Moteur de fusée nord-coréen, Abou Sayyaf aux Philippines et Modi sous pression
Asie du Nord-Est
Après cette énième démonstration de puissance, les réactions officielles des pays étrangers n’ont pas tardé à se faire entendre. La Corée du Sud en tête, comme le relaie Yonhap dans une autre dépèche : « Il est déplorable que le Nord continue de développer ses capacités nucléaires et balistiques, déclare le ministre sud-coréen de l’Unification, alors même qu’il détourne le regard de son peuple souffrant des récentes pluies torrentielles. » Il faut dire que l’essai du moteur a eu lieu dans la région-même frappée par de dramatiques inondations au début du mois, au nord-est du pays (voir notre revue de presse du 1er septembre).
De leur côté, les Etats-Unis et la Chine s’étaient déjà acordé pour chercher une réponse coordonnée contre le programme nucléaire nord-coréen à la suite du test du 9 septembre, rapporte le South China Morning Post. L’essai de ce mardi devrait donc confirmer cette dynamique, au lendemain de la rencontre entre le président Barack Obama et le Premier ministre Li Keqiang à l’ONU. Se pourrait-il que la Chine se manifeste en faveur de sanctions durcies à l’encontre de son voisin ? Quoi qu’il en soit, Pékin et Washington suspectent tous deux une entreprise chinoise, Hongxiang Industrial, d’aider Pyongyang dans le développement de son programme nucléaire. Le Straits Times révèle que la police du Lianoning (province chinoise frontalière avec la Corée du Nord) a ouvert une enquête sur la compagnie, et que les avoirs de ses principaux actionnaires ont été gelés. Des procureurs du département américain de la Justice s’étaient rendus à Pékin le mois dernier pour faire part de leurs soupçons.
Asie du Sud-Est
Le corps décharné, l’oeil vitreux, le Norvégien a raconté son année de calvaire : « Nous étions traités comme des esclaves, constamment menacés d’être décapités et obligés de porter les affaires de nos ravisseurs alors que nous nous déplacions d’un endroit à un autre pour échapper aux opérations militaires. » Vivant constamment dans la terreur, le Norvégien a dû assister aux exécutions de Robert Hall et John Risdel.
S’il a pu être libéré, c’est parce que sa famille et ses amis ont payé une rançon de 1,9 millions d’euros. Le mois dernier, alors qu’il assure refuser de payer une seule rançon, le président philippin Rodrigo Duterte a aussi admis avoir fourni 32 millions d’euros au groupe terroriste pour la libération de ses otages. Une information que déplore The Inquirer, jugeant que cet argent sert à alimenter les activités terroristes du groupe islamiste.
Autre source d’interrogation pour le journal : la première personne à avoir reçu l’ancien otage à sa libération est Nur Misuari, à la tête du Front moro islamique de Libération, plus grand groupe rebelle islamiste qui a signé un traité de paix avec le gouvernement en 2014. Nur Misuari est accusé d’être responsable du siège de la ville de Zamboanga en 2013, qui a provoqué la mort de 300 personnes. Ce dernier s’était exilé en Malaisie avant de revenir aux Philippines en janvier dernier.
Il a été personnellement remercié par le président philippin mais son rôle dans l’affaire reste flou. Misuari aurait en effet attendu pour annoncer la libération de l’otage. Son objectif : apparaître sur le tarmac de l’aéroport aux côtés du Norvégien lors de son arrivée, se présentant aux médias comme l’homme sans qui sa libération n’aurait pas été possible. « Quel que soit le rôle de Misuari dans la libération de Sekkingstad, il lui permet d’être de nouveau considéré par le gouvernement », déplore le Straits Times.
« Nous avons longtemps débattu afin de déterminer s’il fallait réintroduire cette clause, a expliqué le député Kyaw Soe Linn. Certains affirmaient qu’elle était nécessaire afin d’assurer la sécurité dans les villages. Mais la majorité des personnes présentes étaient d’accord : la tenue de ces listes d’invités ne doit plus exister. » A présent, seules les personnes résidant dans les villages pendant plus d’un mois devront en informer le gouvernement. Plus aucune sanction ne sera appliquée si une personne refuse de dresser la liste de ces invités.
Jusqu’alors, la loi des « inspections de minuit » était draconienne. Elle permettait à la junte militaire de contrôler les mouvements de ses opposants mais aussi d’inspecter n’importe quel domicile. Les autorités avaient utilisé cette loi contre Aung San Suu Kyi en 2009, lorsque cette dernière avait reçu un Américain dans sa demeure de Rangoun.
