Revue de presse Asie - 19 juillet 2016

Missiles nord-coréen, djihadiste indonésien et diffamation indienne

La Corée du Nord a procédé au lancement de trois missiles en mer du Japon ce mardi 19 juillet, en réponse à l'installation prochaine du bouclier antimissile THAAD en Corée du Sud. Copie d'écran de Yonhap News, le 19 juillet 2016.
La Corée du Nord a procédé au lancement de trois missiles en mer du Japon ce mardi 19 juillet, en réponse à l'installation prochaine du bouclier antimissile THAAD en Corée du Sud. Copie d'écran de Yonhap News, le 19 juillet 2016.

Asie du Nord-Est

Yonhap News – La Corée du Nord avait promis une « réponse physique » à la mise en place du THAAD. Une semaine après avoir appris la localisation du dispositif de défense américain, Pyongyang a procédé au lancement de trois missiles balistiques. Ce mardi 19 juillet « entre 5h45 et 6h30 du matin » heure locale, l’armée américaine a détecté « deux missiles Scud [de courte portée] et un missile Nodong de moyenne portée » en mer du Japon. Le porte parole de l’état-major sud-coréen, quant à lui, a indiqué que les lancements ont été effectués depuis la base de Hwangju, dans le Hwanghae du Nord. « Deux des missiles ont volé sur 500 à 600 km. La trajectoire du dernier reste à confirmer », a-t-il précisé. Une démonstration de force de Pyongyang qui peut selon lui être interprétée comme « un message clair que le pays peut attaquer Seongju [où sera déployé le THAAD, ndlr] et toute la Corée du Sud. » La porté des Scud, entre 500 et 700 km, inclut toute la péninsule. La dernière fusée, que l’on suppose être de type Nodong, peut voler sur une distance de 1300 à 1500 km. Assez pour atteindre le Japon.
Channel News Asia« Jamais nous n’arrêterons nos travaux de construction dans les îles Nansha [Spratleys] à mi-chemin. » C’est la déclaration on ne peut plus claire faite par Wu Shengli, commandant des forces navales de l’Armée populaire de Libération, à son homologue étasunien John Richardson hier lundi 18 juillet. « Les îles Nansha [Spratleys] font partie intégrante du territoire chinois », poursuit Wu Shengli, « nos nécessaires travaux de construction sur ces îles sont donc raisonnables, justifiés et légaux ». Voilà de quoi balayer d’un revers de main le verdict de la Cour permanente d’arbitrage de La Haye qui, le 12 juillet dernier, jugeait les revendications de souveraineté chinoises en mer de Chine du Sud « sans fondement juridique » et « en violation avec les droits souverains des Philippines ».

Par-delà les discours, l’inflexibilité chinoise se traduit aussi en actes. Alors que s’ouvre ce mardi 19 juillet une série d’exercices militaires chinois autour des îles Paracels, le New York Times rapporte que Pékin organisera bientôt des « patrouilles aériennes régulières » en mer de Chine du Sud. Mais bien que les démonstrations de puissance se multiplient, ces dernières restent modérées, commente Euan Graham, directeur du programme « Sécurité Internationale » au Lowy Institute de Sydney. « Il est bien plus sage pour la Chine de faire patrouiller ses avions de combat au-dessus des eaux internationales que d’entamer, par exemple, des travaux de remblayage dans le récif Scarborough [revendiqué par les Philippines mais sous contrôle chinois depuis 2012, ndlr] ou d’imposer une soi-disant zone d’idenfitication de défense aérienne. »

Japan Times – La sentence est tombée. Hier mardi 18 juillet, la Cour pénale de Tokyo a condamné un ressortissant sud-coréen à quatre ans de prison pour avoir déclenché une « petite explosion » au sanctuaire Yasukuni. Chon Chang-han, 28 ans, avait endommagé le plafond des toilettes publiques du sanctuaire shinto le 23 novembre, après avoir mis le feu à un tuyau de métal rempli de poudre. S’en est suivie une explosion qui n’a fait aucun blessé. « Je pensais que les médias sud-coréens allaient féliciter [mon acte], mais je ne voulais blesser personne », a expliqué Chon au cours de l’une des audiences. Si le juge Kazunori Karei a qualifié l’acte « hautement prémédité » d’« atroce », il n’est en revanche pas allé jusqu’à le caractériser de « terroriste », rapporte le Japan Times. Un terme pourtant employé dans la plaidoirie du procureur.

