Revue de presse Asie - 5 juillet 2016

Dirigeant chinois condamné à perpétuité, Daech en guerre et réformes indiennes

Ling Jihua, ancienne figure éminente du PC chinois, vient d'être définitivement écarté du pouvoir. Copie d'écran du South China Morning Post, le 5 juillet 2016.
Ling Jihua, ancienne figure éminente du PC chinois, vient d'être définitivement écarté du pouvoir. Copie d'écran du South China Morning Post, le 5 juillet 2016.

Asie du Nord-Est

South China Morning Post – C’est la chute d’une « ex-étoile montante du PC [chinois] ». L’opération « mains propres » aura eu raison de Ling Jihua, ancien conseiller du président Hu Jintao (2003-2013) et « chef d’Etat-major » de son administration. Accusé de corruption, d’obtention illégale de secrets d’Etat et d’abus de pouvoir, Ling Jihua a été condamné à la prison à vie le 7 juin dernier lors d’un procès « secret » tenu à Tianjin. L’information n’a été dévoilée qu’hier lundi 4 juillet par les médias d’Etat. Quelques jours plus tôt, lors de son discours pour les 95 ans du PC chinois, l’actuel président Xi Jinping avait enjoint les cadres du PC à « rester fidèles a l’idéologie du parti », ainsi qu’à « rester droits et fermes », rappelle le South China Morning Post. Le quotidien souligne par ailleurs que la chute de Ling Jihua ne s’est pas faite en un jour : elle remonte à l’accident de voiture mortel de son fils, Ling Gu, en 2012. Deux jeunes femmes, l’une nue et l’autre à moitié vêtue, avaient été retrouvées dans l’épave de sa Ferrari.
Mainichi Shimbun – Les corps des sept victimes japonaises de l’attentat de Dacca ont été transférés à Tokyo ce matin, mardi 5 juillet, accompagnés de leurs proches. Transportés par un avion du gouvernement, ils ont notamment été accueillis à l’aéroport par Fumio Kishida, le ministre des Affaires étrangères, et Rabab Fatima, l’ambassadeur du Bangladesh au Japon. En hommage aux victimes, ceux-ci ont déposé une gerbe de fleurs sur les cercueils des défunts et marqué un moment de silence.

Le gouvernement nippon va proposer aux proches des défunts une indemnisation financière et un soutien psychologique, a promis Fumio Kishida. Tamaoki Watanabe, le seul survivant japonais de l’attaque, a quant à lui été transféré à un hôpital de Tokyo ce mardi 5 juillet. Le chef de la diplomatie nipponne Kishida lui a transmis un message de soutien de la part du couple impérial.

Suite à l’attentat de Dacca, la police japonaise a formé une unité spéciale, note le Mainichi Shimbun. Lors d’un conseil des ministres, Shinzo Abe a déclaré qu’il ne céderait pas face au terrorisme.

Hankyoreh – Atteinte aux libertés ou sanction justifiée ? Han Sang-gyun, leader de la Confédération coréenne des syndicats, a été condamné à 5 ans de prison et 500 000 won (388 euros) d’amende. Une sanction qui porte en particulier sur le rassemblement pour « l’indignation populaire » 14 novembre 2015. L’avocat du syndicaliste a rappelé la violence de la répression ce jour-là. Un fermier de 69 ans du nom de Baek Nam-gi avait été grièvement blessé par les tirs de canon à eau. Il est toujours dans le coma aujourd’hui. Mais le tribunal a condamné la « sévérité de la violence » des manifestants : « Ils tiraient les bus de police avec des cordes et tentaient de mettre le feu à des véhicules. » Des actes qui selon les magistrats auraient été incités par Han Sang-gyun. Selon le journal sud-coréen, c’est la condamnation de syndicaliste « la plus sévère depuis la démocratisation du pays en 1987 ». La dernière peine de prison à l’encontre d’un président de la Confédération coréenne des syndicats datait de 2003. Dan Byeong-ho avait écopé de 18 mois d’incarcération après une manifestation.

