. Cependant, cette quinzaine écossaise avait accouché d'un autre accord surprise entre la Chine et les États-Unis sur la lutte contre le changement climatique. Une annonce qui s'est doublée d'un prochain sommet virtuel entre Joe Biden et Xi Jinping prévu ce lundi 15 novembre, ajouté à un narratif chinois moins agressif que d'habitude. Les relations entre les deux superpuissances du monde s’acheminent-elles vers une détente ?
L’Asie-Pacifique est en première ligne dans le rebond des émissions de gaz à effet de serre en 2021. En cette période de relance de la croissance asiatique, la boulimie de consommation de charbon, de pétrole et de gaz ne touche pas que la Chine. Elle s’étend à l’Inde et à l’Asie du Sud-Est. En tendance, l’Asie-Pacifique représente désormais plus des trois quarts de la progression des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Face à cette réalité, les gouvernements asiatiques préparent avec une certaine fébrilité la COP26 qui va se tenir à Glasgow du 31 octobre au 12 novembre.
Devant l'ONU en septembre dernier, Xi Jinping a fait sensation en fixant pour la Chine l'objectif d'une neutralité carbone en 2060 et d'un début de réduction des émissions avant 2030. Ces dernières n'ont baissé que légèrement en 2020 malgré la crise économique due à la pandémie, et elles devraient connaître un rebond marqué en 2021. Les engagements de la Chine restent flous sur la date effective du pic des émissions, et sur le reflux du charbon dans le mix énergétique chinois, tout en faisant l'impasse sur l'impact climat des "Nouvelles Routes de la Soie".
L'Asie est le continent clé sans lequel rien ne pourra réussir en matière de climat. Sa part dans les émissions mondiales de CO2 a désormais dépassé 50 %. Surtout, sa part dans la progression des émissions atteint 72 % sur les trois dernières années. Les engagements de la COP21 étaient insuffisants.
La Chine a su utiliser le retrait américain de l’Accord de Paris pour nouer de nouvelles alliances avec les pays en développement pendant la COP 23.