Birmanie : Panglong, un "premier pas" vers la paix selon Aung San Suu Kyi
Au total, 73 déclarations de 10 minutes se sont succédé de la part du gouvernement, de l’armée régulière (Tatmadaw), des partis politiques et des groupes ethniques armées. Au coeur des discussions : la construction d’un Etat fédéral ainsi que les enjeux de défense et de sécurité. Les trois groupes ethniques armés interdits de participation – Ta’ang National Liberation Army (TNLA), Arakan Army (AA) et Myanmar National Democratic Alliance Army (MNDAA) – ont par ailleurs demandé à être inclus dans les futures négociations de paix. Une perspective peu réaliste dans la mesure où c’est le Tatmadaw lui-même qui a décidé de leur éviction, face à leur refus de « rendre les armes ». L’armée régulière continue de jouir de larges prérogatives en Birmanie malgré la transition démocratique. La conférence de Panglong a d’ailleurs été l’occasion pour elle ainsi que pour le parti émanant de l’ancienne junte militaire, l’USDP, de réaffirmer leur attachement à la Consitution de 2008.
Une nouvelle conférence post-Panglong devrait être organisée sous six mois. Néanmoins, seuls les groupes ethniques armés signataires de l’accord national de cessez-le-feu d’octobre 2015 seront autorités à y participer – contrairement à la conférence qui vient de s’achever. S’ils ne se résolvent pas à signer l’accord, ils seront alors « exclus » du processus du paix, note le Myanmar Times. Aung San Suu Kyi souhaite certes une réconciliation nationale la plus inclusive possible mais ne peut « attendre indéfiniment » pour lancer le dialogue politique.
Parallèlement à la clôture de la conférence de Panglong, l’ex-Secrétaire général des Nations unies Koffi Annan est arrivé en Birmanie ce samedi 3 septembre. Il a été récemment chargé de diriger la toute nouvelle Commission consultative sur l’Etat d’Arakan, où les Rohingyas subissent de nombreuses persécutions. Au cours de sa visite, il doit notamment rencontrer le président Htin Kyaw, le commandant en chef des armées Min Aung Hlaing, ainsi qu’Aung San Suu Kyi. L’inclusion du ghanéen Kofi Annan (ainsi que de deux autres étrangers) dans la composition de cette commission a fortement déplu aux « nationalistes arakanais » qui l’ont qualifiée d’ingérence, déplore le Myanmar Times dans un second article. D’ici un an, le nouvel organe doit trouver des mesures permettant d’éviter les conflits, assurer l’assistance humanitaire, le respect des droits et la réconciliation interethnique, et promouvoir des plans de développement de long terme.
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