Indépendantistes hongkongais, attentat philippin et inégalités indiennes
Asie du Nord-Est
Ces résultats sonnent le glas d’une époque pour le camp des « vétérans pro-démocrates », analyse le South China Morning Post dans un second article. La priorité des électeurs démocrates n’est plus aux « intérêts de base » (droits des travailleurs, des handicapés et des minorités seuxelles, entre autres) mais au localisme, c’est-à-dire à « l’affirmation des valeurs universelles et du futur démocratique de Hong Kong vis-à-vis du gouvernement central », notamment en matière « d’autodétermination ». Lee Cheuk-yan, l’un des vétérans pan-démocrates ayant perdu son siège, constate ainsi que « la société aspire au changement et à voir de nouveaux visages ».
Le Straits Times tire néanmoins la sonnette d’alarme. La percée des indépendantistes pourrait diviser davantage encore le camp démocrate au Legco, estime le professeur Lau Siu Kai, vice-président de l’Association chinoise des Etudes sur Hong Kong et Macau (soutenue par Pékin). L’opposition manquera certainement de leadership. L’analyste politique Ivan Choy s’inquiète même d’une éventuelle réponse du gouvernement central : « Si les localistes tentent de faire passer des textes sur l’autodétermination, ils toucheront la corde la plus sensible de Pékin. » Les autorités communistes pourraient-elles s’en servir de prétexte pour « brider la démocratie » de la région administrative spéciale ?
La priorité accordée aux enjeux économiques et commerciaux n’a néanmoins pas empêché Xi Jinping de s’exprimer sur certains dossiers géopolitiques. Il s’est ainsi entretenu avec son homologue sud-coréenne Park Geun-hye en marge du G20. Le président chinois lui a réaffirmé son opposition au THAAD, bouclier anti-missile américain devant être déployé en Corée du Sud, rapporte le Global Times. Xi a notamment insisté sur la volonté chinoise de dénucléariser la péninsule coréenne, y maintenir la paix et la stabilité, ainsi que son attachement à la résolution des différends par la consultation et le dialogue. En réalité, les autorités de Pékin craignent que les technologies employées par le THAAD ne puissent permettre aux Etats-Unis et à la Corée du Sud d’espionner la Chine…
La rivalité sino-américaine sous-tend donc ce sommet du G20 – et cela dès l’arrivée d’Obama sur le tarmac de Hangzhou. Le président des Etats-Unis s’est en effet vu privé de tapis rouge… À qui la faute ? Pour l’ancien ambassadeur du Mexique en Chine Jorge Guajardo et l’expert Bill Bishop, tous deux relayés par le Guardian, cela ne fait aucun de doute : il s’agit d’un « calcul » des autorités chinoises visant à montrer un Barack Obama « faible et diminué ». Mais pour un officiel du ministère chinois des Affaires étrangère cité par le South China Morning Post, ce sont les Américains qui ont refusé le tapis rouge : le chauffeur de l’escalier roulant officiel ne parlant pas anglais, ils auraient refusé la présence d’un traducteur et préféré un simple escalier en métal. Quoi qu’il en soit, le quotidien d’Etat chinois Global Times estime que l’affaire a été « montée en épingle » par les médias occidentaux, au détriment des « véritables enjeux » qui structurent les relations sino-américaines.
Cette nouvelle démonstration de force intervient en marge du sommet du G20 dans la ville chinoise de Hangzhou où les grandes puissances économiques mondiales sont réunies. La Chine est, par ailleurs, le principal allié de la Corée du Nord bien que les relations entre les deux pays se soient tendues dernièrement du fait du programme nucléaire de Pyongyang. Quelques heures avant le tir du missile, le président chinois Xi Jinping et son homologue sud-coréenne, Park Geun-hye, s’étaient entretenus en marge du G20. Xi avait réitéré son opposition au déploiement du bouclier antimissile américains (THAAD) en Corée du Sud, rapporte Channel News Asia.
La Corée du Nord avait lancé un missile depuis un sous-marin (SBLM) au large de Sinpo, dans la province du Hamgyeong du Sud, mercredi 24 août. Ce dernier s’était abîmé en mer du Japon (mer de l’Est) après une trajectoire réussie de 500 kilomètres, prouvant des améliorations dans le programme balistique de Pyongyang et faisant encore monter d’un cran les tensions avec la Corée du Sud.
