Revue de presse Asie - 2 septembre 2016

G20 en Chine, double attentat au Pakistan et départ à Panglong

Copie d'écran du South China Morning Post, le 2 septembre 2016.
Xi Jinping arrivera-t-il a faire du G20 un sommet essentiellement économique en se débarrassant des sujets géopolitiques ? Copie d'écran du South China Morning Post, le 2 septembre 2016.

Asie du Nord-Est

South China Morning Post – 40 leaders mondiaux sont attendus à Hangzhou, dans la province chinoise du Zhejiang, pour l’ouverture du G20 ce dimanche 4 septembre. S’il n’en tenait qu’à Xi Jinping, qui présidera la rencontre internationale, le programme se circonscrirait globalement à l’économie. Objectif : « trouver une recette pour raviver la croissance économique mondiale », résume le South China Morning Post. Il faut dire que la Chine, sortie « quasi-indemne » de la crise financière de 2007-2008 et dont les taux de croissance restent plus que « solides » en dépit de réformes structurelles, a de quoi faire beaucoup d’envieux parmi les puissances internationales. Mais la promotion d’un « modèle chinois » n’est pas assurée de rencontrer le succès : nombreux sont les pays qui critiquent ses capacités excédentaires, notamment dans le secteur de l’acier, et qui conduisent à de vastes licenciements sur leurs propres sols.
En outre, comment Xi Jinping peut-il escompter que le sommet se focalise sur l’économie dans un contexte géopolitique si tendu ? « L’attaque terroriste de l’ambassade chinoise à Bichkek, au Kirghizistan, va renforcer l’ordre du jour sécuritaire au G20 quitte à le faire passer au premier plan, au détriment des négociations économiques tant désirées », analyse Ricard Torne, économiste senior chez FocusEconomics. A cela s’ajoutent les politiques chinoises d’affirmation de souveraineté en mer de Chine du Sud et de l’Est ainsi que la dégradation des relations entre Pékin et Séoul autour du bouclier antimissile américain THAAD, explique le South China Morning Post dans un second article.
Au cours du G20, Xi Jinping tentera donc de mettre en avant la « coopération économique » et le « développement pacifique », incitant les pays voisins à s’investir dans le domaine économique plutôt que dans une « compétition stratégique » entre Pékin et Washington. Néanmoins, si le président chinois arrive à éclipser la géopolitique du programme officiel, il ne pourra pas en faire autant des sommets organisés en marge du G20 – comme le désirent le Japon et la Corée du Sud.
Yonhap – La coopération militaire entre la Chine et la Corée du Nord bat-elle son plein ? Un expert américain a affirmé hier jeudi 1er septembre la possibilité que la Chine ait fourni les missiles balistiques lancés depuis un sous-marin (SBLM) testés la semaine dernière par Pyongyang (voir notre revue de presse du 24 août). Bruce Bechtol, expert sur la Corée du Nord à l’Université d’Etat Angelo au Texas, a fait la remarque lors d’une interview, qualifiant les missiles SLBM nord-coréens de « copies conformes » des missiles chinois JL-1. D’après lui, la livraison de matériel militaire au gouvernement nord-coréen par Pékin n’est pas chose nouvelle. La Chine a notamment approvisionné ces dernières années son voisin en « tracteurs-érecteurs-lanceurs », des véhicules utilisés pour transporter et lancer des missiles. Si Bruce Bechto a affirmé que l’expert israélien sur les programmes spatiaux, Tal Inbar, partageait son point de vue, le porte-parole du département américain de la Défense John Kirby a néanmoins refusé de commenter ses propos.
Mainichi Shimbun – Des doutes planent toujours autour du comité de candidature japonais aux JO de 2020. Kiichiro Matsumaru, cadre dirigeant du conseil d’administration du Comité olympique japonais, ainsi qu’un observateur de la commission d’enquête, ont pourtant indiqué hier lundi 1er septembre qu’ils pensaient avoir levé les soupçons de corruption qui pesaient sur le comité. Mais selon les recherches de procureurs français sur la question, le problème pourrait refaire surface.
