Revue de presse Asie - 30 juin 2016

Duterte investi président, mer de Chine du Sud et missile indien

Le président Rodrigo Duterte a prêté serment ce jeudi 30 juin. Dans son discours d'investiture, il promet de respecter l'Etat de droit. Copie d'écran du Philippine Star, le 30 juin 2016.
Le président Rodrigo Duterte a prêté serment ce jeudi 30 juin. Dans son discours d'investiture, il promet de respecter l'Etat de droit. Copie d'écran du Philippine Star, le 30 juin 2016.

Asie du Sud-Est

The Philippine Star – Elu le 9 mai dernier, Rodrigo Duterte a prêté serment aujourd’hui, jeudi 30 juin. Dans son discours d’investiture à la présidence du pays, Rodrigo Duterte a déclaré qu’il respecterait l’Etat de droit dans son combat contre la criminalité. Déjà célèbre pour ses propos controversés, celui que de nombreux observateurs ont surnommé le « Trump philippin » a reconnu qu’il connaissait les limites de son autorité en tant que président. « Je sais qu’il y a des personnes qui n’approuvent pas mes méthodes pour lutter contre le crime. Ils disent que celles-ci ne sont pas orthodoxes et à la limite de la légalité, » a-t-il reconnu. L’ancien maire de Davao City, surnommée le « Petit Nicaragua » pour son exceptionnel taux de criminalité, a tenté de rassurer le Congrès philippin, ainsi que la Commission des droits de l’homme des Nations unies : « Je sais ce qui est légal et ce qui ne l’est pas. »

Le président des Philippines a également annoncé son intention de poursuivre les négociations de paix avec le Front Moro islmaique de Libération sur l’île de Mindanao. A la fin de son discours, Duterte a tenu a rappeler son engagement pour les Philippines : « Pourquoi suis-je ici ? Parce que j’aime mon pays et j’aime les Philippins. »

Pour en savoir plus sur Rodrigo Duterte, lire notre article « Philippines : Duterte, président paralysé ou « dictateur éclairé » ? »

Myanmar Times – Dans un communiqué diffusé hier soir, mercredi 29 juin, le ministère birman des Affaires étrangères a annoncé que le gouvernement prévoyait de rapatrier près de 200 réfugiés actuellement en Thaïlande. Sans donner plus de détails sur l’origine ethnique de ces réfugiés, ni sur le lieu de rapatriement, le communiqué précise que les 200 personnes concernées ont choisi ce retour : « Il y a actuellement 196 migrants qui ont exprimé le désir de rentrer en Birmanie. Le gouvernement enverra bientôt une délégation pour entamer le processus de vérification de citoyenneté birmane. » Le ministère birman des Affaires étrangères a cependant reconnu que l’opération pourrait prendre un certain temps… Une fois le processus terminé, ceux qui auront été reconnus citoyens birmans se verront délivrer un passeport, qui leur permettra de passer la frontière.

La semaine dernière, la conseillère d’Etat et ministre des Affaires étrangères Aung San Suu Kyi rencontrait ses homologues thaïlandais. Les deux gouvernements s’étaient alors accordés pour coopérer dans le rapatriement des migrants et sans-papiers birmans. Lors d’une conférence de presse, la « Dame de Rangoun » avait également annoncé que son gouvernement assumerait la responsabilité des citoyens birmans vivant en Thaïlande.

Plus de 110 000 Birmans vivent actuellement sur le sol thaïlandais, rappelle le Myanmar Times. La plupart de ces réfugiés sont issus des minorités ethniques et ont fui les combats entre les groupes ethniques armés et les forces gouvernementales birmanes.

Malaysiakini – L’affaire est retentissante en Malaisie car elle secoue l’échiquier politique national. Aujourd’hui jeudi 30 juin, s’est tenue l’audience préliminaire du ministre en Chef de l’Etat de Penang, inculpé pour corruption. Egalement secrétaire général du parti d’opposition Democratic Action Party (DAP), Lim Guan Eng est accusé d’avoir réaménagé un terrain agricole en terrain à usage commercial. Il est poursuivi en parallèle pour l’acquisition d’un bungalow à Jalan Pinhorn en dessous du prix du marché le 28 juillet 2015.

