Fraude électorale en Chine, Aung San Suu Kyi à Washington et trêve en Inde
Asie du Nord-Est
L’heure est donc grave dans la province du nord de la Chine puisque, selon les révélations de l’agence de presse chinoise Xinhua, sur les 62 membres du Comité permanent du Congrès provincial du Liaoning, 38 ont dû être démis de leur fonctions. Ce qui porte désormais à 523 le nombre d’officiels de la province a être impliqués dans cette vaste fraude électorale destinée à aider à « l’élection » de 45 des leurs l’Assemblée nationale populaire – soit 5 % du total des députés.
Pour résoudre la question, du moins au niveau provincial, le Comité permament de l’ANP se prépare d’ores et déjà à nommer un panel représentatif au Liaoning afin que les tâches de l’organe représentatif soient assurées. Au niveau national pourtant, la réponse immédiate n’est pas si simple. En effet, cette vaste fraude électorale pose une double question, selon le quotidien hongkongais : celle du rôle pur et simple des députés et celle de la place de la démocratie en Chine.
Ainsi, dans un second article, le South China Morning Post peut – sans coup férir – dire que bien que les députés n’aient qu’une influence minime sur les décisions, ils peuvent utiliser leurs positions pour promouvoir leurs clans et leurs intérêts propres. En effet, l’ANP n’est l’organe suprême de la République poplaire de Chine que « sur le papier ». Constitutionnellement, c’est à ses 3 000 membres que reviennent le « pouvoir « d’élire » le président et le Premier ministre, de contrôler le pouvoir du gouvernement, ou d’approuver les lois ». Or, lorsque le gouvernement de Pékin annonce que plus de la moitié de la délégation de la province du Liaoning au Congrès a été élue par fraude, qu’en est-il des décisions pour lesquelles ils ont votées ? Doivent-elles être elles aussi reconsidérées ? Ou purement et simplement annulées ? La question et ses implications n’a semble-t-il pas échappé à Zhang Dejiang, le président du Comité permanent de l’ANP qui voit le scandale du Liaoning comme « un challenge pour la politique socialiste démocratique de la Chine » car il ébranle « le système socialiste chinois ». Pour autant, malgré ces déclarations, une réforme de la Constitution n’est pas à l’ordre du jour…
Le Japon compte aujourd’hui 900 000 travailleurs étrangers, essentiellement des chercheurs ou des travailleurs spécialisés dans des secteurs précis. Or, au vue de la baisse du taux de natalité et du déclin de la population japonaise, des voix de plus en plus nombreuses se font entendre pour ouvrir plus de secteurs et permettre ainsi aux étrangers de travailler dans dans l’agriculture, l’industrie du « care » (les services à la personne) ou encore dans le tourisme – notamment l’industrie hôtelière (relire notre article sur le sujet). Pour autant, le gouvernement ne se précipitera pas car se pose une double question sensible : Comment différencier à terme ces futurs travailleurs étrangers des immigrants et quel sera l’impact du recours à cette large main-d’oeuvre sur le marché du travail local ? Shinzo Abe entend donc attendre afin d’obtenir un large consensus au sein de la population.
Asie du Sud-Est
C’est la première visite d’Aung San Suu Kyi à Washington en tant que Premier ministre de facto de la Birmanie. Arrivée aux Etats-Unis ce mercredi 14 septembre, la prix Nobel de la paix doit rencontrer le président Barack Obama et son vice-président Joe Biden. Au programme de leurs discussions : le processus de paix dans le pays quinze jours après la tenue de la Conférence de Panglong, où se sont réunis des représentants des différents groupes ethniques (voir notre revue de presse du 5 septembre), mais aussi la question des Rohingyas, minorité musulmane considérée comme apatride en Birmanie. Privés de tout droit civique depuis fin mars 2015, nombre d’entre eux vivent dans des camps de fortune à la frontière avec le Bangladesh.