La commission chargée d’enquêter sur le comité de candidature de Tokyo pour les Jeux Olympiques – soupçonné de corruption – a en effet été incapable d’interroger trois des grandes figures de la controverse. Le rapport de la commission qui avait absous la mégapole japonaise perd donc sa crédibilité, commente le Mainichi Shimbun. Selon Masayuki Tamaki, commentateur sportif japonais qui a lu ledit rapport, celui-ci est d’ailleurs « incomplet et ne répond à aucune question ».
La commission d’enquête a passé 3 mois à interroger 34 personnes sur les dépenses du comité. Elle a cependant été incapable de s’entretenir avec Ian Tan Tong Han, le président de la Black Tidings – à qui le comité de candidature olympique a payé d’importantes sommes d’argent. Ni avec Lamine Diack, ancien directeur de la fédération internationale d’athlétisme accusé de corruption systémique, ou à son fils, Papa Massata, qui a reçu de l’argent versé à Black Tidings.
Selon une source interne du gouvernement, d’autres pays – dont la France – ne croiront pas aux résultats d’une enquête au cours de laquelle les enquêteurs n’ont pas pu interroger les personnes directement concernées. « Tout ce que nous pouvons faire, ajoute cette source citée par le Mainichi, c’est attendre les résultats de l’enquête de la France. »
Straits Times – Les Hongkongais courent-ils au « désastre » ? C’est la crainte de l’analyste politique Johnny Lau relayée par le Straits Times. En cause d’après lui : la division « au plus haut » du camp démocrate en vue des élections législatives de ce dimanche 4 septembre. Leurs électeurs sont tiraillés entre soutien aux candidats pan-démocrates traditionnels et jeunes figures politiques issues de partis plus radicaux. Une alternative qui pourrait conduire les démocrates à recueillir moins d’un tiers des sièges au Conseil législatif hongkongais (Legco) – ce qui les priverait de leur droit de veto, et laisserait toute latitude aux pro-Pékin en faveur de réformes controversées. C’est la conséquence du « mouvement des parapluies » qui avait secoué les rues de l’ex-colonie britannique en 2014. Si les manifestants n’avaient pas obtenu gain de cause – en faveur d’élections plus libres – le mouvement s’est institutionnalisé sous la forme de nouveaux partis politiques demandant une plus grande autonomie vis-à-vis de Pékin et le respect de « la culture et de l’identité hongkongaises ». Certains se positionnent même en faveur d’une sécession.
Le débat sur l’indépendance hongkongaise n’est d’ailleurs pas l’apanage de ces nouveaux partis. Voilà maintenant deux jours que le sujet est au coeur d’une polémique dans les écoles, après que des militants lycéens ont distribué des prospectus pro-sécession dans leurs établissements (voir notre revue de presse du 1er septembre). Le chef de l’exécutif C. Y. Leung et le secrétaire pour l’Education Eddie Ng Hak-kim avaient alors déclaré qu’il n’existait « aucun espace pour débattre » du sujet puisque la sécession est contraire à la loi fondamentale hongkongaise. Néanmoins, ce vendredi 2 septembre, une voix dissonante s’est élevée au sein du gouvernement : celle de Bernard Chan, conseiller exécutif. Lors d’une interview avec le média RTHK relayée par le South China Morning Post, il a ainsi déclaré : « Si vous interdisez aux personnes de débattre [sur l’indépendance], ils pourront tout de même le faire en privé, ce qui risque d’alimenter la désinformation. » D’après lui, les écoles doivent être libres d’organiser de telles discusssions si les élèves sont en âge de les apprécier et d’en compendre les enjeux.

