Hong Kong : Xi Jinping changera-t-il le principe "un pays, deux systèmes" ?
Le 1er juillet 1997, le minuscule territoire britannique (1 067 kilomètres carrés) de Hong Kong se trouvait « rendu » à la République Populaire de Chine sous l’œil du 28ème et dernier gouverneur de la désormais ex-colonie, Christopher Patten. Ce dernier avait dressé la veille lors de la cérémonie de passation une ode à « l’État de droit », à un « gouvernement propre et souple » (clean and light-handed government), « aux valeurs d’une société libre » et aux « débuts d’un gouvernement représentatif et d’une responsabilité démocratique ». Mais surtout, il avait appelé de ses vœux un « gouvernement de Hong Kong par les habitants de Hong Kong » qu’il percevait comme « un destin inébranlable ».
Il est vrai qu’une large partie de ses souhaits se retrouvait à l’époque dans l’accord conclu entre Deng Xiaoping et la Première ministre britannique Margaret Thatcher qui précéda la cérémonie en elle-même. Ce document, la « Déclaration conjointe du gouvernement de la République populaire de Chine et du gouvernement du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord sur la question de Hong Kong », fût signé le 19 décembre 1984 à Pékin entre les représentants britanniques et chinois. Selon cette déclaration, Pékin mettrait en place le principe dit « un pays, deux systèmes » (一国两制 – yiguoliangzhi) et pendant 50 ans, Hong Kong garderait sa « façon de vivre ». Autrement dit, la Chine resterait socialiste et Hong Kong resterait capitaliste. La cité deviendrait alors une « Région administrative spéciale » (tout comme Macao à partir de sa rétrocession deux ans plus tard). Elle serait à la fois dépendante de la Chine et gérée selon la loi fondamentale de Hong Kong (Hong Kong Basic Law ou 香港基本法 – xiangkang jibenfa) qui prit effet le jour de la rétrocession.
Concrètement, cela signifie que Hong Kong est – dans les textes – indépendant dans tous les domaines, hormis la Défense et la politique étrangère qui sont assurées eux par la Chine. En effet, comme défini par la loi fondamentale, le pouvoir exécutif est entre les mains d’un chef de l’exécutif élu pour 5 ans. Un collège de 1 200 personnes participe à cette élection. Le chef de l’exécutif – actuellement Leung Chun-ying avant la prise de fonction de Carrie Lam le jour des festivités, suite à son élection en mars 2017 – est assisté dans ses fonctions par un Conseil exécutif.
Du côté législatif, une assemblée parlementaire, le Conseil législatif ou Legco, légifère. il compte 70 membres dont une moitié sont élus au suffrage universel et une autre moitié par 200 000 grands électeurs, représentant des collèges professionnels. Ce sont d’ailleurs ces élections qui cristallisent les dernières contestations, tout autant que les projets de Pékin pour faire avaliser ses « uniques candidats ». Entre « localistes », « pro-démocrates » ou « pro-Pékin », les noms d’oiseaux pleuvent au Legco et les débats sont houleux. D’autant plus que la stratégie de Pékin semble illisible au premier abord. Ainsi, entre tentative d’intimidation, marche arrière toute, négociations, crises ou même laisser-faire, souvent les autorités centrales varient (à ce sujet, voir notre article).
Soutenez-nous !
Asialyst est conçu par une équipe composée à 100 % de bénévoles et grâce à un réseau de contributeurs en Asie ou ailleurs, journalistes, experts, universitaires, consultants ou anciens diplomates... Notre seul but : partager la connaissance de l'Asie au plus large public.
Faire un don