Aung San Suu Kyi et Barack Obama doivent aussi aborder l’épineuse question des sanctions économiques qui pèsent toujours sur la Birmanie. Mi-mai, Washington les a maintenues en les modifiant. L’embargo sur la vente d’armes, l’importation de rubis et de jade est toujours à l’ordre du jour mais sept entreprises d’Etat et trois banques nationales ont été retirées de la liste noire. Les sanctions contre Asia World, plus gros conglomérat de Birmanie dirigé par l’homme d’affaires Steven Law et proche de l’ancienne junte militaire, ont été renforcées.
Depuis la victoire de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie, aux élections législatives de novembre dernier, Aung San Suu Kyi ne s’est jamais exprimé explicitement pour ou contre le maintien de ces sanctions. Le 12 septembre dernier, l’Alliance Kachin, l’une des minorités ethniques fortement représentée en Birmanie, a adressé une lettre ouverte au président Obama. Son objectif : maintenir dans la liste noire les personnes qui s’approprient les territoires où vivent les minorités ethniques pour profiter des ressources présentes. « Malgré les progrès qu’a fait la Birmanie, nous pensons qu’annuler les dernières sanctions à ce moment de la transition démocratique serait prématuré.
Avant son voyage à Washington, Aung San Suu Kyi a passé deux jours à Londres. Une ville qu’elle connaît bien puisqu’elle a étudié aux universités d’Oxford et de Londres. Ces deux fils sont par ailleurs nés dans la capitale britannique. La prix Nobel a rencontré la Premier ministre Teresa May, son ministre des affaires étrangères Boris Johnson, ainsi que douze ambassadeurs européens, du Moyen-Orient et d’Afrique.
Arrêtée en avril 2010, Mary Jane Veloso est accusée d’avoir transporté 2,6 kg d’héroïne en Indonésie. Jusqu’alors, cette Philippine de 31 ans, était parvenue à échapper à l’exécution. En avril dernier, cette dernière avait été suspendue in extremis après qu’une enquête sur son potentiel employeur a été ouverte aux Philippines. Manille avait cependant dû insister, l’ancien président Benigno Aquino III s’était adressé directement à Jokowi. Lundi, ce dernier lui-même a affirmé aux médias indonésiens que Rodrigo Duterte avait donné son « feu vert » à l’exécution de Mary Jane Veloso provoquant un tollé sur les réseaux sociaux. Une affirmation sitôt niée par le dirigeant philippin qui affirme avoir déclaré qu’il laisserait la justice indonésienne faire son travail sans interférer.
En 2015, 14 personnes suspectées d’être liées au trafic de drogue ont été exécutées en Indonésie, dont deux Australiens, un Brésilien et un Nigérian. « Jokowi a décidé d’utiliser sa licence de tuer pour sauver son pays de ce qu’il appelle l’Etat d’urgence en matière de drogue, rapporte le Jakarta Post, et les pressions d’associations nationales et internationales n’ont pas réussi à le faire changer d’avis. » Jokowi défie ainsi la communauté internationale qui appelle à la clémence envers la jeune femme. Une façon pour le président indonésien de rappeler à ses homologues qu’ils doivent respecter les lois de son pays.
« Mais le gouvernement doit faire face à un manque de confiance envers ceux chargés d’appliquer les lois dans un système souvent perçu comme corrompu », remarque l’éditorial. S’il n’existe aucune preuve de corruption dans des procès pour trafic de drogue, certains ne manquent pas de noter des erreurs judiciaires. A aucun moment, Seck Osmane et Humphrey Ejike, exécutés en juillet n’ont pu tenter d’obtenir la clémence du gouvernement. Mary Jane Veloso, quant à elle, n’a pu avoir accès qu’à un interprète non diplômé pour son procès alors qu’elle parle à peine anglais. « Que Jokowi choisisse de maintenir l’exécution de Mary Jane Veloso malgré les doutes sur le fait que la justice ait réellement fait son travail, soulève l’hypothèse qu’il a besoin de marquer le coup avant d’accélérer ses réformes. S’il veut impressionner ses citoyens, mettre fin à la peine de mort serait son héritage le plus apprécié », lance le Jakarta Post.
