Revue de presse Asie - 13 octobre 2016

Mort du roi thaïlandais, Wikileaks gêne Clinton sur la Chine et fin d'assaut à Pampore

Avant l'annonce officielle de son décès par le palais royal thaïlandais, environ 500 personnes sont venues prier devant l'hôpital où était soigné le roi Bhumibol. Copie d'écran du Straits Times, le 13 octobre 2016.
Avant l'annonce officielle de son décès par le palais royal thaïlandais, environ 500 personnes sont venues prier devant l'hôpital où était soigné le roi Bhumibol. Copie d'écran du Straits Times, le 13 octobre 2016.

Asie du Sud-Est

Bangkok Post – C’est à la fois une demi-surprise et un coup de tonnerre. Le roi de Thaïlande Bhumibol Adulyadej, Rama IX de son nom de règne, est décédé ce jeudi 13 octobre à l’âge de 88 ans – après 70 ans passés sur le trône du pays. Cela faisait deux ans qu’il était hospitalisé de manière quasi continue et plus d’un an qu’il n’était pas apparu en public. Hier, mercredi 12 octobre, un nouveau bulletin de santé avait été diffusé par le Palais royal : le roi était placé « sous assistance respiratoire » , « sous thérapie de remplacement rénal » et souffrait « d’une nouvelle infection » rapportait alors le Straits Times. Des nouvelles informations qui n’avaient fait que renforcer les inquiétudes de la population, après un premier communiqué peu optimiste lundi.

Plus de 500 Thaïlandais s’étaient alors parés des couleurs de la monarchie, en rose et jaune, pour se réunir et prier devant l’hôpital où était soigné le roi de Thaïlande. Sur les réseaux sociaux, certains avaient aussi arborré ces couleurs en photo de profil et affiché « longue vie au roi » rapporte Channel News Asia.

La question de la succession royale est taboue en Thaïlande. Le roi est perçu comme un demi-dieu tandis que son fils, Maha Vajiralongkorn, souffre d’une très mauvaise réputation. Même s’il ne détient pas le pouvoir politique, le roi est souvent considéré comme le seul lien d’une nation divisée et sa mort risquerait de plonger la Thaïlande dans un climat d’incertitude. Et alors que le pays pleure son défunt monarque, la bourse de Bangkok ne cesse de chuter depuis dimanche. Hier dans l’après midi, elle avait plongé de plus de 6% avant de finir sur une -2,5%. Ce matin, elle rouvrait à -1,27%, rapporte le Bangkok Post.

Pour en savoir plus sur la mort et la potentielle succession du roi thaïlandais, voir notre article : « Thaïlande : mort du roi Bhumibol Adulyadej ».

Mizzima – L’Arakan s’enlise dans les conflits. Les militaires birmans ont annoncé avoir tué dix hommes armés hier, mercredi 12 octobre, dans cette région de l’ouest de la Birmanie en proie à des conflits entre bouddhistes et musulmans. Ces combats ont eu lieu dans le village de Kyet Yoe Pyin, près de la ville de Maungdaw où vivent de nombreux membres de la communauté musulmane rohingya. Apatrides, ils sont privés de tous droits dans le pays et des centaines de milliers d’entre eux vivent parqués dans des camps de fortune à la frontière avec le Bangladesh.

Plusieurs affrontements ont eu lieu dans l’Arakan depuis samedi, quand des hommes armés ont attaqué des postes-frontières proches du Bangladesh. 39 personnes ont déjà péri dans ces violences selon des sources officielles. Pour éviter toute escalade des tensions et un épisode similaire à 2012, où des violences intercommunautaires avaient fait plus de 200 morts, les autorités ont étendu le couvre-feu régional et fermé près de 400 écoles.

De son côté le gouvernement a appelé au calme alors que les rumeurs embrasent les réseaux sociaux depuis plusieurs jours. Aung San Suu Kyi, souvent critiquée par la communauté internationale pour sa gestion de la question des Rohingyas, a déclaré qu’aucune accusation ne serait faite tant que l’enquête n’aura pas révélé les raisons des attaques rappelle Mizzima dans un second article.

