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"Talibangate" (1/2) : les Russes payent-ils des Talibans pour tuer des Américains ?

Combattants talibans participant à un rassemblement pour célébrer l'accord avec les Américains en Afghanistan en mars 2020. Combattants talibans participant à un rassemblement pour célébrer l'accord avec les Américains en Afghanistan en mars 2020. (Source : CFR)
Combattants talibans participant à un rassemblement pour célébrer l'accord avec les Américains en Afghanistan en mars 2020. (Source : CFR)
L’affaire avait été révélée fin juin par le New York Times : une unité du renseignement militaire russe aurait distribué de l’argent à des combattants islamistes pour cibler des soldats américains ou de l’Otan en Afghanistan. Moscou et les Talibans ont démentis. L’accusation ne tient pas debout, soutient dans cette tribune Didier Chaudet, spécialiste de l’Afghanistan. Retour sur le « Talibangate ».
L’histoire paraît abracadabrantesque. Le 26 juin dernier, le très sérieux New York Times met en avant l’idée selon laquelle les Russes ont payé des Talibans pour tuer des soldats américains. Le 28 juin, le Washington Post affirme que des soldats américains sont ont été tués à cause de ces « primes » russes, notamment pour la mort de trois d’entre eux à la base de Bagram en avril 2019. Le 30 juin, le New York Times confirme ce que certains appellent le « Talibangate » par le fait que les Américains auraient la preuve de transferts de fonds d’un compte bancaire contrôlé, selon les dires du journal, par les services militaires russes, et un autre compte bancaire, supposé être associé aux Talibans. Des officiels afghans auraient, selon le même quotidien, confirmé cette idée de transfert de fonds, en la complétant : des intermédiaires afghans, dans le nord du pays et à Kaboul, auraient aidé à transférer de l’argent russe vers les rebelles afghans. Quand les Talibans ont nié avoir directement travaillé pour les Russes, une source américaine aurait, toujours selon le New York Times , contrer en affirmant que les destinataires étaient moins les Talibans eux-mêmes que des criminels travaillant avec la rébellion.
Si aucun nom n’est cité, c’est normal : les sources mises en avant par les journalistes sont systématiquement anonymes. Et les informations qu’auraient ces sources anonymes viendraient d’abord de prisonniers afghans.
Dès le 30 juin, les autorités de Washington ont rappelé qu’il n’y avait aucun consensus au sein du renseignement américain sur ce qui compose le Talibangate actuellement.
Cette information a été largement reprise à travers le monde. Dans l’analyse française de la diplomatie russe, déjà marquée par les tensions autour de l’Ukraine (d’autant plus que l’ensemble des géopoliticiens et des diplomates français avouent n’avoir rien vu venir sur ce dossier), cela risque de renforcer la position des « Occidentalistes », qui rêvent de nouvelles Guerres froides, voire de « choc des civilisations ». Si en ce moment, c’est la Chine qui semble devenir la cible de ce courant de pensée (bien présent au sein de l’administration Trump), le « Talibangate » pourrait raviver l’image d’une Russie comme « ennemie » irréductible de « l’Occident ». Cette affaire ayant, potentiellement, d’importantes conséquences diplomatiques, elle demande d’être analysée avec attention.
Bien sûr, sur ce type de sujet, un analyste a deux choix : disséquer l’information sans parti pris, et, à partir de là, faire valoir ce qu’il ressort de ce travail. Il peut aussi se contenter de recopier les confrères et les dépêches AFP, en évitant de donner un point de vue sur le sujet, voire même en se rangeant par principe au point de vue des grands médias américains. L’auteur de ses lignes a fait le premier choix. Quand on lit quotidiennement le New York Times et le Washington Post, on sait que, même si les articles sont souvent excellents, parfois, leurs reporters se trompent, ou se laissent influencer par des préjugés ou des interlocuteurs. C’est le cas notamment sur l’Afghanistan. Si l’on s’en tient à ce qui est vérifiable et à ce qu’on sait de la Russie et de l’Afghanistan, la prudence des autorités américaines actuelles est tout à fait légitime. Il est possible en effet que le « Talibangate » soit une « fake news ».

