Politique
Analyse

L’aide de la Chine à la Russie : le grand sujet d’inquiétude pour l’Occident

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken reçu par le président chinois Xi Jinping à Pékin, le 26 avril 2024. (Source : LA Times)
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken reçu par le président chinois Xi Jinping à Pékin, le 26 avril 2024. (Source : LA Times)
Il est désormais patent et avéré pour l’Occident que la Chine fournit à la Russie une aide massive et multiforme d’une ampleur telle qu’elle lui permet de poursuivre sa guerre brutale contre l’Ukraine. Au point que plusieurs pays, États-Unis en tête, envisagent d’infliger à Pékin des sanctions sévères.
L’inquiétude. L’aide de Pékin à Moscou fut le sujet principal des discussions d’Anthony Blinken pendant sa visite en Chine achevée vendredi 26 avril. Le secrétaire d’État américain a rencontré le président chinois Xi Jinping et tenu des entretiens de plus de cinq heures avec son homologue Wang Yi. Lors de ces entretiens, le chef de la diplomatie américaine, dont c’était la deuxième visite en Chine après celle de juin dernier, a « discuté des préoccupations concernant le soutien de la RPC [République populaire de Chine] à la base industrielle de la défense russe », selon un responsable américain. Il a ajouté avoir exprimé auprès de ses interlocuteurs « de graves inquiétudes » sur le fait que Pékin « donne la possibilité à la Russie de poursuivre son agression brutale contre l’Ukraine ».
De son côté, usant là d’un narratif qui ne change jamais, le chef de l’État chinois a mis en garde contre le risque de « détérioration » des liens entre la Chine et les États-Unis. Estimant que les tensions entre les deux géants de la planète se sont atténuées depuis juin dernier, Xi Jinping a déclaré que de « nombreux problèmes » devaient encore être résolus. Pékin et Washington devraient être « des partenaires, pas des rivaux. Nous espérons que les États-Unis pourront aussi adopter une vision positive du développement de la Chine. »
Avec Wang Yi, Antony Blinken a jugé ses entretiens « approfondis et constructifs ». En amont de ces discussions, il avait dit espérer « des progrès sur les questions au sujet desquelles nos présidents se sont mis d’accord ». Les relations entre les deux puissances « commencent à se stabiliser », a de son côté assuré Wang Yi, en dépit de la persistance « d’éléments négatifs » : « Les droits légitimes de la Chine en matière de développement ont été indûment opprimés et nos intérêts fondamentaux sont remis en question », a ajouté le ministre chinois, une allusion aux sévères restrictions américaines dans le secteur des hautes technologies.
Les États-Unis ont en particulier imposé un strict embargo sur les livraisons à la Chine de semi-conducteurs de dernière génération, estimant que ces puces ayant une utilisation duale, elles pouvaient aussi être utilisées à des fins militaires. Mercredi 1er mai, Washington a annoncé un premier train de sanctions précises contre des entreprises chinoises. Le département américain du Trésor a souligné que ces sanctions visaient près de 200 entreprises, dont plus de 80 sont chinoises. « Le Trésor a de façon répétée mis en garde sur le fait que les entreprises subiront des conséquences significatives pour avoir fourni un soutien matériel à la guerre de la Russie [en Ukraine] et les États-Unis ont décidé d’en imposer à près de 300 d’entre elles », a ainsi fait savoir la secrétaire au Trésor Yanet Yellen, citée par l’agence Reuters.
En réponse, Liu Pengyu, un porte-parole de l’ambassade de Chine à Washington, a certifié que le gouvernement chinois contrôlait soigneusement les exportations de produits à usage dual en accord avec les lois et règles existantes, narratif bien connu de Pékin. « La partie chinoise est fermement opposée aux sanctions américaines unilatérales », a-t-il protesté, selon Reuters. Ce qui ne saurait chasser les soupçons des Américains : « Les inquiétudes à propos des entités [de la Chine] qui alimentent la guerre de la Russie sont au centre des niveaux les plus élevés du département [d’État] et de l’administration. La raison en est très simple : la République populaire de Chine est le principal fournisseur de composants critiques pour la base industrielle de l’armée russe et la Russie en fait usage pour poursuivre sa guerre en Ukraine, a déclaré le même jour un responsable de haut rang du département d’État, cité par Reuters. Si [la Chine] devait mettre fin à ce soutien à ces exportations, la Russie devrait lutter pour poursuivre son effort de guerre. »
S’ajoute à cela une nouvelle loi américaine adoptée par le Congrès qui menace d’interdiction l’application chinoise TikTok sur le sol des États-Unis si ses liens avec sa maison-mère chinoise ByteDance ne sont pas coupés. Washington soupçonne fortement l’application utilisée par des milliards d’êtres humains d’être aussi un instrument pour espionner des citoyens américains et servir la propagande chinoise, accusation que TikTok et le gouvernement chinois nient avec véhémence.
La question ultra-sensible de Taïwan a également été discutée à l’approche de l’investiture le 20 mai du nouveau président Lai Ching-te, élu début janvier à une large majorité des voix au suffrage universel. Le Congrès américain a en outre donné son feu vert mardi 30 avril à une enveloppe militaire de 95 milliards de dollars à destination d’alliés de Washington, dont Taïwan, l’Ukraine et Israël. Les États-Unis sont le principal fournisseur d’armes de l’ancienne Formose et son président Joe Biden a, à quatre reprises, déclaré que son pays défendrait Taïwan en cas d’invasion chinoise, sans toutefois en préciser les termes.

