L’Asie face à Trump : un tigre de papier ?
Guerre commerciale
Accuser la Chine de manipuler le yuan et menacer d’augmenter les tarifs douaniers relève sans doute d’une stratégie de négociation. Qu’arrivera-t-il si cette menace s’avère insuffisante ? On ne peut pas écarter un scénario de guerre commerciale pouvant revêtir plusieurs formes. Soit un conflit ouvert si la Chine répond par des hausses de tarifs sur les importations américaines assorties de mesures sur les entreprises : cela provoquerait une récession et la perte de millions d’emplois dans les secteurs des biens d’équipement et les services associés. Soit un conflit asymétrique avec des pertes d’emplois plus limitées si la Chine répond par des mesures ciblées (arrêt des achats liés à l’aéronautique, de conseils aux entreprises ou des importations de soja). Soit encore un conflit de brève durée si les deux parties entament très vite des négociations. Dans tous les cas, le résultat sera « perdant-perdant » et parmi les perdants, il y aura les électeurs de Trump qui souffriront de la hausse des prix des biens de consommation.
Les pays dans la ligne de mire
Le Vietnam est le pays dont les exportations vers les États-Unis ont progressé le plus rapidement : il accueille les entreprises qui quittent la Chine pour réduire leurs coûts et il est un tremplin des entreprises sud-coréennes : Samsung et ses sous-traitants assurent près d’un quart de ses exportations. Il devait être le principal gagnant du TPP, aussi la non ratification de ce traité est une mauvaise nouvelle. Toutefois, il en a déjà récolté une partie des fruits avec l’entrée d’investissements étrangers.
Les Philippines redoutent moins l’impact sur les échanges que le durcissement vis-à-vis de l’immigration. Plus d’un tiers des émigrés philippins vivent aux États-Unis et ils assurent un pourcentage voisin des transferts qui représentent plus de 10 points de PIB de l’archipel.
Dans son premier discours après l’élection, Donald Trump a repris les propositions de Sanders et Clinton et annoncé qu’il lancerait une politique de grands travaux. Associé aux baisses d’impôt promises, ce programme – qui devra obtenir l’aval du Congrès – aura comme conséquence une hausse de la dette américaine qu’il faudra financer. La Chine comme les autres pays asiatiques seront sans doute plus réticents à investir leurs réserves dans les bons du Trésor américain.
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