Politique
Entretien en vidéo

Mathieu Duchâtel : "La Chine de nouveau en haute mer pour défendre ses intérêts"

Le porte-avions chinois baptisé "Shandong", alors nommé "Type-001A", a été mis à l’eau à Dalian (nord de la Chine) en avril 2017 (Source : Popular mechanics)
Le porte-avions chinois baptisé "Shandong", alors nommé "Type-001A", a été mis à l’eau à Dalian (nord de la Chine) en avril 2017 (Source : Popular mechanics)
Vidéo ! La marine chinoise grandit à un rythme effréné. Pour ponctuer le premier volet de notre série consacrée à « la Chine, superpuissance maritime », Asialyst vous propose un grand entretien en podcast avec Mathieu Duchâtel, chercheur et sinologue, directeur du programme Asie à l’Institut Montaigne. En attendant le prochain volet de notre série sur la Chine dans les régions polaires.

Entretien

Docteur en science politique de SciencesPo, Mathieu Duchâtel a été Senior Policy Fellow et Deputy Director du programme Asie de l’ECFR. De 2011 à 2015, il a également été Senior Researcher et représentant à Pékin du Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI). Il a vécu neuf ans entre Shanghai (Université de Fudan), Taipei (Université́ Nationale de Chengchi) et Pékin. De 2006 à 2011, il est Research fellow à l’Asia Centre. Il a également été Visiting Scholar à la School of International Studies de l’Université de Pékin en 2011 et 2012, puis au Japan Institute of International Affairs en 2015.

Il est incontournable : Zheng He, un amiral chinois du XVème siècle, authentique figure tutélaire régulièrement brandie par le régime chinois, pour appuyer sa stratégie maritime et navale à l’étranger, souligne Mathieu Duchâtel. Le sinologue évoque aussi la cicatrice humiliante infligée par l’empire du Japon, en 1894-95, qui marque l’anéantissement de la marine chinoise. Et d’évoquer les raisons pour lesquelles, selon lui, ces deux moments ont finalement débouché, dans la grande fresque de la Chine des mers et des océans, sur des coups d’arrêt. Avant les reconquêtes nationalistes, puis communistes, d’abord sur l’île de Hainan – lors d’une attaque amphibie pour ces derniers -, jusqu’au grand retour aujourd’hui au premier plan de la compétition maritime internationale.
Un tournant pour Mathieu Duchâtel : la troisième crise du détroit de Taïwan, en 1995-96. « Les Américains envoient dans le détroit deux porte-avions pour mettre fin aux intimidations chinoises contre Taïwan. La réaction chinoise est d’accélérer la modernisation de l’armée populaire de libération, et de mettre de plus en plus l’accent sur la marine et sur les forces aériennes, dans une armée qui est traditionnellement dominée par les forces terrestres. » De nos jours, la doctrine de Pékin ne se limite plus à la protection des côtes et du continent, comme avant ; sur le plan civil comme sur le plan militaire, le Parti communiste projette de nouveau l’empire du milieu loin en haute mer pour défendre ses intérêts. « C’est ça qui est stratégique, c’est ça qui fait changer la marine de nature », souligne Mathieu Duchâtel.
Au rythme d’une modernisation sans commune mesure dans le monde, la Chine est redevenue une puissance maritime incontestable, dont l’ambition est de pouvoir rivaliser avec les Américains et les Japonais sur le plan naval, afin d’espérer sortir de « l’endiguement » qu’ils lui appliquent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mais la marine chinoise a des éléments de faiblesse, et l’axe qui lui fait face la renvoie, en termes d’échelles, au rang de David contre Goliath. Où en est le régime de Pékin dans ses réflexions en matière de porte-avions, de projection aérienne et de groupe aéronaval ? Quid des sous-marins et autres brise-glaces à propulsion nucléaire ? La dissuasion chinoise, incarnée par ses sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE), est-elle aujourd’hui vraiment crédible ? A quoi sert un bateau-hôpital ? Entretien.
A voir la vidéo de l’entretien avec Mathieu Duchâtel :
Entretien vidéo réalisé par Igor Gauquelin, Louis Scocard et Jean-Christophe Felt.

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A propos de l'auteur
Journaliste et responsable d'édition multimédia pour le site internet de Radio France internationale, en charge de la rubrique Chine maritime et navale à Asialyst.
Louis Scocard est journaliste indépendant depuis 2014. Il a collaboré avec de nombreux médias associatifs et indépendants tels que Radio Prun' ou encore Le Vent Se Lève. En 2016, il lance sur Facebook "Apolitiquement Correct", un média 100 % vidéo, à destination des jeunes, ayant pour objectif de vulgariser et de rendre accessible la politique. En 2019, il co-réalise le documentaire "Gilets Jaunes : Les blessés qui dérangent".