Transactions discrètes

Les soupçons concernant l’aide de la Chine à la Russie se sont renforcés ces derniers mois jusqu’à devenir aujourd’hui une évidence. Cette aide va de l’achat massif d’hydrocarbures russes à des prix cassés à la fourniture de composants électroniques et d’autres matériels qui peuvent être utilisés à des fins militaires. Les États-Unis accusent aujourd’hui publiquement la Chine de fournir à la Russie les moyens militaires lui permettant de poursuivre son agression contre l’Ukraine ainsi que d’autres aides sur les plans financiers et bancaires précieuses pour l’économie russe en grande difficultés. Mais la crainte de sanctions massives avaient jusque-là conduit la Chine à faire preuve de prudence et d’observer la discrétion la plus totale possible dans ces domaines.
La quasi-totalité des banques d’État chinoises ont ainsi suspendu leurs transactions avec la Russie depuis début mars, affirme un haut responsable d’une grande entreprise de matériels électroniques du Guangdong au sud de la Chine, cité par Reuters. Certaines banques de moindre importance dans le nord-est de la Chine, le long de la frontière avec la Russie, continuent leurs transactions avec le système financier russe mais sur un mode discret.
Citée par le mensuel américain Foreign Affairs, un responsable de haut niveau non identifié de l’une des quatre plus grandes banques chinoises a lui-même expliqué fin avril que cette discrétion devenait nécessaire pour éviter des sanctions américaines. « Les transactions entre la Chine et la Russie vont de plus en plus se dérouler par le biais de canaux invisibles, a précisé le chef d’une entité commerciale chinoise d’une province du sud-est du pays qui représente les intérêts chinois auprès de la Russie. Mais ces méthodes soulèvent des risques significatifs. »
Réaliser ces transactions à l’aide de cryptomonnaies pourrait devenir la seule option possible mais l’usage de ces cryptomonnaies est interdite en Chine, a expliqué un banquier russe basé à Moscou, car « il est impossible de passer par un système « KYC (know-your-customer) » avec des banques chinoises, grandes ou petites ». Cette source, citée par Reuters, a requis l’anonymat, l’agence de presse précisant qu’il était très difficile d’évaluer les sommes en jeu dans ces transactions.
Lui aussi cité par Foreign Affairs, le responsable d’une entreprise du Guangdong a affirmé que son entreprise avait ouvert des comptes avec sept banques chinoises le mois dernier mais qu’aucune d’entre elles n’avait accepté de paiements venant de la Russie. « Nous avons abandonné le marché russe, a confié ce responsable. En réalité, nous n’avons pas reçu plus de 10 millions de yuans (1,4 million de dollars) de paiements de la partie russe et nous avons abandonné. Collecter les paiements est tout simplement extrêmement difficile. »
Selon un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, cité par Foreign Affairs, les autorités chinoises n’étaient pas au courant de l’existence de ce genre de transactions. « La Chine n’accepte pas les sanctions illégales et unilatérales. Une coopération normale entre la Chine et la Russie ne doit pas être la cible d’une ingérence d’une partie tierce », a ajouté ce porte-parole.

