Revue de presse Asie - 29 août 2016

Manoeuvres de Xi Jinping, Duterte écarte La Haye et couvre-feu levé au Cachemire

Photo du président chinois Xi Jinping
Le président chinois Xi Jinping place ses alliésen vue du Congrès du Parti l'année prochaine. Copie d'écran du South China Morning Post, le 29 août 2016.

Asie du Nord-Est

Straits Times – Le XIXème Congrès du Parti communiste chinois est prévu seulement pour l’automne 2017. Mais son secrétaire général Xi Jinping le prépare toujours plus activement, verrouillant les postes-clés du parti au profit de son clan. Le numéro un chinois a ainsi nommé ses proches, Chen Hao et Du Jiahao – avec qui il a travaillé lorsqu’il dirigeait la ville de Shanghai – respectivement aux postes de chefs du PC des provinces du Yunnan et du Hunan. Au Shanxi, province entachée par les affaires de corruption, c’est également un « allié » de Xi qui devrait être nommé gouverneur – Lou Yangsheng. Il prendra la place de Li Xiaopeng, un « prince rouge » – comme Xi Jinping – fils de l’ancien Premier ministre Li Peng, qui lui sera nommé au ministère des Transports.
Parallèlement, un jeu de chaises musicales s’opère dans les régions autonomes, commente le Straits Times : Wu Yingjie remplacera Chen Quanguo comme chef du PC au Tibet. Chen occupera le même poste au Xinjiang où officie actuellement Zhan Chunxuan, qui lui est pressenti pour une position dirigeante au sein d’un « comité du renforcement du Parti » à Pékin… Une vague de nominations qui ne fait que débuter, d’après le quotidien singapourien.
Bangkok Post – Fin d’enquête sur le responsable du tir de missile taïwanais. Les procureurs du port de Kaoshiung ont révélé ce lundi 29 août l’identité de l’homme derrière le tir accidentel qui avait causé le mois dernier 1 mort et 3 blessés (voir notre revue de presse du 1er juillet). Il s’agit de Kao Chia-chun, un officier de la marine qui avait décidé de mener la manoeuvre sans ses superviseurs après que ceux-ci l’eurent laissé seul dans la salle de contrôle du navire. Leur absence n’aura duré que 7 minutes mais elle aura suffit à Kao pour lancer par inadvertance deux missiles – dont l’un s’est écrasé sur un bateau de pêche dans les eaux au large des îles Penghu, administrées par Taïwan.
Kao a été accusé de négligence ayant provoqué décès et blessures et de destruction d’armement. Son superviseur, Chen Ming-hsiu, et le lieutenant Hsu Po-wei – qui étaient tous deux responsables de la surveillance des armes – ont été accusés de négligence dans leurs fonctions, menant au drame.
Mainichi Shimbun – Les fusillades sur le lieu de travail ne sont guère monnaie courante au Japon. Ce lundi 29 août, un individu a tiré sur 4 personnes dans les bureaux de Wadayi, une entreprise de construction de la ville japonaise de Wakayama, faisant 1 mort et 3 blessés. Selon les sources du Mainichi, il aurait sorti une arme à feu de son sac alors qu’il discutait avec les 4 employés de Wadayi et a commencé à leur tirer dessus.
D’après le Yomiuri Shimbun, l’assaillant a quitté la scène du crime avec son arme, incitant les forces de l’ordre à avertir les résidents locaux et à lancer une chasse à l’homme. La police est notamment partie à la recherche du second fils du Pdg de la société. Elle ignore encore le motif de l’attaque mais a déjà identifié la victime, selon le Straits Times. Il s’agit de Junsuke Ishiyama, un homme de 45 ans, tué à 8h50 durant l’attaque.