Asie du Sud-Est
Des membres d’Abou Sayyaf ont revendiqué l’attaque. Cependant, selon le chef de la police nationale, Ronald dela Rosa, cela pourrait aussi être l’oeuvre de trafiquants de drogues en lien avec le groupe islamiste.
Peu après l’attaque, le président philippin, Rodrigo Duterte a déclaré « l’État de non-droit » permettant le déploiement de militaires pour le maintien de l’ordre dans l’ensemble de l’archipel. La nouvelle maire de Davao, Sara Duterte, fille du président, a offert une récompense de 2 millions de peso (38 500 euros) pour l’arrestation du coupable.
Il s’agit du premier suspect arrêté dans cette affaire. Originaire de Pattani, région du Sud thaïlandais fortement touchée par l’insurrection (voir notre dossier), Abdus Kadae serait responsable d’un incendie criminel dans la province de Trang, également dans le Sud. Plusieurs mandats d’arrêts avaient été émis ces derniers jours, notamment à l’encontre d’Asameen Gatem-madee, lui aussi habitant la province de Pattani. Ce dernier est par ailleurs suspecté d’être responsable des explosions de Hua Hin qui ont causé la mort de deux personnes et fait des dizaines de blessés.
Les autorités thaïlandaises restent cependant prudentes quant à la responsabilité des rebelles musulmans du sud du pays, qui n’attaquent habituellement que leurs propres provinces. Les attaques auraient été commises par un réseau « connecté » aux rebelles.
Au total, 73 déclarations de 10 minutes se sont succédé de la part du gouvernement, de l’armée régulière (Tatmadaw), des partis politiques et des groupes ethniques armées. Au coeur des discussions : la construction d’un Etat fédéral ainsi que les enjeux de défense et de sécurité. Les trois groupes ethniques armés interdits de participation – Ta’ang National Liberation Army (TNLA), Arakan Army (AA) et Myanmar National Democratic Alliance Army (MNDAA) – ont par ailleurs demandé à être inclus dans les futures négociations de paix. Une perspective peu réaliste dans la mesure où c’est le Tatmadaw lui-même qui a décidé de leur éviction, face à leur refus de « rendre les armes ». L’armée régulière continue de jouir de larges prérogatives en Birmanie malgré la transition démocratique. La conférence de Panglong a d’ailleurs été l’occasion pour elle ainsi que pour le parti émanant de l’ancienne junte militaire, l’USDP, de réaffirmer leur attachement à la Consitution de 2008.
Une nouvelle conférence post-Panglong devrait être organisée sous six mois. Néanmoins, seuls les groupes ethniques armés signataires de l’accord national de cessez-le-feu d’octobre 2015 seront autorités à y participer – contrairement à la conférence qui vient de s’achever. S’ils ne se résolvent pas à signer l’accord, ils seront alors « exclus » du processus du paix, note le Myanmar Times. Aung San Suu Kyi souhaite certes une réconciliation nationale la plus inclusive possible mais ne peut « attendre indéfiniment » pour lancer le dialogue politique.
Parallèlement à la clôture de la conférence de Panglong, l’ex-Secrétaire général des Nations unies Koffi Annan est arrivé en Birmanie ce samedi 3 septembre. Il a été récemment chargé de diriger la toute nouvelle Commission consultative sur l’Etat d’Arakan, où les Rohingyas subissent de nombreuses persécutions. Au cours de sa visite, il doit notamment rencontrer le président Htin Kyaw, le commandant en chef des armées Min Aung Hlaing, ainsi qu’Aung San Suu Kyi. L’inclusion du ghanéen Kofi Annan (ainsi que de deux autres étrangers) dans la composition de cette commission a fortement déplu aux « nationalistes arakanais » qui l’ont qualifiée d’ingérence, déplore le Myanmar Times dans un second article. D’ici un an, le nouvel organe doit trouver des mesures permettant d’éviter les conflits, assurer l’assistance humanitaire, le respect des droits et la réconciliation interethnique, et promouvoir des plans de développement de long terme.
Asie du Sud
Soutenez-nous !
Asialyst est conçu par une équipe composée à 100 % de bénévoles et grâce à un réseau de contributeurs en Asie ou ailleurs, journalistes, experts, universitaires, consultants ou anciens diplomates... Notre seul but : partager la connaissance de l'Asie au plus large public.
Faire un don