Corée du Sud : "Le goût du miracle"
Entretien
Agrégé d’Histoire, Sébastien Falletti est le correspondant du Figaro, du Point et du Temps à Shanghai depuis 2014. Après plusieurs années passées à Bruxelles, il débarque dans la capitale sud-coréenne à l’hiver 2009. Attiré au départ par le « Finistère de l’Asie » et « cet angle mort de l’Eurasie qui [le] hante depuis l’enfance », le voilà confronté aux deux « c » bien connus des voyageurs : à la fois sous le choc et sous le charme d’un pays qu’il va sillonner pendant cinq ans et où il retourne depuis régulièrement.
Ces 90 pages de récit et d’interviews nous donnent à comprendre un Orient que seuls celles et ceux qui ne font que l’effleurer disent compliqué. Un ouvrage qui arrive au moment où la Corée du Sud sort des années 1960. Le Goût du miracle décrit par l’auteur est aujourd’hui confronté à la montée du chômage des jeunes, à l’épuisement d’une pyramide des âges à tête de champignon malgré les débouchés de la silver économie, ainsi qu’à des exportations très (trop) dépendantes du voisin chinois.
Malgré cette fin de l’insouciance, la Corée du Sud nous est présentée ici comme une amie – et c’est d’ailleurs toute la force de cette collection « l’âme des peuples » aux éditions Nevicata –, avec ses montagnes éternelles, ses coutumes et ses traditions bien plus fortes que les fastfoods et les chaines de café qui ont fini par envahir le sud de la péninsule.
Une autre clé, c’est le culte du groupe. Dîner seul est impensable pour un Coréen. Autant perdre la face… Le repas se partage, car la vie est sociale ou n’est pas. A Séoul, il n’y a que les étrangers désespérés qui osent afficher aux yeux de tous, leur solitude devant l’assiette. Ce culte du collectif se traduit aussi dans le travail. On a un chef et on le suit. Ce qui donne des capacités de mobilisation extraordinaires qui ont permis le succès des grands chaebol [les multinationales sud-coréennes dont Samsung, LG, et Hyundai, NDLR].
A lire
Sébastien Falletti, Corée du Sud : Le goût du miracle, éditions Nevicata, 2016, 96 pages.
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