Deuil national en Thaïlande, missiles de Clinton sur la Chine et partenariat indo-russe
Après la mort du roi de Thaïlande
La mort du roi Bhumibol Adulyadej met fin à un règne de 70 ans. Un grand nombre de Thaïlandais n’ont donc jamais connu d’autre souverain, et pour beaucoup s’ouvre aujourd’hui « un nouveau chapitre » de l’histoire du pays. « Sa majesté le roi a tenu ses promesses. Il a reigné avec justesse apportant du bonheur à son peuple. Il a vécu en nous guidant et en montrant qu’on peut dépasser tous les orages en préservant ses valeurs », conclut cet article d’hommage. Et d’ajouter : « Il est entré dans un nouveau royaume, mais sa sagesse nous guidera toujours vers un monde sûr. Même en son absence, sa majesté reste la lumière qui nous guide. »
Ce vendredi 14 octobre a été déclaré jour férié par le gouvernement et des millions de Thaïs parés de noir se préparent à assister aux différentes cérémonies funéraires bouddhistes en l’honneur de leur, roi détaille le Bangkok Post dans un second article. Son corps devrait être déplacé de l’hôpital où il est décédé jusqu’au Palais royal au cours d’une procession. Les Thaïlandais ont ansi été invités à descendre dans la rue. La journée est aussi marquée par le bain de la dépouille – un rite funéraire. D’autres suivront encore pendant plusieurs semaines.
Plusieurs experts s’inquiètent de cette décision ainsi que de sa mise en oeuvre. Car le président de l’Assemblée nationale, Pornpetch Wichitcholchai, n’a pas solenellement proposé au prince héritier de prendre la succession de son père – contrairement à l’article 23 de la constitution, explique un professeur de droit de l’université Thammasat à Khaosod. En outre, en vertu texte suprême, le régent doit théoriquement « exercer le pouvoir au nom du monarque », alors que la Thaïlande n’en a justement pas, commente à son tour l’historien et auteur exilé Somsak Jeamteerasakul.
Bien qu’il ne soit pas encore intronisé en tant que Rama X, Vajiralongkorn aura beaucoup à faire, annonce le Straits Times : il devra non seulement « chausser les bottes » de son père, mais aussi s’affirmer en tant que nouveau mornarque. Marié (et divorcé) trois fois, le prince hériter passait la plupart de son temps en Europe jusqu’à ce que sa santé de son père ne se dégrade véritablement. Il s’est donc chargé d’assurer les fonctions cérémoniales que le monarque n’était plus à même d’assumer. Pourtant, Vajiralongkorn ne jouit pas de la même popularité que Rama IX : souvent accusé d’entretenir des « moeurs légères », la presse thaïlandaise lui demandait déjà, à l’encontre du crime de lèse-majesté, ce que cela faisait d’être « le vilain petit canard », rapporte le quotidien singapourien.
Le quotidien hongkongais rappelle néanmoins que le coup d’Etat de mai 2014 avait déjà relégué Bangkok à « l’arrière plan » des enjeux régionaux ; une situation qui risque désormais de s’empirer. Notamment car le prince héritier, Vajiralongkorn, ne nourrit pas la même proximité que son père avec les Etats-Unis (Bhumibol était né dans le Massachussets) et incarne une figure « inconnue et imprévisible », d’après les mots de l’ancien conseiller Asie du président américain, Evan Medeiros. Désormais, Washington n’a d’autre choix que de se reposer sur le Vietnam afin de mener à bien sa politique en Asie pacifique, conclut le South China Morning Post – même si les autorités d’Hanoï ne paraissent pas encore disposées à « ouvrir grand la porte » aux Etats-Unis.