Asie du Sud

Firstpost – C’est un nouveau coup porté au système judiciaire pakistanais. Après les dizaines d’avocats tués lundi 8 août à l’hôpital civil de Quetta, c’est au tour de la cour de justice de Mardan, dans la province de Khyber Pakhtunkhwa, d’être frappée par un attentat-suicide. D’après le site indien Firstpost, l’assaillant s’est présenté tôt devant le bâtiment ce vendredi 2 septembre au matin, lorsqu’il a lancé des grenades puis a déclenché sa ceinture d’explosifs. Selon Reuters, le bilan s’élève à au moins 12 morts et 52 blessés donc des avocats, des policiers et des civils. Plus tôt dans la matinée, quatre individus ont opéré des « tirs indiscriminés » dans un quartier chrétien de Peshawar (dans la même province) avant d’actionner, eux aussi, leur ceinture d’explosifs. Il avaient été cernés par les forces de l’ordre. Un civil a été tué par les tirs terroristes. Ces deux attaques ont été revendiquées par le Jamaat-ul-Ahrar, mouvance djihadiste issue des Talibans pakistanais dont elle scissionné, rapporte le quotidien Dawn.
The Hindu – En Inde, la grève nationale n’a pas eu l’effet escompté. Organisée par dix syndicats, la grève qui s’est déroulée ce vendredi 2 septembre à travers le pays n’est pas parvenue à mobiliser les foules, rapporte le journal The Hindu. Si elle a mobilisé les syndicats, elle n’a cependant pas convaincu les ouvriers selon le ministère du Travail. La grève d’une journée avait notamment pour objectif l’augmentation du salaire minimum et la mis en place d’une sécurité sociale pour les secteurs non-organisés. « L’impact de la grève nationale a été minime dans la plupart des États », a déclaré un représentant du ministère du Travail. Les industries ont été touchées par la fermeture d’établissements dans seulement quelques Etats comme le Kerala, le Tripura et le Telangana. »
En effet, selon le Times of India, ces trois Etats se sont particulièrement mobilisés, avec la fermeture des écoles, des transports et des entreprises. Des débordements ont nécessité l’intervention des forces de l’ordre. La grève nationale a principalement mobilisé les secteurs bancaire et du charbon. Pour M. Venkaiah Naidu, ministre de l’Union, « la grève d’aujourd’hui est illogique. Le gouvernement a augmenté le salaire minimum de 42% ». Les syndicats s’opposent aux réformes du droit du travail, qu’ils considèrent pro-capitalistes et unilatérales, indique le quotidien indien.
The Indian Express – Changement de programme pour le Cachemire indien. Le couvre-feu a été remis en place ce vendredi 2 septembre dans le district de Srinagar seulement 4 jours après avoir été levé dans la vallée. Il s’agit d’une mesure préventive prise pour anticiper les rassemblements de fidèles pour la prière. Selon un officier de police, d’autres villes se sont vues réimposer le couvre-feu, dont Anantnag, Pulwama, Kulgam, Shopian, Baramulla et Pattan. Le gouvernement craint en effet l’explosion de violences après les prières du vendredi.
La vallée du Cachemire avait été touchée par de violentes manifestations à la suite du meurtre le 8 juillet dernier de Burhan Wani, commandant du groupe séparatiste Hizbul Mujahideen. Un couvre-feu et de nombreuses restrictions avaient donc été mises en place pour mettre fin aux violences (voir notre revue de presse du 12 août). Le couvre-feu avait ensuite été levé après une « amélioration de la situation » dans la région (voir notre revue de presse du 29 août).

