Trump détesté ou attendu en Asie, sanctions birmanes et attaque anti-indienne
Le débat Trump/Clinton vu d'Asie
Une arrivée à la Maison blanche de Trump aurait aussi des conséquences sur les Pakistanais désireux de s’installer aux Etats-Unis. Non seulement, l’impétueux candidats républicains voudrait baisser le nombre de migrants, les sélectionner sur « leurs chances de réussite aux Etats-Unis », mais il s’agirait aussi de soumettre les nouveaux arrivants à des tests psychologiques et idéologiques. Une façon, pour Jannat Majeed, de viser particulièrement les musulmans. Selon l’institut Pew Research Center, en suivant la politique migratoire de Trump, « au moins 30 millions de personnes » ne pourraient plus immigrer aux Etats-Unis d’ici 2065.
En parallèle, pour le South China Morning Post , Trump jette les Indiens dans les bras de Clinton. Supratim Chakravarty, un Américain d’origine indienne arrivé aux Etats-Unis dans les années 1960 résume la situation : « Les nouveaux votent Hillary pour sa politique égalitaire. Quand ils voient leur salaire augmenter, ils se mettent à voter pour Trump pour payer moins de taxes. » Pourtant, pour les Indiens interrogés, la politique étrangère et économique de Trump ne vise que les personnes blanches, de classes moyennes aisées. Et aucun ne se retrouve dans les paroles du candidat
Il a fallu attendre 90 minutes pour que l’enjeu chinois soit mis sur la table des discussions. Allusion faite lorsque les deux candidats ont abordé les questions énergétiques et le commerce de l’acier. Après cette soirée de débat, les experts chinois sont unanimes : si la Chine est oubliée c’est parce que les deux candidats veulent mettre avant tout en avant les questions de politique intérieure afin de capter l’attention d’un maximum de citoyens.
Le débat a été suivi dans toute l’Asie, et très fiévreusement à Singapour, où les habitants ont hâte d’en finir avec les élections américaines pour que Washington s’intéresse de nouveau aux questions asiatiques ; que ce soit le conflit en Mer de Chine du Sud ou l’influence de la Chine dans la région, rappelle le South China Morning Post. En effet, pour les Singapouriens, les Etats-Unis sont les seuls à pouvoir s’opposer au géant chinois. Plutôt que les scandales à tout va, Singapour aimerait ainsi que les Etats-Unis se concentrent sur le partenariat trans-pacifique (le TPP) et la lutte contre le changement climatique.
Contrairement aux Indiens ou aux Pakistanais, Trump ne fait pas peur à tout le monde en Asie. Il pourrait même accomplir un exploit : celui de motiver les immigrés chinois aux Etats-Unis à se rendre aux urnes le 8 novembre prochain, note le South China morning Post. Jusqu’alors, ces derniers ont quasi systématiquement été en retrait des élections américaines. Mais face à ce nouveau candidat conservateur, qui fait office d’outsider et qui bouleverse les codes politiques, certains se sont pris au jeu et soutiennent maintenant vivement le camp républicain. Pour cause, ils apprécient son conservatisme et souhaitent, en votant pour lui, mettre fin à la discrimination contre les Chinois dans le pays.
Asie du Nord-Est
Voilà qui explique la « mobilisation » de 21 municipalités à la veille de la « Golden week » de la fête nationale du 1er octobre. Ces municipalités, dont Pékin, connaissent toutes un boom des profits immobiliers et ont décrêté des mesures pour refroidir cette flambée : le durcissement des critères requis pour le paiement du solde d’un emprunt immobilier et l’interdiction aux investisseurs d’acheter un deuxième ou un troisième bien immobilier, entre autres. Ces mesures, d’après le South China Morning Post, ont été prises à la suite d’une réunion le 30 septembre avec les dirigeants de cette vingtaine de villes, convoqués en urgence par le pouvoir central. Selon un économiste de la Banque de Chine cité par le quotidien hongkongais, la bulle immobilière en Chine, encouragée par les prêts bancaires tous azimuts, est « le plus gros risque encourru par l’économie chinoise ». Elle conduit, précise l’économiste, au creusement accru des inégalités de richesses et à la possibilité d’une crise financière majeure dans le pays.
« En 1992, les deux gouvernements représentant les deux rives du détroit ont tenu un sommet, nous repectons ce fait historique, a déclaré Tsai Ing-wen dans son discours cité par le South China Morning Post. Nous défendons le fait que les deux rives doivent collectivement chérir et maintenir les fruits de plus de 20 ans d’interactions et de négociations inter-détroit depuis 1992. » Pékin a suspendu les négociations ainsi que tout autre canal offciel de communication avec le gouvernement de Tsai Ing-wen dans un geste perçu comme une pression pour qu’elle accepte le « consensus de 1992 ». « Nous ne céderons pas à la pression, a encore promis la présidente, et, bien sûr, nous ne reviendrons pas sur le vieux chemin de la confrontation. »
Asie du Sud-Est
Mi-mai, les Etats-Unis avaient pourtant décidé de maintenir les sanctions. La centaine de personnes toujours inscrites sur liste noire, empêchant les Américains de conclure des contrats avec eux, ont à présent été retirées. Parmi les compagnies fraîchement sorties : Asia world, le plus gros conglomérat de Birmanie dirigé par l’homme d’affaires Steven Law, proche de l’ancienne junte militaire. Cependant, quelques embargos restent en place comme celui sur les vente d’armes.
Si cette décision réjouit les milieux d’affaires américains puisqu’elle ouvre un nouveau marché, les associations de défense des droits de l’homme ne la voit pas d’un bon oeil. Selon elles, il est trop tôt pour supprimer cette liste noire où sont inscrits de nombreuses personnes proches de l’ancienne junte militaire. Ces associations craignent ainsi que cela ne bloque le processus de démocratisation. Autre inquiétude : la levée des sanctions autorisent de nouveau l’importation de rubis et de jade, dont l’extraction donne souvent lieu à des pratiques abusives avec les employés.
La famille royale est protégée par une des lois de lèse-majesté les plus sévères au monde. En août 2015, un homme a été condamné à 30 ans de prison pour avoir publié sur Facebook plusieurs messages jugés insultants. Alors que le culte de la personnalité envers les membres de la royauté s’est renforcé depuis le coup d’Etat en mai 2014, la question de la succession reste sensible, son héritier le prince Maha Vajiralongkorn souffrant d’une très mauvaise réputation dans le pays.
Asie du Sud
En février dernier, cet institut gouvernemental situé sur la route stratégique qui relie Jammu à la base militaire de Srinagar avait déjà été sous le coup d’une attaque pendant trois jours consécutifs. Le bâtiment principal avait été détruit alors que des militants l’avaient pris d’assaut et avaient attaqué les forces de police. Trois personnes avaient alors été tuées.
Dans le même temps, L’Inde montre qu’elle n’hésitera plus à franchir la ligne de contrôle pour chasser les terroristes, rapporte le Times of India. Le 29 septembre dernier, Narendra Modi a déjà annoncé avoir franchi cette frontière de facto entre les deux Etats pour procéder à des « frappes chirurgicales ». La ligne de contrôle pourrait donc progressivement disparaître. Les combats se sont renforcés dans le Jammu-et-Cachemire depuis l’attaque de la base militaire indienne d’Uri le 18 septembre dernier, affrontement le plus meurtrier depuis ces quinze dernières années.
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