Asie du Nord-Est
Prétextant que l’armée chinoise constitue « le plus grand soutien d’une Corée du Nord provocatrice », Hillary Clinton aurait ainsi déclaré : « La Chine, soit on la contrôle, soit on s’en défend. » Conséquence : Washington aurait juré à Pékin que le territoire chinois serait « encerclé par des systèmes anti-missile » s’il n’était pas mis un terme au programme nucléaire de Pyongyang. Des propos qui résonnent particulièrement dans le contexte du déploiement du bouclier anti-missile américain THAAD sur la péninsule coréenne, auquel Pékin s’oppose fermement. Washington a pourtant toujours nié que ce dispositif était destiné à viser la Chine. Néanmoins, l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012 et son contrôle renforcé sur l’Armée populaire de Libération (APL) a plutôt bien été accueilli par la candidate démocrate : « Avec le nouveau leadership de Xi et de son équipe, la Chine dit non aux Nord-Coréens et à l’APL, leur demandant de réfreiner leurs actions provocatrices. »
Asie du Sud-Est
Aujourd’hui, la question de l’identité des coupables est au centre de l’attention. Le gouvernement d’Aung San Suu Kyi refuse de propager de quelconques accusations, mais certains responsables ont publiquement pointé des militants Rohingyas en les affiliant à des groupes armés venus du Bangladesh. « L’Arakan connaît la plus importante période de violences depuis 2012 et il y a maintenant des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrant des soi-disant Rohingyas armés, appelant au djihad au nom de la cause Rohingya », explique un journaliste du Myanmar Times dans un second article. Les membres de l’armée régulière, le Tatmadaw, prennent les armes contre eux. Certains diront que c’est de la défense, d’autres de l’attaque. Des représentants de la minorité ont cependant démenti toute responsabilité.
« La plus grande erreur de Jokowi est de penser qu’il peut améliorer le sort de la Papouasie uniquement grâce au développement économique. Mais il ne s’agit pas uniquement de prospérité ; il s’ahit aussi de dignité. Les habitants doivent être traités de la même façon que les autres Indonésiens », lance le vice président de l’Institut, Bonar Tigor Naipospos. Selon l’Institut indonésien des sciences, quatre facteurs expliquent cet échec de Jokowi : la discrimination envers les Papous, leur marginalisation, leur manque d’intégration à la société indonésienne et la violence dans la région. Il appelle ainsi le président à un dialogue constructif avec les différents groupes papous.
Asie du Sud
Cette visite intervient dans un contexte relativement incertain, explique le quotidien Firstpost. Car New Delhi s’inquiète du rapprochement entre Moscou et Islamabad, alors que les rapports entre les deux pays d’Asie du Sud sont au plus bas. Il y a quelques jours, la Russie et le Pakistan ont en effet conclu leur première série d’exercices militaires conjoints (du 24 septembre au 10 octobre). Mais que le peuple indien se rassure, annonce le journal : dans le même temps, Moscou et New Delhi conduisaient également de tels exercices, mais à un niveau « bien plus sophistiqué » (du 23 septembre au 2 octobre).
Cependant, pourquoi la Russie cherche-t-elle tout de même à développer ses relations avec le frère ennemi de l’Inde ? Deux raisons à cela : combattre le terrorisme et le trafic de drogue venus d’Afghanistan, et consolider les relations bilatérales dans un contexte post-guerre froide et post-retrait des troupes américaines en Afghanistan. « Rien d’anti-indien », donc, tient à souligner Moscou. Néanmoins, difficile pour New Delhi de ne pas y voir une réaction face à son rapprochement avec Washington…
Quoi qu’il en soit, la Russie reste « le principal partenaire stratégique » de l’Inde, tient à souligner Firstpost : 70 % des équipements indiens de défense proviennent de ce pays – ce qui ne crée pas pour autant de déséquilibre dans leur relation. Car la « collaboration » et le « transfert de technologies » est au coeur de leurs rapports (comme pour les sous-marins nucléaires) – ce que les Etats-Unis ou les autres pays occidentaux sont encore « réticents » à faire avec New Delhi. De plus, les deux Etats nourrissent « le même constat que l’architecture mondiale de sécurité actuelle, dont ses mécanismes fondés sur le droit international, ne garantissent pas l’égalité entre toutes les nations » : ce qui laisse présager que la Russie restera « le principal allié » de l’Inde pour les années à venir.
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