Le Yasukuni est un sanctuaire où l’on honore les millions de soldats morts pour le pays, dont 14 criminels de guerre de classe A, rappelle le quotidien japonais. Un lieu de mémoire souvent perçu comme un symbole du passé militariste nippon par les pays qui ont souffert de l’occupation japonaise, tels que la Corée et la Chine.

Asie du Sud-Est

The Jakarta Post – Il était devenu l’ennemi public numéro 1. Le djihadiste Santoso est mort dans une fusillade avec les forces de sécurité indonésiennes hier lundi 18 juillet à Poso, dans la province du Sulawesi Central. L’armée indonésienne y est déployée depuis janvier dans le cadre de « l’opération Tinombala », qui visait à capturer le leader islamiste et ses partisans. Un témoin a été convoqué par la police pour identifier les victimes. Selon le Jarkarta Post, « après quelques minutes à observer le corps, il a confirmé qu’il s’agissait bien de Santoso ». Le Jakarta Globe, lui, rappelait que le terroriste qui se faisait appeler Abu Wardah, était à la tête de l’organisation Mujahidin Indonesia Timur. Il avait également prêté allégeance à Daech à plusieurs reprises.
Business Standard – Nouvelle tentative du gouvernement birman pour calmer les tensions. La création d’un « comité de crise » contre la violence religieuse a été annoncée par le président U Htin Kyaw dans un communiqué le 15 juillet, rapporte le Business Standard. Intitulé « Comité central de gestion des urgences », il sera dirigé par le vice-président Henry Van Thio, lui-même secondé par le ministre de l’Intérieur, le Lieutenant-général Kyat Swe. Ce comité aura pour objectif de surveiller et d’empêcher l’émergence de discours de haine religieuse en Birmanie, où le climat est particulièrement tendu. Au cours des dernières semaines, deux mosquées ont par exemple été détruites par des manifestants bouddhistes.
Le comité de crise devra ainsi « prendre des dispositions à l’échelle nationale afin d’arrêter les personnes qui attisent les émeutes ». Sa principale mission de prévention des conflits sectaires sera soutenue par une communication plus efficace avec les forces de sécurité ainsi que la mise en place d’un soutien médiatique visant à contrecarrer l’influence des médias qui attisent les tensions religieuses. Certaines ONG locales applaudissent l’initiative du gouvernement birman ; d’autres craignent en revanche que ce comité transgresse les droits de l’homme.
Inquirer – Revers important dans le combat des Philippines contre le changement climatique. Alors que l’archipel avait soumis des engagements de réduction de gaz à effet de serre particulièrement ambitieux à l’aube de la COP21, le président du Sénat Franklin Drilon a annoncé que la Chambre ne ratifierait pas l’accord de Paris de 2015. En cause les récentes déclarations du nouveau président phillipin Rodrigo Duterte – investi en juin 2016 – signifiant qu’il « n’honorerait pas » un texte jugé « stupide » et « absurde ». « Le Président est l’architecte de notre politique étrangère », justifie Franklin Drilon, « s’il décide que nous ne ratifierons pas l’accord, alors c’est l’une de ses prérogatives en tant que chef de l’exécutif. S’il ne livre pas le texte au Sénat pour ratification, alors il ne sera pas légalement contraignant pour notre pays. C’est une politique que son gouvernement a adopté. » Pour revenir sur les engagements philippins à la COP21, (re)lire notre temps fort : « COP21 : que va faire l’Asie pour le climat ? »
Inquirer – De nouveaux disparus en mer. Cette fois, il s’agit de cinq navigateurs malaisiens, qui auraient été kidnappés hier lundi 18 juillet dans les eaux de Lahad Datu, près des côtes de l’Etat malaisien de Sabah. Les cinq hommes, agés de 23 à 62 ans, étaient à bord d’un remorqueur, qui a été retrouvé à la gîte et sans équipage, rapporte le site philippin Inquirer. Abdul Rashid Harun, commissaire de police de Sabah, s’est exprimé devant les médias ce mardi 19 juillet : « Nous n’évinçons pas la possibilité que les cinq personnes aient été kidnappées. » Le commissaire a également démenti la rumeur d’une demande de rançon à hauteur de 4,27 millions de dollars, prétendument envoyée au propriétaire du bateau lundi soir. Les autorités malaisiennes, qui mènent toujours l’enquête, craignent que les marins aient été kidnappés par le groupe Abou Sayyaf, qui a déjà sévi à plusieurs reprises dans les eaux de Sabah.