Asie du Sud-Est

Myanmar Times – La rupture est consommée. Après avoir annoncé leur retrait de la « Conférence de Panglong du XXIe siècle » en Birmanie, les représentants de l’Armée unie de l’Etat Wa (UWSA) ont quitté Naypyidaw ce vendredi 2 septembre. En cause : une « erreur technique » de la part des organisateurs du sommet, ayant conduit à la « rétrogradation par indavertance » des représentants de l’UWSA au rang « d’observateurs » – et non plus de « participants à part entière », comme cela avait été convenu. Pourtant, leur présence à la conférence était déjà interprétée comme un signal fort en faveur de la paix en Birmanie dans la mesure où ce groupe ethnique armé, le plus puissant du pays d’après le Myanmar Times, contrôle de façon « quasi-autonome » une partie de l’Etat Shan (à l’est du pays). Son refus constant de participer à tout dialogue politique avait pu être déjoué grâce à « l’ouverture du gouvernement » et à la pression de Pékin – l’UWSA étant considérée comme « pro-chinois ».
Le négociateur pour le gouvernement, U Khin Zaw Oo, explique au quotidien birman : « Il s’agit d’une incompréhension. Les leaders de l’USWA ne savaient pas qu’ils devaient entrer en contact avec le représentant pour les groupes ethniques armés pour se voir délivrer une carte de participant. […] Je leur ai donc distribué des cartes d’observateurs afin qu’ils puissent au moins accéder au sommet en leur expliquant que la situation pourrait s’arranger l’après-midi même. » Les excuses et les justifications n’auront pas suffi à les retenir à la capitale birmane. Pour autant, pas question de se laisser déstabiliser par cette déconvenue : « La conférence de Panglong ne doit pas pâtir de leur départ », a conclu U Khin Zaw Oo.
The Japan Times – Najib Razak trahi par son propre camp. Lors d’une interview à la BBC, un ministre du gouvernement malaisien a confirmé ce jeudi les rumeurs : le Premier ministre est bel et bien le « Malaysian Official 1 » mentionné dans la poursuite judiciaire du département américain de la Justice autour du scandale financier du 1Malaysia Development Berhad -1MDB (voir notre revue de presse du 20 juillet). Rahman Dahlan, ministre de l’Urbanisme, du Logement et du Gouvernement local ainsi que directeur de la Communication pour la coalition au pouvoir Barisan Nasional, a déclaré, selon le Japan Times : « C’est évident que le soi-disant ‘Malaysian Official 1’ dont le département de Justice des Etats-Unis fait allusion est notre Premier ministre. » Il a cependant affirmé que le Najib Razak n’était pas visé par l’enquête américaine.
La justice américaine a déjà saisi plusieurs biens financés par le détournement de fonds 1MDB, dont des biens immobiliers à Manhattan, à Beverly Hills et à Londres, un jet privé, ou encore des oeuvres d’art. Cette identification pourrait raviver les appels à la démission de Najib Razak. Lim Kit Siang, l’un des leaders de l’opposition a déclaré : « Le Premier ministre doit purger et nettoyer la réputation de la Malaisie de kleptocratie mondiale. »
The Jakarta Post – Rodrigo Duterte l’aurait échappé belle. La police philippine a annoncé hier jeudi 1er septembre lors d’une conférence de presse avoir déjoué un complot visant à assassiner le président, selon le Jakarta Post. Grâce à une source des renseignements américains, deux passeurs d’armes qui transportaient des fusils des Etats-Unis aux Philippines ont été arrêtés début août.
Selon les contrebandiers, ces armes, commandées par un client, étaient destinées à assassiner Duterte. Ernesto Abella, porte-parole présidentiel, a tenu à rassurer les supporters de l’homme politique, qui est « préoccupé, mais pas inquiet ». « Il mange des menaces de mort pour le petit-déjeuner, a déclaré Abella lors d’une conférence de presse. Je veux dire par là que ce n’est pas quelque chose de nouveau pour lui. C’est une position très héroïque car il comprends vraiment qu’il y a déjà une guerre sur plusieurs fronts – guerre contre les drogues, guerre contre le terrorisme et guerre contre le crime. »
Par Alexandre Gandil, Joris Zylberman, Myriam Sonni et Marie Bonnamy

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