Histoire
Analyse

Birmanie : l'Arakan déchiré dans la tragédie nationale

L'Arakan Army, l'une des plus puissantes milices armées à base ethnique minoritaire, avec 7 000 hommes et femmes en 2020, revendique l'autonomie et la reconnaissance de la minorité arakanaise/rakhine. (Source : Overgoundnotes)
L'Arakan Army, l'une des plus puissantes milices armées à base ethnique minoritaire, avec 7 000 hommes et femmes en 2020, revendique l'autonomie et la reconnaissance de la minorité arakanaise/rakhine. (Source : Overgoundnotes)
Depuis le coup d’État militaire du 1er février en Birmanie, la situation est pour le moins confuse en Arakan. Dans cette zone où l’armée a expulsé en masse la grande majorité des Rohingyas après d’innombrables incendies, meurtres et viols, l’Arakan Army, l’une des plus puissantes milices armées à base ethnique minoritaire, a d’abord été tentée de soutenir les putschistes. Mais sous la pression de la population indignée par la répression militaire en cours, elle envisage de reprendre la lutte contre l’armée régulière. L’histoire de l’Arakan est indissociable de la tragédie que vit la Birmanie depuis la colonisation britannique.
La province birmane de l’Arakan (État Rakhine, pour utiliser la terminologie officielle) a connu depuis 2012, en plusieurs phases, des événements particulièrement tragiques : conflit de plus en plus violent entre Rohingyas musulmans (près du tiers de la population, à l’origine) et Rakhines bouddhistes, accentué par l’intervention de plus en plus massive de l’armée birmane (Tatmadaw), et culminant en 2017 avec l’expulsion en masse vers le Bangladesh voisin de la grande majorité des Rohingyas (600 000 à 800 000 personnes), à la suite d’innombrables incendies de villages, meurtres et viols. Ce drame, puissamment médiatisé au niveau mondial, est sans doute le plus grave de tous ceux, pourtant nombreux, que la Birmanie a connu depuis son indépendance en janvier 1948. En même temps, cette exception est doublement représentative : d’une part du comportement constamment brutal et partial de l’armée envers la population en général, et les minorités ethno-religieuses en particulier (30 % des Birmans à elles toutes) ; d’autre part, des très fortes tensions suscitées par la spirale descendante dans laquelle la Birmanie -premier exportateur mondial de riz à l’époque coloniale – s’est engagée depuis l’indépendance. Cette spirale, dont on pouvait espérer l’interruption avec la démocratisation à petits pas entreprise à partir de 2011, ainsi qu’avec la réouverture du pays, le coup d’État militaire du 1er février l’a encore fait descendre d’un palier. La malédiction birmane continue.

L’Arakan comme région frontière

Une longue coexistence entre bouddhistes et musulmans. Du début du XVème siècle à la fin du XVIIIème, l’Arakan constitua un puissant royaume, qu’on peut caractériser comme un État de transition entre deux mondes. D’un côté, à l’Est, les pays du bouddhisme Theravada d’Asie du Sud-Est continentale, dont les ruines de la capitale arakanaise, Mrauk U, portent aujourd’hui encore les impressionnantes traces de l’influence ; ainsi que la langue et l’écriture, apparentées à celles de la Birmanie. De l’autre, à l’Ouest, le golfe du Bengale et le monde indien, fortement marqué par la présence de l’islam, dont la plupart des États de l’Inde orientale relevaient alors, et qui influença les institutions arakanaises. L’ancrage indien et maritime fut renforcé au XVIème siècle par la conquête du grand port de Chittagong, où affluèrent des mercenaires et marins portugais, qui renforcèrent la dynamique commerciale (et les actions de piraterie, pour lesquelles il était redouté) du royaume d’Arakan. Dès cette époque, en tout cas, coexistaient des bouddhistes et des musulmans, avec une pincée d’hindous, sans qu’il soit possible de préciser l’importance numérique de chaque groupe. Et l’actuelle frontière entre Bangladesh et Birmanie était alors un trait d’union, traversé par d’incessants mouvements de populations et de marchandises.
