L’Asie qui vieillit
La bombe P n’a pas éclaté en Asie de l’Est
Les démographes, qui durant l’entre-deux guerres avaient redouté les conséquences de la baisse de la natalité du Japon, ont été surpris par le « baby-boom » de l’immédiate après-guerre. La brusque augmentation des naissances – de 1,5 à 2,7 millions entre 1946 et 1949 – a même fait craindre des millions de morts en cas de suspension de l’aide américaine. Déjouant ces frayeurs, les naissances ont chuté de 30 % dans les deux ans qui ont suivi l’adoption d’une loi (1949) autorisant l’avortement pour raison économique : la division par deux de la fertilité entre 1947 et 1957, a été l’une des baisses plus rapides au monde. Vingt ans plus tard, l’écho de ce premier baby-boom a été une brève poussée des naissances.
En 1953 en Chine, révélant un écart de 170 millions d’hommes et femmes – la population des Etats-Unis de l’époque ! – avec les prévisions, le dépouillement du recensement a surpris. Il a ébranlé le dogme – il n’y a pas de limite à la population car la production est la solution du Parti Communiste Chinois. Cette nouvelle a justifié le début du planning familial dans les villes. D’autres mesures ont suivi après le « Grand Bond en Avant » (1958-60) et la reprise de la natalité qui a suivi la famine.
Le taux de fertilité était élevé en 1970 lorsque la Chine a renforcé sa politique de prévention des naissances, qui a ramené le taux de fécondité de 5,7 à 2,8 en dix ans : cette chute a précédé l’adoption de la politique de l’enfant unique lancée lorsque la population chinoise a dépassé le milliard et mise en œuvre de façon stricte dans les villes. La chute de la fertilité qui a suivi a été moins rapide que les tendances constatées à Taiwan ou en Corée où une politique de planning familial a été mise en œuvre dès les années 1960.
Le taux de fertilité est tombé en-dessous du seuil de remplacement (2,1) (*) dès les années 1960 au Japon, vingt ans plus tard à Singapour et en Corée, à la fin des années 1980 en Chine, en 2000 en Thaïlande et dix ans plus tard au Vietnam. Ce taux se situe également en-dessous de ce seuil dans quelques Etats – ainsi le Tamil Nadu et le Karnataka – du sud et de l’ouest de l’Union Indienne, alors qu’il reste élevé dans les Etats du Nord, au Pakistan voisin, aux Philippines et en Indonésie.
Un vieillissement très rapide
S’il est difficile de prévoir le nombre de nourrissons en Asie à l’horizon 2050, décompter les papys est un exercice plus aisé car ils sont aujourd’hui âgés de plus de 30 ans. On peut toutefois sous-estimer leur mortalité sans oublier les conséquences de catastrophes naturelles ou de conflits.
Les moins de 15 ans sont d’ores et déjà moins nombreux que les plus de 65 ans au Japon et en Corée et, à moins d’un redressement improbable de la natalité, ce sera bientôt le cas en Chine. Singapour et la Thaïlande en 2020, le Vietnam dix ans plus tard accéderont au statut de pays âgés : les plus de 65 ans représentant plus de 14 % de la population.
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