Asie du Sud

Times of India – S’excuser ou risquer le procès. C’est l’ultimatum lancé par la Cour suprême indienne à Rahul Gandhi, vice-président du Parti du Congrès, pour des propos tenus en 2014. Lors d’un rassemblement politique à Thane (Maharashtra), le petit-fils d’Indira Gandhi, alors en lice pour devenir Premier ministre, avait affirmé : « Le RSS [organisation-mère du nationalisme hindou, ndlr] a tué le Mahatma Gandhi alors qu’aujourd’hui, les membres du BJP [parti nationaliste hindou, émanation politique du RSS, ndlr] se réclament de lui. » Les juges de la Cour suprême reprochent à Rahul Gandhi de mettre tous les membres du BJP « dans le même sac », et lui impose de s’excuser sous peine de l’ouverture d’un procès en diffamation le 27 juillet. De son côté, Rahul Gandhi s’est justifié en rappelant qu’il ne faisait qu’énoncer des « faits historiques recensés dans les archives gouvernementales ».
The Express Tribune – 10 morts dans les rangs de la police indienne. Des rebelles maoïstes ont tendu une embuscade à un convoi de commandos paramilitaires à l’Est de l’Inde, dans l’état du Bihar, avec une mine terrestre, lundi 18 juillet. Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière depuis 2014 menée par la rébellion maoïste. « Dix de nos hommes ont été tués par l’explosion et cinq ont été blessés », a confirmé un officier de police à l’AFP, rapporte The Express Tribune. L’explosion a eu lieu alors que les policiers menaient une opération anti-maoïste dans les forêts du district d’Aurangabad, dans l’Etat du Bihar. Des échanges de tirs ont suivi, causant la mort de trois rebelles. Cependant, les autres suspects ont pu s’échapper, malgré l’appel de renforts. Saurabh Kuar, vice-inspecteur général de la police régionale, a annoncé : « Nous avons annulé l’opération plus tard dans la soirée car nous suspections que d’autres mines étaient plantées dans le périmètre. Nous maitrisons désormais la situation. » Les rebelles maoïstes justifient leur combat pour l’obtention d’emplois, de terres et de davantage de droits pour les minorités tribales, qui vivent dans une grande pauvreté. Pour comprendre les enjeux de la rébellion maoiste en Inde, (re)lire nos temps forts : « Inde : la guerre oubliée des maoïstes » et « Inde : le naxalisme, aux origines du maoïsme indien ».
Channel News Asia – Un fait rarissime. Les autorités pakistanaises ont interdit à la famille de Qandeel Baloch de « pardonner légalement » le meurtre de la starlette, comme cela est normalement possible au Pakistan. Un coup porté aux « crimes d’honneur », une pratique répandue dans le pays, et qui a permis à de nombreux meurtres de rester impunis (voir notre revue de presse du 18 juillet). Assassinée par son frère vendredi 15 juillet, la jeune femme de 26 ans, souvent dépeinte par les médias comme la « Kim Kardashian pakistanaise », s’était lancée dans une carrière de mannequin et se revendiquait « féministe moderne ». Des propos et des photos qui avaient choqué les conservateurs religieux – et qui lui avaient déjà valu de nombreuses menaces de mort.

Selon une source proche de la police, les autorités du Pendjab ont interdit à la famille de Qandeel de pardonner à leur fils. « Cela a été fait sur instruction du gouvernement. Mais cela n’arrive que très rarement » a indiqué la source. Une information confirmée par Islamabad. En février, le Premier ministre Nawaz Sharif avait promis d’accélérer le passage du vote au Parlement d’un projet de loi visant à interdire la possibilité de pardonner les « crimes d’honneur ». Une promesse non-tenue selon les associations de défense des droits. La police a par ailleurs annoncé qu’elle enquêtait également sur la personne de Qavi, ce religieux limogé d’un important comité musulman après avoir été pris en photo avec la starlette sur ses genoux. Il nie toute implication. De son côté, le père de la victime, Muhammad Azeem, a d’ores et déjà porté plainte contre deux de ses fils et a juré de ne jamais leur pardonner.

Plus de 500 personnes meurent chaque année au Pakistan pour des questions « d’honneur », rappelle Channel News Asia, le plus souvent des femmes, assassinées par un membre de leur famille.

Par Alexandre Gandil, Nicolas Baranowski, Jeremy Masse et Myriam Sonni, avec Anda Djoehana Wiradikarta à Paris

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