Trump "maintient" l'alliance avec Séoul, Duterte conciliant et Inde aux aguets
Asie du Nord-Est
Autre dossier bouillant entre les Etats-Unis et la Corée du Sud : la question nucléaire nord-coréenne. A ce titre, Donald Trump a promis « tout et son contraire » lors de la campagne électorale, depuis « des négociations à la même table que Kim Jong-un » jusqu’à « la remise du dossier entre les seules mains de la Chine », souligne Victor Cha, responsable Corée au think-tank CSIS. Park Geun-hye a ainsi rappelé la nécessité, d’après elle, d’une « coopération rapprochée » entre Séoul et Washington afin d’éviter toute « provocation » de Pyongyang pendant la période de transition à la Maison blanche – et après. De son côté, la Corée du Nord a prévenu Donald Trump qu’il aurait à faire avec « un Etat nucléaire » et que les appels américains à la dénucléarisation constituaient « une illusion obsolète ». Kim Jong-un demande ainsi à « changer la politique des Etats-Unis » dans la péninsule coréenne, rapporte le Straits Times.
Côté économique, l’industrie japonaise craint pour ses exportations : le président élu n’a jamais caché ses velléités protectionnistes et son opposition au Traité Transpacifique, tout en accusant le Japon de bénéficier d’un yen faible, rappelle le Mainichi. Conséquence : l’annonce de sa victoire hier a causé déstabilisé les cours de la bourse et de la monnaie nationale nippone. L’ouverture de cette période d’incertitude pourrait bien contrarier les plans d’Abe pour des élections législatives anticipées : désormais, la priorité est à accorder à la consolidation des relations entre l’administration de Tokyo et la nouvelle équipe à Washington, commente le Mainichi dans un autre article. Ce à quoi Donald Trump a l’air étonnamment disposé : lors de son entretien téléphonique avec Shinzo Abe, le futur président des Etats-Unis a souligné la nécessité de « renforcer » la « relation spéciale » qui unit leurs deux pays…
Mais il est possible que le nouveau président américain infléchisse sa position d’ici son investiture en janvier. « En Chine, et je suppose dans de nombreux endroits du monde, je pense que nous adopterons une approche attentiste pour constater si Trump va effectivement concrétiser quelques unes de ses promesses de campagne les plus controversées » confie Zhang Yu, professeur adjoint de management à la China European International Business School, au South China Morning Post. Dans un autre article, le quotidien hongkongais donne ainsi la parole à James Woolsey, conseiller principal de Donald Trump sur la sécurité nationale, la défense et les renseignements. Et l’homme se veut rassurant : les Etats-Unis resteront attachés à l’équilibre des puissances en Asie, mais continueront de soutenir les « efforts légitimes » de la Chine en faveur d’une meilleure prise sur les enjeux internationaux. En somme, Donald Trump pourrait bien accepter la montée en puissance de la Chine, tant qu’elle ne menace pas le statu quo dans la région.
Asie du Sud-Est
Mais tous les Birmans ne partagent pas son avis. Les groupes anti-musulmans du pays composent ainsi des chants lyriques pour fêter la victoire du républicain, rapporte le Straits Times. Ils considèrent Donald Trump comme le champion de la lutte contre le « terrorisme islamiste », louant sa proposition d’interdire aux musulmans l’accès au territoire américain. Le fameux moine controversé Wirathu s’est ainsi fendu d’un poème de quatre vers : « La sécurité publique est la plus haute considération, Donald Trump est le véritable leader, le peuple l’aime tant, le nationalisme est la priorité. »
Asie du Sud
Durant sa campagne électorale, relève le Times of India, Donald Trump a parlé de l’Inde de trois façons : comme un pays à croissance très rapide, comme un pays qui vole les emplois des Américains et comme un pays cible du terrorisme. Cela dit, « The Donald » a très tôt fait part de son enthousiasme à travailler avec Narendra Modi. Le Premier ministre indien espère que Trump tiendra sa promesse de redoubler la présence américaine en mer de Chine du Sud. Quant à la politique éconmique plus protectionniste du nouveau président-élu, notamment sa volonté d’abandonner le Traité Transpacifique, le TPP, ce n’est pas forcément une mauvaise chose pour l’Inde. En effet, New Delhi ne s’est pas qualifié pour le TPP et son abandon pourrait lui donner plus de jeu dans le commerce avec les Etats-Unis.
Cependant, pour le quotidien Express Tribune, l’élection de Trump pourrait au contraire être une « aubaine cachée » en faveur Islamabad. Car d’après Ishtiaq Ahmed, professeur de relations internationales à l’Université Quid-e-Azam d’Islamabad, les Etats-Unis de Trump ne joueront plus la carte de « l’ambigüité » entre l’Inde et le Pakistan. Il espère ainsi des dialogues plus « francs » entre les deux Etats.
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