Manilla Bulletin – Si la guerre anti-drogue inquiète la communauté internationale, les Philippins, eux, l’approuvent. D’après un sondage publié par l’institut Pulse Asia, 86% des 1 200 personnes interrogées disent cautionner la guerre anti-drogue du gouvernement de Rodrigo Duterte. Seuls 3 % se sont exprimés contre. C’est sur l’île de Mindanao que le nombre de personnes favorables à cette politique, qui a déjà fait plus de 3 000 morts depuis juin dernier, atteint un record avec 93%. La capitale, Manille, atteint quant à elle 80%. Ce dernier sondage fait écho à un précédent publié le 6 octobre dernier par le bureau Social Weather Stations. Il montre que 76% des Philippins se disent satisfaits de la présidence de Rodrigo Duterte (voir notre revue de presse du 6 octobre).

Parallèlement, environ 200 personnes incarcérées dans une prison de Manille ont manifesté jeudi 13 octobre contre les discriminations que subissent les prisonniers suspectés de trafic de drogue. Des accusations dont s’est défendu le bureau de gestion des établissements carcéraux affirmant que cela fait partie « de la guerre anti-drogue » rapporte Channel News Asia.

South China Morning Post – Que pense Hillary Clinton, candidate démocrate à la présidentielle américaine, de son potentiel futur homologue Xi Jinping ? Ouvertement critique à l’égard du leader chinois, les documents dévoilés hier mercredi 12 septembre par Wikileaks montrent une Hillary Clinton plus partagée – si ce n’est laudative. D’après des propos tenus en 2013, l’épouse de l’ex-président américain aurait notamment « fait l’éloge » de Xi pour sa « rapide capacité à consolider son pouvoir au sein de l’armée et du Parti communiste », le trouvant même « plus efficace que son précesseur Hu Jintao ». Elle explique : « L’une de mes plus grandes inquiétudes ces quatre dernières années […] était de voir que l’Armée populaire de Libération agissait plus ou moins de manière indépendante [sous Hu]. » Voilà pourquoi Clinton aurait considéré le renforcement du contrôle de Xi Jinping comme une « bonne nouvelle ».

Mais dans un autre article, le South China Morning Post relaye des propos plus durs tenus par la candidate démocrate à l’égard du leader chinois, cette fois-ci à propos de la mer de Chine du Sud. Car « si la Chine revendique l’ensemble de cette mer, alors l’océan pacifique pourrait très bien être rebaptisé mer américaine par les Etats-Unis selon les mêmes critères », aurait-elle déclaré à des banquiers de Goldman Sachs en 2013. Rappelant le droit de la Chine à « s’affirmer » dans la région, Hillary Clinton avait tout de même souligné la nécessité de la « repousser pour assurer l’équilibre », et éviter que Pékin « n’étrangle » le commerce international – car 48% du commerce mondial transite par la mer de Chine du Sud, affirme-t-elle. Pour l’instant, l’équipe de campagne de la candidate n’a ni confirmé ni démenti ces propos.

Asie du Nord-Est

South China Morning Post – Que pense Hillary Clinton, candidate démocrate à la présidentielle américaine, de son potentiel futur homologue Xi Jinping ? Ouvertement critique à l’égard du leader chinois, les documents dévoilés hier mercredi 12 septembre par Wikileaks montrent une Hillary Clinton plus partagée – si ce n’est laudative. D’après des propos tenus en 2013, l’épouse de l’ex-président américain aurait notamment « fait l’éloge » de Xi pour sa « rapide capacité à consolider son pouvoir au sein de l’armée et du Parti communiste », le trouvant même « plus efficace que son précesseur Hu Jintao ». Elle explique : « L’une de mes plus grandes inquiétudes ces quatre dernières années […] était de voir que l’Armée populaire de Libération agissait plus ou moins de manière indépendante [sous Hu]. » Voilà pourquoi Clinton aurait considéré le renforcement du contrôle de Xi Jinping comme une « bonne nouvelle ».