La destruction de l’État arakanais et le début de la spirale de déclin. La Birmanie, en pleine période d’expansion, et à la tête d’une des plus puissantes armées du continent, détruisit à la fin du XVIIIème siècle les royaumes de l’Arakan et du Siam. Ce dernier s’en releva rapidement, autour de sa nouvelle capitale de Bangkok, mais 1784 marqua la fin de l’indépendance de l’Arakan. Celui-ci fut, de force, retourné vers le bassin de l’Irrawaddy – vers l’Est –, et largement ruiné : à l’arrivée des Anglais, en 1826, il n’y avait pas plus d’une centaine de millier d’habitants dans la province. Beaucoup avaient été déportés après 1784 vers la plaine centrale (une pratique courante également au Siam et au Cambodge). Beaucoup d’autres – musulmans ou bouddhistes – avaient fui l’oppression birmane en se réfugiant au Bengale déjà colonisé depuis 1761 par la compagnie britannique des Indes orientales. Ce fut le premier d’un des nombreux mouvements de population, dans les deux sens, entre domaine birman et sous-continent.
La conquête anglaise de la province, à la suite de la première guerre contre la Birmanie (1824-26) allait retourner à nouveau l’Arakan, vers l’Ouest cette fois-ci. Le contact était renoué avec le Bengale, et tout particulièrement Chittagong, passé sous son contrôle dès 1660. C’est de là qu’allaient venir d’importantes vagues migratoires, encouragées par les Britanniques. Cela constituait en effet le seul moyen de mettre en valeur les riches terres rizicoles de l’Arakan, objectif économique principal de sa colonisation, alors que la population locale (les Rakhines) était trop clairsemée pour y parvenir. Ajoutons que les Britanniques, dans une vision stéréotypée, accordaient aux Bengalis un dynamisme et une ardeur au travail bien supérieurs à celui des Rakhines. Les conquêtes de la Basse-Birmanie en 1852, puis de la Haute-Birmanie en 1886 ne modifiaient pas fondamentalement ce tropisme « indien' » de l’Arakan.
La croissance démographique et la montée des tensions. Le retour de certains exilés, la migration croissante des Bengalis et l’amélioration de la situation économique permirent une multiplication par sept environ de la population au cours du XIXème siècle. La plupart des immigrants étaient musulmans. Ceux-ci demeurèrent distincts des musulmans depuis longtemps installés en Arakan, nettement moins nombreux mais bien plus acculturés à la société rakhine. Ensemble, ils finirent par constituer au XXème siècle un quart à un tiers de la population locale, et beaucoup plus dans les districts du Nord-Arakan, les plus proches du Bengale. Après la Première Guerre mondiale, on passa progressivement d’une situation de rareté de la main-d’œuvre à une situation de rareté des terres agricoles. L’esprit entreprenant des immigrés bengalis, renforcés chaque année par une vague de migrants saisonniers venus aider aux travaux agricoles, contribuait à tendre les relations avec les Rakhines, concurrencés sur leurs terres ancestrales. La crise économique mondiale du début des années 1930, qui entraînait l’effondrement du prix du riz, principale ressource, exacerba les tensions ethniques, comme dans toute la Birmanie. Satisfaction tardive au nationalisme birman en pleine ascension, la constitution de celle-ci en colonie distincte de l’Inde britannique, en 1937, préparait une nouvelle coupure avec le Bengale et le monde indien. N’importe comment, la dépression économique avait découragé les migrants de continuer à venir.
L’indépendance et l’accentuation de la spirale descendante. La guerre de l’Asie-Pacifique avait entraîné une accentuation de la rupture avec l’Ouest, la ligne de front étant passée deux années durant (1942-44) entre la majeure partie de l’Arakan, aux mains des Japonais, et le Bengale (ainsi qu’une portion du nord de l’Arakan), demeuré aux Britanniques. L’indépendance de janvier 1948 pérennisa la frontière, devenue plus hermétique encore avec l’indépendance presque simultanée de l’Inde et du Pakistan (août 1947), dont la partie orientale était constituée par l’actuel Bangladesh. Chaque pays entendait affirmer sa souveraineté, contrôler les migrations internationales, et justifier la construction d’armées puissantes et coûteuses par la nécessité de sceller la frontière face à des voisins ressentis comme hostiles.
