Elections américaines vues d'Asie, Premier ministre sud-coréen et diplomates indiens
L'Asie dans l'attente des élections américaines
Car le nouveau président américain, en prenant les rênes d’un pays « profondément divisé politiquement » à la suite d’une « rude » campagne électorale, sera certainement « faible ». Et il aura fort à faire ailleurs qu’en Asie, en matière de politique étrangère : Syrie, Etat islamique, confrontation avec Poutine. Seule la question nucléaire nord-coréenne surnage dans le dossier asiatique. De leur côté, les Etats-membres de l’ASEAN ont connu des bouleversements politiques depuis le début du « pivot » américain (2011-2012) : l’accession au pouvoir de « l’imprévisible et voyou » Rodrigo Duterte aux Philippines, une Malaisie « empêtrée dans les scandales de corruption », une Birmanie « prometteuse mais prudente », et une Thaïlande « de nouveau sous administration militaire ».
Pourtant, d’après Suranand Vejjajiva, c’est bien à Bangkok que revient le défi d’assurer l’unité régionale de l’ASEAN, afin de peser dans la balance des relations internationales :
Pourtant, les relations ne sont pas particulièrement au beau fixe entre Wahington et Manille. Les Philippines viennent en effet d’annuler une vente d’armes américaine, rapporte The Inquirer : 26 000 pistolets de police qui ne seront finalement pas livrés à l’archipel. Il faut dire que Washington avait bloqué la vente en raison de « suspiscions de violation des droits humains », liées à la guerre anti-drogue du président Duterte. Ce dernier ne se fait pas de souci pour autant : « Nous n’insisterons pas pour acheter des armes onéreuses auprès des Etats-Unis. Nous pouvons toujours les obtenir autre part. Je demande à la police d’arrêter la vente, nous n’en avons pas besoin. » Le président philippin a ainsi annoncé qu’il pourrait bien se tourner vers de nouveaux marchés, dont la Russie.
Asie du Nord-Est
L’une des raisons pour lesquelles les tensions pourraient s’accroître réside dans la détermination de Pékin. Car après la disqualification de Sixtus Baggio Leung Chung-hang et de Yau Wai-ching, dont le serment n’avait jamais été validé, les autorités communistes pourraient bien souhaiter écarter deux autres députés localistes, bien investis cette fois-ci : Lau Siu-lai, dont le serment aurait été prononcé « trop lentement » et Nathan Law, qui a « froncé les sourcils avec intonation » lors de son intronisation. Argument avancé par Pékin d’après le South China Morning Post : son interprétation de l’article 104 est rétroactive… Les officiels hongkongais estiment cependant que le jugement reste entre les mains des cours de justice locales.
Asie du Sud-Est
La Cour suprême estime en outre que la destitution de Marcos lors de la révolution de 1986 ne s’est pas faite de manière « déshonorante », ce qui ne le priverait pas d’être enterré au cimetière des héros de la nation, rapporte le Philippine Star dans un second article. Mais l’opposition n’a pas encore dit son dernier mot : une requête demandant le réexamen du jugement pourrait bientôt être déposée devant la Cour.
Depuis le 9 octobre, le nord de l’Etat Rakhine, dans l’Ouest birman, est en proie à des tensions liées à l’attaque de postes-frontières avec le Bangladesh par des hommes armés. Les autorités birmanes accusent un groupe de 400 Rohingyas, minorité musulmane totalement apatride depuis mars 2015. Environ 150 000 personnes seraient depuis privées de nourriture, de ressources financières et d’assistante nutritionnelle, déplorent les Nations unies. Les combats ont fait 33 morts parmi les assaillants présumés et 5 dans les rangs de l’armée, accusée de violation des droits humains par certaines ONG – ce que le gouvernement de Naypyidaw réfute.
Vendredi 4 novembre, des milliers de « sympathisants d’organisations islamiques » ont défilé dans les rues de la capitale indonésienne pour demander l’arrestation du gouverneur de Jakarta, Ahok, accusé d’avoir tenu des « propos blasphématoires » envers les musulmans et le Coran (voir notre revue de presse du 4 novembre). Si Jokowi a déclaré avoir « apprécié » le « bon comportement » des manifestants, il déplore les « émeutes » qui ont éclaté dans la soirée. Il s’agit d’après lui d’une « l’exploitation » de la manifestation par des « acteurs politiques ».
Asie du Sud
Quatre de leurs confrères devraient suivre le même chemin jeudi, annonce le site indien Firstpost. De son côté, le quotidien pakistanais Dawn explique quant à lui que ces officiels étaient soupçonnés par le ministère des Affaires étrangères à Islamabad « d’implication dans la coordination d’actions terroristes et d’activités subversives » – notamment en faveur des Talibans pakistanais. Les autorités du pays se félicitent en outre d’avoir « fait sauter » la couverture d’autant « d’agents doubles » en une seule fois.
Aujourd’hui, G. L. Peiris souhaite former une nouvelle organisation politique et appelle l’ex-chef de l’Etat à en prendre les rênes : « Nous ferons de notre mieux pour le persuader de diriger notre nouveau parti. Jusqu’à maintenant, [Mahinda Rajapaksa] ne s’est pas engagé auprès de nous, mais nous avons l’espoir qu’il acceptera. » Selon The Hindu, il reste peu probable pour l’instant que Rajapaksa sorte du SLPF qui représente pour lui la légitimité auprès de la majorité ethnique cinghalaise, indispensable s’il veut revenir un jour au pouvoir.
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