Dès ce matin 8 heures, heure locale, des sympathisants se sont réunis devant la Cour de justice de Penang. D’après Malaysiakini, à 11 heures, 1 000 personnes scandaient le nom du ministre en chef. Le conseiller municipal Statees Muniandy s’en est pris à la police qui selon lui, empêche les sympathisants d’entrer dans la salle d’audience. Il s’indigne : « Quelle loi vous permet de nous empêcher d’entrer dans le tribunal ? » Et la police de répondre : « On peut empêcher qui on veut d’entrer ici. » Lim Guan Eng peut également compter sur le soutien de certains membres du DAP qui ont passé la nuit devant le bâtiment de la Commission anticorruption, nous apprend le Malaysiakini.

Lim Guan Eng a plaidé non coupable. Le procès devrait se tenir le 22 septembre. Le ministre en chef encourt 20 ans de prison, conformément à la Loi anticorruption de 2009, uniquement pour le premier chef d’accusation.

Asie du Nord-Est

South China Morning Post – La Chine a d’ores et déjà annoncé qu’elle n’accepterait pas l’arbitrage du tribunal international. C’est à La Haye, aux Pays Bas, que doit être arbitré le conflit en mer de Chine du Sud entre Pékin et Manille. Le jugement doit intervenir le 12 juillet, annonce le South China Morning Post. « La Cour permanente de la Haye n’a aucune juridiction en la matière et ne devrait pas traiter cette affaire », a déclaré Hong Lei, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

A travers un éditorial du Quotidien du Peuple, organe officiel du PC chinois, le gouvernement avertit la communauté : « La Chine n’accepte pas les arbitrages illégaux, et est bien préparée à défendre sa souveraineté territoriale et maritime en mer de Chine du Sud avec des actions fermes et affirmées. »

Les Philippines ont saisi la Cour internationale de La Haye il y a trois ans, rappelle le South China Morning Post, pour « clarifier leurs droits économiques » en mer de Chine méridionale. Manille s’appuie sur la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM) pour remettre en question la « ligne en 9 traits » de la Chine, sur laquelle elle s’appuie selon une carte chinoise datant de 1947 pour revendiquer la quasi-globalité de la zone maritime. Pour Pékin, la CNUDM ne devrait pas être habilitée à statuer sur les revendications territoriales.

La Chine affirme être soutenue par 47 pays et voit l’action des Philippines comme une « décision audacieuse ». De son côté, le nouveau président philippin investi ce jeudi 30 juin, Rodrigo Duterte, a déclaré qu’il attendait le verdict de la Cour internationale pour se prononcer.

Korea Herald – Kim Jong-un affirme encore plus son leadership sur la Corée du Nord. Le « Chef suprême » est désormais le président de la Commission des affaires de l’Etat. Cette commission a été créée à l’occasion de la session parlementaire de l’Assemblée suprême du peuple hier mercredi 29 juin, rapporte le Korea Herald. Elle remplace la Commission nationale de défense, que son père Kim Jong-il avait créée et Kim Jong-un présidait également.

« Avec ce nouveau titre, le leader nord-coréen renforce son leadership à un niveau semblable à celui de son père et de son grand-père », affirme un analyste. Profitant de cette session parlementaire, Pyongyang a aussi réaffirmé son intention de développer l’arme nucléaire tout en relançant l’activité économique moribonde du pays, avance le . Une double politique plus communément appelée « byeongjin« . Séoul et Washington ont averti que cette double politique était un « cul de sac », avance le quotidien sud-coréen.

En mars dernier, le Conseil de Sécurité des Nations unies a accentué ses sanctions à l’encontre du régime nord-coréen après un quatrième essai nucléaire. La semaine dernière, Pyongyang a annoncé le lancement réussi d’un missile ballistique de moyenne portée, ayant la capacité d’atteindre les forces américaines dans le Pacifique.

Mainichi Shimbun – Le Japon semble toujours plus accablé par le vieillissement de sa population. Une étude du gouvernement publiée hier mercredi 29 juin montre qu’un Japonais sur quatre est âgé de 65 ans ou plus. Les séniors sont 33,4 millions, représentant 26,7% de la population, rapporte le Mainichi. Jamais ce chiffre n’avait été si élevé depuis 1920 et les débuts des enquêtes menées par le gouvernement.

