Revue de presse Philippines - 20 septembre 2016

Philippines : payer la rançon, une bonne méthode pour lutter contre Abou Sayyaf ?

Les conditions de la libération de l'otage norvégien Kjartan Sekkingstad posent question. Copie d'écran du Straits Times, le 20 septembre 2016.
Les conditions de la libération de l'otage norvégien Kjartan Sekkingstad posent question. Copie d'écran du Straits Times, le 20 septembre 2016.
Straits Times – Faut-il accepter de payer une rançon au groupe Abbou Sayyaf ? C’est la question que se pose le journal Philippine Daily Inquirer, repris par le Straits Times, ce mercredi 21 septembre après la libération de l’otage norvégien Kjartan Sekkingstad. Ce dernier avait été enlevé en septembre 2015 à Davao avec la Philippine Marites Flor et les Canadiens Robert Hall et John Risdel.

Le corps décharné, l’oeil vitreux, le Norvégien a raconté son année de calvaire : « Nous étions traités comme des esclaves, constamment menacés d’être décapités et obligés de porter les affaires de nos ravisseurs alors que nous nous déplacions d’un endroit à un autre pour échapper aux opérations militaires. » Vivant constamment dans la terreur, le Norvégien a dû assister aux exécutions de Robert Hall et John Risdel.

S’il a pu être libéré, c’est parce que sa famille et ses amis ont payé une rançon de 1,9 millions d’euros. Le mois dernier, alors qu’il assure refuser de payer une seule rançon, le président philippin Rodrigo Duterte a aussi admis avoir fourni 32 millions d’euros au groupe terroriste pour la libération de ses otages. Une information que déplore The Inquirer, jugeant que cet argent sert à alimenter les activités terroristes du groupe islamiste.

Autre source d’interrogation pour le journal : la première personne à avoir reçu l’ancien otage à sa libération est Nur Misuari, à la tête du Front moro islamique de Libération, plus grand groupe rebelle islamiste qui a signé un traité de paix avec le gouvernement en 2014. Nur Misuari est accusé d’être responsable du siège de la ville de Zamboanga en 2013, qui a provoqué la mort de 300 personnes. Ce dernier s’était exilé en Malaisie avant de revenir aux Philippines en janvier dernier.

Il a été personnellement remercié par le président philippin mais son rôle dans l’affaire reste flou. Misuari aurait en effet attendu pour annoncer la libération de l’otage. Son objectif : apparaître sur le tarmac de l’aéroport aux côtés du Norvégien lors de son arrivée, se présentant aux médias comme l’homme sans qui sa libération n’aurait pas été possible. « Quel que soit le rôle de Misuari dans la libération de Sekkingstad, il lui permet d’être de nouveau considéré par le gouvernement », déplore le Straits Times.

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