Mais dans un autre article, le South China Morning Post relaye des propos plus durs tenus par la candidate démocrate à l’égard du leader chinois, cette fois-ci à propos de la mer de Chine du Sud. Car « si la Chine revendique l’ensemble de cette mer, alors l’océan pacifique pourrait très bien être rebaptisé mer américaine par les Etats-Unis selon les mêmes critères », aurait-elle déclaré à des banquiers de Goldman Sachs en 2013. Rappelant le droit de la Chine à « s’affirmer » dans la région, Hillary Clinton avait tout de même souligné la nécessité de la « repousser pour assurer l’équilibre », et éviter que Pékin « n’étrangle » le commerce international – car 48% du commerce mondial transite par la mer de Chine du Sud, affirme-t-elle. Pour l’instant, l’équipe de campagne de la candidate n’a ni confirmé ni démenti ces propos.

The Chosun Ilbo – Le réseau diplomatique nord-coréen en Europe est en plein chambardement. Depuis la défection du numéro 2 de l’ambassade au Royaume-Uni, Thae Yong-ho, intervenue en juillet, Pyongyang aurait effectué un grand ménage chez ses émissaires du « Vieux Continent ». Effectivement, cela fait plusieurs mois que les ambassadeurs nord-coréens en France, en Allemagne et en Suisse n’ont pas été aperçus lors des événements officiels, rapporte le Chosun Ilbo. De son côté, l’ambassadeur à Londres à été rappelé par Pyongyang, et le vice-ministre des Affaires étrangères en charge de l’Europe aurait même fait l’objet d’une purge d’après certaines sources…

L’enjeu des défections nord-coréennes parait d’autant plus sensible que des transfuges du « royaume ermite », majoritairement issus de l’élite politique du pays, ont récemment annoncé leur volonté de fonder un gouvernement en exil aux Etats-Unis d’ici début 2017, explique le Korea Times. Objectif : renverser le régime de Kim Jong-un. Ce à quoi le ministère sud-coréen de l’Unification a rapidement réagi : « Notre constitution ne reconnaît qu’un seul gouvernement souverain sur la péninsule coréenne, celui de la République de Corée. Ainsi, nous ne pouvons accepter la constitution d’un tel gouvernement. » Les réfugiés ont pourtant souligné leur volonté de « soutenir l’équipe de Park Geun-hye », et non pas de « s’y opposer ». Ce n’est pas la première fois que des transfuges nord-coréens nourrissent le projet d’un gouvernement en exil, rapporte le quotidien : dès 1990, une première tentative avait vu le jour sans remporter de véritable adhésion.

Asahi Shimbun avec Reuters – La lutte d’influence sino-japonaise se joue aussi en Afrique. Alors que la Chine investit massivement à Djibouti, où elle a débuté la construction d’une base de ravitaillement naval en février, Tokyo vient d’annoncer sa riposte. Autorisé à stationner 180 membres de ses forces d’auto-défense (FAD) dans une base militaire loué à cet Etat de la corne de l’Afrique, le gouvernement nippon a dévoilé hier mercredi 12 octobre son ambition d’en louer le « terrain adjacent ». Une extension qui doit permettre d’accueillir un plus grand nombre de soldats, un avion de transport militaire C-130 et des véhicules blindés. Objectif : « assurer l’évacuation des ressortissants japonais présent dans des points chauds ou des zones sinistrées », affirme le ministère nippon de la Défense. Mais ce mouvement correspond aussi à la volonté du Premier ministre Shinzo Abe, qui souhaite accorder un rôle régional et international plus important à ses FAD dans le cadre des nouvelles loi de défense de l’archipel.

