Généraux chinois arrêtés, projet d'attentat contre Singapour et brouille au SAARC
Asie du Nord-Est
Les questions adressées à Tomomi Inada lors de sa conférence de presse portaient notamment sur les attaques du Japon contre la Chine et les forces alliés dans les années 1930-1940. On lui a entre autres demandé si elle considérait que le Japon avait mené une guerre « agressive » ou « défensive » durant la Seconde Guerre mondiale. Elle n’a pas exprimé son opinion sur le sujet, estimant qu’elle n’était pas en mesure de le faire mais a indiqué qu’il s’agissait là d’« une question d’interprétation, et non de faits objectifs » . La ministre de la Défense a ensuite invité les journalistes à se tourner vers le Premier ministre, Shinzo Abe, ou vers le secrétaire général du Cabinet, Yoshihide Suga, afin d’obtenir un point de vue officiel sur la question.
Tomomi Inada est considérée par beaucoup comme une révisionniste nationaliste. Elle a exprimé auparavant des doutes sur la légitimité du Tribunal de Tokyo de 1946, ainsi que son souhait de voir le Japon acquérir l’arme nucléaire. Elle est également connue pour ses différentes visites au sanctuaire Yasukuni. Ces enjeux sont à l’origine de nombreuses tensions avec les pays voisins du Japon, notamment avec la Chine et la Corée du Sud. D’après le Japan Times, il paraît donc « raisonnable » que la ministre de la Défense n’exprime pas clairement son opinion.
Le réarmement du pays est également sujet à de nombreuses polémiques. Elle a ainsi rectifié hier ses propos de 2011 concernant l’acquisition de l’arme nucléaire. Selon elle, il n’est pas encore temps pour le pays de l’obtenir. Il devrait pour l’instant se concentrer sur la promotion des discussions sur la défense avec ses voisins pour assurer la sécurité de l’Asie de l’Est, a-t-ele déclaré.
Il n’en fallait pas plus pour déclencher les rumeurs les plus folles en Corée du Sud. Mercredi 3 août, alors que la Chine supprimait le droit d’une compagnie de voyage de délivrer des visas, la nouvelle s’est vite répandue, non sans être déformée. Le ministre sud-coréen des Affaires étrangères a dû démentir que la Chine ne délivrait plus aucun visa. D’autre rumeurs annoncent que des événements impliquant des célébrités coréennes en Chine ont été annulés. La majorité d’entre elles se sont révélées infondées.
Asie du Sud-Est
Le gouvernement singapourien a précisé dans le Straits Times avoir été au courant de cette attaque. « Nos agences de sécurité se sont coordonnées avec les forces de l’ordre indonésiennes depuis que nous avons découvert ce complot », a annoncé le ministre singapourien de l’Intérieur. Il a précisé que les mesures de sécurité avaient été renforcées aux frontières et dans le territoire, et appelé les habitants à « être vigilants » : « Cette attaque souligne l’importance de la menace terroriste qui pèse sur Singapour. »
Fidel Ramos, président des Philippines de 1992 à 1998, a gardé de bonnes relations avec la Chine. Ce n’est pourtant pas le cas du gouvernement de Manille. Les relations entre les deux pays sont en effet au point mort depuis que le gouvernement de Benigno Aquino a saisi en 2013 la Cour permanente d’arbitrage de La Haye concernant les litiges territoriaux qu’entretiennent Pékin et Manille en mer de Chine méridionale. La Cour a tranché le mois dernier en faveur de l’archipel. Le gouvernement chinois n’avait cependant pas reconnu la décision de La Haye et avait accusé les Philippines de faire recours à la justice avant même d’engager un dialogue politique et des négociations avec la Chine.