Retour sur la relation Russie-Talibans

À analyser ce qui a été écrit sur le Talibangate, plusieurs faiblesses apparaissent dans le scénario qui est présenté. D’abord, on peut être tenté de reprendre la réponse quelque peu ironique d’un porte-parole des Talibans, rappelant que les rebelles afghans avaient menés ces « attaques ciblées » sur les forces américaines « sur [leurs] propres deniers ». Les commandants locaux de la rébellion afghane n’ont sûrement pas besoin d’une incitation extérieure pour attaquer ce qu’ils considèrent comme une armée d’occupation. Avant le dialogue amorcé entre Talibans et Américains, l’idée selon laquelle il aurait fallu payer des rebelles pour tuer des soldats américains, ou pour plus les motiver dans leurs attaques, n’a pas vraiment de sens.
Par ailleurs, le fait qu’il y ait des moyens de communication, voire une coopération limitée, entre Moscou et les Talibans, n’est ni étonnant ni particulièrement choquant. Depuis le début de la décennie 2010, tous les États impliqués dans l’affaire afghane, y compris les Américains, ont accepté que la paix pour Kaboul passe par un dialogue avec les Talibans. Ces dernières années, la politique russe en Afghanistan suit une certaine logique : le but est de lutter contre le danger prioritaire selon le Kremlin, mais aussi pour toutes les capitales du voisinage, à savoir le djihadisme transnational représenté par le groupe État Islamique, actif jusque dans Kaboul. C’est ce qui explique les liens effectivement tissés entre Talibans et Russes. Et sur ce point, les analystes russes qui ont défendus cette politique ont fondamentalement vu juste. Cela a été confirmé au mois de mars 2020 par le général américain Frank McKenzie lui-même. En effet, devant le comité sur les forces armées de la Chambre des représentants à Washington, ce dernier a bien dû avouer que les Talibans ont écrasé Daech dans l’est de l’Afghanistan avec seulement « un soutien très limité » des Américains.
On peut imaginer, dans cette relation entre Russes et Talibans, une aide financière, expliquant les transferts de fonds mis en avant par le New York Times. Cultiver des chefs de guerre ou des forces influentes dans des États très faibles, ou faillis, passe souvent par un soutien matériel, d’une façon ou d’une autre. C’est après tout ce qui a été fait avec des chefs de guerre anti-Talibans par les Américains après le 11 septembre. Donc un transfert financier supposé des services de renseignement militaires russes vers les Talibans, même s’il était confirmé par la suite, ne signifierait pas forcément un plan machiavélique russe pour tuer des soldats américains.
Au contraire, la mise en avant de ce type d’informations affaiblit considérablement l’idée-même du Talibangate. Cette année, 9 soldats américains sont morts en Afghanistan ; de 2016 à 2019, le chiffre est de 14 à 22. Les données mises en avant évoquent des sommes très importantes : par exemple, un transfert d’un demi-million de dollars. Les Russes auraient donc payé très cher, et à l’avance, des rebelles afghans qui tuaient ces mêmes Américains gratuitement par ailleurs. D’autant que le résultat final n’est pas particulièrement impressionnant pour les sommes engagées. Si le scandale se confirmait, le Kremlin devrait alors vite mettre au chômage un certain nombre de responsables du renseignement, qui auraient ainsi fait la preuve d’une incompétence difficilement imaginable.

La fiabilité très limitée des sources

Face au scandale causé par le Talibangate, le général McKenzie a fait savoir, lors d’une interview publiée le 8 juillet dernier, qu’il n’y avait tout simplement pas assez d’informations amenant à croire en la réalité de « primes » offertes par des Russes aux Talibans. Même s’il a insisté sur le fait que la Russie n’est clairement pas un ami des États-Unis, il a été forcé, par la faiblesse des informations sur le sujet, de demander aux services de renseignement de « creuser » la question plus sérieusement. Il rappelle surtout, par la même occasion, que des « rapports de cette nature circulent depuis un certain temps, mais [qu’]ils ont un niveau d’authenticité très, très faible ».
C’est une position totalement prévisible, tout simplement parce que le Talibangate s’appuie d’abord, voire exclusivement, sur des sources anonymes. C’est donc demander aux lecteurs de croire le journaliste, et surtout sa source, sur parole. S’il est parfois difficile de faire autrement, un travail d’analyse sérieux demande de toujours avoir en tête les motivations des sources qui restent anonymes, et de prendre en considération la possibilité d’une manipulation. Dans le cas du Talibangate, les sources anonymes sont pourtant utilisées de façon récurrente, et clairement sans possibilité de vérifier leurs dires. L’affaire tourne à l’absurde quand le site d’informations américain Business Insider affirme que trois commandants talibans confirment la réalité des primes russes… sauf qu’il ne peut citer aucun de leurs noms. Pire encore, le journal ne connaît même pas le nom de l’un d’eux, étant donné que la conversation a eu lieu via Facebook, et il semblerait que demander le nom de son interlocuteur ne soit pas venu à l’esprit du journaliste.
Autre fait important affaiblissant considérablement la crédibilité du Talibangate, les informations à ce sujet viendraient d’abord des autorités locales. Ce que les analystes occidentaux omettent souvent dans leur analyse, c’est l’emploi extrêmement répandu de la torture par les forces de sécurité afghanes. Si le régime légal afghan a adapté sa législation aux standards internationaux, dans la réalité, les services de renseignement afghans et des chefs de guerre peuvent allègrement torturer leurs prisonniers, car ils savent qu’ils ne seront pas inquiétés par Kaboul. Ces faits sont connus, largement documentés par des groupes comme Human Rights Watch. Comment prendre alors au sérieux les informations venant de ces geôles ?
Encore une fois, l’analyse intellectuelle sérieuse demande toujours de se demander quel est l’intérêt des différents acteurs. Le régime légal afghan dépend du patronage américain pour sa sécurité, et d’un point de vue économique. Un désengagement américain, associé à un dialogue direct avec les Talibans, fait craindre le pire aux élites politiques à Kaboul. Associer Russes et Talibans dans un plan machiavélique visant à tuer des Américains pourrait forcer ces derniers à rester militairement plus longtemps en Afghanistan, et permettre à Kaboul de préserver sa relation client-patron avec Washington. Il y a une mauvaise habitude des Occidentaux, y compris des journalistes basés à Kaboul, à croire aveuglément leurs interlocuteurs afghans, surtout quand ces derniers jouent sur leurs idées préconçues, sans distance critique. Cette attitude a déjà nourri une analyse trop souvent simpliste des questions sécuritaires et géopolitiques dans l’environnement régional afghan. Aujourd’hui, le fait que le Talibangate s’appuie sur ce même type de contacts confirme le caractère extrêmement léger des accusations visant la Russie.
Imaginons un seul instant que les rôles de la Russie et des États-Unis soient intervertis dans le Talibangate : la faiblesse des sources sauterait alors tellement aux yeux de tous qu’on utiliserait ce scandale comme cas d’études pour parler des fake news dans les écoles de journalisme…

