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Le cinéma coréen revient à Paris au meilleur de sa forme

Dans Alienoïd des extraterrestres ouvrent un portail dimensionnel entre Corée du XVème siècle et celle du XXIème (Crédits : FFCP)
Dans Alienoïd des extraterrestres ouvrent un portail dimensionnel entre Corée du XVème siècle et celle du XXIème (Crédits : FFCP)
Le Festival du Film Coréen à Paris (FFCP) est de retour en grand format ! Après deux ans de pandémie, retour à la normale pour cette 17ème édition qui se tiendra, comme depuis de nombreuses années, au cinéma Publicis des Champs-Élysées. Du 25 octobre au 1er novembre prochains, ce ne sont pas moins de 26 longs métrages qui seront projetés durant le festival. Cette édition verra également le retour des réalisatrices et réalisateurs. En tout, ce sont six cinéastes et non des moindres, qui participeront aux sessions de questions-réponses en débat d’après séances. Point d’orgue de cette fête du cinéma coréen, une masterclass avec le réalisateur Im Sang-soo venu présenter son dernier film : Heaven to the Land of Happiness. Enfin, cette 17ème édition fera la part belle à la créativité et à la vivacité des jeunes cinéastes en programmant cinq séances de courts-métrages, dont une spéciale Halloween, la séance Strangecuts qui s’annonce pleine de frissons.
Que c’est long deux ans. Deux ans de pandémie, de mesures sanitaires, de couvre-feu et de cinéma « non essentiel ». Deux années où les bénévoles du FFCP ont dû s’adapter, se contorsionner pour que le festival se tienne envers et contre tout. Des bénévoles qui n’ont jamais baissé les bras, même lorsque l’édition 2020 fut arrêtée au bout de trois jours à la suite du second confinement, quitte à la terminer neuf mois plus mois tard, en plein mois juin alors qu’il fallait déjà préparer une édition 2021 resserrée, orpheline de ses habituels invités, réalisatrices ou acteurs. Alors après deux ans à faire le dos rond, cette fois c’est la bonne. Le 17ème Festival du Film Coréen à Paris se tiendra cette année dans son format le plus beau, le plus grand : cérémonies d’ouverture et de clôture, avant-premières, films à gros budget dans la section évènement, films d’auteur en compétition dans la section paysage, films classiques et enfin sélection et compétition des meilleurs courts métrages de l’année. Surtout, cette édition verra le retour des invités puisque six réalisatrices et réalisateurs seront présents pour répondre aux questions du public mais aussi participer à des masterclass, à l’instar du vétéran Im Sang-soo qui fera également l’objet d’une rétrospective (Une femme coréenne, 2003 – The housemaid, 2010 – L’ivresse de l’argent, 2012).
Le festival du film coréen à Paris s'ouvrira sur "Life is Beautiful" de Choi Kook-hee (Crédits : FFCP)
Le festival du film coréen à Paris s'ouvrira sur "Life is Beautiful" de Choi Kook-hee (Crédits : FFCP)
Ainsi, le festival fera son ouverture sur une comédie musicale, Life is beautiful signée par le réalisateur Choi Kook-hee. Une histoire où une femme au foyer apprend qu’elle est touchée par une maladie incurable : elle décide alors de vivre à fond et de retrouver son premier amour. La clôture, elle, se fera sur le dernier film de Im Sang-soo, Heaven : to the land of happiness. Une comédie dramatique où un prisonnier s’évade avec un complice pendant une visite médicale à l’hôpital. Tous deux volent une voiture remplie de billets appartenant à des membres de la pègre et partent en cavale, sans se connaître, avec policiers et bandits aux trousses. Pour les amateurs de films à grand spectacle, trois films seront présentés dans la section Événement : un thriller, Confession de Yoon Jong-seok, un film catastrophe au casting XXL (Song Kang-oh, Jeon Do-yeon), Défense d’atterrir de Han Jae-rim, et un film de science-fiction mêlant film de sabre et extra-terrestres, Alienoid de Choi Dong-hoon.
Extrait du film "About Kim Sohee" de July Jung. La jeune femme est confrontée au dur milieu de l'entreprise. (Crédits : FFCP)
Extrait du film "About Kim Sohee" de July Jung. La jeune femme est confrontée au dur milieu de l'entreprise. (Crédits : FFCP)
Les beaux films, films sociétaux, documentaires ou drames se trouveront dans la section Paysage qui regroupe des films d’auteurs de l’année écoulé, souvent inédits en France ou en Europe. Parmi les douze films sélectionnés cette année, on peut noter le dernier de July Jung, qui avait marqué le Festival en 2014 avec le très sombre A girl at my Door qui traitait d’homophobie et de violence dans la société sud-coréenne. Avec son dernier long métrage, About Kim Sohee, July Jung signe une nouvelle fois un drame d’une grande sensibilité mettant en scène une adolescente qui réalise un premier stage professionnel dans une entreprise qui s’avère être un call-center et qui se prend la dureté du milieu du travail coréen de plein fouet.
Les femmes seront également à l’honneur dans la section Classique qui revient cette année en proposant trois films de réalisatrices dont le documentaire Keeping the vision alive : women in Korean filmmaking de la cinéaste Yim Soon-rye. Dans ce dernier, l’Agnès Varda locale, réalisatrice de Petite Forêt (2018), rend hommage aux réalisatrices sud-coréennes, des pionnières des années 1950, au plus contemporaines. À travers des entretiens, elles y livrent leurs pensées, leurs luttes et leurs expériences au sein d’une industrie conservatrice et sexiste.
"I can't breathe" de Na Min-ri sera projeté durant la seance Strangecuts. (Crédits : FFCP)
"I can't breathe" de Na Min-ri sera projeté durant la seance Strangecuts. (Crédits : FFCP)
Enfin, le FFCP ne serait pas lui-même sans sa section dédiée courts-métrages. Cette année, ce sont encore près de 600 films qui ont été reçus par les sélectionneurs qui en ont retenu 22 en compétition officielle. Des films très divers et « plus courts » qui, selon Julien Chardon, programmateur en chef de la section, sont « revenus à des standards de qualité et de travail d’écriture du niveau d’avant le Covid ». Cette année, la sélection est « beaucoup plus ouverte à la comédie avec à peu près la moitié des films qui oscillent entre comédie, comédie musicale, comédie noire et comédie dramatique ». Une année également où les films d’animations sont « très puissants, très diversifiés, avec des sujets toujours très forts ».
En plus des trois séances habituelles, le festival organise de nouveau une séance réservée aux enfants dès trois ans, la séance Kids, où huit courts-métrages feront le bonheur des plus petits et de leurs accompagnateurs. Enfin, dans la lignée de l’expérience de l’an dernier où la troisième séance de courts métrages s’était inscrite dans le thème d’Halloween, le festival propose cette année une séance spéciale, la Strangecuts avec « des films bien bizarres, pas forcément tous dans la thématique d’Halloween, mais qui font tous un peu grincer des dents. Des comédies étranges, du film de zombies, de l’horreur occulte, du cinéma de genre, tout un tas de films qui ne peuvent pas être sélectionnés en compétition officielle pour ne pas la surcharger de films de genre ». Vous êtes prévenus.
Par Gwenaël Germain

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A propos de l'auteur
Gwenaël Germain est psychologue social spécialisé sur les questions interculturelles. Depuis 2007, il n’a eu de cesse de voyager en Asie du Sud-Est, avant de s’installer pour plusieurs mois à Séoul et y réaliser une enquête de terrain. Particulièrement intéressé par la question féministe, il écrit actuellement un livre d’entretiens consacré aux femmes coréennes.