Rodrigo Duterte a indiqué mercredi 3 août que lorsque serait venu le temps des négociations, les Philippines ne s’éloigneraient pas de la décision de l’arbitrage. Selon Zhang Jie, chercheur à l’Académie chinoise des Sciences sociales, il est effetcivement peu probable que Manille mette complètement de côté la décision de La Haye qui pourrait servir de monnaie d’échange avec la Chine. Les exigences politiques de Pékin et économiques de Manille devraient d’après lui engendrer une certaine « flexibilité » qui rendrait possible le dialogue et les négociations. Une telle reprise débuterait de façon non officielle.
Asie du Sud
Côté indien, on explique que le départ anticipé de Rajnath Singh était prévu en raison d’une session parlementaire à laquelle il devait se présenter dans la capitale indienne. L’accent est néanmoins porté sur « l’incivilité » de son homologue pakistanais, Chaudhary Nisar Ali Khan. Ce dernier aurait « dévié de son discours écrit » lorsque Rajnath Singh a critiqué la position d’Islamabad vis-à-vis du terrorisme, rapporte India Today. Le ministre pakistanais de l’Intérieur aurait alors « impliqué l’Inde dans de prétendues atrocités au Cachemire ». « Enervée », la délégation pakistanaise ne se serait pas présentée au déjeuner. Face à cette « irrévérence », les membres de la délégation indienne seraient alors partis prendre leur repas dans leurs chambres d’hôtels respectives. Par la suite, aucun représentant pakistanais n’aurait accompagné Rajnath Singh lors de son départ. En outre, le quotidien The Hindu dénonce la « tenue à l’écart » des médias indiens par le personnel de sécurité pakistanais. Un officiel de New Delhi parle même de « censure ».
Côté pakistanais, on déclare au contraire que Rajnath Singh aurait quitté la rencontre une fois que Chaudhary Nisar Ali Khan aurait évoqué les actions du gouvernement indien au Cachemire, qualifiées de « brutales » et de « terroristes ». A la suite de cette altercation verbale, le ministre indien de l’Intérieur aurait immédiatement quitté la pièce sans saluer ses interlocuteurs et serait rentré directement à New Delhi. Une décision que le quotidien Dawn n’hésite pas à décrire comme « une défaite dans la guerre des mots » qui l’opposait à son homologue pakistanais.
Quoi qu’il en soit, le site Firstpost se demande si le ministre indien a bien fait de condamner le Pakistan sur le terrorisme en des termes aussi « durs ». Plusieurs experts soulignent qu’un sommet du SAARC ne constitue pas une arène propice à de telles attaques : les enjeux bilatéraux peuvent-ils être traités au sein d’une organisation multilatérale sans y porter préjudice ? Firstpost tempère néanmoins ces critiques. En effet, le Cachemire ne constitue pas uniquement un enjeu indo-pakistanais. C’est toute la région qui est touchée par le conflit de souveraineté entre New Delhi et Islamabad, en atteste l’inclusion du Pakistan dans une alliance anti-terroriste récente avec la Chine, le Tadjikistan et l’Afghanistan. Par ailleurs, le journaliste du site indien estime que la délégation pakistanaise a « porté le premier coup » : dès son discours introductif, Chaudhry Nisar Ali Khan a critiqué l’Inde (sans la citer) sur ses actions entreprises au Cachemire…
Le site Internet Sheershanews.com, qui attirait 200 millions de visites par mois l’année dernière, a notamment été fermé. En cause : son lien avec un quotidien d’opposition bengali. Son directeur a indiqué être stupéfait par cette mesure, qui causera la perte d’emploi d’une centaine de journalistes. Il s’agit d’après lui d’une atteinte à la liberté de la presse par le gouvernement.
Ces mesures répressives font suite à l’interdiction de la diffusion en direct des attaques terroristes. L’attaque, le 1er juillet dernier, d’un café de Dacca (voir notre revue de presse du 4 juillet) avait en effet été retransmise en direct. La Premier ministre Sheikh Hasina avait alors critiqué publiquement la couverture par les chaînes télévisées de l’attentat et demandé en privé aux présentateurs d’être plus responsables.
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