Asie du Sud-Est

The Philippine Star – Duterte souffle le chaud et le froid avec la Chine. Le président philippin a annoncé ce lundi 29 août vouloir temporairement mettre de côté l’arbitrage du tribunal de La Haye dans le conflit de la Mer de Chine, selon le Philippine Star. Lors de son discours à l’occasion des rites du National Heroes Day, le président philippin s’est adressé directement à Zhao Jinhua, l’ambassadeur chinois à Manille présent dans le public. « Je ne vais pas utiliser le jugement du tribunal arbitraire pour le moment mais j’aimerais un jour m’asseoir face à l’un de vos représentants ou face à vous et alors je vous ferai part de ma position, a-t-il lancé. Pour le moment, monsieur l’Ambassadeur, je veux juste vous parler, peut-être pour nous donner du temps pour construire nos forces. Vous êtes tellement supérieurs. »
Duterte, qui a également demandé à la Chine de traiter les Philippins « comme des frères » en raison de son « sang chinois », avait pourtant durci le ton avec Pékin la semaine dernière. Il avait mis la Chine en garde, affirmant qu’il était « prêt à se battre » (voir notre revue de presse du 25 août). Le président philippin semble donc être revenu sur sa position afin de ne pas compromettre le dialogue avec ses homologues chinois.
Myanmar Times – La promesse d’une réconciliation se dessine en Birmanie. L’organisation politique kachin KIO (Kachin Independance Organization) a annoncé qu’elle participerait aux pourparlers de la conférence de Panglong du XXIe siècle, qui se déroulera à partir du 31 août à Naypyidaw, rapporte le Myanmar Times. Le 27 août, le groupe a publié un communiqué, signé par le commandant-en-chef de la Kachin Independance Army, annonçant cette participation dans l’esprit d’une coopération avec le United Nationalities Federal Council (UNFC, une coalition de sept groupes armés), et non sous la pression des militaires. « Les leaders de chaque groupe représenté feront un discours. C’est le format de la conférence, qui est juste la cérémonie d’ouverture du processus de paix. Nous ne nous attendons pas à beaucoup de résultats, il s’agit juste du point de départ », a déclaré Kuu Oo Yal, le secrétaire général de l’UNFC, qui aura 158 représentants à la Conférence.
En marge de cette annonce, des manifestations en soutien à la Conférence de Panglong ont eu lieu à Rangoun, l’ancienne capitale, et à Moyok, dans la région de Mandalay. Plusieurs centaines de Birmans, dont de nombreux réfugiés kachins, se sont réunis hier dimanche 28 août pour appeler à la réconciliation nationale : « Si nous pouvons cesser les combats grâce à cette Conférence de Panglong, alors nous pourrions réduire les dépenses pour la guerre et à la place, investir dans les secteurs bénéfiques pour le développement et la réhabilitation », a confié Ko Soe Htay, l’organisateur de la manifestation de Mogok au Myanmar Times.
The Jakarta Globe – C’est une tentative d’attentat qui rappelle tristement Saint-Etienne-du-Rouvray, dont l’assaillant se serait d’ailleurs inspiré. Un jeune Indonésien de 18 ans s’est introduit hier dimanche 28 août dans une église de Medan, au nord de Sumatra, pour y perpétrer une attaque à la bombe au cours de la messe. Le dispositif artisanal, que le suspect avait testé quelques heures auparavant dans sa propre maison, ne s’est néanmoins pas déclenché. Il s’est alors rué sur le prêtre avec un couteau mais a pu être rapidement neutralisé par les paroissiens, sans que l’homme d’Eglise ne soit grièvement blessé.
La police s’est ensuite rendue sur les lieux pour interpeller le jeune homme, qui disposait dans son sac d’un « dessin du drapeau (du groupe) Etat islamique » et d’une note sur laquelle était inscrit : « J’aime al-Baghdadi », en référence au chef de l’organisation terroriste. D’après la police, citée par Reuters et relayée par le Straits Times, l’assaillant était bien « obsédé » par Daech sans pour autant être entré en contact avec les réseaux djihadistes.