En 2010, les plus de 65 ans représentaient 23% de la population nippone. En Italie, ils sont, 22,4% et 21,2% en Allemagne, compare le quotidien japonais. Dans le même temps, la part des moins de 14 ans a diminué de 0,5% pour s’établir à 12,7% de la population totale. On recense le plus de séniors dans la préfecture d’Akita, 33,5%, précise le Mainichi.

32,3% des Japonais vivent seul, indique également l’étude. « De plus en plus de personnes âgées vivent seules après le décès de leur conjoint(e) », lance le quotidien japonais pour justifier ce chiffre record.

Asie du Sud

Firstpost – Nouveau test et nouvelle réussite pour New Delhi. L’Inde a testé ce jeudi 30 juin un missile sol-air dans une base militaire de l’Etat d’Odisha, dans l’est du pays. « Ce test a été un grand succès, nous avons atteint tous nos objectifs », s’est félicité un responsable de la section recherche et développement de la Défense. L’engin a intercepté une cible aérienne en mouvement au-dessus de la baie du Bengale. « Le missile couplé au radar d’alerte multifonctionnel (MF STAR) permettra à l’utilisateur de neutraliser n’importe quelle menace aérienne », explique un scientifique du département de recherche.

Ce missile à moyenne portée, développé en collaboration avec Israël, peut frapper des cibles situées à 70 kilomètres. Une nouvelle arme qui permet à l’Inde de compléter son arsenal. Récemment, une usine a été construite et devrait produire 100 missiles sol-air à longue et moyenne portée par an. Le 30 décembre 2015, la marine indienne avait testé avec succès un missile sol-air longue portée (LR-SAM), rappelle Firstpost.

Dawn – Le Pakistan semble prendre le contre-pied de l’Inde. Contrairement à son voisin, Islamabad refuse de rejoindre le Régime de contrôle des missiles (MTCR), malgré son « intérêt profond pour l’organisation », affirme Dawn. Le quotidien pakistanais rappelle également que le 27 juin, l’Inde est devenu le 35e membre du MTCR. Une adhésion qui renforce les « efforts internationaux pour limiter la prolifération des armes de destruction massive », avait déclaré le président de l’organisation, Piet de Klerk.

Si une adhésion au MTCR « pemettrait au Pakistan de se doter d’armes de pointes », Islamabad ne semble guère convaincu par l’utilité de rejoindre l’organisation. Surtout que le Pakistan détient « ses propres missiles pour assurer sa sécurité », affirme un officiel pakistanais. D’autres pays commencent à remettre en cause une adhésion au MTCR. La Chine, candidate depuis 2004, aurait des doutes sur la capacité du MTCR à assurer sa mission, avance le quotidien.

Mais des « facteurs géopolitiques et stratégiques » entrent également en compte. Pour le quotidien pakistanais, l’Inde voudrait se servir de l’adhésion au MTCR comme un moyen de pression sur la Chine pour intégrer le Groupe des fournisseurs de nucléaires (NSG) que l’Inde cherche à rejoindre.

Hindustan Times – Elles attendaient cela depuis plus d’un an. L’équivalent de 1 000 euros devrait être alloué à chaque famille népalaise pour la reconstruction de son logement, annonce le Hindustan Times. L’aide devrait intervenir en deux temps. Le deuxième versement devrait avoir lieu après la fin des constructions.

Le 25 avril 2015, un séisme avait fait près de 9 000 morts et détruit plus de 800 000 habitations. Des milliers de foyers vivent encore dans des abris temporaires, rappelle le quotidien. Seuls quelque 13 000 foyers ont reçu une partie de l’aide pour la reconstruction, affirme de son côté ABC News. Le Népal estime à 7,86 milliards de dollars le montant total de la reconstruction. Plus de la moitié des fonds a été débloquée par des gouvernements étrangers ou des assiociations humanitaires. Les autorités népalaises ont reçu de vives critiques pour avoir tardé à mettre en place le plan de reconstruction, conclu ABC News.

Par Joris Zylberman, Liu Zhifan et Jeremy Masse

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