Un complot qui va contre le bon sens, et les intérêts russes

Il n’est pas impossible que des vieux membres du renseignement militaire russe, des gens importants ayant servi en Afghanistan dans les années 1980, ayant vu des compagnons d’armes mourir sous les balles payées alors par les États-Unis, aient eu le fantasme d’organiser une revanche personnelle contre les Américains, telle qu’elle a été conçue avec le Talibangate. Mais même cette idée qui met en avant des responsables russes, mais pas la responsabilité de l’État russe, reste à prouver. En tout cas, une telle action de certains responsables, sans l’aval du Kremlin, mettrait ses auteurs dans une position périlleuse, qui rend l’idée difficile à croire.
Imagine-t-on, en tout cas, un État comme la Russie passer par des intermédiaires afghans pour payer des criminels professionnels, afin de tuer des soldats américains, malgré le risque que cela impliquerait d’être découvert ? Il y a eu des rapports directs entre Talibans et Russes. Ajouter une étape supplémentaire aurait fait courir des risques inutiles. Plus largement, on voit mal les services de renseignement militaire russe faire confiance à des intermédiaires, des criminels, des trafiquants, susceptibles de les dénoncer à la première occasion. Les responsables de ces services ne sont pas des « méchants » caricaturaux de séries américaines, mais des hommes d’expérience, plus proches de Richelieu que d’OSS 117.
Mais ce qui rend l’affaire plus invraisemblable encore, ce n’est pas juste le manque de preuves, ou l’incompétence supposée qui aurait permis de dévoiler l’affaire. C’est tout simplement que le projet associé au Talibangate va radicalement à l’encontre des intérêts russes. En Afghanistan et en général.
Aussi difficile que cela puisse paraître à certains analystes américains, la priorité russe en Afghanistan n’est pas de se venger des États-Unis en faisant couler le sang de ses soldats. Certains ont évoqué la mort de mercenaires russes du Groupe Wagner sous le feu des Américains, en février 2018, en Syrie, comme raison de ces supposées primes russes. C’est ne pas connaître le dossier dans le détail : en effet, 300 mercenaires russes ont été tués ou blessés à cette occasion. Mais le Kremlin n’avait pas été mis au courant de l’attaque menée par l’armée privée à l’époque, et ainsi, le groupe a mis l’État dans l’embarras. Immédiatement après l’événement, ce n’est pas Washington qui a eu à subir le courroux de Vladimir Poutine, mais Yevgeny Prigozhin, l’homme à la tête du Groupe Wagner.
L’idée selon laquelle Moscou aurait voulu se venger de sa propre mésaventure afghane quarante ans plus tard apparaît comme plus saugrenue encore. Certes, dans les années 1980, Washington a mené une vaste opération de soutien à la rébellion afghane de l’époque contre le pouvoir pro-soviétique à Kaboul. Une opération autrement plus importante et dévastatrice que le Talibangate, qui a saigné l’armée russe, et permis le développement d’un trafic d’héroïne qui est encore un fléau sanitaire pour la Russie. Pourtant, comme il ne s’agit pas d’un film hollywoodien mais du monde réel, le leadership russe n’est pas dans une logique de revanche personnelle. Bien plus concret, et bien plus important, pour le Kremlin aujourd’hui, est le risque de voir l’Afghanistan devenir un État failli.
Un départ soudain et rapide des États-Unis, dans cette optique, serait aussi gênant pour Moscou qu’une crispation politique amenant les Américains à s’obstiner dans l’impasse militaire qui a été la leur en Afghanistan. Dans les deux cas, il y a un risque d’instabilité locale et régionale. En fait, la meilleure option pour Vladimir Poutine est sans doute la même que pour la Maison Blanche, peu importe le président : un départ dans l’honneur pour l’armée américaine, avec la possibilité d’intervenir à nouveau militairement contre des forces terroristes, déstabilisatrices, en cas de besoin. Bien sûr, dans un Afghanistan totalement