Corée du Sud : un affaiblissement préoccupant
L’économie tourne au ralenti
Les exportations diminuent en dépit des efforts entrepris pour trouver de nouveaux marchés. Depuis l’accord de libre-échange (ALE) signé en 1999 avec le Chili, la Corée du Sud en a signé une vingtaine et elle est le seul pays à avoir ratifié des accords avec les Etats-Unis (le KorUS), l’Union Européenne (KorEU) et un ALE avec la Chine. Ces trois partenaires absorbent respectivement 20 %, 14% et 9 % des exportations coréennes en 2016. Premier fournisseur de la Chine, la Corée dégage un excédent commercial élevé dans ses échanges avec son grand voisin, et depuis la signature du KorUS, son excédent sur les Etats-Unis a doublé.
Depuis 2014, les exportations coréennes en dollars courants ont été ramenées de 572 milliards à 493 milliards de dollars en 2016 (annualisés sur la base des neuf premiers mois). Elles baissent vers le Japon où elles sont handicapées par l’érosion du yen et vers les Etats-Unis, elles restent stables vers l’UE et, après avoir presque doublé entre 2008 et 2014, elles se sont stabilisées vers la Chine. Tendance notable : elles augmentent très vite vers le Vietnam où la Corée exporte plus qu’au Japon ! Deux explications : l’impact de l’accord de libre-échange signé avec Hanoï, et l’implantation de Samsung Electronics et de ses sous-traitants qui assemblent le Galaxy – et assurent près d’un quart des exportations vietnamiennes.
La menace Trump
Donald Trump avait également indiqué qu’aussitôt élu, il dénoncerait les pays qui manipulent leur monnaie pour améliorer la compétitivité de leurs exportations. Ces menaces visaient Pékin, alors que depuis plus d’un an, la Banque de Chine intervient pour éviter la baisse, et non la hausse du yuan. Ces menaces pourraient également viser Séoul qui dégage un excédent courant plus élevé, et où la Banque de Corée est intervenue à plusieurs reprises pour limiter l’appréciation du won. Au cas où le nouveau président américain déclare que les Coréens manipulent leur monnaie, il est tenu d’engager des négociations commerciales.
Dernière menace agitée par Donald Trump, le départ des 28 500 soldats américains stationnés en Corée depuis la guerre de 1950. Il est hors de question qu’il décide d’un retrait qui bouleverserait les équilibres en Asie de l’Est. Par contre, il prépare le terrain des négociations sur la répartition de la facture entre les Etats-Unis et la Corée du Sud prévues pour 2018. Les Coréens financent 60 % des dépenses de stationnement des troupes américaines : amener leur part à 100 % augmenterait d’1,2 milliards leur facture, soit 3 % du budget coréen de la défense.
Dans les jours à venir, le Parlement coréen votera sur le sort de la présidente Park Geun-hye, dont l’éventuelle destitution devra ensuite être validée par la Cour Suprême. Dans une conjoncture aussi incertaine, l’affaiblissement de l’exécutif sud-coréen est une évolution préoccupante.
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