Revue de presse Thaïlande - 14 octobre 2016

Thaïlande : le prince "pas encore prêt", un ancien Premier ministre "régent"

Le prince héritier Vajiralongkorn ne se sentant pas encore prêt à assurer la succession de son père, un régent de 96 ans vient d'être nommé en Thaïlande. Copie d'écran du Straits Times, le 14 octobre 2016.
Le prince héritier Vajiralongkorn ne se sentant pas encore prêt à assurer la succession de son père, un régent de 96 ans vient d'être nommé en Thaïlande. Copie d'écran du Straits Times, le 14 octobre 2016.
Khaosod News – Le roi est mort, vive le roi ? L’adage ne s’applique pas (encore) en Thaïlande. Alors que le monarque Bhumibol (Rama IX) s’est éteint hier jeudi 13 octobre à l’âge de 88 ans, après 70 ans de règne, son fils Vajiralongkorn a refusé de prendre immédiatement sa succession – à la surprise générale. D’après le Bangkok Post, il estime en effet ne pas être prêt à assumer ses fonctions : le prince héritier (désigné comme tel par Bhumibol dès 1972) souhaite respecter le deuil de son père avant de porter la couronne, a-t-il expliqué au Premier ministre et chef de la junte Prayuth Chan-ocha. Conséquence : la constitution prévoit l’intronisation d’un régent, en la personne du président du Conseil privé du roi – à savoir l’ex-Premier ministre (1980-1988) et général Prem Tinsulanonda, âgé de 96 ans.

Plusieurs experts s’inquiètent de cette décision ainsi que de sa mise en oeuvre. Car le président de l’Assemblée nationale, Pornpetch Wichitcholchai, n’a pas solenellement proposé au prince héritier de prendre la succession de son père – contrairement à l’article 23 de la constitution, explique un professeur de droit de l’université Thammasat à Khaosod. En outre, en vertu texte suprême, le régent doit théoriquement « exercer le pouvoir au nom du monarque », alors que la Thaïlande n’en a justement pas, commente à son tour l’historien et auteur exilé Somsak Jeamteerasakul.

Bien qu’il ne soit pas encore intronisé en tant que Rama X, Vajiralongkorn aura beaucoup à faire, annonce le Straits Times : il devra non seulement « chausser les bottes » de son père, mais aussi s’affirmer en tant que nouveau mornarque. Marié (et divorcé) trois fois, le prince hériter passait la plupart de son temps en Europe jusqu’à ce que sa santé de son père ne se dégrade véritablement. Il s’est donc chargé d’assurer les fonctions cérémoniales que le monarque n’était plus à même d’assumer. Pourtant, Vajiralongkorn ne jouit pas de la même popularité que Rama IX : souvent accusé d’entretenir des « moeurs légères », la presse thaïlandaise lui demandait déjà, à l’encontre du crime de lèse-majesté, ce que cela faisait d’être « le vilain petit canard », rapporte le quotidien singapourien.

Soutenez-nous !

Asialyst est conçu par une équipe composée à 100 % de bénévoles et grâce à un réseau de contributeurs en Asie ou ailleurs, journalistes, experts, universitaires, consultants ou anciens diplomates... Notre seul but : partager la connaissance de l'Asie au plus large public.

Faire un don
[asl-front-abonnez-vous]
[asl-front-abonnez-vous]