Chinagate en Europe

« Alimenter la base industrielle militaire russe menace non seulement la sécurité de l’Ukraine mais aussi celle de l’Europe, a averti un porte-parole du Département d’État américain, interrogé par Reuters à propos de ces transactions illicites. Pékin ne peut pas réussir à améliorer ses relations avec l’Europe tout en soutenant [ce qui constitue] la plus grande menace pesant sur la sécurité de l’Europe depuis la fin de la Guerre froide. » Antony Blinken avait d’ailleurs souligné devant ses hôtes chinois que « garantir la sécurité transatlantique représente le cœur des intérêts américains. Si la Chine ne s’occupe pas de ces problèmes, les États-Unis le feront. »
D’autres sujets empoisonnent les relations de la Chine avec l’Occident, dont tout particulièrement de nombreuses affaires d’espionnage. Les dernières visent des responsables politiques européens. Le 26 avril, lors d’une conférence presse à Berlin avec le chancelier allemand Olaf Scholz, Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN, a souligné le caractère inacceptable des récentes affaires d’espionnage révélées ces derniers jours, notamment en Allemagne et au Royaume-Uni. À l’approche des élections européennes et dans le contexte tendu de la guerre en Ukraine, les ingérences se sont multipliées ces derniers mois à l’encontre des membres de l’organisation intergouvernementale. « De tels actes, a tenu à préciser Jens Stoltenberg, ne nous dissuaderont pas d’apporter notre soutien à l’Ukraine et nous coordonnons étroitement notre réponse à tout acte hostile contre les alliés de l’Otan ».
Parmi ces récentes affaires d’espionnage, un Britannique de 20 ans a été inculpé au Royaume-Uni pour « activité hostile » au profit de la Russie consistant à organiser des attaques contre des « entreprises liées à l’Ukraine », ont révélé le 26 avril les autorités britanniques. Ces faits incluent « la planification d’un incendie criminel » contre une entreprise « liée à l’Ukraine » le mois dernier. Le parquet de Londres a précisé que quatre autres hommes avaient été inculpés pour des charges moins lourdes dans cette affaire. Ils ont comparu le 22 avril devant un tribunal de de la capitale britannique et ont été placés en détention provisoire, mais des restrictions ordonnées par la justice empêchaient l’affaire d’être révélée jusqu’alors. Des documents de justice publiés pour cette audience lient l’affaire au groupe paramilitaire russe Wagner, classé organisation terroriste au Royaume-Uni.
« Même si nous devons laisser la procédure judiciaire suivre son cours, je suis profondément préoccupé par les allégations selon lesquelles des ressortissants britanniques auraient mené des activités criminelles sur le sol du Royaume-Uni au profit de l’État russe, a réagi le chef de la diplomatie britannique David Cameron sur X. Nous utiliserons tout le poids du système judiciaire pour demander des comptes à toute personne reconnue coupable de délits liés à une ingérence étrangère. » D’autres affaires d’espionnage ont éclaté au Royaume-Uni. Dans l’une d’elles, cinq ressortissants bulgares sont actuellement poursuivis pour espionnage pour le compte de la Russie.
Londres est l’un des principaux soutiens de l’Ukraine, et le pays accuse de longue date Moscou de mener des activités hostiles sur son sol, à l’image des empoisonnements des ex-espions russes Alexandre Litvinenko en 2006 et Sergueï Skripal en 2018. La semaine dernière encore, un ancien chercheur affilié au parlement a été inculpé pour espionnage au profit, cette fois, de la Chine.
Outre le Royaume-Uni, quatre Allemands, soupçonnés d’espionner pour le compte de la Chine, ont été arrêtés à la demande de la justice. Trois d’entre eux évoluaient dans le milieu de la recherche scientifique et auraient collecté des informations sur des « technologies innovantes pouvant servir à des fins militaires », selon le parquet. Le dernier, un Allemand d’origine chinoise interpellé le 23 avril, travaillait comme assistant d’un eurodéputé allemand Maximilian Krah, tête de liste du parti d’extrême droite allemand (AfD) pour les élections européennes de juin. Il est soupçonné d’avoir espionné des opposants chinois en Allemagne et d’avoir partagé des informations sur le Parlement européen avec un service de renseignement chinois.
Comme de coutume, Pékin a qualifié le 26 avril de « pure invention » les soupçons d’espionnage émis par Berlin, ajoutant que la Chine avait déjà mené des « actions sévères auprès de la partie allemande au sujet des accusations sans fondement de l’Allemagne ».
Récemment aussi, un réseau d’influence financé par Moscou et ciblant le Parlement européen avait été découvert. Le 25 avril, à quelques semaines du scrutin européen (du 6 au 9 juin), le Parlement de Strasbourg a appelé à la vigilance et à la fermeté face aux ingérences étrangères. Une résolution invite à renforcer la sécurité interne au Parlement et suggère une formation obligatoire pour les eurodéputés et leurs équipes afin de les sensibiliser « à leur statut de cible potentielle ». « Pendant très longtemps, un certain nombre de parlementaires refusaient d’admettre le fait que nous étions une cible, a souligné l’eurodéputée française Nathalie Loiseau (Renew, libéraux) lors d’un point presse. Entre le Qatargate, les différents Russiagates et maintenant le Chinagate, on voit que c’est une réalité. » La semaine dernière, le groupe des Verts au Parlement européen a exhorté l’institution à accélérer son enquête sur les liens entre les députés européens et les puissances étrangères. Ils ont réclamé que des résultats préliminaires soient publiés avant les élections européennes.