Asie du Sud-Est

The Straits Times – La propagande du groupe Etat islamique en Asie du Sud-Est s’intensifie. Dernière preuve en date : la diffusion d’une vidéo dans laquelle un militant de Daech s’exprime dans un mélange d’indonésien et d’arabe, déclarant la guerre au « Nusantara » – le terme utilisé par les Indonésiens pour désigner leur archipel, mais aussi une partie de la Malaisie, note le Straits Times. « Sachez-le, déclare-t-il aux gouvernements de Jakarta et de Kuala Lumpur, nous ne sommes plus vos citoyens, nous nous sommes libérés de vous. […] Avec Sa permission et Son assistance, nous reviendrons dotés d’une force militaire que vous ne pourrez combattre. […] C’est la promesse qu’Allah nous a faite. » La vidéo se poursuit avec un autodafé de passeports étrangers (dont les malaisiens sont reconnaissables, note le quotidien singapourien) et des chants religieux d’enfants dans une salle de classe.

Cette nouvelle provocation intervient au lendemain de la confirmation par la police malaisienne du premier attentat commis par Daech dans le pays (voir notre revue de presse du 4 juillet). Aujourd’hui mardi 5 juillet, c’est au tour des Malaisiens eux-mêmes de réagir et d’exprimer leur colère à propos de l’attaque contre la boîte de nuit de Puchong, qui avait fait 8 blessés le 28 juin dernier. Channel News Asia rapporte par exemple les propos d’une habituée du club, âgée de 27 ans : « On a l’habitude de sortir dans des endroits comme ça tous les vendredis et samedis soirs, mais maintenant on a peur de retourner au Movida Puchong [le club frappé par l’attaque], comme dans tout autre endroit similaire. » Et un adjoint de direction d’ajouter : « On n’aurait jamais pensé avoir à subir ça dans un pays musulman moderne. Personne n’est en sécurité. » Les autorités malaisiennes craignent également que l’attentat n’ait un impact sur le tourisme, l’un des piliers économiques du pays.

The Jakarta Post – Six mois après l’attaque de Jakarta, un nouvel attentat-suicide frappe l’Indonésie. Un motard, qui tentait de forcer un barrage de police, s’est fait exploser dans la ville de Surakarta, sur l’île de Java. Décédé, il a seulement blessé l’officier qui tentait de s’interposer. Si l’attaque n’a pas encore été revendiquée, les renseignements indonésiens sont certains qu’elle a été perpétrée par Daech, indique le Jakarta Post dans un autre article. Le chef des renseigments explique que plusieurs sympathisants du groupe Etat islamique ont déjà été localisés aux alentours de Surakarta. En outre, une telle attaque ferait résonnance avec la « stratégie globale » du groupe terrorriste, qui a récemment annoncé de prochaines attaques hors de Syrie et d’Irak.
Bangkok Post – Quitte ou double. La junte militaire met en garde les Thaïlandais : pas question de prendre exemple sur les Britanniques au lendemain du Brexit. Somchai Srisutthiyakorn, membre de la Commission électorale, a appelé les partis politiques à « accepter le référendum et son résultat », quel qu’il soit, et ne pas imiter le Royaume-Uni où les mécontents du Brexit ont manifesté et ont appelé à organiser un nouveau référendum. « Ce n’est pas ainsi que les référendums doivent fonctionner », affirme-t-il au Bangkok Post. Les procédures autour du scrutin organisé le 7 août prochain sont fortement critiquées par la société civile et certains partis politiquesd’opposition, qui dénoncent des infractions à la liberté d’expression. Notamment avec la mise en place de « centres de maintien de la paix », chargés de surveiller et d’empêcher l’opposition au référendum (voir notre revue de presse du 4 juillet). Somchai Srisutthiyakorn rappelle que si le peuple thaïlandais refuse ce projet de Constitution, une nouvelle équipe sera mise en place pour rédiger un nouveau projet. Mais cette fois, il sera directement proposé au Roi Bhumibol, pour « permettre la tenue d’élections générales, comme convenu, l’année prochaine ».
Myanmar Times – Voilà une querelle sémantique cruciale pour la paix ethnico-religieuse en Birmanie. Le gouvernement régional de l’Arakan tente d’apaiser les tensions. Tandis qu’Aung San Suu Kyi et ses ministres ont parlé de « communauté bouddhiste de l’État d’Arakan », après les manifestations anti-musulmanes de ce dimanche 3 juillet (voir notre revue de presse du 4 juillet), l’administration locale évoque simplement une « ethnie arakanaise ». Et elle temporise sur l’appellation des Rohingya, dont le terme sera communiqué « dans les prochains jours ».

