Politique
L'Asie du Nord-Est dans la presse

Chine : Xi Jinping sacralisé, sans nommer de successeur

Les nouveaux membres du Comité permanent du Bureau politique lors de leur présentation à la presse le 25 octobre 2017 à Pékin. Au centre, le Président chinois Xi Jinping, puis de gauche à droite : Wang Huning, Han Zheng, Li Zhanshu, Li Keqiang, Wang Yang et Zhao Leji
Les nouveaux membres du Comité permanent du Bureau politique du Parti Communiste chinois lors de leur présentation à la presse le 25 octobre 2017 à Pékin. Au centre, le Président chinois Xi Jinping, puis de gauche à droite : Wang Huning, Han Zheng, Li Zhanshu, Li Keqiang, Wang Yang et Zhao Leji. (Crédit : AFP PHOTO / WANG ZHAO)
On prend presque les mêmes et on recommence ? Ou on change tout et on emprunte une voie différente ? Les avis sont partagés ce mercredi 25 octobre alors que les portes se sont refermées hier, mardi 24 octobre, sur le 19ème Congrès du Parti communiste chinois (PCC). Pour la presse chinoise, pas de doute : Xi Jinping est le leader incontesté et incontestable de la Chine et du Parti ; alors que, au contraire, ce que retiennent les éditorialistes internationaux c’est en sus de la question du pouvoir de Xi, celle de sa succession non annoncée.
En effet, suite aux nominations au Comité permanent du Bureau politique, aucun prétendant ne se démarque. La question est importante, d’autant que, comme le dit le président chinois, les échéances à venir sont nombreuses pour le Parti et pour le pays : « après des décennies de travail acharné, le socialisme aux caractéristiques chinoises est entré dans une nouvelle ère. Dans ce nouveau contexte, nous devons avoir un nouveau regard et, plus important encore, faire de nouvelles réalisations. »
C’est donc un nouvellement élu secrétaire général du Parti qui s’est présenté tout sourire face à la presse accréditée ce mercredi 25 Octobre. Pas avare de bons mots pour présenter le travail effectué ses cinq dernières années, Xi Jinping s’est présenté comme le leader incontesté de la Chine et du PCC nous rapporte le China Daily qui couvre largement l’évènement aujourd’hui. « J’ai été réélu secrétaire général du Comité central du PCC. Je vois cela non seulement comme l’approbation de mon travail, mais aussi des encouragements qui vont me stimuler » a déclaré en exergue le président de la République populaire de Chine avant de présenter la nouvelle équipe dirigeante. Cette dernière sera composée des hommes suivants : le Premier ministre Li Keqiang, Li Zhanshu, Wang Yang, Wang Huning, Zhao Leji et Han Zheng.
Avec ces nominations, il apparaît que, pour la première fois depuis le début de l’ère Deng Xiaoping, Xi a ouvert une brèche dans les règles du Parti. En effet, le comité permanent ne compte pas de successeur désigné : ni Hu Chunhua, ni Chen Min’er n’y sont présents en tout cas. Alors, Xi est-il « président à vie », alors qu’il a fait intégrer sa « nouvelle pensée » dans la Charte du Parti ? C’est en tout cas une indication de sa volonté de prolonger son mandat en 2022 nous conte le New York Times. Le journal américain note bien en effet que « le parti a refusé de nommer un jeune chef au comité qui pourrait succéder à M. Xi lorsque son second mandat en tant que président prendra fin en 2023. » Cette absence de successeur désigné est un signal fort pour le journaliste du New York Times qui note que « en rejetant les conventions tacites qui ont assuré des changements de direction relativement stables, M. Xi a poussé la politique chinoise dans un nouveau territoire qui, selon les critiques, pourrait mener à la tourmente, ou au retour au despotisme à la Mao. »
C’est un point de vue que partage le Business Insider qui note que « si Xi cherche un troisième mandat en 2022, ce mouvement inhabituel pourrait déstabiliser le gouvernement chinois et menacer l’économie mondiale. » Rien de moins.
Cette absence de successeur désigné est donc ce qui fait la Une de la presse internationale. Mais elle ne doit pas faire oublier pour autant que Xi Jinping a d’un autre côté opté pour un respect strict des règles. Celle de l’âge de départ en retraite pour Wang Qishan, le tsar de la lutte anti-corruption a dû laisser sa place au comité permanent, même si un doute existe encore concernant sa prochaine affectation. Et celle de l’ancienneté pour Chen Min’er qui ne pouvait décemment pas être nommé directement au Comité permanent sans passer par son anti-chambre institutionnelle : le Bureau politique.
C’est ce respect des règles qui façonne le nouveau Comité permanent qui a vu le jour suite à ce 19ème Congrès. Et le quotidien hongkongais South China Morning Post de nous détailler le rôle de chacun des nouveaux membres. Si Xi Jinping conserve, bien évidemment, le titre de secrétaire général du PCC et de président de la République populaire de Chine et Li Keqiang celui de Premier ministre, les autres membres se voient des fortunes diverses. Li Zhanshu devient ainsi président de l’Assemblée Nationale Populaire, alors que Wang Yang prend la tête de la Conférence Consultative du Peuple Chinois. Wang Huning de son côté va superviser toutes les questions afférentes à l’idéologie du Parti, à son organisation et à la propagande ; questions que Zhao Leji se fera un devoir de faire respecter en prenant la tête de la lutte anti-corruption en remplacement de Wang Qishan à la tête de la commission d’inspection et de discipline du Parti. Enfin, le dernier de la liste, Han Zheng devient vice-Premier ministre.
Alors que penser de cette nouvelle équipe dirigeante ? Personne ne se risque à des pronostics dans la presse nationale et internationale du jour, même si d’un côté les aspirations sont grandes et de l’autre, les questions nombreuses. Et les regards de se tourner déjà vers 2022…
Par Antoine Richard

Soutenez-nous !

Asialyst est conçu par une équipe composée à 100 % de bénévoles et grâce à un réseau de contributeurs en Asie ou ailleurs, journalistes, experts, universitaires, consultants ou anciens diplomates... Notre seul but : partager la connaissance de l'Asie au plus large public.

Faire un don
A propos de l'auteur