stabilisé, la disparition de la présence américaine serait la meilleure option. Mais ce pays si instable est si proche de l’implosion sans soutien américain : l’armée afghane est encore incapable de lutter seule contre la rébellion, la corruption reste endémique, l’élite politique s’intéresse davantage à ses luttes intestines qu’à la reconstruction du pays. Dans ces conditions, la force de frappe américaine est en fait bienvenue pour les États de la région comme pour les puissances voisines que sont la Russie et la Chine. Au nom de ses intérêts en Afghanistan, on voit donc mal le Kremlin planifier le Talibangate.
Aux yeux de certains, cette « affaire » n’est rien d’autre que la continuation d’une politique russe de plus en plus agressive, comme dans l’affaire Skripal. Mais en fait, l’argument est faible : les personnes que la Russie aurait ciblées à l’étranger sont des Russes, considérés comme des traîtres (dissidents, séparatistes ou espions retournés) par leur pays. Tuer des citoyens d’autres pays serait une dangereuse escalade. Quand cela a été évoqué, par exemple en République tchèque, cela s’est révélé faux. Tuer des soldats américains serait une escalade particulièrement périlleuse pour les Russes eux-mêmes, et la Russie, en puissance réaliste, le comprend parfaitement.
Quand on est journaliste, analyste, universitaire, on est censé faire un travail de vérification et de mise en perspective permettant de faire la différence entre ce qui est probable, et ce qui se rapproche largement d’une invention. Ce n’est pas forcément à la portée de tout le monde, malgré ce que voudrait nous faire croire les géopoliticiens de salon, sur les chaînes d’information en continu ou sur Youtube. Il faut déjà accepter la possibilité de se tromper : les relations internationales en général, et les questions sécuritaires en particulier, ne sont pas une science exacte. L’analyste reste d’abord dépendant des informations ouvertes – et du besoin de recouper ses informations.
On peut aussi se faire manipuler : quand un universitaire ou un journaliste perd totalement son esprit critique face à un « agent » des services de renseignement, c’est souvent ce qui se passe. Mais la connaissance de l’histoire, une maîtrise neutre de la littérature spécialisée nécessaire (ici sur l’histoire récente de l’Afghanistan, et, au moins aussi important, sur la politique étrangère russe) et une connaissance minimale du terrain (ici l’Afghanistan) peut aider à se rapprocher de la réalité. Pour l’instant, le Talibangate ressemble à un scénario paresseux pour « Le Bureau des Légendes ». On aura besoin de bien plus de preuves pour y croire.
Par Didier Chaudet
Didier Chaudet a co-dirigé le dossier « Ces guerres que l’Amérique ne gagne plus » du numéro n˚104 de Diplomatie, à découvrir ici.

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A propos de l'auteur
Didier Chaudet est un consultant indépendant, spécialisé sur les questions géopolitiques et sécuritaires en Asie du Sud-Ouest (Iran, Pakistan, Afghanistan) et en Asie Centrale post-soviétique. Il est également le Directeur de la publication du CAPE, chercheur non résident à l’IPRI, l’un des principaux think tanks pakistanais, et attaché scientifique de l’IFEAC (Institut français d’études sur l’Asie centrale). Il intervient régulièrement dans les médias français (France Culture, Huffington Post, Radio Vatican, Réforme, entre autres). D’octobre 2013 à début 2015, il a vécu en Iran, en Afghanistan, et au Pakistan, où il a été chercheur invité par plusieurs think tanks locaux. Auparavant, il a été chercheur à l’ISAS (Institute for South Asian Studies – National University of Singapore) en charge de l’analyse sur le Pakistan et l’Afghanistan, enseignant à Sciences Po (Collègue universitaire), chercheur à l’IFRI (en charge de l’Asie Centrale). Pour Asialyst, il suit principalement les évolutions sécuritaires et géopolitiques de l’Asie Centrale, de l’Afghanistan, et du Pakistan.