Guerre de propagande coréenne, généraux philippins accusés et remaniement ministériel indien
Asie du Nord-Est
C’est à l’occasion d’un forum tenu par des think tanks américains et chinois mardi dernier que Dai Bingguo, conseiller d’État et diplomate à Washington, s’est clairement exprimé sur le sujet : la décision qui sera prise mardi prochain n’est rien « qu’un morceau de papier ».
La Chine estime en effet que l’affaire ne relève pas de la juridiction de la Cour permanente d’arbitrage. Le conflit territorial devrait, d’après elle, se régler par des négociations directes entre les deux pays sans l’intermédiaire d’une tierce partie. Cet arbitrage, demandé par les Philippines, intervient dans le contexte de la poldérisation de récifs et de la construction d’infrastructures lourdes par la Chine dans des archipels de mer de Chine méridionale, revendiqués par les deux pays.
Le conseiller d’État a également affirmé, faisant référence aux séries de patrouilles effectuées par les États-Unis dans la région, que : les « Chinois, ne seront pas intimidés par les actions américaines, même si les États-Unis envoient leurs dix porte-avions en mer de Chine méridionale. »
Au cours de la conférence, Leung Chun-ying n’a pas abordé l’affaire concernant Lam Wing-kee, ce libraire enlevé en octobre dernier après avoir passé la frontière à Shenzhen (voir notre Revue de presse du 17 juin). Les autorités chinoises avaient alors fait part de la détention de Lam en février, soit quatre mois après son arrestation. Cette affaire avait défrayé la chronique le mois dernier, lorsque le libraire était rentré et avait raconté avoir vécu « huit mois de torture mentale ». Le chef de l’exécutif a seulement indiqué que les autorités chinoises étaient en contact avec sa délégation et que la police de Hong Kong poursuivait l’enquête.
Au-delà de la notification qui doit s’effectuer dans les quatorze jours, les autorités se sont accordées pour mettre en place une meilleure coopération et un échange d’informations accru dans le futur « à travers de nouveaux canaux de communication ». Une seconde réunion de travail devrait se tenir plus tard ce mois-ci.
L’annonce a été très mal perçue côté nord-coréen. « La Corée du Sud et les États-Unis seront punis en conséquence s’ils continuent leurs provocations le long de la frontière », a averti le régime de Kim Jong-un dans une lettre ouverte, selon des propos rapportés par un autre article du Korea Herald.
Après avoir mis un terme aux opérations de déstabilisation psychologique à l’issue d’un accord en 2004, Séoul a repris cette vieille stratégie l’année passée, rappelle le Korea Herald, alors que la Corée du Nord avait blessé deux soldats sud-coréens à la frontière. Actuellement, l’armée sud-coréenne dispose de 11 haut-parleurs le long du 38ème parallèle. Avec 20 haut-parleurs, les messages pourront être entendus à plus de 10 kilomètres.
Cette stratégie de guerre psychologique a pour but de faire monter la pression. Depuis des années les deux Corées s’opposent ainsi régulièrement de chaque côté de la DMZ : du Nord viennent de la musique militaire et des louanges du régime, et du Sud, des messages de démocratie mais aussi de la musique américaine et de la K-pop.
Asie du Sud-Est
Ces deux attentats revendiqués par des individus liés à Daech, font suite à un appel du porte-parole de l’organisation État Islamique, Abu Muhammad Al-Adnani. Celui-ci a en effet ordonné aux membres du groupe dans une récente vidéo de faire de ce Ramadan, « un mois de calamité partout pour les non-croyants ». (voir notre Revue de presse du 5 juillet)
Pour Sidney Jones, directeur de l’institut pour l’Analyse politique des conflits basé à Jakarta, ces deux attentats constituent une preuve de l’accroissement de l’influence de Daech dans la région et doivent tirer le signal d’alarme. Il conseille d’ailleurs une coopération inter-agences et une vigilance accrues.