Asie du Sud

The Hindu – Soulagement au Jammu-et-Cachemire. Ce lundi 29 août marque la levée du couvre-feu imposé depuis 51 jours dans la quasi-totalité de la vallée du Cachemire – à l’exception de la ville de Pampore et de deux postes de police de Srinagar (la capitale). Raison invoquée : « l’amélioration de la situation » dans la région, secouée par de violents affrontements entre locaux et forces de l’ordre après la mort d’un militant séparatiste au début du mois de juillet. Les habitants peuvent de nouveau circuler librement et faire leurs courses, bien que de nombreux magasins refusent d’ouvrir avant le 1er septembre – comme le leur ont intimé les séparatistes, explique The Hindu.
Ce relâchement du contrôle policier au Cachemire indien permet à New Delhi d’envisager d’autant plus sérieusement la nomination d’un nouveau gouverneur dans l’Etat, en remplacement de NN Vohra, explique NDTV. Objectif : « assister le gouvernement local dans le règlement (pacifique) de la crise en cours et s’assurer qu’il ne faiblisse pas en matière de vision et de stratégie », aurait déclaré un ministre « traitant avec le Cachemire » dont l’identité n’a pas été dévoilée. Si la liste des personnalités pressenties est déjà bien longue, seule une certitude demeure : c’est Narendra Modi qui choisira personnellement le futur gouverneur. Son choix devrait se porter sur un proche du RSS – groupe nationaliste hindou dont le BJP, parti de Modi, est l’émanation politique – et sur un civil, d’après NDTV. De quoi trouver un équilibre entre volonté d’obéissance vis-à-vis de New Delhi et nécessité de conciliation vis-à-vis des locaux.
NDTV – Pourquoi Aung San Suu Kyi préfère-t-elle Pékin ? C’est ce que se demande Yashwant Sina, l’un des leaders du BJP et ancien ministre indien des Affaires étrangères dans un éditorial du site NDTV. Alors que l’Inde est un voisin essentiel à la Birmanie, avec qui elle a toujours entretenu une relation étroite, la ministre birmane des Affaires étrangères – et Premier ministre de facto – à choisi de se rendre en priorité en Chine la semaine dernière.
Aung San Suu Kyi, lors du processus de démocratisation de la Birmanie, aurait déclaré regretter la coopération de l’Inde avec le régime militaire, bien que New Delhi ait maintenu sa position sur la nécessité d’une ouverture de la Birmanie – contrairement à la Chine. Cette dernière a longtemps été le seul acteur présent en Birmanie. Pour l’ancien ministre indien des Affaires étrangères, l’Inde doit imiter la Chine et s’investir davantage en Birmanie, notamment en matière de sécurité des frontières. Pour devenir un hub économique de l’Asie, l’Inde doit devancer la Chine et s’engager davantage dans les pays en développement de l’Asie du Sud-Est, comme elle le fait en Afghanistan (voir notre revue de presse du 23 août ). Pour cela, doit exploiter ses frontières terrestres.
Bdnews24 – Il n’est là que pour une journée. John Kerry est arrivé ce lundi 29 août à Dacca pour sa première visite dans le pays en tant que secrétaire d’Etat américain. Le but, selon son administration, est de renforcer les relations entre les Etats-Unis et le Bangladesh. D’après Reuters, Kerry discutera notamment de la coopération bilatérale dans le domaine de la sécurité mais aussi du développement économique du pays et de la situation des droits de l’homme. Il a d’ailleurs indiqué avant sa visite à ce sujet une intensification du dialogue sur la sécurité et un approfondissement du partenariat et de l’engagement américain avec les organes civils de maintien de l’ordre et l’armée.
Sa journée commencera par la visite du musée commémoratif de Bangabandhu érigé en hommage à Sheikh Mujibur Rahman, père fondateur du Bangladesh – également père de l’actuelle Premier ministre, Sheikh Hasina. Il se rendra ensuite au cabinet de cette dernière, avant de s’entretenir avec les leaders de l’opposition et les leaders civiques.
La venue de Kerry au Bangladesh intervient alors que les préoccupations sécuritaires américaines grandissent depuis l’attaque du café de Dacca le 1er juillet dernier (voir notre revue de presse du 4 juillet). Washington avait alors exprimé sa solidarité à Dacca dans son combat contre le terrorisme et proposé, comme beaucoup d’autres pays, son aide au Bangladesh. Mais les deux pays ne sont pourtant pas tout à fait d’accord sur la place du terrorisme dans le pays. Alors que Dacca affirme que les récentes attaques ont été perpétrées par le groupe local Jamaat-ul-Mujahideen, Washington pense au contraire qu’ils portent la marque de l’Etat Islamique – qui a revendiqué cet attentat dans la capitale bangladaise.
Par Joris Zylberman, Alexandre Gandil, Marie Bonnamy et Myriam Sonni, avec Sylvie Lasserre Yousafzaï à Islamabad et Anda Djoehana Wiradikarta à Paris

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