Pouvoir de Xi Jinping, Américains aux Philippines et rebelles maoïstes indiens
Asie du Nord-Est
Il faudra bien lire entre les lignes de la presse officielle pour comprendre ce qui se trame à la tête du pouvoir central à Pékin. En surveillant les détails des nominations, notamment celle de Wang Qishan, président de la très redoutée Commission centrale de contrôle et de discipline du Parti, et donc le chef de la lutte anti-corruption lancée par Xi Jinping depuis 2013. Wang aura 69 ans l’an prochain : il doit céder la place. S’il est maintenu en fonction, cela indiquera certainement que Xi s’apprête à un coup de force pour obtenir un troisième mandat de cinq ans jusqu’en 2022. Ce samedi 22 octobre, le South China Morning Post s’était fait l’écho d’un article de la Tribune du Peuple, journal affilié au Quotidien du Peuple, l’organe officiel du Parti. Selon l’éditorial, le parti a besoin d’un leader du type de Mao Zedong et Xi Jinping correspond parfaitement au profil.
« La Constitution actuelle, qui prévoit un mandat présidentiel unique de cinq ans et qui est en vigueur depuis l’amendement de 1987 il y a 30 ans, était sans doute adaptée à la période de démocratisation passée, mais elle ressemble à présent à un vêtement qui ne nous irait plus », a déclaré la présidente. Cette décision a lieu alors que nombreux sont ceux appelant à une réforme de la vie politique sud-coréenne. L’objectif : diviser en plusieurs personnes les pouvoirs qui sont aujourd’hui alloués au seul président.
Cette rencontre est la dernière en date d’une série de pourparlers non officiels entre Américains et Nord-Coréens appelés communément Track 2, alors même que les deux pays n’entretiennent plus aucun contact officiel. En effet, depuis le mois de juillet dernier, le « royaume ermite » a coupé le dernier canal de discussion encore en activité – ou « canal de New York » – suite aux sanctions prises à l’égard de Kim Jong-un.
Etaient présents autour de la table dans la capitale malaisienne ce week-end, l’actuel vice-ministre nord-coréen des Affaires étrangères, et ancien vice-ambassadeur de Pyongyang à l’ONU, Han Song-Ryol, et Robert Gallucci, l’ancien négociateur en chef des accords de 1994 qui avaient vu le gel du programme nucléaire nord-coréen, nous précise le quotidien singapourien.
Pour Leon Sigal, un spécialiste académique des deux Corées présent lors des discussions, la question du programme nucléaire nord-coréen était sur toutes les lèvres. Selon les propos du chercheur cités par l’agence de presse sud-coréenne Yonhap, la principale divergence vient que les envoyés de Pyongyang souhaitent « d’abord signer un accord de paix avec les Etats-Unis avant d’aborder les questions militaires », alors que pour les négociateurs Américains, l’« arrêt du programme nucléaire est un prérequis à toute discussion ultérieure. »
Pour le Straits Times, cette table ronde se tient de façon concomitante à deux autres discussions. Tout d’abord, la possibilité d’un changement de politique de la part de Washington en cas de changement d’administration. En effet, de nombreuses voix se sont élevées de la capitale fédérale américaine ces derniers temps contre l’ineeficacité des sanctions et des menaces contre Pyongyang. Elles n’empêchent nullement le régime de Kim Jong-un de continuer à développer son arsenal nucléaire, jusqu’à menacer directement les Etats-Unis. Par ailleurs, des pourparlers sont en cours au sein du Conseil de sécurité de l’ONU pour la mise en place d’une nouvelle résolution – et de sanctions attenantes – condamnant le dernier essai nucléaire nord-coréen de septembre dernier.
Asie du Sud-Est
Dès samedi, cet habitué des déclarations à l’emporte-pièce nuançait déjà ses propos précisant qu’il s’agissait avant tout de dépendre moins de son partenaire économique et militaire, rapporte The Philippine Star. « Rompre les relations avec notre ami le plus proche, notre seul allié militaire et notre partenaire stratégique irait à l’encontre de l’intérêt national. Mais une séparation avec cette ancienne puissance coloniale semble nécessaire pour mener à bien notre politique étrangère indépendante », expliquait de son côté Perfecto Yasay dans un post sur Facebook. Et d’ajouter : « Cela signifie se libérer des chaînes qui nous maintiennent prisonniers des investissements étrangers pour permettre à notre peuple de régler les problèmes que connaît notre pays sans avoir à se soucier d’une ingérence étrangère. »
Jusqu’à la prise de fonctions de Duterte le 30 juin dernier, Manille était l’un des plus fidèles alliés des Etats-Unis en Asie. Mais depuis, la relation entre les deux Etats s’est fortement détériorée, le président philippin n’acceptant pas les critiques des Etats-Unis contre sa lutte anti-drogue qui a déjà fait plus de 3 700 morts dans le pays. Duterte a ainsi qualifié le président Obama de « fils de pute » avant d’annoncer la fin du pacte militaire entre les deux Etats.
Sirikan Charoensiri est cependant la première avocate jugée pour sédition. Une façon, selon les militants de défense des droits de l’homme, de faire de la jeune femme un exemple pour ses confrères. Elle risque jusqu’à sept ans de prison (voir notre reportage du 22 février 2016).
La situation a dégénéré lorsque des hommes armés et masqués ont attaqué des postes de police à la frontière avec le Bangladesh provoquant la mort de neuf personnes le 9 octobre. Le gouvernement a alors déclaré le nord de la région « zone opérationnelle » rendant quasi impossible de connaître la situation réelle. Au total, plus de 10 000 Rohingyas auraient été déplacés selon ECHO, l’organisme d’aide humanitaire et de protection civile de l’Union européenne. Plusieurs voix s’élèvent, notamment chez les dirigeants de groupes rohingyas, accusant le gouvernement de crimes de guerre. « Certes, le gouvernement doit retrouver les responsables de l’attaque du 9 octobre mais il doit le faire dans le respect des droits de l’homme, et cela signifie laisser les journalistes et les ONG faire leur travail », conclut Brad Adams. Le gouvernement a pointé du doigt un groupuscule islamique attaché à un groupe Rohingya mais aucune preuve n’a, à ce jour, été apportée. Il s’agit de l’épisode de violences le plus meurtrier depuis les combats qui avaient fait rage dans la région en 2012.
Asie du Sud
Depuis un demi-siècle, la guérilla maoïste est repliée dans un « corridor rouge » de forêts au centre de l’Inde. Elle justifie ses combats par ses revendications en termes d’emplois, de terres et de meilleurs droits pour les minorités tribales qui vivent dans une grande pauvreté. Cette nouvelle attaque serait l’un des épisodes les plus meurtriers cette année. En juillet dernier, dix commandos paramilitaires indiens avaient été tués lorsqu’une série de bombes artisanales avaient été déclenchées au passage de leur convoi (voir notre revue de presse du 10 juillet). Au moins 7 000 personnes ont perdu la vie dans ce conflit entre 2005 et 2016, selon le site spécialisé South Asia Terrorism Portal. Pour comprendre les enjeux de la rébellion maoiste en Inde, (re)lire nos dossiers : « Inde : la guerre oubliée des maoïstes » et « Inde : le naxalisme, aux origines du maoïsme indien« .
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