De leur côté, les membres de l’armée présents au Parlement (25% des sièges lui sont réservés) se sont opposés fermement à cette modification de la loi mettant en avant des questions de sécurité. « Il est nécessaire de prévenir la moindre menace dans une région, a maintenu le Colonel Tun Myat Schwe. Si quelque chose arrive, nous ne pouvons pas assurer la sécurité des villageois si les étrangers peuvent se déplacer librement. »
L’appareil transportait 50 musulmans revenant de la mosquée, soit le double de sa capacité réelle. Au volant, le chauffeur n’avait plus de permis valide. Le bateau s’est retourné à cause d’une vague au moment où il tentait de passer un banc de sable. Selon des témoins, il filait à grande vitesse sous une pluie torrentielle. Le chauffeur est poursuivi pour négligence, pour avoir conduit sans permis et pour avoir chargé le bateau au-delà de sa capacité, a annoncé le général Suthi Phungphikul, chef de la police d’Ayutthaya.
Selon l’organisation mondiale de la Santé, les transports thaïlandais sont les plus dangereux du monde après les libyens, rappelle le Straits Times. Après ce nouvel accident meurtrier, le gouvernement a annoncé envisager la mise en place de nouvelles mesures de sécurité obligatoires dans les bateaux pouvant embarquer plus de 25 personnes.
Asie du Sud
D’après le quotidien indien, la posture du Premier ministre pakistanais au Cachemire étant celle d’une « confrontation totale », Narendra Modi devrait « répondre de la même manière ». Il s’agirait en fait de poursuivre sur sa lancée : ses critiques de la politique d’Islamabad au Baloutchistan et au Gilgit-Baltistan, ainsi que ses invectives contre le Pakistan aux sommets internationaux, soulignent bien sa volonté de montrer que l’Inde « ne se laissera pas faire ». Mais il faut désormais transformer l’essai. Faire (finalement) usage de la force ? Rien n’est moins sûr, car les priorités de Modi sont économiques, et non sécuritaires. Alors, il lui reste la possibilité de développer des « options créatives », conclut le Times of India sans préciser davantage.
Au centre de la conversation : les tensions au Cachemire. Nawaz Sharif dénonçant les « atrocités » commises par les autorités indiennes pour freiner un soulèvement populaire dans la vallée contrôlée par New Delhi. La région connaît une période de troubles violents depuis début juillet lorsqu’un leader séparatiste a été abattu par les forces armées. 86 personnes sont mortes depuis le début des émeutes.
Autre source de dissension entre les deux pays, l’attentat qui a provoqué la mort de 17 soldats indiens dans la base militaire d’Uri dimanche 18 septembre. Il s’agit de l’attaque terroriste la plus sanglante que le Cachemire indien ait connu depuis quinze ans. New Delhi a rapidement accusé quatre séparatistes cachemiris basés au Pakistan d’en être responsables. Le ministre indien des Affaires extérieures a par ailleurs accusé Islamabad de favoriser le « poison » au détriment du « dialogue » et de soutenir le terrorisme (voir notre revue de presse du 19 septembre).
« Le Pakistan a toujours combattu le terrorisme. J’ai toujours agi avec mes voisins pour assurer la paix, la stabilité et la prospérité dans la région, a riposté Nawaz Sharif. Je me souviens toujours des promesses de l’ancien président Clinton qui nous assurait que les Etats-Unis nous aideraient à résoudre les conflits entre le Pakistan et l’Inde. » De leur côté, les Etats-Unis n’ont pas communiqué de bilan sur cette rencontre.
Les relations entre les deux Etats se sont détériorées depuis un rapprochement entre Washington et New Delhi. Le gouvernement Obama n’a, par ailleurs, cessé de faire pression sur Islamabad dans sa lutte contre le terrorisme.
Au téléphone depuis Genève où il est exilé depuis 2006, le président du parti a appelé l’Inde à le soutenir dans sa lutte pour l’indépendance du Baloutchistan. Jusqu’alors, l’Inde avait montré peu d’intérêt pour cette cause. Mais le 16 août dernier, lors de son discours pour la fête de l’Indépendance, Narendra Modi a dénoncé les violations des droits de l’homme dans cette région remettant en cause l’intégrité territoriale du Pakistan et détournant ainsi les regards des troubles violents au Cachemire indien depuis début juillet (voir notre revue de presse du 16 août).
Soutenez-nous !
Asialyst est conçu par une équipe composée à 100 % de bénévoles et grâce à un réseau de contributeurs en Asie ou ailleurs, journalistes, experts, universitaires, consultants ou anciens diplomates... Notre seul but : partager la connaissance de l'Asie au plus large public.
Faire un don