Politique
L'Asie du Nord-Est dans la presse

Hong Kong : après la victoire de Carrie Lam, quel avenir pour la société civile ?

La nouvellement élue chef du gouvernement de Hong Kong, Carrie Lam, en discussion avec son prédécesseur Leung Chun-ying, lors d'une conférence de presse le 27 mars 2017.
La nouvellement élue chef du gouvernement de Hong Kong, Carrie Lam (à gauche), en discussion avec son prédécesseur Leung Chun-ying (à droite), lors d'une conférence de presse le 27 mars 2017. (Crédit : Ling / Imaginechina / via AFP).
Apaisement social ou poursuite des tensions ? C’est le défi de Carrie Lam, candidate favorite du gouvernement de Pékin, désignée ce dimanche 26 mars à la tête de l’exécutif hongkongais. Le mouvement Occupy Central, fer de lance de la « révolution des parapluies » est dans les starting-blocks, malgré la répression policière et juridique qui s’annonce en ce lendemain d’élection.
« Un calice empoisonné. » C’est ainsi que la députée du parti civique Tania Chan a qualifié l’appel téléphonique de la police au lendemain de la désignation de Carrie à la tête de l’exécutif hongkongais. Attendue pour recevoir le « baiser de la mort », elle sera jugée, comme 8 autres leaders de l’ancien mouvement Occupy Central, pour « appel à la désobéissance civile », un chef d’accusation passible de sept ans d’emprisonnement. Raphael Wong Ho-ming, activiste de la ligue des sociaux-démocrates, l’ancien député Lee Wing Tat, Tommy Cheung, Chung Yiu-wah Sau-yin et Shiu Ka Chun de la fédération des étudiants : tous doivent se rendre au quartier général de police à Wan Chai pour être inculpés. Ils représentent Le mouvement Occupy Central with Love and Peace, qui avaient fait des émules de septembre à octobre 2014 avec la révolution dite des parapluies. Fortement suivi par la jeunesse hongkongaise, le mouvement avait organisé des sit-in pendant 79 jours à Hong Kong pour contrer le projet de loi concernant la place des candidats dits « de la ligne chinoise ». Depuis 2014, c’est plus de 1 000 manifestants qui ont été arrêtés.

Mais personne n’entend baisser les bras, comme l’affirme le groupe Demosisto (de l’ancien leader Joshua Wong), qui n’entend pas se plier à la convocation des autorités et appelle dans un communiqué de presse à de « nouvelles manifestations ». Pour Shiu Ka-Chun, un ancien membre de la Fédération des étudiants, interrogé par le South China Morning Post, l’analyse est amère : « D’un côté, il a été dit que la réconciliation entre les différentes opinions politiques était nécessaire et qu’il fallait que chaque camp se rassemble. Mais en réalité, il s’avère que la méthode utilisée pour se rassembler n’est rien de moins qu' »un nettoyage politique ». »

Carrie Lam, première femme à accéder au poste de chef de l’exécutif, est quant à elle bien « consciente des tensions sociales ». D’ailleurs, pour Chua Hoi Wai, le directeur exécutif au conseil des services sociaux, cité par le journal hongkongais, renouer le dialogue avec la société hongkongaise doit être la priorité. D’autant que le lien de confiance avec tous ceux qui n’ont pas eu voix au chapitre aux élections ne sera pas facile à rétablir. Selon Chua, Carrie Lam ne pourra obtenir la confiance du peuple qu’en amenant Pékin à infléchir sa position sur le suffrage universel ; tout en maintenant le principe du « peuple de Hong Kong à Hong Kong ». Ainsi, la nouvelle dirigeante devra reconnaître la position du peuple et « l’engager de façon proactive dans les organes statutaires et consultatifs ».
En interne, Carrie Lam devra également apaiser les relations entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif de la ville. Celle que l’opposition appelle « CY 2.0 » (en référence à Leung Chun-Ying, le chef de l’exécutif sortant), devra respecter ses promesses électorales si elle ne veut pas faire face à la fronde populaire, avertit la tribune du South China Morning Post. Au risque sinon de voir renaitre le mouvement Occupy Central.
Par Sarah Suong Mazelier

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