Revue de presse Pakistan - 18 juillet 2016

Pakistan : émoi après le meurtre de la starlette Qandeel Baloch

Le meurtre de la star internet Qandeel Baloch est révélateur de l'augmentation des crimes pour défendre l'honneur au Pakistan. Copie d'écran de The Express Tribune, le 18 juillet 2016.
Le meurtre de la star internet Qandeel Baloch est révélateur de l'augmentation des crimes pour défendre l'honneur au Pakistan. Copie d'écran de The Express Tribune, le 18 juillet 2016.
The Express Tribune – L’assassinat de la starlette internet Qandeel Baloch, est largement débattu partout au Pakistan. Si les organisations des droits de l’homme, de même que les associations défendant le droit des femmes ont condamné ce meurtre, une partie de la société s’est félicitée de la mort de la starlette, qui apportait « le déshonneur sur la famille et sur le peuple baloutche tout entier ». Une ironie soulevée par The Express Tribune, puisque le meurtrier de la jeune femme n’est autre que son frère, Waseem. « Maintenant tout le monde se souviendra avec respect du fait que j’ai soulagé mes parents et frères qui souffraient depuis 20 ans à cause de [Qandeel] », a déclaré celui-ci. En une nuit, un « criminel bon à rien » est devenu le héros de sa communauté, se désole l’éditorialiste du journal pakistanais Kamal Siddiqi : « Non seulement Waseem sera bien traité pendant sa garde à vue, mais quand il ira en prison, il sera traité avec respect et honneur. »

L’occasion pour Kamal Siddiqi de dénoncer un système qui « abuse et maltraite les innocents ». Un système dans lequel la Cour tribale, ou Jirga, joue un rôle important. Cette Cour, contrôlée par quelques figures d’autorité locales et autres personnes d’influences, dispense sa propre forme de justice en parallèle du système judiciaire pakistanais. Une Cour qui émet un jugement rapide, contrairement au système judiciaire officiel, et dont les verdicts sont parfois discutables voir cruels, tel que faire marcher un homme sur des charbons ardents pour prouver son innocence. Pour l’éditorialiste, le crime de Qandeel, s’il en est un, est d’avoir tenté de franchir la limite imposée aux femmes pakistanaises par la Jirga avec ses déclarations et ses vidéos.

Les meurtres pour défendre l’honneur ont grimpé ces dernières années, rappelle l’éditorialiste. En 2015, plus de 1 000 hommes et femmes ont été tués pour cette raison. Cette année, la situation semble déjà s’aggraver. Un constat que partage Sandipan Sharma, dans un article du Firstpost, qui évoque les mêmes problèmes en Inde. De son côté, le père de la victime a déposé plainte contre ses fils et a juré de ne jamais leur pardonner la mort de Qandeel. Un point important puisqu’au Pakistan, le père de la victime a le droit de pardonner aux meurtriers. Une ironie sans fin.

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