Cargo russe, port chinois et armes nord-coréennes

Autre dossier qui empoisonne les relations Chine-Occident : les États-Unis ont reçu des preuves que la Chine tentait « d’influencer et d’interférer » dans les prochaines élections américaines de novembre. C’est ce qu’a déclaré le secrétaire d’État américain Antony Blinken à la chaîne d’information CNN à l’issue de sa visite en Chine. Il n’a pas donné de détails concrets mais a toutefois indiqué que lors de ses entretiens, il s’était fait l’écho de l’avertissement adressé par le président Joe Biden à Xi Jinping lors d’un sommet aux États-Unis en novembre dernier. Le locataire de la Maison Blanche avait alors averti son homologue chinois de ne pas intervenir dans les élections présidentielles. Xi aurait accepté. « Nous avons généralement constaté des tentatives d’influence et d’ingérence, et nous voulons nous assurer que cela cesse dès que possible », a répondu Antony Blinken lorsqu’on lui a demandé si la Chine respectait la promesse de son président.
Des images satellite ont par ailleurs montré le fait qu’un cargo russe transportant des armes et des munitions vraisemblablement nord-coréennes avait mouillé dans un port chinois, indiquait Reuters le 25 avril. Ce navire, l’Angara, avait déjà été vu transportant des milliers de conteneurs probablement chargés d’armes et de munitions provenant de Corée du Nord vers des ports russes depuis août 2023, selon des images fournies par le think tank britannique Royal United Services Institute (RUSI). Or ce même navire a été détecté en train de mouiller dans un port chinois de réparation navale, le Zhoushan Xinya, dans la province du Zhejiang depuis février dernier, une quasi-preuve du rôle actif joué par la Chine dans la livraison d’armes à la Russie, précise Reuters.
Début avril, le numéro deux du département d’État Kurt Campbell avait averti Pékin que les États-Unis ne resteraient pas « sans rien faire » si la Chine devait augmenter son soutien à la Russie. Un porte-parole de ce même département d’État cité par l’agence de presse britannique a affirmé que Washington possédait des informations « crédibles » sur le fait que ce navire mouillait dans ce port chinois et que les autorités américaines avaient fait part de cette question avec Pékin.
Le Zhoushan Xinya est le plus grand port privé de réparation navale du pays. Ce même navire avait été vu en janvier dans des ports nord-coréen et russes. Son transpondeur avait cessé de fonctionner à son arrivée en territoire chinois afin de ne pas être repéré. Ce navire avait procédé à onze livraisons entre le port de Rajin en Corée du Nord et des ports russes depuis août 2023, selon les opérations de surveillance par satellite.