Le porte-parole de la chambre indonésienne des Représentants, Ade Komarudin, cité par le site de l’hebdomadaire Tempo, a de son côté déclaré que l’attentat de Surakarta devait être considéré comme un signal clair de reconsidérer la Loi sur le terrorisme. « L’éducation notamment, a-t-il précisé, doit jouer un rôle important. »
La Birmanie, qui a ratifié la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) en 1997, assure pourtant, au contraire, que ces lois introduites en 2015 par le gouvernement de Thein Sein les protègent. Soe Kyi, directeur général du département de la Protection sociale, a confirmé au Myanmar Times que le gouvernement n’avait « pas le projet » d’abroger ces lois, très critiquées par de nombreux groupes de défense des droits des femmes : « Elles ne pouvaient forcément pas plaire à tout le monde. Il y aura toujours des gens pour ne pas apprécier une loi. »
Durterte a ensuite exigé que des enquêtes soient menées par le nouveau chef de la police nationale, Ronald de la Rosa, et que les deux chefs de police toujours actifs, le général Joel Pagdilao et le général Edgardo Tinio, soient relevés de leur poste. Ces derniers ont immédiatement nié les accusations, et cherchent à blanchir leur nom, révèle le site Inquirer.
Joel Pagdilao et Edgardo Tinio ont affirmé à la presse être prêts à se soumettre aux investigations de la police. En revanche, Tinio a déclaré qu’il ne reprendrait pas sa fonction : « Après que mon nom aura été blanchi, je prendrai une retraite anticipée ». Rodrigo Durterte, investi président la semaine dernière (voir notre Revue de presse du 30 juin 2016), a été félicité par ses soutiens politiques pour cette initiative non conventionnelle.
Asie du Sud
En effet, parmi les cinq ministres qui ont démissionné hier matin, on compte Nihalchand Meghwal, accusé d’un crime de haine, et Rama Shankar, au centre d’une controverse après avoir évoqué une « safranisation nécessaire de l’éducation » [safranisation est un néologisme indien désignant la politique des hindouistes radicaux, NDLR]. De son côté, Smriti Irani [ancienne favorite de Modi et discréditée par plusieurs mensonges concernant son CV, NDLR] perd le prestigieux ministère du Développement des ressources humaines au profit de Prakash Javadekar, un transfert de portefeuille qui intervient après une accalmie dans l’affaire des universités de Jawaharlal Nehru et Hyperabad. Irani devra se consoler avec le ministère du Textile, rapporte de son côté le quotidien Indian Express.
Selon The Hindu, lundi 4 juillet au soir, une note du gouvernement précisait que les portefeuilles avaient été choisis en fonction du mérite : « Ceci marque la fin d’un système qui fonctionnait avec de fréquents changements basés sur les castes, religions et autres considérations politiques du moment. » Pourtant, le nouveau gouvernement ressemble à s’y méprendre aux anciennes listes, qui maintenaient un équilibre entre castes et religions, analyse The Hindu. Plus de la moitié des 19 nouveaux ministres proviennent de communautés « défavorisées » (cinq Dalit – ou Intouchables, trois tribales et deux autres). Pour l’Indian Express, ce remaniement aura pour conséquence un combat électoral terrible dans les États de l’Uttar Pradesh et du Gujarat, où les castes jouent un rôle majeur.
La raison de son absence est en effet une opération à cœur ouvert à Londres le 31 mai dernier (voir notre Revue de presse du 31 mai). Depuis, aucune information officielle n’a été communiquée sur son état de santé ni sur son retour.
En son absence, sa fille Maryam Nawaz, gère les affaires du cabinet, recevant notamment les dignitaires étrangers.
Face à cette situation, le président du Parti du peuple pakistanais, Bilawal Zardari-Bhutto, s’interroge : le Gouvernement pourrait-il légalement prendre des décisions alors que le Premier ministre se trouve à l’étranger ?
Le terroriste suspecté de l’attaque de Dacca avait subitement disparu en décembre 2015, pendant un voyage en Inde avec sa femme, laissant trois enfants derrière lui. Plusieurs suspects sont issus de milieux favorisés. Cette tendance au djihadisme est considérée comme « un phénomène de mode » a déclaré le ministre bangladais de l’Intérieur (voir notre Revue de presse du 5 juillet 2016). Imtiaz Khan Babul a également affirmé avoir rencontré au cours de ses recherches de nombreuses familles dans le même cas que lui.
Le Bangladesh nie cependant toute présence de l’organisation État islamique sur son territoire.
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