Tandis que le nouveau gouvernement parle de « communité musulmane de l’Arakan », les bouddhistes nationalistes n’acceptent que le terme de « Bengalis ». Un mot qui évoque l’origine bangladaise de cette ethnie et qui confirme les Rohingya dans un statut d’étrangers en Birmanie.

Asie du Sud

First Post – Offensive avant la victoire ou baroud d’honneur ? Le Premier ministre indien passe à la vitesse supérieure pour faire passer sa réforme fiscale, à laquelle fait barrage le parti du Congrès. Cette loi, intitulée Goods and Services Tax (GST), vise à mettre en place un système de taxation harmonisé qui engloberait toutes les taxes indirectes en une seule. L’objectif affiché est d’uniformiser la fiscalité et de réduire les distortions liées aux variations entre Etats, souligne le Firstpost.

« Dans les Etats comme l’Uttar Pradesh, le Bihar et le Bengale-Occidental, la population sera le plus gros bénéficiaire, a déclaré Narendra Modi. Ainsi, je ne pense pas qu’un quelconque parti politique essayera de commettre un suicide en s’opposant au GST. » Le dirigeant nationaliste a désespérément besoin que cette réforme fiscale, la plus importante depuis une décennie, passe pour faire taire les critiques. Les autres partis d’opposition ont donné leur feu vert : la stratégie du leader du BJP consiste donc à isoler le parti du Congrès, en l’accusant de faire fi de l’intérêt national. Pourtant, Firstpost rappelle que le BJP s’est longtemps opposé à toute réforme fiscale lorsque le Congrès était au pouvoir.

Cette offensive s’ajoute à un remaniement ministériel, présenté ce mardi 5 juillet, pour porter cette nouvelle réforme d’envergure, rapporte le Times of India. Le Premier ministre a nommé 19 nouveaux ministres d’Etat, issus presque exclusivement du BJP, dont les priorités seront d’atteindre les objectifs budgétaires et d’améliorer le niveau de vie des fermiers et villageois du pays.

The Hindu – Le Bangladesh persiste et signe. D’après les premiers résultats de l’enquête sur l’attentat meurtrier du vendredi 1er juillet, des officiels ont dévoilé que l’organisation Etat islamique ne serait pas derrière l’attaque – malgré sa revendication. Il s’agirait de deux groupes locaux interdits : le Jamaatul Mujahideen Bangladesh (JMB) et l’Ansarullah Bangla Team. La police bangladaise a ajouté que ces deux entités auraient déjà perpétré des attaques pourtant revendiquées par Daech, rapporte The Hindu.

Les autorités de Dacca ont toujours nié que le groupe Etat islamique dispose d’une quelconque présence sur le sol bangladais. Un aveuglement qui frappe aussi leur analyse des trajectoires personnelles des assaillants. Lorsque l’AFP demande comment expliquer que des jeunes issus de milieux (très) favorisés basculent vers le djihadisme, le ministre bangladais de l’Intérieur répond lapidairement : « C’est une mode. »

Dawn – Tôt lundi 4 juillet au matin, un kamikaze s’est fait exploser près du consulat américain à Djeddah, en Arabie Saoudite. Une attaque qui coïncide avec la fête de l’indépendance aux États-Unis. D’après le ministre saoudien de l’Intérieur, il s’agirait d’un citoyen pakistanais, Abdullah Gulzar Khan, qui vivait dans la capitale depuis 12 ans. L’homme a déclenché sa ceinture d’explosif dès qu’il a été interpellé par les agents de sécurité, blessant légèrement au passage deux d’entre eux.

L’attentat à la bombe de Djeddah est la première de 3 attaques qui ont eu lieu le même jour dans le pays. Aucune n’a été revendiquée pour l’instant. L’une des attaques, perpétrée à Masjid Al-Nabawi – la mosquée du Prophète qui attire des millions de visiteurs – a causé la mort de 4 membres des forces de sécurité.

Par Joris Zylberman, Alexandre Gandil, Marie Bonnamy, Nicolas Baranowski et Myriam Sonni, avec Anda Djoehana Wiradikarta à Paris

Soutenez-nous !

Asialyst est conçu par une équipe composée à 100 % de bénévoles et grâce à un réseau de contributeurs en Asie ou ailleurs, journalistes, experts, universitaires, consultants ou anciens diplomates... Notre seul but : partager la connaissance de l'Asie au plus large public.

Faire un don
[asl-front-abonnez-vous]
[asl-front-abonnez-vous]