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Les éditions Les belles lettres ont l’excellente idée de publier les traductions de textes du grand intellectuel japonais Murayama Masao (1914-1996) sous le titre "Le fascisme japonais". Le plus ancien de ces essais date de 1946 alors que les cendres des bombardements étaient encore chaudes. Le terme "fascisme" prête à controverse. Il a été dénaturé en injure, mais c’est oublier que ce fut un système politique cohérent, aussi repoussant moralement qu’il puisse avoir été. Et c’est cette cohérence que s’attache à mettre en lumière Murayama.
Il y a 85 ans, le Japon impérial connaissait un tentative de putsch militaire le 26 février 1936. Les officiers derrière ce coup d'État n'ont pas réussi à prendre le pouvoir mais leur acte fut une étape décisive dans l'instauration du fascisme dans l'archipel nippon et le déclenchement de la Guerre du Pacifique.
La "démocratie Taishô" est la période la plus brève de l'histoire contemporaine du Japon. Pourtant, elle est aussi décisive que la Restauration Meiji qui sort le pays de l'isolement et le fait entrer dans la modernité. Si un relatif oubli entoure cette période, c'est sans doute parce qu'elle va à l'encontre du mythe qui présente les Japonais comme un peuple du consensus, discipliné et respectueux de l'autorité.