Asie du Sud

Firstpost – Trois jours d’assaut. Après plus de 50 heures de combats, le bâtiment gouvernemental assiégé par trois assaillants à Pampore, dans le nord du Jammu-et-Cachemire, a été libéré par les forces de l’ordre. L’immeuble a été partiellement détruit, et deux des trois assaillants ont péri dans l’attaque, relate The Indian Express. En février dernier, cet institut gouvernemental situé sur la route stratégique qui relie Jammu à la base militaire de Srinigar avait déjà été sous le coup d’une attaque pendant trois jours consécutifs. Le bâtiment principal avait été détruit et trois personnes avaient été tuées.

Dans un éditorial, le Firstpost dresse un parallèle avec les attentats de Bombay en novembre 2008. D’abord par la durée : les forces de l’ordre ont également mis trois jours à mettre fin à la vague d’attentats qui avait secoué la capitale économique indienne. Mais l’éditorialiste affirme surtout que les assaillants avaient suivi le même entraînement militaire que ceux de Bombay et conclut ainsi que les leçons stratégiques des attentats de Bombay n’ont (toujours) pas été retenues.

Times of India – L’affaire des « frappes chirurgicales » indiennes au-delà de la ligne de contrôle cachemirie continue de faire couler beaucoup d’encre entre New Delhi et Islamabad. Fidèle à l’interprétation de son pays, l’ambassadeur pakistanais en Inde Abdul Basit a démenti la conduite de telles opérations par l’armée indienne : « Il n’y a pas eu de frappes chirurgicales, mais seulement des échanges de tirs frontaliers [le 29 septembre] […] S’il y avait eu de telles frappes, nous aurions immédiatement répondu. »

Abdul Basit a également nié le fait que des soldats indiens auraient franchi la ligne de contrôle pour tuer des séparatistes cachemiris. D’après lui, les autorités de New Delhi « mentiraient » lorsqu’elles affirment détenir des preuves vidéos montrant les fameuses « frappes chirurgicales » : « Tout cela me semble fabriqué », conclut-il. Jusqu’à présent, l’Inde aurait refusé de dévoiler les images pour « ne pas coincer l’armée pakistanaise » ni « compromettre des détails opérationnels, des tactiques, des techniques et les équipements utilisés lors des raids », explique le Times of India.

Dawn – Elle ne pourra finalement pas plaider sa cause. La Cour suprême pakistanaise a reporté ce jeudi 13 octobre le procès en appel d’Asia Bibi, chrétienne condamnée à mort pour blasphème – l’un des juges s’étant désisté. Ce dernier s’est justifié en invoquant un conflit d’intérêt. Il avait en effet jugé le meurtrier de Salman Taseer, ancien gouverneur du Pendjab, qui avait pris la défense d’Asia Bibi en 2011.

« C’est un cas sensible. Je crois que (les juges) ont réalisé que si Asia Bibi est acquittée, il se peut que leur vie soit en danger », a estimé Zohra Yusuf, présidente de la Commision indépendante des droits de l’Homme au Pakistan. Tout en affirmant comprendre l’« appréhension » des juges, elle a qualifié de « regrettable » le renvoi, soulignant qu’Asia Bibi est en isolement en raison d’inquiétudes pour sa sécurité. Des milliers de policiers avaient été ainsi déployés à Islamabad après que des dignitaires religieux ont menacé de réagir si la Cour tranchait en faveur de la mère de famille, dans le couloir de la mort depuis 2010. Le blasphème est une question très sensible au Pakistan, où l’Islam est religion d’Etat et où des accusations pour un tel motif provoquent régulièrement des lynchages.

Asia Bibi mène une bataille judiciaire depuis six ans. En 2010, elle s’était disputé avec une musulmane au sujet d’un verre d’eau et cette dernière l’avait accusé de blasphème. Depuis, elle clame son innocence et a obtenu le soutien de la communauté internationale, et notamment du Vatican. Son cas est devenu emblématique des dérives de la législation réprimant le blasphème au Pakistan, souvent utilisée pour régler des litiges personnels.

Par Alexandre Gandil et Cyrielle Cabot, avec Sylvie Lasserre Yousafzai à Islamabad et Anda Djoehana Wiradikarta à Paris

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