Bersih retourne dans les rues de Malaisie. Ce mercredi 14 septembre, Maria Chin Abdullah, à la tête du mouvement malaisien de la société civile, a annoncé que le mois d’octobre serait marqué par de nombreux rassemblements. Au total, ils doivent être organisés dans 246 villes malaisiennes et culminer avec une manifestation le 19 novembre prochain. Le groupe veut dénoncer le manque d’actions autour du scandale du fonds étatique d’investissement 1MDB (1 Malaysia Development Berhad) dans lequel est impliqué le Premier ministre Najib Razak. Ils appellent toujours à sa démission et à la tenue d’élections libres.
Cela fait suite à l’annonce le 2 septembre selon laquelle le Premier ministre est bien le « Malaysian Official 1 » mentionné dans le rapport du Département américain de la Justice (voir notre revue de presse du 2 septembre). Le fonds 1MDB, créé par Najib Razak en 2009 et suspecté de blanchir de l’argent, fait aujourd’hui l’objet d’enquêtes dans six pays dont les Etats-Unis, la Suisse et Singapour. La superstar d’Hollywood Leonardo Di Caprio y serait même impliquée.
Ces manifestations auront lieu alors que la National Security Council Law est entrée en vigueur le 1er août dernier. Cette législation permet à Najib Razak d’instaurer des « zones d’état d’urgence », pour contrer le terrorisme. Elle pourrait cependant priver les Malaisiens du droit de protester. Les dernières manifestations de Bersih datent d’août 2015, au moment où le scandale du 1MDB était révélé dans la presse.
Asie du Sud
Cette crise a commencé le 5 septembre avec l’arrêté de la Cour suprême indienne ordonnant au Karnataka de livrer 425 mètres cubes d’eau par seconde du fleuve Cauvery à l’Etat voisin du Tamil Nadu. Alors que ce dernier était « à l’agonie » selon son gouvernement provincial, le Karnataka n’y voyait « aucune crise de l’eau » nécessitant des livraisons forcées. Ce lundi 12 septembre, la Cour a décidé d’infléchir sa position et de limiter la livraison à 340 mètres cubes par seconde (voir notre revue de presse). Siddaramaiah, le ministre-en-chef du Karnataka, espère désormais rencontrer le Premier ministre Narendra Modi pour trouver une solution durable à la crise entre les deux Etats.
Un dispositif a été mis en place dès après l’explosion, avec un cordon de sécurité autour du périmètre touché par l’attentat. Sariab Road est considérée comme l’une des zones les plus sensibles de Quetta. Cela fait presque dix ans que des militants y ciblent les forces de sécurité.
Jusqu’à présent Nasheed accusait Gayoom d’avoir orchestré sa chute, et d’exercer encore son influence sur le régime actuel. Mais le temps du pardon est manifestement arrivé : Nasheed souhaite maintenant se rapprocher de son ancien ennemi pour le convaincre de retirer son soutien politique à Yameen et le « renverser légalement ». Car l’opposition ne peut agir seule, a déclaré Nasheed qui a perdu l’élection présidentielle de 2013 contre Yameen. Depuis sa victoire controversée, ce dernier a largement durci la démocratie maldivienne, en emprisonnant pas moins de 340 000 dissidents. Presque tous les leaders de l’opposition ont été incarcérés ou sont partis en exil. En juillet dernier, la fille de Gayoom, Dunya Maumoon a démissionné de son poste de ministre des Affaires étrangères pour protester contre la réinstauration de la peine de mort, plus de 70 ans après son abolition. D’où l’opportunité de nouvelles alliances.
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