La Birmanie connaissait une évolution particulièrement dangereuse, au travers des nombreuses insurrections à base ethnique qui entretenaient une insécurité totale dans presque toutes les zones frontalières. Les communistes organisaient eux aussi leurs maquis, actifs jusqu’en 1989. La Birmanie menait également, à partir du coup d’État militaire de 1962, une politique nationaliste et socialisante (étatisation des entreprises, le plus souvent aux mains d’allogènes) aux accents xénophobes, qui entraîna en 1965 le départ d’une grande partie des Indiens vivant dans la zone centrale du pays (300 000 environ).
Pour l’ensemble du pays, ce fut une plongée dans la violence et l’appauvrissement. Ce dernier fut particulièrement accentué en Arakan, qui pâtissait de la quasi-fermeture de sa frontière avec le sous-continent, de l’accentuation de son enclavement par rapport au reste du pays, faute d’infrastructures, et du délaissement presque total par l’État. Comme, par ailleurs, l’essor démographique s’accentuait, la lutte pour des ressources elles-mêmes en diminution se fit de plus en plus vive entre communautés, et en particulier entre bouddhistes et musulmans.

L’Arakan comme symbole de la faillite d’un pays

Des tentatives de maintien d’une coexistence paisible entre communautés. Il serait faux de penser que l’Arakan ait été particulièrement ravagé par les conflits après 1948. En réalité, les affrontements armés ont été plus réguliers et probablement plus meurtriers, des décennies durant, dans les États Shan ou Karen. Et les guérillas communistes jusque dans les années soixante, la répression et les massacres récurrents organisés par l’armée ensuite, ont entretenu une atmosphère de grande violence dans les régions Bamar elles aussi, au centre du pays. C’est surtout depuis les années 2000 que l’Arakan a été le théâtre d’exactions de grande ampleur.
Il serait tout aussi faux de penser que le pouvoir birman n’ait jamais rien entrepris pour refroidir les tensions en Arakan. La personnalité propre des musulmans de l’Arakan avait été reconnue par le gouvernement U Nu peu après 1948, et leurs principaux districts de résidence avaient bénéficié pendant deux ans, au début des années soixante, d’un statut d’autonomie partielle. Jusqu’en 1982, la citoyenneté complète ne leur avait pas été frontalement contestée, malgré une tendance, dès les années soixante-dix, à ne pas renouveler leurs papiers d’identité. Pendant l’ère Ne Win (1962-1988), les Indiens (de toutes religions) de la région centrale avaient bien davantage eu maille à partir avec le régime.
Un drame d’ampleur nationale, exacerbé en Arakan. ce drame peut s’expliquer de quatre manières dont la première est la politique ethnique de la colonisation. Les Britanniques, comme dans toutes leurs colonies, instaurèrent un système de différenciation et de classement par ethnie et par religion, qui organisait aussi une forme de hiérarchisation, en fonction du degré de soumission, des dispositions guerrières et de l’ardeur supposée au travail. Ce faisant, ils contribuèrent à créer parfois, à renforcer toujours les distinctions préalablement existantes. Ils s’appuyèrent largement sur diverses minorités : les migrants venus de l’Inde (petits fonctionnaires, professions libérales, ouvriers du secteur public, policiers) et les autochtones convertis au christianisme (Karens et Kachin en particulier), parmi lesquels se recrutaient en grande partie les unités militaires locales. Ces discriminations, sources de rancœur durable, étaient cependant gérées de manière relativement pacifique. Et les Britanniques, au cours des années 1930, surent faire droit à une partie des revendications du mouvement national birman, qui leur était aussi hostile qu’il s’opposait à l’immigration indienne. En 1937, la séparation administrative d’avec l’Inde, qui reconstituait la Birmanie dans ses limites historiques, instituait également une large autonomie interne. Mais celle-ci ne pouvait guère réconforter des minorités inquiètes pour leur avenir.
