Années France-Corée : pour oublier Gangnam Style
« Korea Now »
La Corée met le paquet ! C’est presque le cri du cœur des organisateurs de cette année de la Corée en France. Oubliez les boys et surtout les girls bands de la K-pop ! Nous aussi on a de l’opéra, du théâtre, de la danse, de l’art contemporain, du cinéma intimiste, des écrivains tout aussi intimistes. Nous aussi on a des peintres, des céramistes, une gastronomie et des traditions artisanales qui font de la Corée l’une des grandes cultures d’Asie.
Le mobilier est arrivé ensuite. Tables basses, armoires et coffrets de laques ont fait la splendeur du royaume ermite. Tous ces objets sont aujourd’hui déclinés avec talents par de jeunes créateurs coréens. « Le but de l’exposition est bien sûr de susciter de l’intérêt pour le design contemporain, mais je voulais aussi montrer l’origine de ce design pour mieux comprendre, affirmait Rheem Mi-sun, la commissaire coréenne de l’exposition citée par RFI. Nous avons une culture avec une très longue histoire qui continue. »
Simplicité des formes et poésie des couleurs
La combinaison de la laque « ott-chil » tirée de la sève naturelle filtrée de l’arbre laque et de la nacre taillée en fine lamelle, donne des armoires et des buffets qui ne dépareilleraient pas dans un loft à Miami. Même chose avec le tissage du hanji, papier de mûrier d’une grande résistance ; ou l’ipsa, technique consistant à incruster des filets d’or et d’argent sur une surface métallique et qui magnifie le vaisselier traditionnel.
Dans la nef, on lève le nez vers le ciel attiré par une explosion de bulles multicolores suspendues sous la voûte du musée. C’est un mobile de fils de métal entrelacés signé de Lee Sung-keun. Au sol, une chaise surmontée d’un abat-jour en papier hanji a probablement été inspirée par le casque à brushing chez le coiffeur. Object O de Song Seung-yong a été conçu « comme une cachette secrète et cherche à reproduire les sensations liées à l’enfance ».
Exemples de cette communion avec l’environnement : les Cailloux en nacre de coquillages et d’ormeaux de Hwang Sam-yong, les meubles en bois courbé façonnés à la vapeur de Bae Se-hwa ou encore dans les Gouttes d’eau de Lee Ga-jin, qui reprend la technique du céladon de la dynastie des Song tout en simplifiant ses formes à l’extrême. Ceci n’est pas une jarre, comme dirait Magritte. Notre coup de cœur va ces trois grands vases en porcelaine blanche exposés sous vitrine de Kwon Dae-sup. L’artiste s’est penché sur l’astre qui ponctue le calendrier coréen. Ceci n’est pas une jarre, c’est la lune avec ses imperfections et toutes ses nuances de blancs. Pays du matin calme, mon œil ! Ces nuits coréennes là sont infiniment plus poétiques, animées que vos jours.
Liens
Dans le cadre des années France-Corée (dont le programme est ici), voici les événements à ne pas manquer à Paris, s’il fallait en citer trois :
« Korea Now ! Craft, Design, Mode et Graphisme en Corée » au Musée des Arts Décoratifs jusqu’au 3 janvier 2016.
Tigres de Papier, cinq siècles de peinture en Corée au Musée Guimet jusqu’au 22 février 2016.
Le cinéma coréen au Musée Guimet jusqu’à janvier 2016.
Et bien d’autres choses à retrouver dans le catalogue de ces années France-Corée téléchargeable ici.
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