Xi en Europe, de Macron à Orban

Enfin, le dossier du soutien chinois à la Russie sera également abordé lors de la visite d’État que Xi Jinping s’apprête à entreprendre en France les 6 et 7 mai. C’est la première des trois étapes qui mèneront aussi le président chinois en Serbie puis en Hongrie, deux pays dont les dirigeants sont ouvertement proches de la Russie et de la Chine. Cette tournée, qui durera jusqu’au 10 mai, est la première en Europe depuis 2019 et le début de la pandémie de Covid.
Raison officielle de l’escale française : la commémoration du 60ème anniversaire de l’établissement de relations diplomatiques entre Paris et Pékin. Selon un communiqué de l’Élysée, cette visite « fait suite à la visite du président de la République à Pékin et Canton en avril 2023. Les échanges porteront Xi Jinping échangera avec Emmanuel Macron au sujet des « crises internationales, au premier rang desquelles la guerre en Ukraine et la situation au Moyen-Orient, les questions commerciales, les coopérations scientifiques, culturelles et sportives ainsi que sur nos actions communes face aux enjeux globaux, notamment l’urgence climatique, la protection de la biodiversité et la situation financière des pays les plus vulnérables. »
Il y a un an en Chine, Emmanuel Macron avait appelé Xi Jinping à « ramener la Russie à la raison » à l’égard de l’Ukraine « et tout le monde à la table des négociations ». Le président chinois s’était alors dit, en tête-à-tête, prêt à appeler au téléphone son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, selon la délégation française. Mais les avancées diplomatiques escomptées par Paris n’ont pas été au rendez-vous depuis et les demandes françaises sont toutes restées vaines.
Par ailleurs, le président chinois a sans doute été quelque peu irrité par la rencontre ce mercredi 30 avril entre le président du gouvernement tibétain en exil, Penpa Tsering, et Emmanuel Macron à l’Élysée, une rencontre surprise dont les médias se sont largement fait l’écho. À l’occasion de cette brève cérémonie organisée pour la remise de la Légion d’honneur à l’ancien sénateur André Gattolin, le responsable tibétain a remis au chef de l’État français une photo dédicacée du dalaï-lama et exhorté le président français à ne pas oublier le Tibet. Le Tibet, autrefois brièvement un État indépendant, a été envahi par l’Armée populaire de libération en 1950. Depuis, ce qui s’apparente à une colonisation chinoise du Pays des Neiges a causé la mort de centaines de milliers de Tibétains.
Emmanuel Macron a d’autre part invité la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen à se joindre à ses entretiens avec Xi Jinping. En revanche, le chancelier Olaf Scholz brillera par son absence puisqu’il a achevé fin avril une visite en Chine, la deuxième en moins d’un an.
À l’occasion d’un entretien en tête-à-tête avec son invité chinois, le président français compte lui présenter « son analysé de l’évolution de la guerre [en Ukraine] et défendre les points de vue soulevés par les Ukrainiens », a souligné une responsable de l’Elysée, Cléa Caulcutt, dans une interview accordée au média américain Politico. Le chef de l’Etat français « fera par de nos inquiétudes au sujet des activités de certaines entreprises chinoises [avec la Russie] en dépit des sanctions prises contre la Russie ». Elle a cependant souligné que la France « observe sa propre politique sur la Chine qui est différente de celle des États-Unis ».
Les inquiétudes occidentales sont fondées car si la coopération sino-russe devait véritablement s’étendre au domaine militaire, celle aurait sans nul doute un impact considérable sur l’équilibre mondial dans ce domaine, l’armée chinoise étant considérée comme l’une des toutes premières du globe.
Par Pierre-Antoine Donnet

Soutenez-nous !

Asialyst est conçu par une équipe composée à 100 % de bénévoles et grâce à un réseau de contributeurs en Asie ou ailleurs, journalistes, experts, universitaires, consultants ou anciens diplomates... Notre seul but : partager la connaissance de l'Asie au plus large public.

Faire un don
A propos de l'auteur
Ancien journaliste à l'AFP, Pierre-Antoine Donnet est l'auteur d'une quinzaine d'ouvrages consacrés à la Chine, au Japon, au Tibet, à l'Inde et aux grands défis asiatiques. En 2020, cet ancien correspondant à Pékin a publié "Le leadership mondial en question, L'affrontement entre la Chine et les États-Unis" aux Éditions de l'Aube. Il est aussi l'auteur de "Tibet mort ou vif", paru chez Gallimard en 1990 et réédité en 2019 dans une version mise à jour et augmentée. Après "Chine, le grand prédateur", paru en 2021 aux Éditions de l'Aube, il a dirigé fin 2022 l'ouvrage collectif "Le Dossier chinois" (Cherche Midi). Début 2023, il signe "Confucius aujourd'hui, un héritage universaliste", publié aux éditions de l'Aube. Son dernier livre, "Chine, l'empire des illusions", est paru en janvier 2024 (Saint-Simon).