Deuxième cause de ce drame national : l’occupation japonaise de temps de guerre (1942-1945) marqua une césure essentielle. Elle conservait de l’époque britannique la classification et la hiérarchie entre ethnies. Mais, d’une part, elle inversa cette hiérarchie : c’est désormais la majorité Bamar-bouddhiste qui se trouva favorisée, et les minorités discriminées ; les chrétiens, et dans une moindre mesure les musulmans, furent considérés comme pro-Britanniques, et à ce titre marginalisés et opprimés. Plusieurs centaines de milliers d’Indiens crurent préférable de fuir en direction de l’Inde, et plusieurs dizaines de milliers d’entre eux laissèrent leur vie en chemin. D’autre part, le militaro-fascisme japonais instaura une manière de gouverner reposant sur la terreur, la violence de masse et l’asservissement de segments entiers des populations. Sans aucun souci de neutralité entre les groupes ethno-religieux, l’armée impériale encouragea le nationalisme Bamar le plus agressif, encourageant un moment les massacres menés au détriment de certaines minorités (Karens en particulier) par la Burma Independence Army (BIA). En Arakan, pour ce que l’on en sait, la mobilisation rakhine pro-nippone déclencha un cycle de massacres sans précédent, d’abord au détriment des musulmans, puis à celui des bouddhistes. Ces violences, menaçant de dégénérer en guerre civile, entraînèrent finalement une intervention japonaise visant à calmer un peu les choses. On peut rapprocher cette situation de celle de la Malaisie, où les Japonais soutinrent les Malais (et, là, les Indiens) contre les Chinois, eux-mêmes victimes de tueries de masse.
Troisième cause : la construction d’un État génétiquement autoritaire et militariste en Birmanie. Les Trente Thakhin » (ou « Trente camarades »), dont Aung San et Ne Win, qui avaient été formés militairement et pour partie politiquement par l’armée japonaise, furent les fondateurs de l’État birman indépendant et de son armée, esquissés pendant la guerre en symbiose avec l’occupant (indépendance formelle de 1943). La Tatmadaw a hérité de plusieurs caractéristiques de l’armée impériale nippone : la partialité, la grande brutalité et la théorisation d’une « double fonction » (dans les affaires militaires et, tout autant, dans les affaires politiques). On retrouve la même tradition en Indonésie, pour les mêmes raisons et avec un résultat analogue. À la différence de la plupart des armées d’Europe ou d’Amérique du Nord, la Tatmadaw est tout le contraire d’une force neutre, soumise au pouvoir politique, et que celui-ci peut engager, si besoin est, en vue du maintien ou du rétablissement d’une paix fondée sur le bien commun et la réconciliation. En Arakan, l’armée s’est de plus en plus appuyée sur les Rakhines bouddhistes pour marginaliser puis expulser les musulmans considérés comme « bengalis », et donc immigrants illégaux.
Dernière explication : la radicalisation des élites Rohingya. Ces derniers ont aussi joué un rôle dans leur propre malheur. Dès 1947, certains de leurs dirigeants se sont lancés dans une aventure séparatiste, en demandant le rattachement de leur zone de peuplement majoritaire au Pakistan oriental, et en promouvant l’urdu (langue du Pakistan occidental). On réclama aussi la reconnaissance des droits spécifiques et l’autonomie du peuple Rohingya, terme alors apparu, et qui entendait s’ancrer en Arakan au travers d’une généalogie mythique. À plusieurs reprises, des groupes armés, certes peu efficaces et encore moins durables, ont entamé la lutte contre le pouvoir birman, tout en s’en prenant à certaines populations bouddhistes avoisinantes. Le résultat a invariablement été la montée de la méfiance envers ce nouveau groupe « ethnique » apparemment surgi de nulle part, agrégé à partir des immigrants bengalis installés en Arakan depuis plusieurs générations, coupés de leur terre d’origine par la consolidation de la frontière, et fusionnés peu à peu avec une partie des communautés musulmanes qui leur préexistaient. La montée du jihadisme global, dans les années 2000, a amené l’inquiétude des non-musulmans au point d’incandescence. Par l’intermédiaire des groupes islamistes de plus en plus actifs, intolérants et violents du Bangladesh, ainsi qu’au travers de l’importante diaspora rohingya (250 000 à 300 000 résideraient ainsi en Arabie saoudite), le jihadisme a profondément pénétré les réfugiés musulmans des camps du Bangladesh, et dans une moindre mesure les Rohingyas de l’Arakan. Beaucoup de Rakhines et un certain nombre d’autres bouddhistes birmans assimilèrent, certes très abusivement, l’ensemble des Rohingyas, voire des musulmans birmans, à des terroristes et des ennemis de l’identité du pays. Le mouvement extrémiste bouddhiste MaBaTha, dirigé par le moine Wirathu, et qui développe un racisme antimusulman ne se limitant pas au discours, constitue en quelque sorte le miroir de l’extrémisme musulman.
Du profond de l’abîme, une chance de salut ? Le coup de force militaire, qui, malgré sa brutalité (près de 750 morts au 18 avril), peine à installer son contrôle effectif sur le pays, a produit en Arakan une situation quelque peu confuse. D’un côté, c’est là que l’Union Solidarity and Development Party (USDP), pseudopode politique de l’armée, a obtenu certains de ses meilleurs résultats lors des législatives de novembre 2020, qui virent le triomphe presque partout ailleurs de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), parti d’Aung San Suu Kyi. La partie subsistante de la population, désormais en grande majorité bouddhiste, manifestait ainsi sa gratitude envers ceux qui avaient réprimé et expulsé les Rohingyas, la LND et sa dirigeante s’étant surtout signalés par leur attentisme. Et l’Arakan Army (AA), l’une des plus puissantes milices armées à base ethnique minoritaire (7 000 hommes en 2020, semble-t-il), a été tentée au départ de soutenir le putsch. La junte, soucieuse d’élargir son étroite base politique, la retirait le 11 mars de la liste des groupes accusés de terrorisme. Quant aux représentants des Rohingyas, relativement discrets, ils ont plutôt manifesté leur solidarité avec le Mouvement de désobéissance civile (CDM).
D’un autre côté, l’AA, qui avait lancé son action en 2014, représente une population qui se sent depuis toujours délaissée et opprimée par l’État central. En 2019, des incidents très graves, causant des dizaines de victimes, ont opposé l’AA à la Tatmadaw. Cela explique que, sous la pression de l’indignation populaire face au comportement de la junte, l’AA envisage de changer d’alliance, et de reprendre la lutte contre l’armée – comme l’ont déjà fait d’autres milices ethniques, telle celle des Karens. Pour l’y inciter, le CRPH (comité des députés élus, passé à la clandestinité) a lui aussi retiré l’AA (et tous les autres groupes armés) du registre des terroristes. Pour la première fois, Rakhines et Rohingyas se retrouveraient ainsi dans le même camp. Pour toutes les composantes du peuple birman, la promesse faite par le CRPH d’une nouvelle constitution, enfin authentiquement fédérale et démocratique, peut être une espérance et un ferment de mobilisation. La junte-repoussoir aurait ainsi, paradoxalement, constitué contre elle l’introuvable unité nationale.
Par Jean-Louis Margolin

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A propos de l'auteur
Jean-Louis Margolin est maître de conférences en histoire contemporaine à Aix-Marseille Université. Chercheur à l'Institut de Recherches Asiatiques (IrASIA/CNRS), et initialement spécialiste de Singapour, il étudie les contacts commerciaux, culturels et coloniaux entre l’Europe et l’Asie du Sud-Est. Il se consacre également à l’analyse des violences de masse en Asie orientale au XXe siècle, aux effets de la mondialisation dans cette partie du monde, ainsi qu’à l’émergence de Singapour, de Taiwan et de la Corée du Sud. Dernier ouvrage publié (avec Claude Markovits): Les Indes et l'Europe: Histoires connectées, XVe-XXIe siècle (Paris, Gallimard, Folio-Histoire, 2015).